-Défis de mars-

21-05-2013 à 22:57:43
Texte du 3 mars 2013

On a tué l'innocence.
Elle gît dans la rue, crevée, sanglante. Dépouille moite et dorée, enveloppée de regards écarquillés qui s'ouvrent sur l'horreur ; c'est là, ce tapis de chair, cette pulpe éclatée qu'on a frottée contre le goudron. Impossible de lui donner un nom, un visage. Impossible de ne serait-ce qu'un instant imaginer cette loque rougeâtre qui dévale les sentiers secrets d'une ville en tôles défoncées. Ce manteau souillé aurait donc eu des jambes ? Fantasque pensée. Elle rit entre vos tempes. Sourire nerveux qui passe sur les lèvres ; des doigts qui jouent avec une fougue pleine de gêne, contre une surface prise pour cible par vos tics.
Oui, ces lambeaux humides ont été une enfant. On l'a entendue chanter entre les murs dont on affublait son horizon aux infinies douceurs. Elle avait un visage, une jolie face pleine de reflets, sur laquelle s'invitaient des fossettes et se plissaient des lèvres. On a pu voir cette chair dans son ensemble, animée et joyeuse, se complaire en danses démentes au milieu des taudis. Il y avait des jeux de jambes et de bras, des mouvements qui portaient loin, jusqu'au vide de vos coeurs, y allumant des bougies pour les bonheurs perdus. On entendait ses pieds qui tapaient sur la chaussée, qui faisaient vibrer la terre. Des sourires, éclairs blancs, croissants de lune dans l'obscurité d'une vie, morceaux de sucre pour relever l’amertume de cette existence, qui faisaient frémir vos propres lèvres, comme la naissance d'une journée sur l’horizon, sur le fil du ciel, tout au bout du regard, là où se perdent les contemplations rêveuses. On y trouvait un peu de réconfort, de quoi tenir un jour de plus. L'homme, sur un tabouret, aurait lâché sa corde pour venir l'embrasser ; et la poutre esseulée aurait connu quelques journées légères de plus.
Désormais, on ne verra plus rien de ça. Que les pendus se balancent, avec leur collier de chanvre et leur figure exsangue ; on a précipité ce corps vibrant contre la chaussée, on a pressé la chair palpitante contre le sol, faisant céder sous la pression ce qui était un être ; céder au premier sens, céder au sens physique. Éparpillée, écrabouillée, voici l'enfant devenue une viande saignante. C'en est fini de ses danses qui tanguaient au bord du vide vos coeurs. On ne verra plus de membres qui fendent l'air en lançant des flammèches vers votre obscurité. Les ténèbres resteront éteintes, sans les mains douces et fines de la gamine pour y ficher des éclats. Sa candeur bienheureuse, à jamais perdue, gît pèle-mêle dans cette chair froissée qu'on appela un corps. Souffrez donc de ne plus reconnaître la gosse aux grands yeux noirs qui vous filait dans les jambes... Apprenez à vos dépends, le goût des larmes qu'on refoule.
C'était une inconnue, pour vous, comme pour le monde entier. Personne ne versera de larmes pour ce chiffon anonyme. Oh, c'est laid bien sûr, c'est affreux, terrible ; sort immonde, horrifiant, que le sien, cruauté que sa fin. Mais que faire, que dire ? Quels mots prononcés pour cette étoile qu'on ne connaissait pas ? Elle était là, en bord de monde, à la périphérie de la conscience collective. Elle habitait les bordures, remontée des abysses, et s'y complaisait avec insolence. Son univers était fait des marges du vôtre. On l'aurait presque cru une fée, surgit d'un songe, jaillit d'une enfance un peu oubliée, un rien refoulée par l'adulte gentiment docile que vous êtes devenu. Était-ce réel, ce lutin sombre, fildefériste, qui ballait aux frontières de la routine ? Quelque chose d'étrange l'entourait. Une aura, une lumière, venue d'un autre monde qu'on appréhendait dans ses derniers instants. Elle avait cette beauté morbide des cadavres qu'on habille et qu'on lave, pour un dernier voyage vers une tombe inconfortable. Une clarté crépusculaire l'avait prise dans ses bras, parant sa maigreur osseuse d'une touchante poésie. Ce petit être fuligineux portait des noms choyés par les contes, qu'on voulait cesser de prononcer quand venaient les responsabilités. On ne pouvait poser ses yeux sur cette gamine, sans tout à coup basculer avec elle dans un monde plus grand et plus beau, aimanté par l’immensité que renfermait ses prunelles d’obsidienne. Elle avait ce quelque chose magnifique qu'on attribue aux êtres fantastiques, cette légèreté de farfadet, tout au fond de sa chair ; étant étique, avec cette aura qui sourdait d'entre ses pores, pulsait dans ses os et transpirait par ses yeux, elle devenait soudain le fluet lutin qui courrait entre les buissons. Sa main maigre n'avait rien de misérable, c'était la finesse des créatures magiques qui fuselait ses longs doigts. En vous prenant par la main, elle aurait ouvert à cet être sans âme qu'on avait arraché à votre beauté d'antan, un univers sublime tout de forêts enchantées et des monts aux peuplades légendaires. Au travers d'un contact, d'une rencontre, elle sublimait le jour en mettant les étoiles en bocal pour mieux illuminer vos yeux. C'était douceur et beauté que son existence.
