Et mourir sous les rires des enfants. Mourir au carnaval, les yeux fermés et les lèvres tordues, bizarrement étirées, sur un rictus- un sourire. Mourir le feu dans les oreilles, le rugissement du vent sous les paupières plissées. Le visage en dérive entre les mains intrusives du vent, les lèvres arrachées par le baisée du vent. Mourir, mourir, mourir. Et s'en moquer.
Un long cri qui se perd, délité sur les lèvres, fusillé dans l’air, qui retombe au dehors, se prolonge au-dedans. Un long cri muet qui tourne dans mon ventre, gémit dans ma gorge comme un chien prisonnier. Un cri qui ressemble au vent, qui me secoue les tripes, hurle dans mon crâne plombé. Personne n’entend, personne ne voit ; le cri brille dans mes yeux, roule en-dessous de ma peau. Je sais que mes sourires déraillent quand il s’inscrivent dans ma chair froide et morte, ma peau de papier-mâché qui bouge comme un masque immonde et poisseux, m’emprisonne comme un absurde décors de théâtre- personne n’y comprend rien personne ne voit que le cri remue en moi. Il attend. Il ne sait pas qu’il sera libre un jour, mais je sais bien qu’il sortira, moi, je sais qu’il s’échappera quand je serais trop usé, que je n’en pourrai plus d’attendre. Il m’arrachera les joues et me mangera les lèvres, il fera rompre ma gorge et j’éclaterai comme un cimetière balayé par la lumière du soir, j’éclaterai comme un arbre qui ne supporte plus l’hiver, dans une explosion de pulpe et de chair mouillée, dans une envolée de veines qui jailliront dans l’air comme des comètes sanglantes. Mon corps en lambeaux sous les lames du rasoir, ma tête en pièces contre le mur. Il s’échappera de ma carcasse en ruine et tournera sur les décombres de mon corps comme un vent de cimetière sinuant entre les tombes. Il habitera un temps mes os, avant de lui aussi se déliter un jour. Je ne sais pas. C’est un cri, il fera bien sa vie, le brave vacarme, peut-être ira-t-il chercher une nouvelle chaleur à faire céder sous la pression interne, rôdant entre de nouvelles côtes, coinçant son horreur et sa tentation dans la prison d’une autre gorge. Je suis sûr que ce n’est pas mon cri. Il était là avant moi, il y sera encore quand je n’y serai plus, là, oui, là, dans le monde, ce mouroir immonde et retentissant d’atrocités, ce vaste bruit où germent la violence et la bêtise, comme des mauvaises herbes explosant dans un jardin semé de pourriture- infâme pourriture sustentatrice et puante, Mère Pourriture, Mort pourriture. A en vomir.
Un long cri, un cri interminable qui veut saisir ma langue et la dresser dans une étreinte obscène, qui veut remplir ma bouche en me violant la gorge.
Nom :
Prénom : Oswald.
Âge : Dix sept ans.
Sexe : Mâle.
Description Mentale : Oswald n'est pas un caractère facile. Méfiant, introvertis et sarcastique, il ne se présente pas vraiment comme l'ami idéal. Mais derrière tous ces piquants se cache un cœur sensible et tendre, car, quoiqu'on en dise, Oswald est en réalité une bonne patte. Relativement altruiste et affectueux envers ses pokemons, il prend en réalité très au sérieux le bien-être de ses proches, quand bien même il semble au-delà de sa portée de leur épargner ses soupirs, son pessimisme et son regard las légèrement hargneux. Alors oui, ce n'est pas un jeune homme engageant et sociable, mais Oswald reste un bon compagnon de route. Il est doué de ses mains, attentionné, réfléchis et observateur. A la fois bouillant et calme, ce qui fait de lui quelqu'un de réactif mais pas d'impulsif, il sait se montrer inébranlable en cas de coup dur. On peut compter sur son sang froid en situation de crise. Du reste, si vous possédez des pokemons plante, vous pourrez toujours profiter de ses bons conseils. Oswald a la main verte, et il tient de sa grand-mère une passion inaltérable pour le monde végétal.
Histoire :
Description Physique :
Objectifs :
Pokémons possédés (deux au maximum, demander avant de commencer leur description) : [Il faut indiquer l'espèce, le niveau, les attaques, l'origine, le lien affectif, l'histoire, le mental]
> Originaire de Kanto.
Ortide > Sugar.
Niveau 20.
Para-spores.
Poudre-sommeil.
Vol-vie.
Lance-soleil.
> Recueillis par Oswald après le décès de sa grand mère. Parmi tous ses pokemons plantes de cette dernière, il a choisis celui-ci.
