A travers les dimensions [RP]

07-01-2012 à 15:03:54
Voilà deux semaines... Deux semaines qu'on s'est retrouvé seul, à la merci de tous, de tout... Deux semaines longues et pénibles où les survivants se sont battus, ont pleuré, ont crié, ont dégénéré... Deux semaines de dur labeur pour réparer les maisons, réunir les villageois et plus ou moins hiérarchisé la population... Deux semaines de découvertes où les aventureux ont exploré les alentours de la ville, où les chercheurs ont mis à jour l'apparition d'une nouvelle espèce... Deux semaines de folie, de peur, de stress, de misère, de pleurs, de deuil... Durant ces deux semaines fatidiques, James s'était donné corps et âme au village. Il transportait les blessés, il aidait à reconstruire le hameau à enlever les gravats, à soigner, à nourrir les autres. Il donnait tout ce qu'il avait, tout ce qu'il pouvait donné car, en tant que doyen, il avait la responsabilité de sauver le plus de vie humaine. Lors de la première semaine, la panique régnait. Il n'y avait que désordre et chaos. Seul quelques personnes saines d'esprit arrivaient encore à raisonner. Mû par leurs instincts de survie, ils se dirigèrent pour la plupart vers le centre du village. Quel ne fût pas leur surprise lorsqu'ils découvrir au centre de la place un chêne au moins millénaire, dressé ses longues branches vers le ciel recouvrant les lieux d'une ombre douce et calme. C'est alors que James choisit sa chance, il s'avança sur les marches de la mairie et d'une voix calme et grave qu'il ne pensait pas pouvoir prendre, il dit:
- Calmez-vous!
Cette seule parole, pourtant si simple et basique, fit l'effet d'un électrochoc dans la foule. Tout le monde s'arrêta et posa son regard sur le doyen. Au loin, le soleil se couchait et pourtant, James, qui avait peur du noir, fut plus calme et serein que jamais. Il prit son courage à deux mains et se lança. Il parla ainsi pendant deux heures. Deux heures pendant lesquelles la foule se statufia et ne perdit pas un mot de ce fabuleux monologue. James, quand à lui, n'en revenait pas. A chaque mot, il prenait de l'assurance. A chaque phrase, il se sentait mieux. Lorsque le flot continu de paroles rassurantes, de directives et de conseils s'arrêta, James retomba sur terre et la foule se ranima, calme. Puis les questions fusèrent qui ranima quelque peu la peur dans les rangs.
-Que va t'on devenir?
-Et nos enfants, ils sont où nos enfants?
-Je veux ma maman
-C'est bien beau tout ça, mais ça ne nous sort pas de notre pétrin. Comment va-t'on survivre?
James fut bientôt déborder et s'enfuit à toute jambe et ne refit surface que pour participer aux constructions. Les travaux avançaient bien et la ville reprenait vie. L'espoir fit ainsi surface. des gens recommençaient à rire,à chanter, mais ce serait mentir que de dire qu'ils étaient heureux. Il y avait toujours ces pleurs et ces cris que chacun connaissait, que James redoutait. Sans ne savoir pourquoi, il se sentait coupable de la catastrophe, il avait l'impression d'avoir déjà vécu tout ceci. Il pensait qu'il aurait pu éviter l'Apocalypse. Il aurait pu faire tellement, mais pourtant si peu. Les jours passaient, l'espoir augmentait, les sourires revenaient. On prit le temps d'apprécier l'irréalité de la situation, la beauté de ce nouveau monde, mais un jour l'horreur arriva. Et l'horreur, c'est aujourd'hui...

Cri d'horreur. Le peuple se réveille. Un homme épuisé s'avance sur la place du village. ses vêtements sont déchiquetés. Il est couvert de griffures et son visage est ensanglanté. Les jeunes sont vites écartés de cette image affreuse et les trois seuls médecins de la ville accourt pour le soutenir. James posté non loin, regarde la scène, attentif. Il est effaré par la taille et la profondeur des boursouflures. Qui a donc pu lui infliger ses horribles blessures? Il s'approche lentement, veillant à ne pas être trop vu et écoute l'échange des médecins.
-Ce sont des coups de griffes à mon avis de rat. Il faut à tout pris désinfecté ses plaies. dit le premier, un grand homme bronzé digne des plus grandes séries hospitalières
-J'aurais plutôt dit des que cela venait de griffes d’écureuils, mais vous avez raison, ces griffures tiennent plus du rat. Il vaudrait mieux lui donner de la morphine pour apaiser ses douleurs. dit le deuxième, un homme gros et mou
-Tout ... tout ... de ... de suite ... te bégaya le dernier, un étudiant maigrelet au teint pâle
Il tendit quelque chose au gros et alla ensuite chercher autre chose, certainement du désinfectant.
-Rrrreee... Nombreux ...
-N'essayez pas de parler, nous allons vous soigner. dit gentillement le premier médecin
-Griffes... Partout ... Supermarché ... Vite
-Il délire chuchota le gros
L'étudiant revint avec de l'alcool et James, pensant en avoir vu assez, s'éloigna.
Ce personnage m'intrigue, qui lui a fait ça? Un animal?
Tout en pensant a ce blessé grave, les pas de James l'amenèrent imperceptiblement vers le Supermarché. Soudain, c'est le chaos. Une bête poilu au regard rouge lui saute dessus. James se débat. Il sent ces forces l'échapper. Dans un dernier effort, il balance le monstre sur le mur. Miraculeusement, la bête s'en va, jugeant plus intéressant de se nourrir des croquettes pour chien, inerte, qui ne tenterait pas de l’assommer. Le répit fut de courte durée. Déjà d'autres mi-rat mi-écureuils le menaçaient. Il prit la première arme qu'il avait sous le nez, un bâton léger et solide, certainement un manche à balai. Je ne vais pas tenir longtemps. Et la bataille commença...
I am TOUPOUTOU
TOUPOUTOU POWER!!
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08-01-2012 à 01:15:15
Texte allongé

Eddy marchait dans le village, faisait le tour des maisons, pour une raison qu'il préférait ne pas dévoiler. En fait, il n'y avait rien à faire ici. Tout le monde chialait, c'était une communauté de mollusques. Seul le "doyen" semblait être un minimum actif ici - mais bien sûr Eddy avait oublié son nom - et encore. C'était presque certain qu'il n'avait jamais eu recours à une arme.
Le jeune homme effleura le manche en métal de son couteau de survie accroché à sa ceinture. Peut-être en aurait-il besoin maintenant que le monde avait changé. Et ce regard que les gens lui lançaient... Ils semblaient avoir confiance en lui. Il n'était pourtant pas du tout un homme de confiance. Il les vendrait tous si cela pouvait sauver sa peau de ce merdier. La forêt faisait de drôles de bruits la nuit et était devenue un gigantesque labyrinthe de végétation. Qui sait quel genre de saloperies se cachait là dedans ? Pas le dieu de ces mollassons de citadins, en tout cas. S'il avait existé, ils ne seraient pas dans ce bordel. Et s'ils crevaient tous, ce serait leur faute.
Eddy réalisa qu'il faisait le tour du village pour se rassurer. Il n'y avait rien d'inhabituel. Mais un type hurla pas loin de l'endroit où il se trouvait. Il s'y rendit sans se presser. Une foule s'était rassemblée autours de quelques personnes. Il y avait un blessé, d'après ce que remarqua le jeune homme, et pas un petit bobo. Il allait peut-être crever, mais après tout c'était pas important. Un chialeur de plus ou de moins, qu'est-ce que ça changeait ? Plus ou moins de vivres pour lui. Qu'il crève cet abruti.

L’œil avisé de l'indien remarqua immédiatement la manière dont le leadeur se détacha du rassemblement. Pourquoi ? Il devait savoir : Eddy le suivit à pas feutrés. D'ailleurs, il marchait comme d'habitude. Il n'émettait pas le moindre son dans sa démarche, comme d'habitude, à part peut-être le frottement de ses vêtements, mais il n'y pouvait rien.
Le doyen se dirigeait vers le supermarché. Pourquoi y aller ? Ce n'était pas vraiment un endroit pour réfléchir. Le regard vif d'Eddy remarqua une boule de poil rousse sur le toit du magasin. Quelle bestiole horrible... Le meneur perdu dans sa rêverie ne la remarqua pas. Mais quand elle se jeta sur lui, il la repoussa et se saisit d'un bout de bois en voyant d'autres bestioles lui foncer dessus. Eddy n'interviendrait pas pour le moment : Il voulait voir le grand chef à l’œuvre.
Le spectacle était divertissant, le jeune adulte se défendait maladroitement mais efficacement contre ces animaux pour le moins étranges : Des genres de mains fines à la place des pattes, dont les doigts étaient dotés de griffes impressionnantes. Des têtes de rats touffues, d'où sortaient d'horribles dents de rongeur jaunes - certainement porteuses de maladies nouvelles. De petits yeux vicelards à souhait, rouges comme ceux d'une souris albinos. Un pelage brun-roux tirant sur le gris et sulfureux comme celui d'un écureuil. Et pour finir, une queue toute aussi explosive donnant presque envie de la caresser. Le doyen ne faisait que retarder le moment de sa mort. Frapper avec si peu de force un animal de la taille d'un chat, c'était presque inutile. Les prédateurs n'avaient même pas l'air intimidés. Ils reculèrent tous en même temps. Ils prirent une sorte de formation militaire. Eddy sentit venir les vraies emmerdes.
Si ces bêtes étaient intelligentes, elles pouvaient s'organiser comme le feraient des rats. C'était dangereux. Le jeune homme sortit une bouteille sensée contenir du whisky, mais qui contenait un autre genre de liquide. Il en versa un peu du contenu sur la lame de son couteau, rangea la petite bouteille en argent, et s'avança d'un pas assuré vers la scène de combat. Le leadeur semblait content de le voir arriver, surtout avec une arme digne de ce nom au poing.

Le poison paralysant sur la lame de l'ancien assassin ne lui serait pas inutile.

