[Nouvelle] Les Ailes Brisées

01-07-2011 à 20:37:27
Bon ben voila, je vais poster ici une nouvelle (/!\pavey --> 21 pages) de type Fantastique que j'ai écrite au début de l'année.

*OMG, je sais plus quoi dire*

Ah oui, comme j'ai remarqué que le texte était trop gros pour tenir dans un message je vous le mets en deux messages hein.
Et heu... Donc, c'est un texte que j'ai écrit au "feeling" en deux/trois jours donc c'est bourré de fautes et pas vraiment poétique, voir même médiocre.

Bon, je vois pas ce que je peux vous dire de plus alors je vous la mets:

N'oubliez pas, première partie dans ce message et seconde partie dans celui en-dessous.


Les ailes brisées.



C’est dans cette salle sombre et glauque que mes forces m’abandonnent, ma vie me quitte et mon souffle s’éteint. J’aperçois vaguement une silhouette féminine qui se glisse dans une ouverture faite de lumière et une autre présence qui est emplie de désespoir, condamnée à un vivre dans une prison pour l’éternité. Je vais mourir sur cette terre qui n’est pas la mienne mais celle où j’ai passé les meilleurs moments de ma vie, celle où j’ai aimé, celle où je me suis battu pour survivre…Cette terre qui m’a tant apporté mais qui me prend désormais tout… Mon rêve a été détruit, mes ailes et mon étincelle de vie ont été balayées, brisées. Mais avant de sombrer dans l’oubli et le néant, j’ai une dernière mission ; confier mon histoire et ce qui m’est arrivé. Confier l’existence de cette terre d’espoir qu’est Calradalia.


Je me prénomme Alexandre, mais je préfère que l’on m’appelle Alex. Je vis dans un appartement de banlieue parisienne avec ma mère et j’ai 16 ans. Je suis en seconde au lycée André Chartier, un lycée général. Je fais un bon mètre quatre-vingt, j’ai les yeux bleus acier et j’ai les cheveux mi-longs d’une couleur noir profond et toujours en bataille. Je suis plutôt maigre mais vif et je pratique régulièrement l’escrime au sabre. Aussi loin que je m’en souvienne, ma mère s’est toujours occupée de moi seul. Oh, il lui arrivait bien d’avoir des amourettes avec certains hommes, mais aucun ne restait bien longtemps avec elle.
Comme chaque matin je me levais vers 8h pour me préparer, je n’habitais pas loin de mon lycée et j’avais cours à neuf heures. Après une douche rapide, histoire de me décrasser un peu, et m’être habillé je quittais ma chambre pour aller vers la cuisine en trainant des pieds.
Ma mère était déjà là, en train de siroter une tasse de café, je lui fis un rapide baiser sur la joue pour la saluer avant de me préparer des tartines et une bonne tasse de café noir, j’en avais bien besoin.
« - Tu t’es encore couché à pas d’heure hier soir ? » me demanda ma mère d’un ton réprobateur. Je ne lui répondis que d’un grognement, elle avait raison, je m’étais couché à une heure du matin après avoir passé toute la nuit sur mon ordi à finaliser mon dernier programme en date. Je suis un passionné d’informatique et je m’enorgueillis d’en connaitre un rayon sur les ordinateurs. Jusque là il n’y avait aucun problème que je n’avais pu résoudre, de la conception de jeu au hack de site, en passant par le téléchargement illégal.
« -Je te rappel que tu as escrime ce soir Alexandre » Me fit timidement ma mère dans une tentative pour engager la conversation, mais je ne lui répondis pas.
Pourtant l’escrime était un de mes sujets de discussion préférés, j’adorais en faire, c’était si exaltant. Lorsque je parais et me fendais, que d’un mouvement souple du poignet la lame de mon sabre touchait sa cible je me sentais…vivant, extrêmement vivant. Et je ne me doutais absolument pas que l’escrime allait m’être si utile par la suite !
Outre l’escrime et l’ordinateur, j’avais trois autres passions : lire, dessiner et écouter de la musique. La musique me faisait rêver, pour moi chaque chanson reflétait une histoire. Dessiner me permettait de retranscrire ce que je sentais en écoutant une chanson, des paysages et des personnages prenaient vie sous mes coups de crayons. Et lire me permettait de devenir quelqu’un d’autre, quelqu’un que j’aurais voulu être, quelqu’un que j’espérais devenir. Je respectais beaucoup les héros de mes livres, et espérais que leurs histoires pouvaient se réaliser, qu’elles étaient vraies. En fin de compte, mes passions représentaient pour moi ce qui caractérise l’être humain, la vie, l’espoir, le rêve et la création. A part le rap, l’électro et la musique classique j’aimais tous les styles de musique et mon lecteur mp3 était rempli de chanson téléchargées, à partir de plateformes de warez, au hasard sur l’impression qu’elles me donnaient.
Etant totalement prêt pour partir au lycée, j’enfilai un léger gilet noir et balançai mon sac sur mon épaule gauche. Ah oui, j’allais oublier, je suis gaucher. Enfin, je passai le seuil de la porte de l’appartement et m’élançai d’un pas vif dans les escaliers en ignorant l’ascenseur à côté : descendre des escaliers n’avait jamais tué personne. Comme j’habitais le sixième étage de mon immeuble je pris un certain temps pour arriver en bas et traverser le hall avant de sortir dehors. C’était une belle journée d’automne, les feuilles rouges et or voletaient au grès d’une brise vivifiante. Il ne faisait pas encore froid mais l’hiver se rapprochait à grand pas et cela se sentait certains jours. Pourtant il n’y avait pas un nuage aux alentours, le soleil dardait ses rayons vers moi et les oiseaux chantaient, tout cela n’était pas dénué d’un certain charme poétique. Alors que je commençai à me diriger vers le lycée, une voix retentit derrière moi.
« -He ! Alex, attends moi ! »
Je me retournai avec un sourire et criai à la personne qui m’avait appelé
« - Ouais ben magne-toi alors !
- Ok ok, j’arrive.» me répondit-il en se mettant à courir pour arriver à ma hauteur.
« -Dis donc, t’es en avance ce matin » fit remarquer la personne, une fois arrivée à ma hauteur.
« -Bof, c’est pas un petit sprint qui va te tuer, hein Steph’ ? »
Stéphane était mon ami depuis tout petit, depuis le CE1 je crois, on s’amusait parfois à nous dire que nous étions frères et pourtant on ne pouvait pas être plus dissemblables. Il était plus petit que moi d’environ dix centimètres, avait les cheveux coupés courts et d’une couleur paille et la façon dont ils étaient peignés était soigneusement étudiée. Stéphane avait les yeux marron, était d’une carrure plutôt imposante et il était légèrement pataud. Il était fan de sport, pratiquait le rugby et faisait de la guitare. C’était certainement cette disparité, cette complémentarité qui faisait que nous étions aussi proches et, coup de chance, depuis des années j’étais dans la même classe que lui.
« -Tu sais que sur ce sprint il aurait pu m’arriver plein de choses. Tiens, peut-être que j’aurais glissé sur cette feuille et que je serais tombé sur la route pour me faire écraser pas cette Citroën là bas. Ou bien peut-être que je serais rentré dans cette poussette là bas et que le bébé en serait tombé et aurait atterrit la tête la première sur une pierre, le tuant sur le coup. Ou encore…
-Mais ce n’est pas arrivé et ça n’arrivera pas. » Le coupai-je fermement car je détestais sa manie de toujours envisager le pire à chacun de ses pas. Ici un terroriste afghan lui serait sauté dessus pour le prendre en otage, là un avion se serait écrasé pile à cette endroit, etc…
« -Humm… » Marmonna-t-il en opinant du chef.
Quelques mètres plus loin, se produisit une chose forte étrange qui annonçait tout une série de faits extraordinaires qui allait bouleverser toute mon existence, qui allait remettre en cause tout ce que je savais. Cela commença pourtant parfaitement normalement. Steph’ et moi passions le plus simplement du monde devant un mendiant aux habits recousus de toutes parts et aux cheveux hirsutes et gras quand il nous interpella.
« Alors mes p’tits bonhommes, vous avez pas une p’tite pièce pour un pauvre vieil homme comme moi ? Allez, soyez sympa, montrez votre bon cœur ! » Nous dit-il en agitant une flasque de vin rouge bon marché. La bouteille était pratiquement vide.
« Pff…A mon avis, il est saoul. » Me chuchota Stéphane avec une pointe de mépris dans la voix. Mais, malheureusement, le clochard l’entendit. Il commença à se lever et attrapa le bras de mon ami qui se dégagea sans ménagement. Puis, sans cacher son mépris, il s’éloigna avec un mouvement de tête pour me signifier qu’il était temps de partir. Pourtant, je m’attardai légèrement ; je ne partageai pas le mépris de Steph’ car, après tout, quelqu’un que j’aimais aurait pu se retrouver ici. Oui, personne n’était à l’abri de la misère, personne ne pouvait prétendre être immunisé de ne jamais se retrouver à la rue un jour. Alors, profitant de ce moment, l’homme m’agrippa le bras d’une poigne étonnamment ferme. Il commença à réciter sa litanie en me demandant de l’argent quand soudain ses yeux s’agrandirent de peur et de surprise, le temps sembla alors ralentir autour de moi, voire de complètement s’arrêter. D’une voix altérée par une peur panique, il s’adressa à moi.
«- Alexandre, Alexandre, cours ! Fuis ! La bête est à tes trousses, elle te cherche pour te tuer ! Elle t’arrachera les entrailles et te dévorera le cœur ! Elle te traquera sans relâche, sans répit jusqu’au bout du monde. Tu seras amené à partir loin de tout ce que tu connais, tu repousseras les limites de l’imagination, tu quitteras ce monde car tu es amené à faire de grandes choses en Calradalia ! » Au fil de ses paroles, son étau se desserrait, sa voix se faisait plus faible et ses yeux se révulsaient.
« -Quoi ? Que voulez vous dire vieil homme ? Répondez-moi ! » Dis-je en le secouant mais il n’y avait rien à faire, en quelques secondes l’homme mourut. Et alors, sous mes yeux effarés, l’homme étrange disparut peu à peu, remplacé par une poussière dorée.
Le temps repris son cours normal alors que je commençai à partir, toujours sous le choc de ce qui venait de m’arriver, tout s’embrouillait dans ma tête. Lorsque le temps eut repris totalement son cours normal je rejoignis Steph’ d’un pas vif. Un étau glacé s’était resserré sur mon cœur, l’homme avait dit vrai, je le sentais…