Sugar est paresseux, grognon et solitaire. Aucun doute à les voir côte à côte, son dresseur et lui font vraiment la paire. Ils semblent se comprendre en permanence de manière silencieuse, sans échanger de mots, et communiquent surtout par gestes. Ne vous laissez pas tromper par leur froideur apparente : ces deux là partagent un lien extrêmement profond. Il suffit de les voir agir ensemble, d'un seul geste, s'échanger des regards ou des petites tapes, partager leur repas et observer patiemment le monde avec une expression songeuse semblable. Il y a quelque chose de comique à les voir communiquer par grognements désapprobateurs, sourires pincés et gestes affectueux teintés de désintérêt. Il vivent dans un perpétuel "je t'aime moi non plus", et semblent ne pas vouloir changer la nature étrange de leur relation. Quoi qu'il en soit, elle fonctionne plutôt bien.
Sugar aime prendre de longs bains de soleil, ou paresser dans des endroits humides. Cependant, il est aussi actif la nuit, et il n'est pas rare de le voir rôder autour du camp monté par Oswald, occupé à retourner la terre ou à diffuser son écœurant parfum. Sugar semble chercher ses semblables, probablement afin de semer sa descendance aux quatre vents.
Minidraco > Jörmungand.
Niveau 7.
Groz'yeux
Ligotage.
Cage éclair.
Vibraqua.
> Oeuf que lui a confié un compagnon de route.
Les gens ne sont que des images. Des illusions mouvantes aux multiples facettes, dont les jeux de miroirs et les manières changeantes créent des icônes différentes, dans chacun des regards qui les captent et les tuent. Ils se tordent comme des accordéons dans le puits des pupilles, se noient dans les pensées de l'esprit qui les scrute ; ils sont comme des bonhommes en élastique et en papier toilette consumés dans le charbon de l’œil, claquant d'un coup de fouet, immolés dans leur cage circulaire d'obsidienne et de souffre, ce terrier noir où se niche toujours une lueur captée. Les gens ne sont que des images, mais ils ont la courtoisie de rendre les regards par lesquels on les crée, pour faire exister à son tour l’observateur et son visage, ses mensonges, son morne personnage.
Il était pendu aux lèvres tavelées du sous-bois, à ses tendres murmures, à ses litanies amoureuses et à ses persuasions chuintées avec autant d’appétit que de sensualité. Il était enroulé dans son baiser suintant, replié dans sa moiteur grouillante, emmitouflé tout entier au sein de ses caresses, et ouvert aux mélodies glissées depuis sa bouche enchevêtrée de ronces.
Le garçon aimait passer des longues heures à les écouter dans son lit ou accoudé à la fenêtre de sa chambre, le visage caressé par les mains familières du vent nocturne, obstacle frémissant dans leurs courses joviales, tout d'yeux fermés et de lèvres scellées. C'était un concert tamisé par le feutre du soir, aussi discret qu'il était impérieux, aussi envahissant qu'il était délicat. Les bruits de la forêt s'insinuaient entre les murs, passaient derrière les vitres, glissaient à la faveur d'interstices infimes et venaient l'entourer d'un fabuleux cocon glissant tissé de friselis. Il n'écoutait jamais d'autre musique que celle du bois tout proche une fois emmêlé à ses draps, délaissant les écouteurs vissés à ses oreilles quand venait le matin.
Quand la nuit semblait trop longue ou trop solitaire pour être supportable, qu'il se retournait encore sur son oreiller à deux heures du matin, c'était la voix dégoulinante et intrusive des arbres, de la terre dilatée dans les ombres du soir, l'exhalaison de l'humus moite aux pourritures onctueuses et les murmures captivants des feuilles déliquescentes... c'était la voix de la nature alanguie, frémissant sous le ciel aveugle, spolié de ses étoiles par l'éclat ronronnant de la ville, qui venait le bercer, le border de conseils, l'inciter au sommeil. Prodiguant sensuellement son informe sagesse, assénant avec fougue ses virulentes leçons ; elle était ancienne, malicieuse et sauvage à la fois, toujours juvénile en son antiquité. Elle ne donnait pas d'ordre, n'avait pas de principes : tout n'était en son discours onctueux que suggestions murmurées dans la brise. Alors il avait appris à écouter cette voix, à la considérer. A lui répondre parfois.
D'aucuns l'auraient dit superstitieux ou imbécile- il leur aurait sourit avec tristesse en leur murmurant tendrement d'aller se faire foutre. Car il s'employait toujours à faire et dire les choses avec une absurde douceur, cinglante pourtant malgré ses yeux humides et sa voix de velours, et qui semblait flirter avec l'indifférence. Une danse des contraires, accouplés en sa bouche pour donner naissance à une forme bâtarde de détachement désabusé, typiquement propre à ceux qui ont souffert.