Les animaux semblèrent se méfier de lui. L'effet que ses yeux provoquait aux humains ferait-il l'effet inverse sur les animaux ? C'était une théorie à creuser.
Ils se dispersèrent lentement, émettant de petits couinements pour communiquer. Il commencèrent à les encercler : Mauvais plan.
-Ne les laisse pas t'encercler, dit Eddy à l'attention de son compagnon de fortune.
Puis avant même que le jeune adulte ne lui réponde, l'indien fonçait déjà sur les petites bestioles. L'une d'elles lui bondit dessus en poussant un cri aigu, et rata son assaut pour se faire entailler le torse. Elle retomba au sol comme un vulgaire sac de plomb, et ne bougea plus seulement quelques secondes plus tard. Ses congénères alternaient les regards entre leur ami qu'ils devaient penser mort et l'ex assassin. Eddy n'avait pas envie de jauger les animaux. Il était déjà agacé par ce combat qui s'annonçait médiocre.
Il s'aperçut que l'autre idiot et son bout de bois n'avaient pas bougés.
-Bats-toi, ou meurs, lui jeta-t-il comme un filet de venin. Je ne chercherai pas à te sauver si tu ne te défends pas. Prouves-moi que tu es un survivant.
Ces mots semblèrent le blesser dans son orgueil, et il raffermit sa prise sur son bout de bois. Il ne prit pas le temps de réfléchir, et cogna le prédateur le plus proche. La bataille était engagée. Eddy avait remarqué que ses adversaires s'étaient un peu plus dispersés autours de lui entre temps. Ils lui sautèrent dessus tous en même temps. Celui à sa droite sur sa jambe, celui devant sur son visage, et celui de gauche sur son bras. Il se jeta en avant, passant sous le mangeur de visage, l'attrapa par la queue, et fit un tour sur lui même pour le lancer sur l'un des deux autres. Le choc brisa quelques os tant il fut violent.
Le troisième se jeta sur lui à nouveau, et fut attrapé par le cou avec une telle force qu'il fut stoppé net. La petite chose gémit faiblement en plantant ses griffes dans le bras gauche du jeune homme. La douleur le percuta comme un électrochoc et le fit hurler, resserrant sa prise sur le cou de l'animal qui n'avait presque plus de force. D'autres se ruèrent sur lui pour sauver leur congénère. Eddy ne put le lâcher, et cogna les autres avec le corps figé du petit animal. Le sang des bestioles coula en giclées morbides.

Les autres, qui s'occupaient précédemment du leadeur, s'étaient focalisés également sur lui. Éliminer le plus grand danger en premier, c'était logique. Heureusement que le meneur en avait tué ou assommé quelques uns. Eddy était déjà surmené par les prédateurs. Son "compagnon" en frappait quelques uns pour l'aider, ce qui était le bienvenu.

Le combat fut terminé en moins de dix minutes. Les rescapés avaient fuis dans la forêt sans demander leur reste. Quand l'ex assassin fut certain qu'il n'y en avait plus, il retira une à une les griffes de l'animal encore coincé dans sa main. Une fois cette tâche délicate accomplie, il retira ses doigts qui s'étaient plantés dans le cou de sa proie. Ses doigts étaient couverts de sang. Son bras était couvert de griffures. Ses vêtements étaient aspergés de sang. Heureusement pour lui, il n'avait pas subi d'autres blessures.
L'autre finit par lâcher son bâton, hors d'haleine - tout comme lui.
Il s'approcha et lui dit quelques mots vides de sens pour le jeune homme. Tout ce qui importait, c'est qu'il avait prouvé sa valeur. Il n'y avait pas que des mollasses dans ce village, finalement.

Lorsque je te serre la main, c'est une souffrance que j'appréhende. Tu ne sentiras pas le tonnerre de ma haine s'abattre sur ta nuque. Tu ne pourras que pleurer, et saigner. Saigner autant que mon dégoût le désire. Je me délecterai du spectacle macabre de tes chairs broyées sous mon poing vengeur. Personne n'est innocent.
08-01-2012 à 03:03:31
Le feu crépitait joyeusement, brasero d’espoir face à la nuit qui s’apprêtait à tomber.
Mais pour l’instant, le coucher de soleil embrasait la plaine de Floride de milles couleurs. Le monde se retrouvait ainsi paré comme pour un carnaval, prêt à assister à un étrange feu d’artifice. Et autour du brasier, deux silhouettes s’agitaient. La première était allongée, les bras passés derrière la tête, les oreilles couvertes par un imposant casque et une bulle de chewing-gum se formant entre ses lèvres.
Tsuyoshi profitait tranquillement des dernières minutes de la journée, il paressait tranquillement auprès de la chaleur du feu.
Quant à la seconde, elle n’était qu’exubérance. D’une longue chevelure d’un roux éclatant, elle approchait à grands pas du jeune homme. D’un geste négligeant du bras, elle jeta quatre masses informes à côté du feu. Elle s’allongea autour de son compagnon et passa négligemment les bras autour de son cou. Ils étaient comme ça, Tsuyoshi et Johanna.
Sa voix s’éleva.

- Tsu, Tsu, mon pauvre Tsu. Pendant que tu ne faisais rien, MOI je suis allée chercher de quoi manger. J’espère que tu aimes les oiseaux. Termina-t-elle en se pourléchant les lèvres.
Le jeune japonais répondit d’un grognement, la musique que crachait son baladeur couvrait presque tout le reste pour lui. Prise d’un soudain instinct joueur, la rouquine souleva le casque de Tsuyoshi et lui mordit gentiment le lobe de l’oreille. Le jeune homme poussa un léger soupir, ce qui fut loin de décourager Johanna. Taquine, elle tenta d’écouter ce qui sortait du casque de l’étrange Samouraï.
- Qu’est ce que tu écoutes ?
- "Come On, Come On" de Smash Mouth, ma chère. Répondit le jeune homme dont les doigts battaient la mesure.
Elle releva vivement la tête et lui tira puérilement la langue.
- Pouah ! Encore ta musique de vieux ?!
-- Another day in the sun --
En effet, Tsuyoshi n’écoutait que ça, de la "musique de vieux", le plus récent des albums de son lecteur datait de 2013.
Johanna prit un air autoritaire, bien que ses yeux pétillaient encore de taquinerie, et s’exclama de sa voix amusée.

- Tu vas devoir te faire pardonner ton mauvais goût.
Un nouveau jeu, encore et toujours. Avec la rouquine, tout se résumait en un jeu perpétuel, aux dérivées sensuelles. Telle un félin, elle s’étira au dessus de son compagnon avant de s’allonger sur lui. La jeune femme joua un instant avec les cheveux de Tsuyoshi, ne renonçant à rien pour s’amuser. Ce dernier poussa un autre soupir, mais il n’arrêta pas les puérils jeux de Johanna.
Il ne l’avait jamais fait depuis les deux semaines qu’ils se connaissaient.
-- Having fun --
Elle se pencha en avant et l’embrassa à pleine bouche, profitant de l’occasion pour lui voler son chewing-gum. Puis la jeune femme se redressa, triomphante. Elle lui tira narquoisement la langue et s’éloigna. Tsuyoshi poussa un troisième soupire et sortit un autre chewing-gum.
Le soleil allait se coucher dans les minutes à venir, le feu ronflait tranquillement et Johanna y faisait cuire les oiseaux qu’elle avait rapportés, il pouvait bien s’accorder un peu de repos…

-- Feel the heat beating down on me
I take a look in the sky
A plane goes by
Is that the reason that I can breathe? --


Tsuyoshi se réveilla à peine une heure plus tard, Smash Mouth tournant toujours en boucle dans son casque. Il se redressa sur les coudes et jeta un coup d’œil aux alentours.
Les branches ramassées à l’orée de la forêt brûlaient toujours aisément et à côté du feu était posé un oiseau trop cuit et certainement froid. Néanmoins, aucune trace de Johanna. Cela inquiéta Tsuyoshi. En effet, la nuit la rouquine devenait une autre personne. La journée, elle était joueuse, pétillante, taquine, autoritaire, puérile, sensuelle, indéniablement féline. Elle pouvait alors faire penser à une grande enfant, une sucrerie dans ce monde ravagé. Mais de l’avis de Tsuyoshi, c’était la nuit qu’elle était la plus enfantine. Une fois le soleil couché, la jeune femme se transformait en une enfant apeurée, et perdue ayant désespérément besoin de protection et d’attention. Légèrement affolé par cette disparition, le jeune japonais se leva et parti à sa recherche autour de leur campement de fortune.
Les deux voyageurs venaient tout juste d’arriver en Floride, ils ne savaient rien de cette contrée et de ces dangers potentiels. Par précaution, Tsuyoshi posa la main sur la poignée de son katana, pour être prêt à toute éventualité.
Fort heureusement, il n’eut pas à dégainer, ni-même à affronter quoi que ce soit. La rouquine s’était juste éloignée d’une vingtaine de mètres du feu, elle était tournée vers la forêt. La jeune femme s’était accroupie, ses genoux ramenés sur sa poitrine par ses bras, elle se balançait doucement d’avant en arrière.
D’avant.
En arrière.

