[PR] Le projet Oblivious

29-08-2011 à 13:21:04
Prologue

L'œil de Tetrapolis quitta la ruelle sombre dans laquelle il était engagé pour s'élancer sur une artère. Il pivota, trainant sa masse technologique à quelques centimètres du sol, dans un bruit électrique.
Rien ne lui échappait. Il était muni de tout ce que la Répression faisait de mieux, des capteurs les plus avancés aux armes les plus destructrices, le tout contenu dans quelques centimètres carrés de danger et de peur.
La monstrueuse mécanique continua sa route, scrutant les moindres mouvements, analysant chaque vibration de l'air sombre qui envahissait les rues de la mégapole.
Soudain, dans la pénombre, sans le moindre bruit, le moindre souffle, un être se dressa de tout son long, figure noire calmement installée sur un toit blanc.
Présence détectée: humanoïde.
Heure: 3:27 AM.
Etat du lieu: interdite d'accès.
Nature présumée de l'intru: hostile.
Annihilation.

L'œil réagit en une fraction de seconde, arma ses canons avant que quoi que ce soit ne puisse réagir et fit feu.
Présence détectée: aucune.
Intru annihilé.

C'était une machine, elle résonnait logiquement; mais ce qui se passait ne correspondait pas aux normes de logique établies. Quelque chose ressurgissait, quelque chose qui n'avait plus lieu d'être depuis des décennies.
Le robot ne sentit ni n'entendit venir l'arme, il ne perçut pas le cliquetis infime de la détente qui retentit comme une sentence de mort.
Les débris de fer et d'acier s'écrasèrent au sol, unique trace de ce qui fut l'outil le plus perfectionné de la répression mise en place il y a deux mille ans de cela.
L'Oblivion se pencha sur la carcasse grise du misérable robot anéanti, souleva tour à tour quelques pièces avant d'en placer trois dans la poche intérieur de son manteau. D'un mouvement souple et silencieux, il se releva pour s'élancer à nouveau dans les profondeurs de la cité tentaculaire.

Les Forces de Défense de la Citoyenneté Glorieusement Mises en Place par Sa Grandeur Resplendissante de Bonté et de Générosité avaient mis quelques dizaines de secondes à s'éveiller, et l'ensemble de la caserne (ou Batiment à la Gloire de la Protection de la Citoyenneté Glorieusement Construit par Sa Grandeur Resplendissante de Bonté et de Générosité) était en proie à l'agitation et à la confusion la plus totale. L'alerte nocturne ne retentissait habituellement que lors des exercices, et, dans une réelle situation de crise, les quatre-vingt kilogrammes des miliciens se meuvaient bêtement dans l'enceinte, à l'aveuglette.
Ce n'est que quatre minutes après le début de l'alerte qu'ils s'élancèrent enfin hors du BGPCGC.SGRBG, soit trois minutes et trente secondes en retard; le caporal Soq, affecté au bloc 54, savait que ce retard lui retomberait dessus s'il n'interpellait pas le suspect, mais il ne s'en faisait pas. Il était habitué à ce genre d'interventions pour avoir arrêté des dizaines d'individus, parme lesquelles on comptait nottament son propre frère.
Loin de regretter cet acte, il s'en vantait au contraire et racontait l'exécution du jeune homme à qui voulait l'entendre. Le régiment bifurqua plusieurs fois dans les ruelles de la ville, impatient d'abattre l'homme et de finir sa nuit.
-Là !
C'était une jeune recrue qui venait de crier, bêtement, donnant ainsi l'alerte à celui qu'ils pourchassaient. Celui-ci, terrifiée, tenta de s'enfuir d'un pas claudiquant, mal assuré. Soq leva simplement son arme et pressa la détente. A quoi tient une vie ?
Peut-elle se résumer à cette simple fin, à une chute infinie vers le sol ?
Quelle est la valeur d'un homme ?
Que deviont-on lorsqu'on a tué ? En cette époque, et dans ces circonstances, un tel geste vous vaut une décoration. Peut importe ce qu'on a fait à la veille de sa mort. Tout s'efface, tout s'arrête, on n'est plus rien. Votre nom n'apparaitra plus qu'une fois, si vous avez la chance d'avoir droit à une sépulture, puis vous disparaissez dans l'oubli.
Le corps inerte de Soq s'effondra violemment sur le bitume.

La compagnie se mit en mouvement, de telle sorte que plus personne n'aurait pu dire qu'il s'agissait d'une compagnie. La panique surgissait dans le coeur de ces hommes surentraînés lorsqu'ils virent tomber le meilleur d'entre eux.
L'un d'eux, cependant, ne bougeait pas. Un nommé Rodd Claïfe, récemment enrôlé dans les Forces de Défense, qui avait servi quelques années dans un laboratoire quantique. Il regardait fixement le cadavre, puis, agitant faiblement les lèvres, succomba à un arrêt cardiaque.

Le lendemain, on retrouverait les cadavres étendues au milieu de la rue, les yeux fixés sur l'horreur qui marqua leurs derniers instants. On soulèverait alors le corps de Rodd, pour trouver un morceau de papier sur le quel quelques lettres seraient griffonées.
Oblivion.

La guerre Blanche venait de commencer.
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21-09-2011 à 15:50:42
Ouah!