Après une journée de cours particulièrement oppressante du fait de l’avertissement que j’avais reçu, et d’une partie de la soirée passée chez un ami, je rentrai chez moi vers vingt-deux heures. Il faisait donc nuit, c’était une soirée sans nuage et, étrangement, sans étoile. Il n’y avait que la pleine lune qui brillait d’une lueur nacrée dans le ciel d’un noir d’encre. J’accélérai le pas, l’avertissement de l’homme de ce matin résonnant à mes oreilles, et coupai par un bois sombre et glauque que je ne me rappelais pas avoir vu jusqu’à ce soir là. A chaque pas j’accélérai et mon anxiété croissait, j’avais l’impression qu’une respiration rauque et chaude me soufflait sur la nuque. Je marchai ainsi un temps incertain, le bois c’était mué en forêt et les arbres s’étendaient à perte de vue. Comme si…comme si j’étais dans un autre monde. Peut-être ce Calradalia dont l’homme m’avait parlé…Je secouai la tête en soufflant. Cela ne pouvait pas être possible !
Soudain elle surgit. Cette bête…Imaginez une sorte de loup garou en cent fois plus terrifiant. La bête devait mesurer trois mètre. Elle avait un dos bossu, une gueule béante garnie d’une triple rangée de crocs, ses pattes étaient arquées, de tout son corps velu saillaient ses muscles et une lueur démente et meurtrière hantait son regard. C’était donc ça qui me poursuivait ? Ma peur atteignit son paroxysme, contre cette chose je n’avais aucune chance. Le loup garou s’approcha à une vitesse extraordinaire et me saisit de sa main puissante. Sa poigne était telle que je ne pouvais plus respirer. Des étoiles rouges dansaient devant mes yeux et je sombrai peu à peu dans les ténèbres. Ma dernière vision fut celle d’une silhouette qui s’élançait et d’une flèche qui volait vers moi. Après, ce fut les ténèbres.


Lorsque je me réveillai il faisait jour. J’étais allongé sur une sorte de couverture en cuir près d’un feu de camp. Passé ce moment si doux où l’on ne se souvient de rien, je me rappelai brusquement ce qui c’était passé et m’étonnai d’être encore en vie après l’attaque de la bête. Une odeur alléchante de viande grillée me parvint et, au prix d’un immense effort, je me redressai et observai les alentours. Je me trouvais encore dans la forêt, sur le feu de camp grillaient deux morceaux de viande bien appétissants sous la surveillance de quelqu’un. La personne était un homme qui devait avoir à peu près mon âge, il était pourtant plus petit que moi. Il avait les cheveux bruns clair coupés court. Sa carrure plutôt fine le faisait un peu flotter dans ses vêtements mais ce qu’on apercevait de son corps était tout en muscle. Il portait un arc en bandoulière. En tournant la tête, j’apercevais la carcasse de la bête qui m’avait attaqué, plusieurs dizaines de flèches étaient plantées au niveau de la tête et du cou. J’étais étonné, c’était l’homme qui faisait cuire la viande qui l’avait tué ? A lui tout seul il avait terrassé pareille bête ? Mon regard se retrouva de nouveau sur l’homme qui se retourna. Je tressaillis alors imperceptiblement, le jeune homme avait un teint blafard, des lèvres charnues et gonflées d’une couleur rouge écarlate, des cernes et ses yeux marrons étaient constellés de…de paillettes ? Oui ses yeux étaient remplis de paillettes dorées, comme si les étoiles étaient descendues vers lui. Il remarqua que j’étais éveillé, alors il se leva, se dirigea vers moi et me tendit sa main avec un sourire avant de s’adresser à moi.
« -Bonjour, je vois que tu as survécu, je me nomme Dorian, je suis un vagabond et je suis celui qui t’a sauvé. »
Sa voix était chantante et coulait comme de l’eau, pourtant on sentait un aspect bestial et sauvage qui était contenu en lui. Je lui attrapai la main et il m’aida à me relever, je lui déclarai alors d’un ton hésitant.
« -Heu…Moi c’est Alexandre, mais je préfère Alex, je suis…heu…je suis lycéen.
-Lycéen ? Qu’est ce que c’est ? Une sorte de luthier ? Un forgeron ? » Me répondit-il
« -Heu…Non, c’est…heu…On m’apprend des choses, j’étudie quoi…
-Ah ! Tu es apprenti donc ! Apprenti de quoi ? Seras-tu chevalier ? Commerçant ? En tout cas, tu ne peux être vagabond, cela ne s’apprend pas !» Conclut-il en hochant la tête.
« Ah…Ben…C’est que… » Je n’avais jamais réfléchi à ce que j’allais faire plus tard. Alors, je détournai la conversation.
« Mais au fait…Où suis-je ?
-Dans la forêt des songes !»
Super…ça m’avançait beaucoup…
« Et où est-ce la forêt des songes ? » Re-tentais-je.
« En Terrafolia, bien sûr ! » me répondit-il en secouant la tête
« Ah oui…Bien sur…Mais dis moi…C’est où Terrafolia en fait ?
-Ben…C’est un des treize royaumes du pentacle !
-MAIS JE VEUX JUSTE SAVOIR DANS QUEL MONDE ON EST !» Hurlai-je finalement, excédé.
« -Quel monde ? Mais ben…Calradalia, pourquoi ? Il y en a un autre ?
-Bien sur que oui qu’il y en a un autre ! Le mien ! » Lui répondis-je toujours en hurlant.
« -Le tien ? Tu n’es pas d’ici ? Tu n’es pas Calradien ?
-Moi ? Mais non ! Je viens de heu… » Je décidai alors d’adapter ma présentation sommairement. « -Je viens de la campagne de la cité de Paris du royaume de France du continent Europe, un des cinq continents habité de mon monde. Je suis apprenti heu…apprenti tout court en fait et je pratique…ben…ah, voila ! Je pratique le combat à l’épée.
-Ah ! Ben voila !» S’exclama mon interlocuteur, un sourire réjoui s’étalant sur son visage. « -C’est plus clair là ! Et tu sais te battre à l’épée ?! Parfait, c’est déjà ça de pris !
-Pourquoi c’est parfait ? Je vais devoir me battre ?» dis-je, mortifié.
« -Très certainement, tu sais, les routes ne sont pas sûres…Il vaut mieux avoir une lame bien aiguisée et un arc prêt à servir en cas de besoin !
-Ah bon ? Mais…Je veux juste rentrer chez moi…
-Rentrer chez toi ? Ah oui, bien sûr…C’est évidemment plus simple quand tu n’as pas de chez toi mais j’aurais dû prévoir cette réaction…Oui…
-Alors ? On peut me renvoyer chez moi ? Il y a un portail magique ou quelque chose comme ça ? Je vais repasser par la forêt ? » Alors, à ma grande stupeur, Dorian éclata de rire. Un rire frais et incontrôlable. Il ne se calma qu’après plusieurs minutes. Et quand mon nouvel ami parla de nouveau, ses yeux riaient encore.
« -La magie ? La magie n’existe pas ici !
-Ah bon… » Réalisai-je, dépité. Je m’imaginais déjà apprendre le secret des arcanes, à maitriser les éléments, à voler…Mais non… Je tombai alors par terre en soupirant. En voyant mon abattement, Dorian sourit et s’assis aussi. Lorsqu’il parla, ce fut d’une voix calme et réfléchie.
« -Bien, on va te faire rentrer chez toi, Alex, mais avant tout il faut étudier de près les éléments que nous possédons. Tu vas devoir me raconter tout ce que tu sais, comment tu es arrivé et m’expliquer comment marche ton monde. Et en détail. Puis après, nous établirons un plan d’action. Mais avant de faire quoi que ce soit après tes explications on ira à la ville la plus proche pour t’acheter des affaires de voyageur et une bonne épée bien affutée. Réfléchir nous prendra la journée et il faudra que j’aille chasser notre repas du soir. Nous jeunerons ce midi. Donc, nous ne nous mettrons en route que demain. J’assurerai tous les tours de garde de cette nuit pour ne m’assurer qu’aucune bête ne viendra nous dévorer. Ce plan te convient ? »
J’acquiesçai, que mon ami prenne ainsi les choses en main me rassurait. Et, étrangement, j’avais totalement confiance en lui.
« -Très bien. » Reprit-il « - Tu vas donc commencer à m’expliquer tout ça maintenant. »