C’était il y a environ deux semaines, en plein milieu du désert de l’Arizona. Cela faisait plusieurs jours que Tsuyoshi errait sur la moto qu’il avait volé, mais elle était tombée en panne il y avait quelques heures. Par conséquent il marchait, sous le soleil de plomb de midi, les membres fourbus et le corps vide de toute énergie. Il n’y avait que sa musique qui rythmait ses pas, le poussait à avancer. Qu’est ce que c’était déjà ? Ah oui, du Billy Talent, "voices of violence". Enfin, il en était qu’il marchait, sans trop savoir où aller, sans trop savoir comment poursuivre sa vie.
Et puis, elle lui était tombée dessus. Oui, juste comme ça, venue d’on ne sait où. Une charmante masse de cheveux roux qui était apparue, pour une obscure raison, au dessus de lui. Le jeune homme s’était retrouvé à terre, la jeune femme assise à califourchon sur son torse. Ils s’étaient dévisagés avec stupéfaction, bien que la jeune rouquine avait l’air de trouvé la situation fortement coquasse. Elle éclata de rire, un rire qui respirait la joie de vivre, avant de se relever. Ne sachant que faire, le jeune japonais offrit un sourire à cette inconnue sortie de nulle part et se releva aussi. La jeune femme le regarda avec méfiance et, avant qu’il n’ait pu ouvrir la bouche, elle le mitrailla de paroles.
- Hm, mais qui tu es ? Tu me veux du mal ? Ne m’approche pas, hein. T’es un méchant ? Tu veux jouer ? Ou pas ?
- Euh… Put seulement dire le jeune homme avant qu’elle ne le coupe.
- Ah mais si tu m’as rattrapée comme ça, tu ne dois pas être un méchant. Donc je peux te faire confiance ?
- Ben… Oui, j’imagine.
Tsuyoshi ne comprenait rien à cette hurluberlue qui parlait sans s’arrêter. On aurait dit qu’elle avait cessée de respirer.
- Ouais alors on est ami. Oké ? T’as une pelote laine, là ? D’ailleurs j’ai faim, t’as a mangé ?
Elle commença à lui tourner autour, l’évaluant d’un œil taquin.
- Mais dis-moi, t’es plutôt pas mal. Il te manque peut-être un peu de fourrure, mais sinon…
Elle se mordilla légèrement la lèvre, se colla à lui un fugace instant avant de reculer et de continuer son débitage incompréhensible.
- C’est une épée ? ça coupe ? T’écoutes de la musique ? Il fait beau, non ? On est où ?
Pendant qu’elle lui sortait tout et n’importe quoi, le jeune homme put l’observer en détails. L’inconnue possédait une abondante chevelure rousse qui possédait un charme certain, comme un coucher de soleil. Ses oreilles, anormalement triangulaires, dépassaient distinctement de cette masse. Son visage possédait lui aussi un charme qui ne pouvait pas laisser Tsuyoshi indifférent. Le plus étonnant, c’était ces-
- T’as d’beaux yeux, tu sais ?
- Euh…
- Ouais, d’ailleurs c’est marrant, parce qu’en fait, t’as les mêmes yeux que moi. Alors si je dis que j’ai des beaux yeux, alors je dis que toi aussi t’as des beaux yeux. Et si je dis que t’as des beaux yeux, alors je dis aussi que j’ai des beaux yeux, tu vois ? Oui bien sûr. C’est marrant, je trouve ça. Mignon.
Elle se colla de nouveau à lui, presque prête à ronronner. Tsuyoshi avait l’impression de nager en plein trip, ou alors il était bourré. Mais une belle inconnue qui lui tombe dessus et qui lui dit qu’il a de beaux yeux après dix minutes de conversation, c’est surréaliste. La jeune femme posa un indexe inspecteur sur sa joue avant de reculer de nouveau en riant.
- Mais il te manque quand même de la fourrure ! Dis, tu aimes les oiseaux ? Je veux dire, les manger, hein.
Et la voilà repartie dans son baragouin, ses yeux pétillaient de malice, elle avait l’air de s’amuser follement.
Finalement, au terme de ce monologue, elle passa les bras autour du cou de Tsuyoshi.

- Je t’aime bien, toi. Dit-elle, soudainement sérieuse.
Elle recula de nouveau et sa voix reprit ses accents joyeusement taquins.
- Au fait, moi c’est Johanna !

-- I take a look and I wonder why
Why these birds don't fly
It's hard for me to see and believe --


Il n’ose pas s’approcher d’elle, elle semble pleurer, ou du moins aller mal. Il hésite encore, ne sachant que faire pour l’aider. Elle porte une de ses tuniques, c’est peut être trop grand mais c’est déjà mieux que le pyjama dans lequel elle était lorsqu’ils s’étaient rencontrés. Bon, il en a vu pire Tsuyoshi, il ne va pas fuir face à ça. Ce serait lâche. Et ça, son code du Samouraï lui interdit.
Prenant une grande inspiration, le Loup s’approcha de la chatte. Elle tourna la tête dans sa direction, lui montrant son visage qui, heureusement, n’était pas ravagé par les larmes. Mais dans son regard, une profonde mélancolie était ancrée. Cette nostalgie, le jeune homme l’avait souvent aperçue dans le regard de la "Johanna du soir", cette tristesse insondable, cette mélancolie douloureusement profonde. Le jeune japonais n’avait jamais cherché à en savoir plus, pour ne pas creuser cette plaie, il essayait juste de la combler avec de l’affection. C’était fou à quel points il s’était attaché à elle durant cette courte période…
Johanna fixait la forêt avec une douleur dévorante, et une envie plus grande encore. Elle faisait peine à voir, ainsi blessée, ainsi apeurée.
Tout ce qu’elle voulait c’était revenir en arrière.
En arrière.

-- Come on, come on
And tell me
What you're thinking
Come on, come on
And stop --


Le vent qui hurle, la route qui défile à une vitesse hallucinante, le moteur de la moto qui rugit. Il roule à tombeau ouvert, Tsuyoshi. Et Johanna derrière, elle a l’air de bien s’amuser, même si elle se méfit de l’engin. La moto en question était une superbe Harley Davidson, même si elle manquait un peu de place. La jeune femme s’était collée à son, compagnon, elle riait aux éclats et, même si le jeune japonais ne pouvait pas voir son visage, son regard devait resplendir de bonheur.

- Joue un peu avec moi… Souffle sa voix à l’oreille de Tsuyoshi.
Alors soudain, elle lui cache les yeux de ses mains. Le jeune homme poussa un juron mais resta calme, en plein désert de l’Arizona, il n’y allait pas avoir grand-chose pour les arrêter. Plusieurs minutes s’écoulèrent ainsi avant que Tsuyoshi ne commence à vraiment s’inquièter.

- Bon, Jo’, arrête maintenant.
- Mais roh, t’es pas drôle-eu.
- Si on a un accident, ça ne sera drôle non plus…
Il la sentit faire une moue mais elle consentit tout de même à arrêter d’obstruer son champ de vision. Mais peu importait, car la moto tomba en panne d’essence une centaine de mètres plus loin. Tsuyoshi soupira.
- Bon, on va devoir marcher… Tu viens ?
Elle ne lui répondit pas, se contentant de détourner la tête d’un air buté. Son compagnon poussa un nouveau soupir, il l’avait froissée en la stoppant dans son jeu.
- Allez, viens. Comment je ferai sans toi ?
La caresser dans le sens du poil, c’est ça qu’il devait faire, flatter son égo.
- Sans toi, ça sera triste, ça sera sombre. Allez Jo’, viens.
Bien qu’il refusait de se l’avouer, il y avait une grande part de vrai là dedans.
- Sans ta merveilleuse personne à mes côtés, ça ne sert à rien d’avancer.
Il avait gagné, il le sentait. Il voyait ses joues rosirent, elle se tourna légèrement vers lui.
- Allez viens. Tu veux un chewing-gum ?
Cette fois, elle lui adressa son resplendissant sourire mutin habituel, totalement conquise par ces mots. Elle s’approcha de lui en courant et lui sauta au cou.
Ils basculèrent en avant.

-- This attitude is taken
Come on, come on
And tell me
What is taking so long
For you to recognize
And stop --


Que dire? Que faire? Tsuyoshi ne sait pas, comme n’importe qui dans sa situation.
Alors il fait ce que tout le monde ferait.

- Eh Jo ? ça va ?
Question stupide, évidemment que ça n’allait pas.
-- I find myself looking pretty stupid --

09-01-2012 à 17:48:43

C'était une vieille bâtisse, une de celle qui a sa petite histoire, ainsi que toutes ces choses qui vont de pairs. On l'estimait environ à une petite centaine d'années, peut-être un peu plus ; pas de jolie plaque pour en témoigner. Elle n'était pas franchement belle, même plutôt... moche. Et d'un moche qui se voulait sa part d'affreux. Il y avait une figure décrépie, jaunâtre et qui partait en lambeaux, découvrant les bouts d'un mortier pâlichon. Le perron tombait directement sur la rue, pas la plus passante à vrai dire. On remarquait alors une niche dans le mur, une Vierge y perdait quelque peu la tête. Une grande porte de grange, faîte d'un bois qui s'était un jour voulu jeune, deux fenêtres au rez-de-chaussée, trois au premier étage ; le tout formait un ensemble magnifiquement vilain, avec ces rideaux blanchâtres d'un temps immémorial. Au grenier, un œil-de-bœuf surplombait le décor.
L'intérieur, lui, pouvait être qualifié de "typique". Une cuisine, un salon, trois chambres auxquelles on accédait par un escalier casse-gueules, le tout dans une impression d'étroitesse et de renfermé. Cette partie habitable était un petit nid, un petit nid où l'on aimait se réfugier. Une cuisinière ayant passée le cap de la cinquantaine trônait, répandant sa chaleur dans l'habitat.
Derrière, accolée à la maison, une sorte de grange. On y trouvait du bois à foison, rassemblé en une montagne hétéroclite. Également, du foin, qui ne manquerait sûrement pas avant belle lurette... Le toit côtoyait les anges.
Ensuite venaient l'étable et son unique habitant : la vache. Une belle Prim'Holstein, qui, semblait l'avoir compris Obrolan, avait mis bas depuis moins de deux mois. Elle tenait vaillamment sa petite dizaine de litres de lait par jour, comme avait pu le goûter le jeune adulte. Estelle, comme l'avait surnommée Obrolan, sortait tous les jours dans le petit carré d'herbe derrière la maison, non loin de Juliette et Irène, les deux chèvres de Jo. Philippe, quant à lui, restait un peu à l'écart, Obrolan ayant constaté que certaines de ses pulsions ne profitaient guère à ses compagnes.
Au grand dam du jeune adulte, une partie de la maison s'était effondrée lors de l'Apocalypse, faisant le bonheur des habitants du poulailler ; seules réfractaires, treize poules qui n'avaient pas fui devant la chose, treize petites pondeuses qui recommençait depuis peu leur principale activité, au grand plaisir de l'homme.
Un petit chez-soi. Son petit chez-soi. Un matelas avait été installé dans la cuisine, préférant faire de la seule pièce chauffée son lieu à vivre. A ses côtés dormait Roussette, une grosse poule qui semblait s'être épris de lui. Rien de bien grave cependant, il avait trouvé quelqu'un à qui faire la causette. Il se sentait moins con ainsi.
Jo n'avait pas été quelqu'un de démuni : nourriture et autres choses essentielles étaient plus qu'abondantes, et l'on ne pouvait pas dire qu'il ne pourrait pas se défendre : un vieux fusil et quelques cartouches trônaient dans un coin, à l'abri des regards indiscrets. Magnifique.
De son ancienne maison, il ne restait rien ; l'Apocalypse avait tout ravagé. Tout juste avait-il pu sauver une besace, un peu de bouffe et d'habits, trois bouteilles de jus de citron et l'antique machine à écrire qu'il aimait utiliser. Le reste avait disparu. Sa vie avait disparu. Cependant, il devait se tourner vers l'avant, et ne pas faire cas de tout cela ; après tout, ils étaient tous dans la même mouise, aussi nombreux étaient-ils. Il n'était pas mort non ?
L'espoir fait vivre.
Au moins avait-il récupéré du Pulco...