A dix sept ans, il s'estimait dans son bon droit en ayant quelques croyances secrètes ou des rituels absurdes- il ne les partageait avec personne et n'en parlait jamais. N'y faisait allusion que dans les brouillons qui s'entassaient sur un dossier de son ordinateur, ébauches de poèmes démantibulés, de monologues alourdis de virgules et de phrases tronçonnées, errantes, parmi des blocs de texte aux contenus cryptiques. Compacts mais immatériels, d'une légèreté opaque semblable à celle de la fumée, tissu tout à la fois dense et impalpable, délité par le vent. Comme autant de pirogues louvoyant paisiblement au sein d'un archipel, atoll fracassé dans son draps d'azur moite.
Le garçon n'estimait pas être de ceux qui écrivaient par passion. Il y avait trop de rage dans sa prose. Ce n'était pas même un besoin régulier, plutôt une sorte de pulsion mystique, une expectoration nébuleuse de souffre sémillant. Il ne voulait pas être lu, ni publier un jour. Il avait simplement besoin de s'adonner parfois tout entier aux mots, à leur danse, et de se laisser porté par le rythme saccadé qu'adoptaient ses doigts gourds sur les touches du clavier. Plus qu'un sens, il cherchait une cadence, une sensation, un abandon totale- et tout cela lui venait dans la musique profane des phrases qui se formaient sous ses yeux mis-clôt. Sur un songe ou une fièvre. Il n'aimait pas se relire, affiner à coups de fouet cette mélodie sauvage, chercher à affiner la forme ou le propos craché : il les préférait décousus et brutales, dentelés et inhospitaliers pour tout autre que lui. Cette apprêté de l'instant lui plaisait, son caractère immédiat, sa fragilité coupante. Il ne corrigeait jamais ses fautes d'orthographes, ses singuliers lapsus ou ses néologismes. Il les ressassait avec satisfaction. Et il gardait ces mots qui s'étaient extraient de lui dans la violence, en jets organiques parfumés et putrides, prisonniers d'un unique fichier texte dénué de nom. Une désolation de blancheur mortifiante et pourtant fertile, où s'embrouillaient des centaines d'histoires fragmentaires, des descriptions sauvages... Comme un mouchoir souillé à maintes reprises par les giclures veloutés du désir.
Là-bas, il les estimait à leur juste place. Confinés loin de ses propres yeux et de ceux de quiconque, ils pouvaient grouiller à leur convenance sans plus l'aiguillonner. Cafards aussi délicats qu'intemporels. Tout allait bien ainsi : il n'aurait pas voulu que quelqu'un pille à loisir son jardin secret, ses fruits empoisonnés, son foisonnement obscur constellé d'épines. Nul sentier n'y menait. Lui même se gardait bien de l'explorer, d'en tâter les méandres, trouvant satisfaction à ses propres mystères. Il estimait que toute réponse ou toute résolution viendrait en temps et en heure, que ce qui avait de l'importance se révélerait à lui, un jour ou l'autre. Il n'était pas pressé, ni pressant, en pensées et manières- c'était un garçon complaisant qui ne courrait pas après sa vie, ni après celle des autres. Il se contentait d'enchaîner une journée à l'autre, formant maillon après maillon un câble souple vers la mort qui le tractait vers elle. Oubliant hier, ignorant demain, et vivant aujourd'hui avec une résignation teintée d’écœurement.
Il n'était l'amant d'aucun vice ni d'aucun talent, renié semblait-il par les muses et les parques. De matins en soirées, il se contentait de respirer le plus lentement possible, presque en sommeil, en faisant son possible pour n'avoir à émettre qu'un minimum de sons, pour ne produire qu'un minimum de gestes. Il évitait scrupuleusement d'occuper trop d'espace. A vrai dire, il existait dans la bordure d'un regard qu'il semblait bien décidé à fuir, royaume élastique et brumeux du coin de l’œil. Là-bas il s'épanouissait, tout en silences feutrés.
C'étaient de longues journées toujours, dés le premier instant. Quitter l'étreinte obscure et moelleuse de son lit, vaincre la densité de la brume matinale, l'engourdissement crépitant de la fatigue, s'extirper des vapeurs du sommeil et veiller à ne pas adopter un rythme trop languide ; insuffler une ardeur lasse en chaque geste, en chaque mastication, gratter au fond du ventre un reste d'énergie, comme on tâtonnerait avec une allumette.
Embrasement phosphorique
les charmes persuasifs d'un faune.
accaparer
Il aurait voulu hurler. Mais le garçon était mesuré en toutes choses... Il donnait une forme à sa rage, il la coulait dans le moule fuselé des mots. Et quand bien même il fulminait à s'en fissurer le corps de cette envie furieuse d'un cri simple et dénué des artifices du langage imbriqué, il ne désarticulait jamais sa souffrance, la laissant s'acheminer sagement dans un cortège de phrases.