Cela prit des heures pour tout lui dire sur ma vie, mon monde et son histoire. Dorian ne m’interrompit que très peu pour me poser quelques questions sur ça ou bien ceci. Il assimila toutes ces informations avec une facilité déconcertante alors que tout devait être nouveau pour lui. Il apprit en une journée ce que j’avais mis 16 ans à apprendre et lorsque j’eus fini j’avais la gorge enrouée et la voix éteinte. Dorian resta silencieux encore de longues minutes puis il dit, encore d’une voix calme.
« Alors…C’est très bien…Bon, pour tout te dire Alex, faire la même chose avec Calradalia pourrait prendre encore plus de temps mais pour te faire une idée je vais te faire brièvement un résumé. Calradalia est plus ou moins une sorte de monde qui est à l’équivalent de votre Moyen-âge, avec quelques monstres en plus, en légèrement plus…Hum…Mystique, oui, c’est le mot. Sur ces paroles, le soleil se couche et il est temps que j’aille chercher notre pitance de ce soir !» Il se leva prit son arc et son carquois. Après un rapide coup d’œil aux alentours il me tendit un couteau de chasse. En voyant mon air étonné, il s’expliqua.
« -Je ne pense pas que quiconque ne vienne ici mais on ne sait jamais. » Sur ces mots, il s’enfonça dans la forêt en me laissant seul avec le couteau. J’observai le fourreau de l’arme il était grossièrement ouvragé et taillé dans du bois renforcé de métal. D’un geste je dégainais l’arme. La poignée couverte de cuir assurait une bonne prise bien stable et la lame était correctement équilibrée. Le tranchant était aiguisé comme un fil de rasoir et la pointe légèrement taillée. Je remarquai que la lame était légèrement crénelée, ce qui faisait qu’elle devait déchirer au lieu de couper. C’était une arme qui avait déjà tué, je le voyais aux taches sombres qui constellaient le tranchant. A cette pensée je frissonnais, toutes ces vies qui avaient été volées…Soudain, un craquement sur ma droite me fit tourner la tête. Je lâchais le fourreau et pris l’arme de ma main gauche dans la meilleure position possible. Je me mis en garde par reflex. Ce qui se cachait là bas n’était pas amical, je le sentais. Tout se passa très vite, deux hommes armés sortirent des fourrés, armes dégainées. Je n’avais pas peur, une certaine sérénité m’avait envahi. En me voyant seul et avec mes vêtements les deux tueurs rirent. Puis, d’un geste expert le premier sortit un couteau de lancer et le projeta pointe en avant vers ma tête. Je ne compris pas trop ce qui m’arriva alors, mu par un instinct de combat j’amorçai un mouvement circulaire, attrapai le couteau au vol dans mon mouvement et terminant la rotation en lançant l’arme qui alla se ficher en tournoyant dans la gorge d’un de mes adversaire qui eut un hoquet de douleur. Je ne vis que son air surpris avant qu’il ne s’effondre sur le sol en agonisant. Le dernier homme me regarda longuement avant de tirer une longue épée d’un fourreau dans son dos. Il me prenait pour une menace sérieuse. D’un bond, nous fûmes au corps à corps. Mon esprit était tombé dans une sorte de léthargie, je ne me reconnaissais pas. Mes mouvements étaient ceux d’une fine lame, ma dague enfonçait la défense de mon adversaire sans résistance, je bougeais à une vitesse surnaturel et esquivais et parais les attaques de l’homme au dernier moment, parfois dans des postions acrobatiques. Le premier sang fut versé, mon arme lui trancha purement et simplement un doigt puis déchira les muscles de son bras gauche et le bandit hurla de souffrance. Malheureusement, il était droitier. Mon adversaire rendu fou par la douleur redoubla d’ardeur, peu à peu je perdis le dessus et lorsque je trébuchai et tombai au sol, je crus que c’était la fin. Mais miraculeusement une flèche alla se planter dans l’épaule droite de l’homme et le cloua à un arbre. Avant que mon agresseur ait pu esquisser un geste, avant qu’il n’ait pu lâcher un son une flèche se planta pile entre ses deux yeux. Il mourut sur le coup. Je me retournai et je vis Dorian qui se tenait plus loin, son arc bandé et un étrange sourire aux lèvres.
« -Cela fait deux fois en deux jours que je te sauve la vie. » Dit-il simplement, sans se départir de son sourire.
« -Je te revaudrai ça. » Lui promis-je.
«- Comme tu veux. » Fit-il pour clore ce sujet. Mon ami s’approcha du premier cadavre et l’observa longuement.
« -C’est toi qui l’a tué ? » me demanda-t-il enfin.
« -Oui, en lui renvoyant son arme que j’ai…que j’ai attrapée au vol. » Avouai-je.
« -Ah bon ? Bien joué » Me félicita-t-il avant de reprendre « -Bon…Il nous faut se déplacer, trois cents mètres devraient suffire.
-D’accord. Au fait qu’as-tu attrapé ?
-Deux lapins
-Super !» M’exclamais-je car j’adorais le lapin.
Une fois le campement déplacé, nous fîmes rôtir à la broche les lapins avant de les manger sous les étoiles. Une fois le repas terminé, nous restâmes longtemps à observer la lune et les étoiles, il n’y avait pas un nuage et au loin on distinguait les lumières d’une ville encore en effervescence. Puis, alors qu’il se faisait tard, Dorian se leva puis s’assit en face de moi avant de m’exposer le plan pour demain.
«- Bon, écoute-moi bien. Demain on descendra à la ville que tu vois là bas. On ira t’acheter des armes et une tunique. On passera quelques jours là bas car je ne doute pas qu’il nous faudra trouver un moyen de trouver de l’argent.
- Trouver de l’argent ? Pourquoi ?
-He bien, je n’ai que très peu de d’argent et si l’on veut un bon équipement qui tienne il va te falloir beaucoup d’argent. Vois-tu, mon équipement vaut à peu près trois milles pièces d’or. Une véritable petite fortune. Pour l’avoir j’ai du le voler, mais on ne fera pas ça avec toi.
-Pourquoi ?
-Parce que je l’ai décidé!
-D’accord, d’accord, pas la peine de t’énerver » le calmai-je.
« -Bon…Va te coucher, je vais garder le camp, on discutera de tout ça demain dans une bonne auberge. » Dit-il pour clore la conversation.
Sur ces mots, j’allai donc me coucher sur ma couche. Elle était particulièrement inconfortable et comme je repensais à tout ce qui m’était arrivé je mis du temps à m’endormir. Dire qu’hier j’allais encore au lycée ! Tout ce succédait à une vitesse folle, je n’avais pas le temps de comprendre et de faire le tri de mes pensées. Et le combat tout à l’heure, j’avais tué un homme ! J’avais l’impression que c’était un autre moi qui s’était battu contre ces hommes. Un moi qui ressemblait à un de ces héros de livres fantastiques que je lisais. Un moi que j’aimais beaucoup. Aussi, j’avais l’impression que cette aventure n’allait pas embarquer que Dorian et moi. Finalement je laissais Morphée m’emporter après plusieurs heures de débat avec moi-même.