Il s'était terré la première semaine, ne sortant que pour faire boire les bêtes et faire de pseudo-courses au supermarché. Tous l'avaient donc au moins une fois aperçu, menant son petit troupeau, la tête haute et son foulard sur le front. On avait préféré ne pas l'aborder, pour une raison qui lui était inconnue. Il ne s'en été pas plaint.
Comme tous, également, il avait écouté avec vénération le discours du dénommé James, avait bu ses paroles, les avait acceptées, comme l'on accepte une main secourable tendue vers soi. Comme une main que tous avaient aimé recueillir. Espèce humaine... Chère espèce humaine qui n'aimerait pas qu'on la compare à une vulgaire bête. Un mouton en l’occurrence. Il avait cependant senti du potentiel, mais la réalité ne pouvait être altérée... Ils mourraient dans peu de temps, tous. Mais peu de temps ? Que cela pouvait-il bien être ? Une heure ? Une semaine ? Un mois ? Cinq ans ? A quoi se résumait désormais leur vie ? C'était un truc qu'il ne pouvait envisager...
Ainsi, il écrivait, ses mémoires comme il les appelait. Un petit peu condescendant, certes, mais il sentait au fond de lui qu'il devait le faire. Pour eux, pour le reste de l'humanité, pour vivre. Des recharges d'encre, il n'en manquait pas encore ; mais tout avait une fin. Tout aurait une fin.


- Griffes... Partout ... Supermarché ... Vite
Il était là lorsque le blessé avait prononcé ces mots, il avait été parmi ceux qui avaient sentis la chose, il était celui qui avait accompagné les pas de James. Il était là lorsqu'Ils avaient frappé. Et il était resté dans son coin, comme un con, regardant l'inconnu voler avec dextérité au secours de ce qui semblait désormais le leader. Comme un con il n'avait pas fait le moindre geste. Comme un con il avait éprouvé un sentiment de plaisir lorsque les bestioles avaient fui. Il n'avait même pas levé le petit doigt.
Il avait la trouille ? Cela ne l'avait jamais pénalisé plus que cela dans sa vie d'avant, alors pourquoi maintenant ? On le qualifiait de tête brûlée, et de tout ce que l'espèce humaine peut trouver comme noms débiles... Alors pourquoi maintenant ?

- Autant pour l'héroïsme...
Obrolan s'avance, fait mine de courir -bah oui... tout de même... faut au moins avoir l'air crédible- et stoppe brutalement devant les deux hommes qui retrouvent leur souffle. Couvert de sang, de bleus, exténués, il ne semble pas se rendre compte de la présence du jeune adulte, bien que les yeux de l'inconnu soient pointés sur lui. Scrutateurs.
A ce moment-là, que peut-on vraiment dire ? Rien, à moins que l'on veuille se dévaloriser au possible.

- J'ai de la bouffe, une cuvette d'eau chaude qui attend. J'ai quelques rudiments de médecine et j'aimerais parler de ces bestioles, fait le jeune homme en jugeant les deux individus.
Il place ses mains en signe de dénégation.
- Mais vous faites comme vous voulez après tout... Ce serait con de ne pas accepter l'aide dans de pareilles temps. Vraiment con.
Obrolan croise les bras sur son torse, tente de paraître le plus avenant possible, sans avoir l'air foncièrement lèche-cul.

For Vita, For the Freedom : http://www.youtube.com/v/dZLcBLmph3Q
11-01-2012 à 12:17:26
Il marchait dans la poussière sale, encrassé jusqu'au coup. Une lueur d'espoire résonnait dans son crâne. Une lueur dans le crâne ? Un espoir vaint, plutôt. Oui, un espoiur vaint de retrouver quelqu'un vivant. Il avait toujous son vieux iPod6. Il écoutait en boucle des chansons millénaire. Oui, quarante, cinquante ans, ces chansons.

Here our soldiers stand,
From all around the world.
Waiting in a line,
To here, the battles cry.


Il bascula la tête de haut en bas.

Wer're aone, are fighting.
For Metal, that is true.
We own the right to live in the fight,
we're here, for all of you !


Il hurla : Brothers Everywhere ! Raise your hands into the airs ! Like Thunder from the sky, sworn to fight and die ! We're warriors of the world !

Il continua la chanson, sifflotant le bruit d'enfer de la basse et de la guitare qui scillait ses oreilles.

Il marchait, toujours tous droit dans la poussière.

If I should fall,
In battle,
My brothers who fight by my side !
Gather my horse and weapons,
Tell my family how I die ...


Il arrêta la musique. Qui se souviendra de lui ? Si il meurt dans les minutes qui suivent, qui saura qu'il s'appelle Piotr+Gargaroff ? Qui le mettra en terre ? Une boule se forma dans sa gorge.
Il marmona quelques paroles. Piotr s'assit, et ramassa un peu de poussière. Il la jeta autours de lui. Il réfléchis que il devrait à un moment ou un autre combattre, ou tous du moins chasser.Alors, il se releva. Il trouva une sorte d'arbuste sec, mais les branches étaient assez droites pour faire des lances. Au fait de son poche, un couteau-suisse attendait passiament d'être déplié.
Il aiguisa de son canif les pointe. Avec l'outil micro-chalumeau, il fît un petit feu et durcit les pointes. Cela fait, il prit sous le bras douze lances, et marcha. Vers lest, toujours, vers l'est.

Fukin' Epic.
14-01-2012 à 14:45:36
La bataille fut courte, mais intense. Les "Ecurats" , comme il les avait surnommé, s'acharnait à percer sa défense. Il faiblissait, mais miraculeusement, un habitant arriva pour l'aider. Il était armé d'un couteau et tuait en grande pompe les écurats à sa portée. Bientôt les écurats le délaissèrent pour se concentrer sur mon compagnon d'infortune. James avait donc champ libre pour courir et s'enfuir, en laissant son sauveur seul. Il n'en fit rien. James prit son courage à deux mains et s'élança courageusement sur les bestioles en train d'encercler l'autre homme. James s'acharna et réussit à tuer quelques écurats et à mettre en fuite les autres. Bientôt les petits monstres se replièrent et disparurent. James, épuisé, couvert de bleu, allait s'évanouir d'un instant à l'autre. Il arriva tout de même à tenir bon, du moins pour l'instant. Puis, un jeune homme, hébété, s'avança vers eux. Il devait avoir vu toute la scène, mais il n'avait pas bougé le moindre petit doigt pour venir les aider. Comme pour se rattraper, l'homme leur proposa d'aller se reposer chez lui. Ils acquiescèrent et sans dire un mot, suivirent le gentilhomme. La journée se terminait lentement. Le soleil disparaissait à l'horizon. Le petit groupe arriva à une imposante maison, une sorte de ferme. Toujours sans un mot, ils entrèrent et James s'écroula sur le sol tapissé.
Lorsqu'il se réveilla, il avait un gout pâteux dans la bouche et était allongé sur un canapé. Il se releva et sortit par la fenêtre. Les étoiles scintillaient doucement dans le ciel. C'était une nuit sans lune, mais pourtant autour de lui, James voyait tout nettement. Il voyait la ville en contrebas, il voyait la jungle, il voyait le lac et il voyait ... Il voyait le chêne. Il voyait le chêne et ses lumières. Il voyait les feux éclairés sa masse verte, son feuillage plein de vie. Il voyait tout et se sentait puissant dans ce monde calme et reposant. Puis miraculeusement, sans raison, ses membres se relâchèrent, ses blessures cicatrisèrent pour finir par disparaître. Ses bosses mauves virèrent au vert puis lentement s'affaissèrent et disparurent. Sa peau ne retenait plus aucune trace de son combat contre les écurats. Puis, il vida son esprit. Il ferma les yeux et se laissa aller. Ses sentiments, ses souvenirs déferlaient en lui. Sa haine, sa hargne l'habita durant un bref instant, avant de disparaître. Le calme et la sérénité revint et là, en ce moment, il n'aurait pu ressentir ou penser de mauvaise chose sur qui que ce soit. Il était vidé de tout ce qui l’excitait et l'énervait. Puis son esprit pratique revint au quart de tour. Il lui fallait une arme. Il marcha dans les rues, calmement, à la recherche de sa maison. Voilà deux ans, il avait commencé le jeu de rôle apocalyptique. Le but très simple de ce jeu était de survivre durant une semaine avec très peu de nourriture. Il avait vite été passionné par ce hobby. Il en avait été jusqu'à acheter des équipements de survie. Il avait donc chez lui tout un attirail de fausses armes et armures. C'était une vrai caverne d'Ali Baba. Peu de temps plus tard, il ouvrit la porte de sa maison et se dirigea vers sa chambre. Il ouvrit son armoire et regarda sa fierté. Devant lui, un arc stylisé en parfait état de marche et des flèches à embout en mousse qui avec de très légères modifications conviendraient parfaitement comme projectiles. Il prit l'arc et le carquois de trente flèches et les déposa sur son lit. Il continua a farfouillé et ressortit sa vieille cotte de maille... C'était lorsqu'il n'avait à peine que 13 ans. Il devait créer un déguisement de chevalier pour une fête d'anniversaire. N'ayant pas assez d'argent, il avait décidé de créer sa propre panoplie. Il avait donc acheté une bobine de fer et avait patiemment pendant une semaine, maille par maille, façonné une cotte de maille en état de marche. Il enfila la cotte et repartit dans ses investigations. Il n'en ressortit que un fourreau où déposer des couteaux et un protège-bras en cuir. Il enfila le tout et alla dans sa cuisine et en ressortit avec quatre couteaux qu'il aiguisa et rangea dans son fourreau. Il s'attaqua ensuite avec une des lames à enlever l'embout en mousse et à aiguiser la pointe des flèches. Cela lui prit des heures, mais finalement après de nombreux efforts, il avait trente flèches pointues, prête à tuer. Il n'allait plus se laisser faire et allait prendre les choses en mains. Il ne subirait plus et prouverait au monde qu'il était quelqu'un, qu'il était lui et que cela suffisait! Il ressortit dehors et malgré qu'il se soit passé plus de six heures depuis qu'il était parti de la ferme, il faisait toujours noir. Il marcha vers la place, décidé à prendre la parole à nouveau et à informer les survivants qu'une autre espèce voulait la suprématie et qu'ils allaient devoir se battre pour survivre...

I am TOUPOUTOU
TOUPOUTOU POWER!!
14-01-2012 à 19:31:59
Un ouragan. Une tornade. Des souvenirs. Une arrivée. Des humains. Ô abhorrées créatures.

Evilyn s'éveilla enfin. Elle avait passé une mauvaise nuit entourée de solitude. Cachée dans un vieux garage abandonné ne contenant qu'une carcasse de voiture hors d'usage ainsi que quelques outils divers, elle vivait sur ses faibles réserves depuis...L'incident, qui s'était produit une bonne semaine auparavant. Dire que c'était dans ce village perdu de Floride qu'elle échouait pour la "fin du monde". La jeune fille eut un sourire ironique alors qu'une rage muette s'allumait dans ses prunelles rouges. Il y avait eu un nombre tellement élevé de prédictions à propos de la fin du monde au travers des siècles que c'en était risible. Ces pathétiques humains ont toujours aimé se faire peur pour, paradoxalement, se rassurer. Mais le plus amusant fut qu'aucune alerte d'un quelconque illuminé n'avait prédit celle-là, la fin du monde d'Octobre 2023.
Mais quoi qu'il en soit, elle se devait de survivre, ne serait-ce que pour voir les autres tomber...Et à la mémoire de Ses yeux bleus-gris si Sa vie s'était arrêtée en même temps que celle de milliers d'autres âmes...

Evilyn se redressa, s'extirpant péniblement de ces tristes pensées, et avança sans hésitation vers le coin de sa cachette où elle pouvait sortir. On y sentait des relents de moisissure qui imprégnaient les boiseries, mais elle s'estimait heureuse d'avoir trouvé ce recoin où s'abriter. Elle observa une fois de plus ses congénères à travers les fentes laissées par les planches vermoulues. Comme les jours précédents, elle ne vit aucun enfant, ni aucune personne qui semblait âgée de plus de trente ans. Pourquoi seule une tranche de la population était présente dans cette ville, elle n'en savait rien. Surtout qu'avant le "basculement", elle avait bien remarqué de dégoûtants enfants et de répugnants vieillards à Pahokee...Mais qu'importe, ces immondices avaient (momentanément ?) disparu de son champ de vision et elle ne s'en portait pas plus mal.
Étonnamment, Pahokee s'était organisée très vite, elle avait pu entendre un des survivants haranguer la foule et saisi l'essentiel de son discours. Si elle avait été d'humeur joyeuse, elle aurait peut-être même ri. Mais dorénavant elle se devait de sortir, parce qu'à un moment, il fallait bien sortir, puis qu'elle était curieuse de savoir si certaines personnes dans le coin avaient un peu plus de potentiel de la majorité de l'espèce humaine...

Evilyn attendit un moment le temps que la ruelle où débouchait son étroite sortie soit totalement silencieuse, puis elle se glissa furtivement entre deux planches en prenant bien soin de dissimuler l'entrée de sa planque, un lieu où se réfugier lui serait assurément bien utile dans ce monde désarticulé.


Elle était dehors et loin de tout. Il faisait nuit noire, mais elle voyait parfaitement chaque détail du monde qui l'entourait...Une nouveauté spéciale mais plutôt intéressante dans cet étrange monde inconnu. La jeune fille avança à pas de Loup, sa chevelure de jais se fondant parfaitement dans les ténèbres et dissimulant sa peau blafarde. Elle marchait vite, l'aurore ne tarderait plus et enfin elle saurait si dans cette ville, des esprits assez glorieux siégeaient pour que Pahokee, rempart dérisoire, puisse survivre à l’Apocalypse ou si dès maintenant elle devait quitter la ville pour tenter sa chance ailleurs, si tant est qu'il y ait encore de la vie "ailleurs"...
14-01-2012 à 22:06:52
Je poste sous forme d'image, à cause d'un petit problème, comme pour Andore ^^'.

15-01-2012 à 01:03:36
- Eh Jo’, ça va ?
Le sourire de la jeune femme changea légèrement, sonna moins faux, se fit plus vrai. Comme si la voix de Tsuyoshi avait l’effet d’un baume apaisant. Pourtant, Johanna restait blessée, d’une incommensurable tristesse, tout son corps respirait la douleur. Certes, il n’y avait là nulle blessure physique, mais en elle son cœur était en miette.
Le lecteur du jeune japonais enchaîna sur une autre chanson qu’il reconnut en quelques secondes, "If I surviving the time" de Nas, un peu de rap.


But that's the whole tragic point, my friends
What, what would I do if I could suddenly feel
And to know once again that what I feel is real?
I could cry, I could smile, I might lay back for awhile
Tell me what, what would I do if I could feel you?


La voix de la rouquine s’éleva, aussi sombre que la nuit.
- Oui, ça va…
Pourtant, il est évident qu’elle ne va pas bien. Elle lui ment et ça lui déchire le cœur, le réduit en charpie. Malgré ça, le jeune homme sent qu’elle fait des efforts, que sa présence la rassure, la protège. Il se souvient de ce qu’elle lui avait dit, il y a quelques jours : «on doit se protéger mutuellement ». Alors, était-ce là le moment de la protéger ? Autrement que physiquement ? Oui, si Tsuyoshi devait protéger Johanna de quelqu’un, c’était d’elle-même. Elle tapote timidement le sol à ses côtés et dit :
- Tu veux bien t’asseoir avec moi ? S’il te plait Tsu’.
Son premier reflex fut d’obéir à sa belle, mais pourtant elle était étrange. Alors il hésita. D’une certaine manière il avait peur, peur d’affronter ce qu’elle pourrait lui dire, peur de se séparer d’elle ou de la voir s’enfuir dans le sombre dédale de son esprit. Elle détourne le regard, broyant un peu plus le cœur de son TsuTsu. Il a peur de la perdre, c’est stupide à dire mais c’est comme ça. Il la connait depuis peu, mais le temps n’importe pas. Il l’aime, un peu. Bon. Beaucoup, en fait. Beaucoup trop, peut-être ? Mais ça reste beaucoup.

I was young, I was survivin' the times
Waitin' for my moment, I was destined to shine
Little Ray had an NSX, I was hopin' I'm next
Wantin' bracelets, never had a rope on my neck
Unless I was holdin' Taiyeh chain 'Rest In Peace'


Alors ce qu’il veut, ce pauvre Tsu’, c’est la faire aller mieux, la réconforter. Il voudrait lui faire oublier ce monde moche dans lequel ils vivent, ces problèmes qui la rongent. Il a peur de ce qu’elle pourrait lui dire s’il s’asseyait à côté de lui, il ne veut pas à avoir à quitter son chemin. C’est drôle, parce qu’il sait qu’au fond d’elle, elle a peur pour lui. Elle ne veut pas lui faire de mal, mais elle ne se rend pas compte qu’en se comportant ainsi, elle le déchire.
L’amour rend aveugle, non ?


Even though that night you flipped on us, you warned us
If you came back and we still on the corners, we goners, movin' on to
Move your arm and your watch to another time on the block
'Cause this 40 Side where they say shorty rhyme
Tragedy he used to come through all the time

I'm talkin' Juice Crew, not what the word define
He had a sister named Erin, for sure was fine
That was my first crush, I bought my first mic
I wrote my first verse, I was about nine
I was about mine, fantasize house-buyin'

Met Paul, he wore some big glasses
Him and Melquan took me where G Rap lived
I was happy, just gettin' some answers
I ain't even know what a record advance was


Qu’est ce qu’il doit faire? Il est là, planté comme un idiot, devant cette jeune femme qu’il aime de tout son cœur et qui va mal. Il a peur, c’est con. Après tout, il en a vue des pires que de devoir s’asseoir à côté de Johanna. Et puis de toute façon, son envie de la rendre heureuse est plus forte que son éventuelle peur. Avec douceur, il s’assoit et passe son bras autour de son épaule. Immédiatement, elle se colle à lui et lui offre un merveilleux sourire, où tous les malheurs du monde sont effacés. Elle cherche sa main et la sert doucement puis de plus en plus fort, elle ne veut surtout pas qu’il la lâche. Alors il parle, pour énoncer l’évidence, annoncer ce qui est déjà fait.
- Ouais, bien sûr que je veux Jo’.
- Merci. Je suis contente que tu sois avec moi Tsu’.
Elle lui fait un nouveau sourire, tout aussi radieux.
Il se sent bien.


I'm seein' hoes s*x in the studio bathroom
With rap dudes, thinkin' wow, she moved me
Same girl then, right now's a groupie
Back then she was like the star in the movie

Large jewelry and expensive Gucci
Next stop, Paid In Full posse recruits me
Knew they were some millionaires, their ropes were dookie
Eric B man lookin' like touch it he shoot me

You see, every time Ra didn't show
I get to record demos at attempts to blow
I wonder could they tell, how did they know
Sixteen years later, here I go


Elle respire fort, son cœur bat vite et ses joues sont délicatement rosées. Tsuyoshi savoure le moment de toute son âme, ils sont juste là tous les deux, l’un dans l’autre. Fusionnels au possible la buée de leurs souffles se mélange en une arabesque de motifs mystérieux. Johanna se tourne vers lui, il se met doucement à jouer avec une mèche de ses cheveux. Elle parle de nouveau, un peu plus timide, les yeux brillants.
- Dis, je ne veux pas t’embêter mais… T’as pas une chanson de vieux qui s’appelle Fallen Leaves sur ton mp3 ? Avant…
Elle lève légèrement la tête, offrant un regard à la Dame Sélène avant de reprendre d’un ton légèrement étranglé.
- Avant de te rencontrer, je l’écoutais toute seule. C’était nul.
Etrangement, le jeune Loup s’en est senti tout euphorique. Il savait que par cette demande, elle s’était ouverte à lui plus que jamais. Le passé, ils en avaient que peu parlés, préférant vivre à fond le présent. Ce qu’il savait, c’était qu’avant, la vie de Jo’ était franchement nulle. Et là, Tsu’ il ne voulait qu’effacer les mauvais souvenirs de sa belle.
Et si on veut, on peut. Pas vrai ?


What, what, what would I do?
What, what, what would I do?
What, what, what would I do?
What, what, what would I do?