Le lendemain matin, ou plutôt le lendemain midi, je me réveillai à cause de l’odeur appétissante de deux autres lapins qui grillaient.
« Ah ! Enfin tu te lèves ! Tu dormais comme un loir ce matin alors je n’ai pas osé te réveiller. » S’exclama Dorian en me voyant me redresser.
Je grognai un vague merci, ici pas de café pour me réveiller.
Après un déjeuner sommaire nous prîmes la route, chacun portant un sac contenant la moitié des affaires. Je portais en plus la dague que j’avais utilisée hier pour me battre, un cadeau de Dorian qui m’avait assuré qu’il en avait d’autres. Nous nous dirigeâmes vers la ville comme convenu. Pourtant il s’avéra qu’elle était loin, à plusieurs dizaines de kilomètres de marche et nous dûmes demander aux propriétaires d’un chariot de nous prendre avec eux pour quelques temps. Lorsque nous atteignîmes enfin la ville d’Anglezerback, comme me l’avait appris mon compagnon de route pendant le voyage, le point du jour se faisait sentir et nous devions trouver un endroit où passer la nuit au plus vite. Après avoir déambulé dans la cité une bonne heure nous trouvâmes un établissement plutôt accueillant nommé la flèche d’or. J’entrai à la suite de Dorian et me retrouvai dans une atmosphère plutôt joyeuse, la bière coulait à flot et la nourriture paraissait plutôt bonne. Les clients ripaillaient en riant et les serveuses étaient plutôt…attirantes. Je me surpris à rougir comme une pivoine lorsqu’une de ces serveuses, une pulpeuse blonde aux yeux gris, me fit un sourire charmeur et un clin d’œil. Dorian me rappela à l’ordre alors que je m’apprêtai à rejoindre la femme.
« -Arrête de reluquer les filles et suis moi ! On a pas de temps à perdre si on veut pouvoir chercher un moyen de gagner de l’argent avant la nuit, je vais négocier la chambre et toi tu restes à côté de moi !
-Pas de problème…mais heu tu sais je reluquais pas les serveuses et…» Grommelais-je.
« -Mais oui c’est ça…Bon, allez viens ! »
Je le suivis finalement en lâchant du regard la serveuse qui s’était détournée. Nous trouvâmes finalement l’aubergiste et Dorian prit l’initiative.
« -Combien pour la semaine ?
-Trente pièces d’argent. » Grogna l’homme qui avait l’air patibulaire.
« -Je n’en ai que vingt
-Alors pas de chambre mon gars !»
Dorian jeta un œil aux alentours
« -Quinze et je vous débarrasse de lui. » Proposa mon ami en désignant un homme endormi sur le sol, entouré de deux serveuses qui essayaient de le réveiller.
« -ça marche jeunot. Deux jours qu’il est là et il paye même pas !
-Ok, mon ami va s’en occupé.
-Eh !» M’exclamai-je. Puis je sentis le regard de la serveuse de tout à l’heure sur moi, je me redressai alors et dis en grognant.
« -Ok, j’y vais, y a pas de problème. »
Je me dirigeai donc vers l’homme que je renversai sur le dos d’un coup de pied dans le flanc.
« Allez mon gros, debout ! »
Une des serveuses qui essayaient de le réveiller s’approcha de moi et me dit en riant légèrement.
« -Oh, c’est pas comme ça que tu vas le faire partir, ça fait deux jours qu’on essaye alors t’imagine bien… »
Je réfléchis un instant avant de sortir ma dague de son fourreau et de l’appuyer sur la tempe de l’homme ivre mort.
« -Debout je te dis ! »
L’homme se réveilla aussitôt et, en voyant mon arme à quelques centimètres de sa gorge, partit en courant de l’auberge sans demander son reste. J’étais étonné que l’ivrogne soit parti si vite et sans protestation mais cela ne me dérangeait pas tellement, une tâche qui s’annonçait pénible avait finalement été simple. Je sentis alors une main douce et légère se poser sur mon épaule, je tournai donc la tête et vis la serveuse blonde que j’avais remarquée me sourire.
« -Tu t’en es admirablement bien tiré, je suis sûre que Tommy va même vous faire payer seulement dix pièces…N’est ce pas Tommy ? » conclut-elle en jetant un regard féroce a l’aubergiste. Ce dernier devint pâle et commença à bredouiller des paroles inintelligibles.
« -J’ai dit n’est ce pas Tommy ? » reprit la serveuse en coulant le même regard féroce vers le pauvre Tommy qui se fit tout petit.
« Oui…Oui bien sûr Sally… » Dit-il après un nouveau regard de son interlocutrice. Dorian eut un sourire amusé puis, après avoir récupéré les clefs de notre chambre qui contenait deux lits doubles, il me fit signe de le suivre en haut. Tout en marchant dans l’escalier, il me dit.
« - Vois-tu, en Calradalia ce souvent les femmes qui dirigent. Ici même si ce Tommy roule des mécaniques c’est cette fille qui gère l’auberge et, pour notre bonheur, tu lui plais.
-Moi ? Moi je lui plais ? » Dis-je, sonné. Comme presque tous les garçons de mon âge, je m’intéressais aux filles mais elles ne me le rendaient que très peu. Dorian eut un nouveau sourire avant de dire.
« -Oui toi. Et maintenant tais-toi un peu pour que nous puissions découvrir la chambre ! » Termina-t-il en ouvrant la porte.
La chambre était sobre mais elle contenait ce qu’il fallait, deux grand lits, une petite pièce à part pour se laver, deux bureaux en bois massif, une grande fenêtre sur la rue et de l’encre avec du papier. Je m’allongeais sur un des lits avec délice, cela ne faisait que deux jours que je ne m’étais pas allongé dans un bon matelas mais cela me paraissait une éternité. Dorian posa nos sacs entre les lits avant de s’assoir sur le sien et de dire.
« -Bien, je te laisse une quinzaine de minutes avant que l’on aille visiter la ville, je vais en bas boire un coup ! » Sur ce, il quitta la pièce. En me redressant sur mon lit je songeais à tout ça. Tout s’enchainait à une vitesse extraordinaire. Je n’avais pas le temps de faire le point et de réfléchir à ce qui arrivait, je vivais juste l’instant présent. Cela ne m’était encore jamais arrivé. Je glissai ma dague à ma ceinture et me levai. Après avoir minutieusement inspecté la chambre je descendis en bas pour rejoindre Dorian et partir explorer la ville.
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01-07-2011 à 20:38:42
Cette cité était vraiment immense et nous dûmes demander de l’aide pour trouver le meilleur magasin d’armes et de vêtements. Cette boutique se nommait L’aventurier chanceux. Nous entrâmes à l’intérieur et j’écarquillai les yeux d’émerveillement : L’endroit était immense, des armes s’étalaient à foison sur les étales, toutes plus rutilantes et dangereuses les unes que les autres et plusieurs armures, de l’armure lourde à l’armure légère, qui devaient correspondre à tous les types de combat. J’étais bouche bée devant toutes ces choses que j’avais vues qu’en images jusque là. Puis, mon regard se porta sur les petits écriteaux en dessous des marchandises et mon cœur se serra les prix étaient exorbitants et atteignaient même parfois les quatre milles pièces d’or !
« - Bien, c’est le magasin qu’il nous faut. » Déclara Dorian, il fronça néanmoins les sourcils en voyant les prix, il poursuivit.
« -Mais il va nous falloir de l’argent…beaucoup d’argent…Viens, ressortons. »
Une fois dehors, nous nous assîmes sur un muret de pierre et nous regardâmes la vie qui passait dans les rues, ces bribes d’existences que l’on voyait un court instant et qui nous laissait entrapercevoir ce qu’était la vie de ces personnes qui passaient. Mon compagnon prit finalement la parole après un silence prolongé.
« - Nous allons nous séparer, chacun cherchera un moyen d’avoir de l’or sonnant et trébuchant. » J’acquiesçai d’un hochement de tête.
« - On se retrouve à l’auberge au coucher du soleil ! » Reprit-il et, aussitôt sa phrase finie, Dorian sauta du muret et partit à grand pas vers l’est. Je me levai moi aussi et je partis dans la direction opposée.
Au fil de mon errance à travers la ville je ne découvris rien de bien intéressant. Les primes pour les captures de bandits n’étaient pas assez élevées, les petits boulots inintéressants et même en combinant les deux on n’arriverait à rien. Mon accoutrement intriguait les gens qui se retournaient sur mon passage, je portais toujours les vêtements que j’avais pris pour aller au lycée. Mes recherches infructueuses avaient eu un bénéfice, je connaissais désormais la ville dans ses moindres recoins. Lorsque je rentrai finalement à la flèche d’or je ne vis pas Dorian. Pensant qu’il se trouvait dans la chambre je montai donc. Ma pensée fut vérifiée, mon ami se trouvait assis sur son lit, un papier à côté de lui.
« -Je suis bredouille » Le prévins-je avec un air dépité. Un sourire s’étala sur son visage sans aucune raison.
« -Toi peut être mais pas moi ! » A ces mots, il me montra l’affiche. Je ne compris pas de quoi il s’agit alors, en voyant mon incompréhension, Dorian m’expliqua.
« -C’est un tournoi organisé par les riches marchands du coin, il faut d’abord passer par des phases qualificatives en combattant des condamnés à mort et quelques monstres puis il faudra affronter les autres participants, on peut s’inscrire en équipe de quatre maximum.
-Et la récompense ?
-J’allais y venir, comme ce sont des marchands qui organisent ça…La personne qui gagne peut se servir à volonté dans la boutique de son choix !
-Y compris l’aventurier chanceux ? » Demandai-je d’un souffle, n’osant pas y croire.
« - Oui ! Même ce magasin ! » S’exclama Dorian, surexcité.
« -Le tournoi a lieu demain après midi, nous nous inscrirons le matin et nous mangerons peu à midi, il ne faut surtout pas avoir l’estomac lourd. Par contre il faudra que tu te débrouilles avec la dague crantée que je t’ai offerte et tes vêtements. » Conclut-il d’un air songeur. Après un court instant de réflexion, mon compagnon lança.
« -Couchons-nous tôt ! Nous aurons besoin de toutes nos forces demain ! »
Nous allâmes donc manger un morceau avant de nous jeter sur nos lits bien moelleux. Avant de me laisser aller au sommeil j’eus le loisir de faire le tri dans mes pensées. Tout ce qui se passait était fantastique, tout était si étrange et inconnu ! Je n’en laissais rien paraitre mais ce qui m’arrivait me plongeait dans la plus profonde perplexité. Pourquoi avais-je été envoyé ici ? Pourquoi ces choses extraordinaires m’arrivaient à moi ? C’est en cogitant et en remuant de sombres pensées que Morphée m’attira à elle.