I'm with Akinyele in the street, tryin' to get us a deal
G Rap tried to get us to sign to Cold Chill
But Fly Ty didn't have the contract we wanted
Clark Kent just signed Das, he didn't want us

Russell said I sounded like G, the nigga fronted
Reef and Matty C offered me a little money
Shit, a little funny, feel a little laughter
Rebel of hip-hop comin' through a white rapper

My boy MC Serch nevertheless
Took me to Columbia, back then CBS
Chris Schwartz, RuffHouse, he was the best man
Now buggin' 'cause the label had just dropped Def Jam


- Fallen Leaves tu dis ? Les feuilles qui tombent ?
Tu ramasses une poignée de feuilles égarées et tu les jettes en l’air. T’es con Tsuyoshi, quand tu t’y mets. Mais tout ce que tu veux, c’est jouer un peu, faire le pitre et amuser ta belle Johanna, ton regard dit bien que tu as tout ce qu’il faut pour la satisfaire.
Du Billy Talent, hein ? Ouais, tu trouves quelle a vachement bon goût, ta tendre rouquine. Tu ris, elle aussi, tu te sens bien, avec ces ridicules feuilles dans les cheveux. Le monde a pris le goût de ton chewing-gum, citron acidulé. Tu joues un petit peu, plus gros chaton que Loup. La musique de ton Ipod ? Tu ne l’entends même plus tant le sang bat fort à tes oreilles. T’as l’air d’un parfait crétin, mais t’aime ça et elle aussi, alors tu t’en fous.
Mais il faut bien la contenter, après tout t’es là pour répondre à ses attentes et la combler.

- Ouais, j’ai ce que tu veux.
Tu sors le mp3 de ta poche, fais une bulle négligente avec ton chewing-gum et parcourt habilement la liste démesurée de chansons. Enfin tu trouves. Billy Talent.
- Aller, colle-toi bien à moi si tu veux qu’on puisse écouter ça ensemble.
Une excuse stupide, tes écouteurs sont suffisamment puissants pour faire de petits haut-parleurs, mais tu as envie de ce corps chaud contre toi. Elle s’exécute, malicieuse et toi d’un geste habile tu tords ton casque pour que la partie de gauche soit sur son oreille et la droite sur la tienne. Tu lances la musique, presque à fond.

In a crooked little town,they were lost and never found
Fallen leaves, fallen leaves, fallen leaves... on the ground

I hitched a ride, until the coast
To leave behind, all of my ghosts
Searching for something, I couldn't find at home

Can't get no job, can you spare a dime?
Just one more hit, and I'll be fine
I swear to god, this'll be my one last time!

In a crooked little town, they were lost and never found
Fallen leaves, fallen leaves, fallen leaves... on the ground
Run away before you drown, or the streets will beat you down
Fallen leaves, fallen leaves, fallen leaves... on the ground

When it gets dark, in Pigeon Park
Voice in my head, will soon be fed
By the vultures, that circle round the dead!

In a crooked little town, they were lost and never found
Fallen leaves, fallen leaves, fallen leaves... on the ground
Run away before you drown, or the streets will beat you down
Fallen leaves, fallen leaves, fallen leaves... on the ground


Emotions intenséments indescriptibles qui tourbillonnent en Tsuyoshi.
- Eh Jo’?
- Oui?
- Je suis là.

I never once thought, I'd ever be caught!
Staring at sidewalks, hiding my track marks!
I left my best friends, or did they juste leave me?

In a crooked little town, they were lost and never found
Fallen leaves, fallen leaves, fallen leaves... on the ground
Run away before you drown, or the streets will beat you down
Fallen leaves, fallen leaves, fallen leaves... on the ground

Run away before you drown!
Fallen leaves, fallen leaves, fallen leaves... on the ground

" Je t’aime ", clamaient ses yeux.
15-01-2012 à 01:17:16
Eddy se dit tout d'abord qu'il n'avait besoin de l'aide de personne. Mais, voyant le chef suivre sans un mot le pauvre lâche qui proposait son aide une fois le combat terminé, il décida de le suivre également. Un nouveau monde impliquait le changement des gens, et un lâche pouvait être devenu tordu avec le cataclysme. Même si cela n'enchantait pas vraiment l'ex assassin, il devait s'assurer que le fermier ne ferait pas de mal au leadeur. La communauté avait besoin d'un pigeon pour prendre des raines, et celui-ci était parfait. Et même si lui n'avait pas directement besoin de lui, il avait besoin du village. L'union fait la force, et s'il y avait une autre attaque de ces choses, plus massive cette fois, Eddy aurait le temps de fuir tandis qu'ils se feraient massacrer un par un.
Cette pensée, aussi répugnant que ça puisse être, le fit rire intérieurement. Survivre à une tempête de ténèbres pour finir dans l'estomac de ces bestioles, ce serait vraiment comique. Ce dont il était sûr, c'était que lui, il ne se ferait pas avoir. Ses sens s'étaient affutés depuis le cataclysme, et il pouvait faire des sauts presque trois fois plus hauts qu'avant. Il ne savait pas si c'était pareil pour les autres rescapés, mais il se sentait plus fort qu'avant. Il ne mourrait pas tué par ces animaux ridicules.

La perspective de devenir le garde du corps du meneur germa dans l'esprit du jeune homme. Il aurait son mot à dire dans les situations délicates, et il aurait enfin quelque chose d'autre à faire que vagabonder dans les rues d'un village miteux. Encore mieux, il aurait une situation prestigieuse. Il vivrait dans la meilleure maison, mangerait de la nourriture en abondance, et s'assurerait presque être l'un des survivants en cas d'alerte si ce jeune adulte avait tout prévu.
Enfin bref, devenir garde du corps pouvait se montrer intéressant pour lui. Il lui en parlerait plus tard.

En entrant dans la ferme, le leadeur s'écroula lamentablement sur le tapis crasseux du fermier. Eddy soupira. Ce petit était peut-être moins dur que ce qu'il n'avait pensé. Le fermier se jeta à son chevet. Il tenta de le soulever, non sans une certaine difficulté. Ce type-là, en plus d'être lâche, était faible. Comment avait-il pu survivre, bordel ?
-Hé mec, ça te gênerait de m'aider ? demanda-t-il dans un souffle.
Eddy le fixa avec dédain. Enfin ce qui, pour lui, était du dédain. Pour les autres, il n'exprimait rien. C'était toujours amusant de voir leur réaction face à son regard. Enfin bon... il serait incapable de porter le meneur, même avec toute la volonté du monde. L'indien le souleva comme s'il s'agissait d'un enfant, et fixa de nouveau le fermier qui plongea son regard dans le sien. Que cherchait-il dans ses yeux ?! Eddy s'impatientait. En plus d'être lâche et faible, il était abruti. Il avait vraiment le don de l'énerver, celui-là !
-Je le met où ? demanda-t-il d'un ton de glace après une minute d'attente.
Le fermier sortit de sa transe et se retourna, pour conduire le jeune homme à un lit. Il y posa doucement le leadeur et avertit l'hôte de ce dernier :
-Si tes intentions sont mauvaises, tu mourra.
Ces mots furent dit avec un maintien et une sorte d'aura meurtrière qui aurait fait frissonner n'importe quel freluquet dans son genre. L'ex assassin partit sans demander son reste, pour explorer les alentours du village. A la sortie de la ferme, il y avait une plaine dont l'herbe arrivait aux genoux. S'il y avait des prédateurs là dedans, le fermier serait déjà mort. Il n'y avait donc aucun danger apparent.

Le jeune homme marcha sans un bruit durant une dizaine de minutes, écrasant l'herbe qui lui chatouillait les jambes au gré des brises. C'est alors qu'il vit une forme sombre vers la gauche. Qu'est-ce que c'était ? Une sorte de fissure au milieu de la plaine ?
Eddy se mit à courir vers cette forme étrange. Était-ce un danger ou une autre bizarrerie ? Il serait bientôt fixé, en espérant ne pas crever à cause de sa curiosité.
Ce qu'il découvrit, ce ne fut qu'une crevasse. Pas très profonde en plus, mais autre chose attira son attention : Une gamine. Une gosse rouquine, pas trop moche, avec une drôle de cicatrice sur le bas du ventre, et nue.
Qu'est-ce qu'elle foutait là ?
Eddy crut d'abord qu'elle était morte, mais sa poitrine tressauta. Et merde. La première réaction du jeune homme, habituellement, aurait été de partir, et de faire comme si de rien n'était. Mais maintenant, les choses étaient différentes. Tout d'abord, il pensa qu'il devrait l'achever. Après tout, elle était là depuis deux semaines. Elle était maigre. Il se demandait depuis combien de temps elle n'avait pas mangée. Peut-être même qu'elle était là depuis le début. Et puis, elle pouvait ramener des charognards dans le coin ,ce qui était vraiment quelque chose à éviter. Ensuite, il pensa à la ramener au village. S'il amenait une petite fille là bas, il serait considéré autrement. On lui ferait confiance. Et ça, c'était bon pour survivre. Au moindre souci, ils se feraient couillonner sans pouvoir réagir. C'était un bon plan. Et puis, au pire, si elle mourait... c'était de la viande en plus...
Une larme coula sur la joue du garçon... Quoi ?! Lui, il pleurait ? C'était ridicule ! Pourquoi cette larme ?! Il n'était pas faible au point de pleurer le sort d'une fille morte ! Quand on est mort, on n'existe plus, on se fiche d'être bouffé ou non ! Putain !
Mais bon, la priorité, c'était de la ramener à présent. La crevasse devait faire deux mètres de profondeur. Eddy sauta à l'intérieur, pour atterrir juste à côté de la tête de la fille... De près, elle était mignonne. Mais bon, la seule fois où le jeune homme était sorti avec une adolescente, c'était pour approcher son père, un millionnaire qui devait mourir pour trois mille dollars. Du coup, il n'avait jamais connu l'amour. Il ne savait pas ce qu'était l'affection. On n'en avait jamais eu pour lui, et il n'en avait jamais eu pour personne. Il ne pensait pas que ça allait commencer maintenant.
Quoique, au final, avec cette nouvelle vie, peut-être pouvait-il profiter des vrais plaisirs de la vie. Comme faire l'amour, éprouver de l'affection pour un être vivant. Mais pas tomber amoureux. Non seulement il s'en sentait incapable, mais il avait vu des hommes se suicider pour l'amour d'une femme. L'amour, c'était un poison qu'il ne pouvait ni contrôler, ni fabriquer... Et il ne voulait pas commencer.

Il enleva son tee shirt, et l'enfila à la fille pour qu'elle ne hurle pas en se réveillant. En se retrouvant torse-nu, il découvrit ses blessures. Des marques de crocs et de griffes marquaient sa peau çà et là, mais rien de grave. Ça piquait un peu, c'est tout.
Il prit la fille dans ses bras comme il l'avait fait avec le meneur tout à l'heure, une main sous les genoux et l'autre soutenant la partie supérieure du corps. D'un bond, il réussit à la hisser hors de la crevasse et à remonter avec la force des bras. Sans se précipiter, il la prit de nouveau, et marcha vers le village, pour l'amener à un destin tragique, ou miraculeux...

Lorsque je te serre la main, c'est une souffrance que j'appréhende. Tu ne sentiras pas le tonnerre de ma haine s'abattre sur ta nuque. Tu ne pourras que pleurer, et saigner. Saigner autant que mon dégoût le désire. Je me délecterai du spectacle macabre de tes chairs broyées sous mon poing vengeur. Personne n'est innocent.
15-01-2012 à 17:52:02
Tout avait changé. Après cet évènement nommé l'Apocalypse par les survivants, Léo Chevalier avait cru se réveiller et sortir d'un sombre rêve. Mais non, tout avait réellement changé.
Profitant de ses vacances, le jeune français étudiant en école vétérinaire avait décidé de partir se détendre à la plage. Pas n'importe quelle plage : aux States, Miami Beach. Ses parents payant ses études, il avait suffisamment d'économies pour s'offrir ce luxe.

Les deux premiers jours s'étaient passés précisément comme il le souhaitait. Avec ses 21 ans, son corps de taille moyenne mais d'une musculature sèche et remarquable forgée par sa passion du sport, et plus précisément des arts martiaux, ses yeux d'un bleu-gris clair, sa barbe blonde rasée en collier et ses cheveux de la même couleur ornant un visage fin et bien proportionné, Léo savait qu'il aurait du succès avec les filles, et il aimait ça. Son léger accent français rendait son côté poète encore plus craquant en anglais, et son style vestimentaire très classe fait de vêtements plutôt chers parachevait le tout.

Mais le 3e jour, il était sorti de la catastrophe dans un tout autre monde. Le village dans lequel il avait loué un appartement, Pahokee, était empli de survivants qui avaient déjà commencé à s'organiser. Etait-ce le cas partout, ou avait-il juste une chance inouïe ? Il ne le saurait pas avant d'être sorti du village, mais préférait pour l'instant se joindre aux survivants.
Sur la place principale du village, un jeune homme parlait déjà. Son discours était au début maladroit, mais ses paroles captèrent peu à peu les habitants, et le débit des mots se fit progressivement plus assuré, plus véhément, plus captivant. Il finit par convaincre la majeure partie de son auditoire qu'il fallait s'organiser pour survivre. Apparemment, plus personne déjà ne doutait d'avoir vécu une fin du monde, une Apocalypse, tel était le nom qu'on lui avait donné. Mais ce gars-là, Léo n'avait pas spécialement envie de lui faire confiance : beaucoup d'expérience politiques ont démontré que quand tout allait mal et qu'un individu se présentait comme le sauveur du peuple, un risque de dictature n'était pas loin. Le discours de cet homme, James, avait été finement déroulé, malgré le manque de convictions du début. Et efficace. Conclusion : il fallait s'en méfier. De plus, il serait dommage que ce James lui subtilise une proie qu'il pourrait avoir envie de chasser : le succès auprès de la gente féminine sourit souvent aux leaders...

Il s'agissait ensuite de changer de vie. Le monde avait changé, et l'intelligence autant que son instinct lui recommandait de s'adapter. Cela n'allait pas du tout à l'encontre de ses principes, c'était même dans le bon sens pour un pratiquant de judo et de kobudo. Première étape : changer d'identité. Il ne devait plus être Léo Chevalier, l'étudiant vétérinaire. Son nouveau nom serait conforme à la voie qu'il suit : désormais, Léo se ferait appeler Budo. La voie du guerrier : droite, noble, et surtout, dans le respect des principes de l'individu, quels qu'il soient. Sa passion pour la culture japonaise, pour les philosophies des arts martiaux et l'histoire des samouraïs, prendrait une valeur, une dimension toute autre.

Il n'était pas arrivé au bout de ses études, mais ce qu'il lui manquait était principalement de la pratique et de l'expérience, il avait déjà la théorie dans beaucoup de domaines de la médecine vétérinaire... Et les vétérinaires étaient largement capables de soigner, voire d'opérer des humains. Peut-être pourrait-il jouer ce rôle important parmi les survivants ? Mais cela risquait fort de ne pas lui plaire... Il imagina la situation, assaillit par tous les faibles qui se blessent, ou ceux qui s'inquiètent au moindre rhume, incapable de surmonter la plus petite difficulté sans aide... Son code d'honneur, ses principes ne lui intimaient pas d'aider les faibles. Et cette perspective ne l'enchantait pas beaucoup. Une décision qu'il remit donc à plus tard.

Il était temps maintenant de s'entrainer, ce qui lui donnera aussi l'occasion de tester ses capacités physiques : il connaissait son corps par cœur avant l'Apocalypse, mais à présent il lui semblait avoir plus de mal à doser ses gestes avec la même précision. D'ailleurs, sa myopie avait complètement disparue, lui laissant une vue qui lui semblait être encore plus performante qu'avant que le besoin de porter des lunettes ne se soit fait ressentir. Bah, c'était probablement une impression... Mais, nouvelles capacités ou pas, l'environnement semblait hostile : le blessé qui avait débarqué sur la place du village était dans un mauvais état, et il ne s'était pas fait ça tout seul. La survie n'allait pas être une partie de plaisir...
"Sauf, bien sûr, pour quelqu'un qui aime le combat plus que tout..." pensa Budo en découvrant ses dents blanches dans un sourire enthousiaste.


"- Crois-tu en le Destin, Néo ?
- Non. Je ne supporte pas l'idée que quelqu'un dirige ma vie à ma place.
- Précisément. Et je suis fait... pour te comprendre.
" - Matrix.
17-01-2012 à 22:49:48
Elle observe son visage, curieuse de savoir si il va accepter son offrande.
C'est une petite parcelle de son passé, minuscule, juste un goût partagé, mais... Plus maintenant. C'est un gage de confiance, un confidence merveilleuse ; un véritable trésor. Et c'est juste une chanson. Juste des vieux chanteurs qui braillent. Juste la plus belle déclaration d'amitié qui soit. C'est déjà pas mal, non ? Bien sûr que ce n'est pas assez. Elle sait que son coeur ne bat pas en sourdine parce-que ce gentil samouraï est son ami depuis déjà deux semaines. Non. Elle est un petit peu franche avec elle même, à mis-voix. Elle le murmure à peine dans son esprit, apeurée de ce qu'implique cette énorme et menaçante révélation. Mais un murmure reste audible quand même : elle l'aime.
Oui, on ne sais pas depuis quand. Oui, ça a surgit comme ça. Oui c'est franchement pitoyable. Mais elle n'y peut rien, c'est comme ça.
Tout d'un coup, cela la submerge comme un tsunami de sucre. Elle se laisse coulée avec douceur. C'est la plus belle noyade qui soit, et pour rien au monde elle ne veut y échapper. C'est délicieux, ce sentiment que le monde a enfin un sens, que l'univers n'est ni si vide, ni si froid qu'elle l'avait toujours cru. Au dessus de leurs petites têtes humaines, des millions d'étoiles scintillent, que ses pensées rejoignent dans un éblouissant feu d'artifice. Elle explose, elle gonfle et se gondole à en éclater ; c'est énorme, magnifique. Elle est amoureuse. Le vide de l'espace ce n'est rien. Ils sont tout les deux assis sur une gigantesque sphère infestée par la vie, autour de leur monde nouveau et sauvage il n'y a qu'un gouffre glacial qui happe les lumières d'astres si lointains que même leur image n'est qu'une illusion... Mais tout ça n'a aucune importance : elle est encore plus grande que tout ça. Elle goûte à l'ultime privilège de l'être humain, le plaisir inégalable et étourdissant qui lui donne des ailes pour défier l'univers trop vaste. L'amour. C'est la saveur de tout les sens. Qui l'emporte. Qui se joue d'elle. Qui la propulse vers une dimension nouvelle où tout est limpide et emprunt de chaleur.
Elle voit la lueur qui s'allume dans les yeux, la joie crédule qui jaillit hors de ses prunelles et éclabousse tout son visage comme une flaque de peinture lumineuse. C'est bon. Maintenant, il a vraiment l'air lunaire : sa peau pâle irradie presque sa propre lumière. Elle brille comme de l'argent. Et alors, c'est elle qui provoque ça ? C'est vraiment elle, non, pas possible, ou alors si, ; stop. C'est bien cette Johanna timorée et invisible qui le rend si beau tout d'un coup ? Ou c'est cet océan d'eau douce qui avale tout sur son passage ? L'amour, non ? Elle vient de découvrir une nouvelle archipel. L'île de Tsuyochi, la contrée Lunaire. Elle va l'aimer cette île... Elle semble vraiment accueillante. Vraiment belle. Il serait temps de jeter l'ancre, non ? De jeter l'éponge. De lui dire quelque chose. Il semble tellement heureux... Elle a bien fait d'oser un premier pas. De lui offrir ce petit morceau d'elle même.
Maintenant, elle veut avancer encore. Se donner toute entière, tout de suite, lui dévoiler tout, lui exposer les moindres parcelles de son âme, et... De son corps. C'est aussi physique, l'amour. Des produits chimiques qui s'agitent follement dans son corps et l'embrasent, la poussent à avoir mille pensées où se mêlent le bonheur chaste et le désir ardent. Tourbillon dans son sang. Etoiles dans ses yeux. Les voit-il ? Peut être. Non. Sûrement. C'est certain.
Il les voit.
Un sourire trop grand pour son visage lui étire les lèvres avec une joie impudente. Rien à foutre.