Le lendemain matin nous fîmes exactement ce que Dorian avait prévu. Et le midi nous nous contentâmes d’eau, de pain et d’un équivalent de pâtes Italiennes de mon monde. Après avoir mangé, nous flânâmes aux alentours de l’arène. Au bout d’un moment de marche je m’osai à poser la question qui me taraudait.
« -Dorian, tu m’as dit hier que nous aurions à affronter des monstres pour les qualificatifs. Mais de quels monstres s’agit-il ?
-Vois-tu les monstres sont aussi extraordinaires que ta venue ici. Ce sont des êtres qui ne devraient pas être là. La naissance d’un monstre se produit de manière aléatoire, et elle n’est pas normale. Hum…Comment dire…Oui, voila ! La naissance d’un monstre ici est aussi inconcevable que chez toi, ils sont bons pour les romans d’écrivains ! Mais vois-tu, comment cela ce fait-il que, vu que ces évènements sont extraordinaires et ne devraient pas arriver, comme cela ce fait-il qu’il y est encore des monstres ? Eh bien, la réponse est simple mais effrayante. En effet, dans toute l’histoire de Calradalia cinq ou six monstres ont dû voir le jour, ces monstres sont en fait immortels.
-QUOI ?! Immortels ?! » Le coupais-je.
« -Oui, ils reviennent au bout d’un moment par je ne sais quel moyen fantastique, peut être une forme de magie. Enfin, tout ceci est juste étrange et personne n’est vraiment habitué à ceci…Beaucoup de gens ne prennent ces monstres que pour des légendes comme pour les légendes de chez toi. Au niveau des monstres, nos mondes sont semblables quant à leur existence. A mon avis, les marchands vont faire sensation avec leurs spécimens ! Ils ont dû avoir du mal à en capturer un ou deux… Les concurrents qui vont en affronter un vont très certainement être choisis au hasard.
« -Mais…Attend ça veut dire que la bête qui m’a envoyé ici est… » Réalisai-je avec effroi.
« -Oui … Elle va revenir. » Dit lugubrement mon ami. L’angoisse me saisie, était-ce une question de jours ? De mois ? D’heures ? Ou bien de secondes avant que ce loup me retrouve ? Ne serais-je jamais en sécurité ? Dorian me tira le bras, interrompant mes sombres pensées.
« -Viens, ça va être à nous. » Me dit-il d’un air serein.
Quelques instants plus tard nous entrâmes dans l’arène. Elle était circulaire et immense et faisait au moins deux stades. Le sol était fait de sable rougi par les précédents combats. Quelques cadavres jonchaient le sol, certains encore entrain d’agoniser. Alors par je ne sais quel miracle la voix d’un des marchand retentie dans toute l’arène.
« -Bonnes gens, voici le tour d’un duo d’inconnus ! Ils vont combattre sans s’arrêter contre des adversaires décidés à les tuer ! Ils se nomment Alexandre et Dorian ! Mais trêve de plaisanteries, vous voulez du sang ? Vous allez en avoir ! » A peine eut-il fini sa phrase que les lourdes grilles se soulevaient à l’autre bout de la cour sablonneuse et que cinq hommes armés entraient. Ils possédaient tous des épées et une légère cotte de maille. C’était peu mais comparé à ce que je possédais cela me paraissait énorme.
A peine eus-je le temps de dégainer mon arme qu’une flèche fendit l’air derrière moi et alla se ficher dans la gorge d’un des bandits. Je me retournai et vis Dorian l’air féroce et son arc prêt à tirer de nouveau, ce qu’il fit d’ailleurs aussitôt, tuant un autre des condamnés. Le combat fut bref car nos adversaires ne purent même pas arriver jusqu’à nous. Sous les cris de la foule ce fut cette fois une dizaine d’hommes qui arrivèrent sur notre gauche. Trois moururent avant qu’ils ne viennent au contact. Ma dague trouva rapidement un passage dans la garde de mon premier adversaire et lui déchira la gorge, il s’écroula dans un flot de sang. Dorian avait tué deux autres de nos ennemis mais il ne tirait plus car les quatre hommes restants m’avaient fondu dessus et mon compagnon risquait de me toucher. Je me défis sans grand mal de deux autres adversaires et d’un habile mouvement je désarmai le troisième qui essaya de fuir mais il fut rattrapé par une flèche. Le dernier homme me blessa à la jambe droite, son épée à double tranchant m’entailla la cuisse en y laissant une trainée sanglante. Par je ne sais quel miracle, je le désarmai, le fis tombé à genou et lui transperçai la nuque avec son arme. Nous défaisions ainsi tous les adversaires que l’on nous opposait sans grandes difficultés bien que je récoltais quelques blessures. Au bout d’une cinquantaine de morts chez les bandits, un des organisateurs se leva et s’exclama.
« -Ces deux redoutables guerriers se sont battus avec courage et force, ils ont vaincu un nombre impressionnant d’adversaires sans broncher. Ils ont mérité un adversaire à leur hauteur ! Ces valeureux hommes vont avoir l’honneur de se battre contre une chose extraordinaire et anormale, une horreur de la nature ! Un véritable monstre ! »
La grille se leva alors et des cris d’horreurs retentirent dans toute l’arène, ainsi que des prières de salut contre le mal. Ce qui sortit de l’antre me fit trembler d’horreur. Il s’agissait d’une sorte de minotaure avec la part humaine en moins. Le monstre était plus grand que le loup qui m’avait attaqué et plus assoiffé de sang. J’étais à deux doigts de me faire dessus. Son corps dont les muscles saillaient était légèrement vouté, il tenait un marteau fait en une matière que j’identifiai comme des os humains et ses yeux rouges pailletés de vert était remplis de haine. Ses yeux…Ses yeux pailletés ? Ce détail me sembla important mais je ne sus dire pourquoi. La créature rugit férocement et je jetais un regard anxieux à Dorian, ce dernier sourit d’un air confiant et encocha une flèche. Je me retournai et fis face au minotaure qui fonça vers nous. Avant que je n’ai pu réagir il abattit son marteau sur moi. Alors que je me voyais déjà réduit à une flaque rouge et que je voyais ma vie défiler devant mes yeux une flèche salvatrice vint se ficher dans le genou du monstre qui trébucha et dévia de sa trajectoire, en l’occurrence moi. Son arme s’abattit dans le sable à peine à un mètre de moi. Ma dague crantée tremblait dans ma main gauche et je ne me sentais pas la force d’affronter pareil bête.
« -Allez, remue toi un peu ou tu vas y rester ! » Me tança durement Dorian.
Le monstre se releva et cette fois il chargea dans la direction de mon compagnon. Avant que quiconque n’ai pu réagir le minotaure abattit son poing et projeta mon ami à travers l’arène. Les spectateurs retinrent leur souffle mais Dorian ne se releva pas. Une panique sourde me saisit alors, refermant son étau sur moi. Mon ennemi s’approcha de moi à pas lents et mesurés et au fur et à mesure qu’il s’approchait, ma peur atteignait son paroxysme. Puis, peu à peu, mon effroi fit place à un autre sentiment, de la résignation puis cette résignation se mua en rage, cette rage se mua en instinct de survie. Alors que le minotaure abattait de nouveau son marteau il se passa la même chose qu’il s’était passé face aux bandits il y a quelques jours. Je sombrais dans une sorte de transe, mes reflexes et mon instinct me commandaient et je ne me reconnaissais plus. Je saute en arrière et évite le coup d’un cheveu. Je cours et glisse entre les jambes de mon adversaire avant de me relever. D’un mouvement rapide ma lame se plante dans le genou déjà blessé de la bête qui rugit de douleur, elle se retourne et m’attrape de sa main puissante. Sans stopper mon rythme je lui déchire le muscle de l’avant bras et le monstre me lâche. Je me rétablis sur le sol sablonneux d’une roulade et repasse dans le dos du minotaure. Avisant une épée à mes pieds je l’envoie en l’air d’un coup de pied, l’attrape et la plante jusqu’à la garde au niveau du bas du dos de mon adversaire. Ce dernier se retourne de nouveau mais je suis repassé derrière lui et je lui plante une autre épée un peu plus haut que l’autre. Un plan s’échelonnait dans mon esprit mais je doutais d’être suffisamment agile pour le mettre à exécution. Le monstre essaye désespérément d’enlever les épées que je lui plante au fur et à mesure dans le dos. Je suis aussi insaisissable qu’une brise d’été, mes coups pleuvent peu à peu à un rythme soutenu et me rapprochent de la victoire. Je vois Dorian plus loin qui ne se relève toujours pas. Me combat commence à s’éterniser et le monstre m’a causé une multitude de blessures mais je ne faiblis pas, mon instinct me guidant. J’ai l’impression d’assister au combat depuis les gradins, je n’ai vraiment pas l’impression que c’est moi qui me bat dans cette arène. Les épées s’entassent jusqu’au niveau des omoplates de mon adversaire, mon plan est presque fini. Plus j’avance dans mon stratagème plus je le trouve risqué, un seul faux pas et s’en est fini de moi. Plus qu’un détail et ce sera prêt, je prends une nouvelle épée et la plante dans le sol. La créature me charge de nouveau, je vois Dorian qui se lève enfin et qui encoche une flèche. Plus que quelques mètres…Vite Dorian…Par pitié…Tire….Enfin mon partenaire tire sa flèche, le minotaure est à une distance idéale. La bête se retourne et je saisis ma chance. D’un geste souple je prends appui sur l’épée plantée devant moi et me projette vers le dos de mon adversaire. Miraculeusement j’atteins mon but et m’accroche à l’épée la plus basse. Peu à peu, balloté par de violentes secousses, je grimpe le long du dos de la créature et atteint sa nuque. Je plante alors ma dague jusqu’à la garde dans le crâne du minotaure qui hurle de douleur. Je me laisse tomber en me retenant à mon arme ce qui fait que la dague coupe peu à peu le monstre en deux. Enfin je retrouve le sol à mes pieds sous les cris de la foule. Puis, après quelques instants d’hébétude, je fis ce que n’importe quel être normalement constitué aurait fait. Je m’évanouis.


A mon réveil je me trouvais dans une sorte d’infirmerie faiblement éclairée sur un lit particulièrement inconfortable et Dorian était à mon chevet.
« -Alors, le tueur ! Enfin réveillé ?!
-Le tueur ? » M’étonnai-je.
« -Oui, le tueur, j’imagine que tu ne te rends pas compte mais c’est un vrai exploit ce que tu as fait là !
-Je ne sais pas…Je n’avais pas l’impression d’être moi-même…
- Non mais vraiment, j’ai pu entendre le récit de plusieurs bouches, une vraie furie d’après leurs dires ! Certain disent que tu ressemblais au dieu de la guerre lui-même !
-Peut être mais…
-Mais tu ne connais pas la meilleure !
-La meilleure ? » Répondis-je, intrigué.
« -Oui ! Les marchands ont été tellement impressionnés qu’ils ont décidé de nous attribuer un prix spécial !
-Un prix spécial ?
-Oui ! » S’exclama Dorian, l’air particulièrement joyeux.
« -Ils ont décidé de nous considérer comme si on avait gagné le tournoi ! Tu sais ce que ça veut dire ?
-La récompense du tournoi ?! On peut en profiter maintenant ?! » Demandais-je sans oser y croire.
« -Oui ! Dès que tu pourras marcher on ira à l’aventurier chanceux ! » Conclut Dorian avec un sourire jusqu’aux oreilles. Impatient de pouvoir sortir, je me redressai et tenta quelques pas en grimaçant. Je dus regagner ma couche après avoir manqué de m’écraser par terre. Après deux jours de convalescence je retrouvais un usage normal de mes jambes et nous sortîmes donc de l’infirmerie pour aller à l’armurerie. Le grand choc que j’eus fut de constater à quel point le regard des gens avait changé envers moi et Dorian. Jusque là les personne qui reluquaient mon ami d’un œil mauvais, à cause de son statut vagabond, le saluait de la tête en souriant. Et pour moi, les gens s’arrêtaient et me saluaient avec un grand sourire, certains allaient même jusqu’à s’incliner alors que quelques jours plus tôt j’attirais des regards intrigués et moqueurs sur mes vêtements. Lorsque nous atteignîmes enfin la boutique que nous cherchions le vendeur fit sortir tous ses clients pour nous laisser choisir. Dorian se contenta de se faire une réserve de flèches faites en bois noir. Quant à moi je me laissais errer parmi les étales, cherchant d’abord une armure semblant me convenir. Après plusieurs dizaines de minutes je trouvais l’armure idéale. Faite d’un cuir noir et très souple mais néanmoins résistant, elle contenait plusieurs fourreaux placés à des endroits stratégiques. L’armure était légèrement ornée par quelques dorures mais sans plus. Quand je l’eus montré à Dorian et au marchand ils m’approuvèrent tout les deux, visiblement pour eux aussi cette tunique me convenait parfaitement. Nous allâmes directement dans l’arrière boutique pour que je l’enfile. Après avoir vérifié qu’elle était à ma taille, l’armurier garda mes anciens habits pour les brûler et nous retournâmes au niveau des rayons où je déambulai de nouveau en cherchant des armes. Je pris plusieurs dagues que je soupesai pour déterminer lesquelles étaient idéales. Je pris une autre dague crantée que je glissai à ma ceinture avec mon autre dague puis j’en mis deux autres à ma ceinture j’enchainai avec une dague placée dans ma botte et deux dagues de lancé, chacune sous un bras. Enfin, je cherchai deux épées à mettre dans mon dos. Je mis une heure pour trouver la paire idéale. Il s’agissait de deux katanas stylisés et particulièrement tranchants. L’un avait une lame plus noire encore que ma tunique et des motifs de couleur or et blancs étaient gravés dessus. L’autre avait la lame du blanc le plus pur et les mêmes motifs étaient gravés dessus, mais cette fois de couleur rouge et noir. Lorsque je me fus totalement équipé Dorian me regarda longuement avant de pousser un sifflement admiratif.
« -Même moi j’en ai la chaire de poule. Tu as très bien choisi pour quelqu’un qui n’y connait rien ! » Me dit-il sans se départir de son sourire.
Je souris, légèrement gêné car jamais je ne me serais imaginé qu’un jour je serai envoyé dans un autre monde et que je devrais m’accoutrer ainsi et me battre à mort pour chercher un moyen de rentrer chez moi ! En me voyant, l’armurier hocha la tête d’un air approbateur puis, après une bonne poignée de main, nous prîmes congé. Alors que nous marchions dans la rue Dorian me demanda à brûle-pourpoint.
« -Tu sais monter un cheval ?
-Heu…Oui assez bien… » Lui répondis-je, surpris.
« -Parfait, nous allons emprunter deux chevaux et on part des maintenant !
-Emprunter ? » Lui demandai-je, sceptique. Dorian eut un étrange sourie avant de me répondre.
« -Oui, emprunter…Disons définitivement.
-QUOI ?! Tu veux voler ?!
-Voler c’est un mot sale, je préfère le terme emprunter. » Me rétorqua-t-il avec un sourire en coin. Finalement je m’y résignai et puis une part de moi voulait de l’action, toujours de l’action.


Nous avions une véritable armée de gardes à nos trousses mais nos chevaux filaient comme le vent et nous étions en train de semer nos poursuivants. Cette scène me fit penser à un poème que j’avais jadis écrit.

C’est dans le vent
Toujours poursuivie
Dans tout les temps
Que la liberté s’enfuit
Prenant avec elle
Les rêveurs qui se sont donnés
Des ailes
Qui leur permettent de s’envoler
Vers les cieux
Parmi les oiseaux Bleus.