-Fallen Leaves tu dis ? Les feuilles qui tombent ?
Un éclair de malice traverse ses prunelles. Il attrape des feuilles, des flammes oranges, roses, rouges, qui font un incendie dans sa paume, et les jettes en l'air comme une poignée de braises. Des comètes se mettent à danser dans l'air, et celle-ci sont carmins, elles sont une poignée de soleils qui valsent autour d'eux. Elle l'observe avec ravissement, béate.
Il ne lui a pas décroché la lune, il lui a ramenée l'automne et les astres qui brillent dans le ciel. Il lui offre du feu, et encore mieux qu'un bouquet de fleurs : un assortiment de senteurs. Ses doigts ont saisis de l'humus retourné. Il retombe sur eux, humide, parfumé, et cette terre là n'est pas amer, ce n'est pas de la poussière sur sa langue, ce n'est pas une gorgée de cailloux qui lui roulent dans la gorge. Cette terre sent bon, elle lui emplit les narines d'un arôme sauvage et vivifiant. Cette terre là vaut une bonne tonne de roses.
Elle se met à rire. Ça secoue sa poitrine et s'échappe comme un vol de colombes ; c'est plus un chant que des spasmes heureux. C'est indescriptible. Elle se sent tellement bien que le temps vient de commencer sa course, qu'il n'y a jamais rien eu d'autre avant ce moment qu'elle partage avec lui. Son rire redouble. Elle tombe sur le dos et se laisse aller à un éclat. Sa voix lance des étoiles dans la nuit, la Lune sourie encore plus largement dans le ciel ; tout est clair, parfaitement net, mais cette fois-ci, plus de glace. Elle se sent enflammée. Au dessus d'elle, Tsuyochi brille autant que l'astre sélénite. C'est encore plus beau que tout le reste : son visage heureux, son rire qui s'échappe dans l'air avec plus de vigueur qu'un envol d'oiseaux migrateurs. Ils migrent eux aussi, grâce à leurs rires. Ce sont des ailes qui les transportent vers un pays où il fait toujours chaud, où on ne se nourrit que de bonheur.
Il baisse la tête avec son grand sourire de gamin heureux étalé sur le visage. Un doigt qui court sur le petit rectangle noir, ses yeux qui glissent sur des titres. Johanna se relève ; puis remarque que son Tsu' a des feuilles sur la tête. Elle explose à nouveau et retombe en arrière, secouée d'un rire incontrôlable. Ses cheveux se répandent par terre comme de l'huile enflammée, se mélangent aux feuilles flamboyantes et à la terre molle. Elle a les larmes aux yeux, ivre d'un bonheur tout droit sortit de nul part. Elle voudrait que ça ne se termine jamais. Elle l'entend à peine qui accède à sa demande.
Mais tout d'un coup, il l'invite. Ses oreilles captent ces mots là. Un frisson d'allégresse remonte depuis son coeur, douce caresse le long de son dos, onde légère et sucrée qui se perd dans sa bouche, puis frémissement de ses deux oreilles. Leur duvet roux se dresse. Un petite décharge fait sauter quelque chose dans sa poitrine.


-Aller, colle-toi bien à moi si tu veux qu’on puisse écouter ça ensemble.
Elle n'hésite pas. Son âme le veut. Son corps le veut. Elle va se lover contre lui, colle ses genoux aux siens. Un grand sourire étire ses lèvres. Elle retient un frisson de plaisir quand la main de Tsuyochi frôle son oreille pour poser un écouter à l'intérieur. Elle laisse sa tête se poser dans le creux de son cou, les yeux grand ouvert.
La musique l'emporte. C'est sauvage, violent. Son passé qui lui fouette le visage. Elle se remémore les bons moments de sa vie d'antan, s'immerge dans la musique et son harmonie syncopée. Les premiers accords l'entraînent déjà. Petits cris d'une guitare qu'on gratte. Une voix qui se fond dans le décors musicale, l'habite de sa puissance modérée. Mots accentués, syllabes qui traînent... Elle retrouve une vieille amie. Tout un coup, les vieux chanteurs ne lui semblent plus si morts. Ils continuent de chanter avec la même énergie, le même talent. Elle sent des larmes glisser aux coins de ses yeux. Cela fait tellement longtemps qu'elle n'a pas écouté de l'art... Elle avait oublié la beauté d'une chanson humaine. Un grand vide s'ouvre dans sa poitrine quand elle songe à toute ces oeuvres qui ne verront jamais le jour, à tout ce qu'ils ont perdus avec l’apocalypse. Toute la poésie de l'humanité s'est envolée... Ou presque. Il reste un peu de son art, la seule chose bonne qu'elle ait sut créer, là, qui dort dans un mp3. Elle tourne vers Tsuyochi un regard immense. Il a sauvé le beauté humaine. Il a sauvé des années de musiques. C'est un héros. Il a pris le meilleur de leur civilisation imparfaite, une partie de ce qui transcende l'âme humaine, et il le tient au creux de sa main. Johanna songe que c'est le plus grand trésor que quiconque ait pu sauver de la tempête sombre...
L'art. Elle entrouvre les lèvres, admirative, fière. Elle l'aime lui. Le gardien des archives de l'Âme.
Il sent sûrement son regard. Les yeux fermés, il écoute la musique, lui aussi emporté, et une émotion indescriptible habite son visage. Ou plutôt une tempête d'émotions qui se mêlent en quelque chose de magnifique et de puissant, si intense, si énorme, qu'il n'arrive pas à s'accrocher à quelque de stable. Cette immensité tumultueuse le happe. Pourtant, il trouve la force de lui parler, les paupières toujours closes.


-Eh Jo’?

-Oui ?
Elle ne le quitte plus des yeux. Elle s'attend à tous.

-Je suis là.
C'est plus que ce à quoi elle s'attendait. Encore plus. Mille fois mieux. Il ne lui a pas dit qu'il l'aimait, que son coeur battait follement. Pas de déclaration enflammée ; tout ce à quoi elle croyait aspirer. Mais ce n'est rien. Il y'a tellement mieux que ces mots doux et sucrés mille fois répétés, mille fois offerts à tant d'autres... Non, elle a eu plus que n'importe qui.
Elle l'a lui. Il est là. Il s'offre. Il ne parle pas d'amour ; il parle de lui. De sa présence à ses côtés. C'est plus beau encore. C'est au delà d'une phrase minable... Il est là.
Et tout d'un coup, il la regarde. Il ouvre les yeux. Et elle sait que c'est vrai : il est vraiment là. Avec elle, tout entier... IL EST LA.
Ses yeux brûlent. Ses yeux sont des caresses. Un regard est une tendre gifle.


-Moi aussi. Répond elle brutalement.
Les mots jaillissent d'entre ses lèvres. Elle sait qu'il comprend.

Moi aussi Tsu'...
Ses lèvres la picotent. Des étincelles courent sur sa langue. Foudre dans sa bouche. Pour en apaiser l'acide brûlure, elle se penche vers lui, et lui la fleur de ses lèvres bourgeonne. Éclosion du désir. L'écouteur dans son oreille déverse le refrain de Fallen leaves en boucle.
Elle s'approche. Frôle.

Moi aussi je t'aime.
C'est plus qu'un murmure ; un échange de souffle. Ses paroles sont une brise tiède qui s'insinue entre les lèvres de Tsuyochie, tournoient dans sa bouche... Il les respire.
Le spectre d'un baisé.
23-08-2012 à 17:08:18
- P'tit con.
L'homme était parti sans rien dire, et il valait mieux pour lui qu'il l'aie fait ; cela aurait pû mal tourner. Obrolan, pragmatique, ne s'autorisait jamais d'à propos sur les représentants de l'espèce humaine, quels qu'ils soient. Mais tout de même... Il y avait son sixième sens qui hurlait au fond de lui, qui hurlait de prendre garde, qui hurlait que l'homme n'était pas bon, et qu'il valait mieux s'en éloigner au plus vite. Gentille chose...
- Et il sort d'où cet abruti ? Hein ? Il sort d'où ? Jamais vu ici..., maugréa t-il inconsciemment
Il réfléchit à cette dernière pensée et à l'intelligence de l'inconscient, puis retint un rire :

-Voilà que je commence à penser comme mon arrière grand-père...
Le jeune adulte frissonna. Cela n'avait rien de très glorieux ; au contraire. Un homme de la pire espèce, raciste jusqu'aux bouts de ses bons gros orteils d'américain, et totalement homophobe avec cela. Frisson le long de la colonne vertébrale et réflexion muette.
- N'empêche que... On peut avec des gens comme ça. Il est même conseillé... P'tit con va !
Insulter donnait une certaine contenance, mais le renforçait dans une lâcheté qui n'avait de cesse de le surprendre. L'Apocalypse avait trouvé quelque chose au fond de lui, et l'avait découvert au grand jour. Sa peur. Sa lâcheté. Le fait de ne se soucier que de sa seule personne. Tout cela et bien plus. Il ne savait pas. Il ne savait plus. Cette conscience n'était plus la sienne, ce corps ne lui obéissait plus.
- Apocalypse de mes deux.
Il jeta un dernier regard à celui que l'on qualifiait de leader, puis se dirigea vers l'arrière-cour, l'esprit fourmillant de pensées. Il vivait sa vie non ? Et il aidait les autres... Du mieux qu'il pouvait ; dans l'ombre. Le jeune adulte se saisit d'un énorme baril d'une dizaine de litres, comportant la traite d'Estelle. Ouais. Il aidait les gens. D'abord. Et on pouvait s'en foutre. Du reste. De tout le reste.
- De toute façon je sais pas me battre.
Puis il revit sa vie ; sa vie d'avant. Très très loin derrière.
- Connard. Et mythomane avec ça. Tu vas te prendre en main !
Obrolan traversa à nouveau la pièce, l'énorme baril à ses côtés. James ne risquait rien pour le moment, son sourire de bienheureux semblait en témoigner. Il aura tout le temps de réaliser à son réveil. Le jeune adulte sortit de la maison, se plongeant dans un monde qui n'allait pas tarder à être plongé dans les ténèbres. Arrivé à la place, il posa l'objet au pied du chêne, puis souffla.
- Et merde... Les œufs. Demain.
Voilà quelle était sa routine depuis le fameux jour. Supportant mal le lait et ayant beaucoup trop d’œufs pour lui seul, il avait décidé de les donner en "libre service" pour tout ceux qui en auraient besoin.
- Un pur saint...
Un odieux lâche.
Roussette vint alors caqueter à ses pieds, de ce bruit qu'il se surprenait à aimer, qui le confortait dans tout... cela. Dans cet autre monde qui avait été le sien durant un temps. Et qui avait disparu. Et qui ne lui souvenait plus. Et que tout séparait désormais.

- Je veux vivre merde.
Il crut qu'une larme perlait au bord de ses yeux. Il renifla.
- Je veux juste- je veux juste être moi.

Ouais. Parce que j'en aie ras le cul que ça traîne sur mon ordi moi.

For Vita, For the Freedom : http://www.youtube.com/v/dZLcBLmph3Q
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