Finalement Dorian et moi semâmes nos poursuivants et à la nuit tombée nous décidâmes de camper dans une clairière à l’abri parmi les arbres. Dorian décida de prendre tous les tours de garde pour je ne sais quelle raison mais je ne m’en plains pas. Morphée vint rapidement m’attirer à elle mais ce ne fut pas pour une nuit paisible.
Je me trouvais dans le néant, tout était noir autour de moi et je n’entendais aucun bruit. Je restais indéfiniment ainsi, sans bouger, sans respirer presque puis le décor changea. Cette fois j’étais dans une grotte sombre et à peine éclairée mais cette fois le silence n’était pas de la partie et une voix de femme me susurra doucement à l’oreille.
« -Toi qui veux rentrer chez toi tu devras trouver ta semblable, celle qui s’est perdue ici. Tu l’aideras, et à vous trois vous irez là d’où l’on ne revient pas. Elle connait la clef de ton départ. Elle sait où se trouve la route. Mais toute chose nécessite un sacrifice et celui-là sera plus grand que tout ce que tu as imaginé. Méfie toi de tes amis, ils ne sont pas ce que tu penses…
-Quoi ? Qu’est ce que c’est que ça ? Que dites-vous ?!» M’exclamai-je, affolé.
Mais la voix s’éloigna et la scène aussi, je tentais désespérément de rester dans mon rêve mais je me réveillai brusquement, en sueur. En m’appuyant sur mes coudes je me redressai et regardai aux alentours, pas une trace de Dorian dans les parages. Après avoir fait quelques pas je me recouchai avec une certitude. Ce qui m’avait été dit par la femme était vrai.


Le lendemain je me gardais bien de parler de mon rêve à mon compagnon, je pensais qu’il m’aurait prit pour un fou. Les jours se succédaient avec monotonie. Pratiquement chaque jour nous nous faisions attaquer et chaque jour je me perfectionnais dans ce que mon ami appelait l’art des lames. Chaque soir je faisais le même rêve et chaque soir quand je me réveillais Dorian n’était pas là. Puis, alors que je commençais à douter de cette prophétie onirique, nous l’avons rencontrée. C’est un vendredi treize je crois, il faisait jour et la saison s’apparentait à l’automne de chez moi. Nos chevaux avançaient au pas sur une route cahoteuse en terre. Alors que nous allions nous enfoncer dans la forêt nous vîmes une fille en sortir. Elle devait avoir mon âge et, avant que nous ayons pu faire quoi que ce soit, elle s’effondra par terre.
Lorsqu’elle reprit connaissance nous l’avions étendue sur mon lit de camp en faite, la scène correspondait exactement à celle qui s’était jouée quand je m’étais réveillé moi aussi. La fille était plus petite que moi, elle avait les cheveux bruns plutôt longs et la peau légèrement mate. Ses yeux étaient immenses et d’un vert émeraude profond. Son nez mutin comptait quelques taches de rousseurs, ses lèvres étaient fines et d’une couleur rose naturelle. Sa silhouette menue semblait plutôt agile mais le plus fabuleux était ses habits. Ils étaient en cuir noir et comprenait une capuche faite en tissu. Deux dagues pendaient à sa ceinture et elle cachait ses vêtements par une grande cape, noire elle aussi. Lorsqu’elle parla, sa voix cristalline coula comme de l’eau d’une rivière et mon cœur rata un battement, je sus que j’étais éperdument tombé amoureux de cette parfaite inconnue.
« -Où suis-je ? » Demanda-t-elle
« -Dans la forêt des embrumes très chère. » Répondit Dorian avec assurance.
Je me rappelais mon réveil et j’envisageais une discussion pénible et longue pour tout expliquer. Quoi que, elle aurait pu être d’ici mais une part de moi savait qu’elle était comme moi, une naufragée des mondes. Bien que j’eus voulu rester pour observer l’inconnue à loisir je pensai d’abord au mal de tête qui allait subsister de cette conversation et je décidais de partir un peu.
« -Je vais à la ville la plus proche pour acheter une couverture et de la nourriture en plus » expliquai-je à Dorian en sellant mon cheval. Mon ami acquiesça et je partis donc vers la cité voisine de Tiranouan.


Si l’allée se fit sans problème le retour fut plus ardu. Alors que je n’étais pas bien loin du campement, une quinzaine d’hommes sortirent des fourrés. Ils étaient armés et n’avaient pas l’air d’être venus pour boire du thé. Ils me toisèrent un moment alors que je descendais de mon cheval et que je l’attachais, les bandits ne furent nullement impressionnés par mes armes et mon armure. Après un moment leur chef aboya un ordre et ils se déployèrent en cercle devant moi.
« -Donne nous tout c’que t’as et on te laisse la vie sauve ! » Aboya cette fois le chef. J’eus un sourire carnassier
« -Oh, non c’est plutôt le contraire, filez si vous voulez vivre !
-J’en déduis que tu veux te battre ?
-Parfaitement.» Rétorquai-je.
Tout se déroula très rapidement au début. Je pris mes deux couteaux de lancé et les projetaient dans les gorges de deux d’entre eux. Puis, je dégainai mes deux katanas et enfonçai la garde de trois d’entre eux qui moururent avant d’avoir touché le sol. La dizaine de mes adversaires restant se jeta sur moi en même temps. Je rangeais me katanas qui ne me serviraient pas à grand-chose dans une mêlée dense et je tirai mes deux dagues crantées. Je déchirai rapidement les gorges de cinq autres bandits mais je récoltai deux blessures au bras et une entaille profonde aux côtes. Il restait encore cinq de mes adversaires mais j’étais affaibli et ils étaient en pleine forme. Je pensai pouvoir m’en débarrasser quand dix autres bandits rejoignirent ceux que j’affrontais déjà. Je commençai à désespérer et je défendais ardemment ma peau mais les coups pleuvaient autour de moi…Cela faisait cinq heures que j’étais parti du campement, Dorian et l’inconnu devaient avoir fini de parler à présent. Peut être m’attendaient-ils mais je ne reviendrais très certainement jamais…Soudain une flèche noire vint se planter dans le cou d’un des hommes qui s’apprêtait à me donner le coup fatal. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine lorsque je reconnu une des flèches de Dorian. Puis, une sorte de tornade noire déboula. C’était l’inconnue, elle portait deux poignards et tranchait dans le vif, soutenue par Dorian. En les voyant je repris espoir et dégainai à nouveau mes deux katanas. Je n’avais pas eu tort, cette fille était très acrobatique et souple. Quand elle se battait on aurait dit qu’elle dansait. Nous vînmes rapidement à bout de tous nos adversaires. Lorsque le dernier mourut Dorian descendit de la butte depuis laquelle il nous soutenait pour venir nous voir.
« -Alex, je te présente Aëlna (note : prononcer : Aèlna) elle est un assassin et vient de l’époque que tu appelles chez toi la renaissance. » Me dit-il avec un sourire qui s’élargit lorsqu’il vit comme je la dévorais des yeux. Aëlna me tendit sa main menue et fine que je serrais avec un sourire qu’elle me rendit.
« -Donc, tu viens du même endroit que moi ? » Me demanda-t-elle de sa voix chantante.
« -Oui, sauf que moi c’est plusieurs siècles plus tard.
-Je sais, Dorian m’a absolument tout expliqué. Je suis plus ouverte d’esprit que les autres gens de mon époque » Conclut-elle en riant. Je ris de bon cœur avec elle. Nous rentrâmes au camp après nous être débarrassés de tout le sang qui nous recouvrait. Nous finîmes la soirée en discutant devant un feu de camp. Aëlna en était exactement au même point que moi. Sauf que, d’après mon rêve, elle devait savoir où se trouvait l’endroit pour rentrer chez nous. Ce qui était le plus magique avec Dorian et Aëlna c’était l’impression que j’avais de les connaitre depuis toujours. Dans ce monde où les monstres existaient, où la magie elle-même devait exister. Dans ce monde fantastique et plein d’espoir où certaines choses qui nous auraient paru magiques étaient normales. Je ne peux faire l’inventaire de tout ce que Calradalia avait de magique mais j’avais l’impression de me trouver dans un de mes romans fantastiques. Aëlna et Dorian auraient pu être des membres de ma famille que j’aurais la même impression. J’étais même plus lié à eux qu’à Stéph’… Finalement Dorian se leva et prit de nouveau tous les tours de garde, je me retrouvai donc seul avec Aëlna qui griffonnait dans le sable. Je me penchai un peu et vit qu’elle avait écrit un poème.

L’oiseau bleu
Rêve de liberté
Moment d’adieu
Quand il faut s’envoler
Vers les cieux
Vers l’oiseau bleu
Le cœur qui se brise
Et les morceaux emportés par la bise
La paix
La haine
Le vrai
La peine
Ces sentiments
Qui guident nos pas
Qui guident nos choix
Je me rapproche du firmament
Je sens mon cœur
Je sens mes ailes
Mes ailes frêles
Voici mon heure
Je vais écrire mon destin
Je me rapproche de la fin.

« -C’est…Beau… » Lâchai-je.
« -Vraiment ? Merci….J’aime beaucoup écrire…
-Moi aussi j’ai déjà écrit des poèmes…Mais pas des comme ça. » Elle ne répondit rien et se contenta d’un sourire. Je lui pressai gentiment la main avant d’aller me coucher. Etrangement je ne fis pas de rêve cette nuit là mais j’eus l’impression qu’Aëlna gémissait légèrement à côté de moi et, bon sang, où était Dorian ? Je fus tiré de mon sommeil par Aëlna qui me secouait doucement.
« -Allez la marmotte ! Le petit déjeuner est prêt ! » Me dit-elle en souriant. J’avais l’impression de n’avoir dormi que quelques minutes et j’eus un peu de mal à me lever. Nous mangeâmes un bout de viande grillée avant de lever le camp. Aëlna monta sur la croupe de mon cheval et se tint à ma taille, provoquant un frisson le long de mon dos. Si elle le remarqua, elle n’en dit rien. Plusieurs semaines s’écoulèrent à un rythme tranquille, je commençais à m’habituer à la vie Calradalienne et toute sa magie. Tiens, hier encore nous avions vu une sorte mage faire du feu en claquant ses doigts. En fait tout ça me rappelait un peu la nouvelle le pied de momie que j’avais lue une fois sauf que c’était comme si le personnage était resté dans l’univers où il avait été plongé et qu’il s’y était habitué. Les habitudes se firent rapidement leur place. Dorian était absent presque chaque nuit, j’avais des rêves étranges, nous combattions beaucoup et Aëlna écrivait des poèmes sur sol de nos campements. Nous avions emprunté, pour reprendre l’expression de Dorian, un bel alezan gris pour Aëlna et je regrettais qu’elle ne se tienne plus derrière moi durant nos voyages. Puis un jour tout à fait ordinaire nous nous arrêtâmes dans une ville remplie de personnes appelées occultes. Ces personnes étaient des sortes de demi-monstres qui avaient certains…pouvoirs extraordinaires et anormaux. Ce fut là qu’une partie de mon rêve se réalisa.
Nous nous trouvions dans une auberge miteuse de la ville et nous avions pris deux chambres, une pour moi et Dorian et une pour Aëlna, même si j’aurais bien voulu laisser à Dorian une chambre individuelle. Enfin, je ne sais pas si c’est du à l’atmosphère de la ville mais Aëlna fit un rêve cette nuit là. Elle nous le raconta le lendemain après qu’elle nous ait pressés de quitter la ville, nous étions tous les trois côte à côte sur nos chevaux quand elle parla.
« -Les garçons…J’ai fait un rêve hier soir…
-Un rêve ? » Demanda Dorian
« - Oui, dans ce rêve une femme me disait que pour rentrer chez nous, il fallait passer par la montagne du pentacle…
-Attend, le rêve t’as fait une prophétie ? » S’exclama de nouveau Dorian. Je sus alors que c’était le moment pour parler de mon propre rêve, après plusieurs explications Dorian secoua la tête.
« -Je n’ai jamais entendu parler de rêves qui faisaient des prophéties…C’est très étrange…Comme le fait que vous soyez là d’ailleurs. » Chouette, encore une bizarrerie de plus ! Tout cela était vraiment mais alors vraiment extraordinaire.
« -Quoi qu’il en soit » reprit Dorian «Je sais où est la montagne du pentacle, on va y aller, par contre je vous préviens, c’est LE lieu de rendez-vous des monstres.
- Super » Ai-je marmonné. Chose dite chose faite, nous sommes allés à la montagne du pentacle.


Le mont était vraiment effrayant, on aurait dit une forteresse taillée à même la pierre aux tours crochues et inégales. Nous étions devant une gigantesque porte en fer noir qu’il semblait impossible d’ouvrir et lorsque nous nous en sommes approchés une voix féminine a retenti, la même que celle du rêve.
« -Vous qui cherchez à rentrer chez vous, vous qui n’êtes pas de ce monde…Entendez moi. Sachez que le diable lui-même réside ici. Le gardien de la porte devra être tué puis remplacé par un de ses semblables. Vous perdrez plus que vous ne gagnerez en entrant ici, le passage réveillera la puissance ténébreuse qui dort ici. Maintenant que vous savez, entrez ou partez…. » A la fin de sa tirade la porte s’ouvrit toute seule. Tout était vraiment très étrange ici… Même Dorian était plus ou moins apeuré et fasciné. Nous entrâmes finalement et nous plongeâmes dans les entrailles de la terre. Dorian alluma une torche et Aëlna, pour mon plus grand plaisir, se colla à moi. Nous avançâmes ainsi plusieurs heures dans de sombres tunnels où on ne voyait pas grand-chose. Enfin nous arrivâmes dans une pièce éclairée. L’endroit était vaste et circulaire. Le plafond avait été enlevé et donnait directement sur le ciel. Le sol dallé résonnait sous nos pas et une autre grande porte de métal noir nous barrait la route à l’autre bout. Je cherchai le gardien des yeux et enfin je le vis, tapi dans un coin de la salle. Voyant qu’il était découvert, il avança devant nous et nous retînmes tous notre souffle. Nous étions devant le gardien.


Un dragon, le gardien était un immense dragon ! Haut de six mètre et long d’au moins dix mètres sa peau écailleuse était recouverte de roche. Ses yeux pailletés de doré nous fixaient. Ses ailes étaient déchirées par endroit et il ne devait plus pouvoir voler. Le dragon se redressa et tenta de cracher du feu, enfin je crois, mais il n’y parvint pas. Il se contenta alors d’un rugissement qui fit trembler les murs.
« -Visez les yeux et le ventre ! Restez tout le temps en mouvement ! »Nous hurla Dorian.
Le combat commença, Dorian arrosait de flèches les yeux du dragon et Aëlna et moi tentions tour à tour de passer sous ses pattes mortelles. Finalement je réussis à passer en dessous et à frapper mais une couche de roches le protégeait. Néanmoins un léger pan de cette protection glissa sur le sol, je retournais au près d’Aëlna et lui dit rapidement.
« -Son ventre est protégé mais des parties de roche s’enlèvent à chaque coup, il faut continuer ! » Mon amie acquiesça d’un mouvement de tête et nous repartîmes à l’attaque. Le combat dura plusieurs heures, j’étais dans un état second et ne paraissais pas me fatiguer, de même pour mes deux compagnons. Lorsque finalement Dorian creva un œil, le gardien se redressa sur ses deux pattes, nous offrant son ventre sans protection. Ni une ni deux je plongeai et plantai mes deux katanas dans le cœur de la bête fantastique puis je me dégageai rapidement. Le gardien mourut avec un râle déchirant puis il se dissipa en une étrange poussière dorée. Nous nous approchâmes de la porte qui ne bougea pas, la voix féminine retentie alors.
« -Le gardien doit être remplacé…Par un de son espèce…. »
Dorian tressailli et, sous nos regards ébahis, il se dirigea vers une chaine accrochée au mur. Il me fixa droit dans les yeux et je compris. Les paillettes dans ses yeux, ses absences la nuit…Sa résistance… Mon ami enleva son haut et je vis que son dos était strié d’écailles vertes. Il nous regarda droit dans les yeux et dit d’une voix éraillée.
« -Pour vous. »
Dorian s’accrocha alors à la chaine et poussa un hurlement de douleur. La porte s’ouvrit alors, je tentai un geste envers mon ami qui dit, le souffle rauque.
« -Vite…Avant que je ne me transforme… »
Je secouai la tête et dit d’un ton triste.
« -Adieu Dorian…Juste…Merci… »
Puis, entrainé par Aëlna je passai la porte.


Après un peu de marche nous nous retrouvâmes devant une espèce d’arche en pierre ancienne. Aëlna pleurait et moi aussi, me suis-je étonné. La voix de femme retentit une dernière fois.
« -Un seul passera, l’autre mourra. »
J’ai regardé ma compagne, elle était toujours aussi belle quand elle pleurait. Je sus alors ce que je devais, je crois que je l’avais toujours su.
« Passe. » lui dis-je
« -Non…Alex…Pourquoi ?
-Par ce que, passe. Je ne pourrai pas me le pardonner si tu mourrais ici.
-Mais… » Je l’ai poussée vers le porche. Elle a paru se résigner et a commencé à avancer. Puis après un dernier regard elle se retourna, courut vers moi et m’embrassa.
Ce fut le baiser le plus doux de ma vie. Une étrange chaleur m’envahit, j’ai cru rêver. J’ai cru que tout était possible…Ce baiser était un adieu. Il dura une éternité qui s’acheva une seconde plus tard. Puis, sans un mot, Aëlna se retourna et passa le portail. Une secousse ébranla la montagne, ce qui s’y trouvait s’était réveillé. Le froid m’envahi et je sentis la vie me quitter. Alors que les conséquences de mon acte fondaient sur moi, j’ai songé que je ne regrettais rien.


Lune qui brille
Dans le ciel majestueux
Parmi les oiseaux bleus
Lune qui brille
Cœur brisé
Amour déchu
Rêves balayés
Quoi que ce fut
Ailes brisées
Liberté envolée.