Mais pourtant, voilà, vous ne la connaissiez pas. Cet être complexe et grandiose ne portait aucune syllabe sur les épaules, qui le désignaient de quelques sons familiers. C'était la grande inconnue, le mystère fascinant, une part acidulée de secret dans un monde qui avait trop de réponses à donner. Elle, posait des questions sans vous offrir, jamais, de solutions ensuite. Il fallait avoir le goût des lèvres engourdies et des esprits pleins de brume, pour apprécier sa vue. Il fallait savoir douter, savoir être inculte ; il fallait s'ouvrir aux mots qu'on chuchote, aux instants volés et aux paroles interdites. Il fallait se souvenir des riens qui façonnaient la vie quand tout était plus simple, il fallait connaître les ombres qui chuchotaient emmitouflées dans des couettes, les rires volés des heures indues, et les peurs nocturnes nourries par des monstres, abreuvées par des aînés aux malveillances légères ; pour la voir, il fallait avoir eu une enfance, une vraie, qui n'ait pas été étouffée par des années trop lourdes, qu'on entassait sur les épaules et qu'on vêtissait de chiffres pour avoir l’impression de mieux accepter leurs grosses fesses adipeuses. Sans cela, impossible de comprendre que ces longs membres ondulants formaient un enfant, que cet enfant dansait, et que la gosse n'était pas un mirage. C'était si beau à voir, qu'on aurait pu croire à l'illusion bouleversante d'un bonheur qui n'existait pas. Il n'en était rien.
La gamine était là, face à vous. En chair, en os ; surtout en os. Affamée, mendiant l'attention, hurlant en silence une faim qu'on décelait dans les creux douloureux de ses traits émaciés. Toute la misère du monde, se traînait dans les ombres de ce visage-là. Elle s'était installée pour ne plus repartir, impérieuse, froide, creusant dans la chair chaude comme les mineurs dans la montagne. Elle était devenue reine, s'étant fait un royaume de ce corps qui comportait trop de vides qui auraient gagné à être comblés. En la regardant, on ne pouvait manquer de la voir, glorieuse, souiller le gai visage de la gamine étique. Sans les sourires dans lesquels s'épanouissaient parfois ses lèvres, on l'aurait cru une enfant déchue. Mais comme pour détromper les adultes résignés à la tristesse, elle se levait et dansait.
C'était ainsi qu'elle combattait. Sans armes, sans paroles, sans poing hérissé d'un couteau, sans pancartes, sans lettres mortes, sans soupirs, sans mines flétries, sans regards tristes ; elle combattait à sa manière propre, à sa façon personnelle. En se jetant corps et âme dans le vide de l'air, habitant les espaces qu'on laissait en dehors de nos marches pressées de ses tournoiements cristallins, s'extirpant de l'immobilité d'une saccade puissante, qui se propageait en danse le long de tous ses membres. Voilà ce qui rendait magique, cette enfant en bord de monde. Voilà ce qui faisait d'un petit corps maigre, le farfadet mutin des histoires anciennes. Cette fougue qui l'agitait dans l'air, la secouait au milieu de passants, propulsant ses membres contre le monde, jetant profondément son corps aux extrémités de votre quotidien. Elle cognait contre une vitre, papillon éternel, requérant un peu d'attention, vous criant d'ouvrir la fenêtre.
On lui jetait des pièces, timidement, presque honteux, pour la faire taire, pour ce que cesse le battement de ses ailes. On aurait aimé la voir retomber sur ses genoux, pour se blottir dans un angle mort, recroquevillée dans ses ombres puantes, bien à sa place, presque morte. On aurait aimé la voir moins vivante, moins fougueuse de ce feu qui anime les enfants heureux. Y avait-il une raison de pour sourire, au milieu de sa vie misérable ? Sous les coups de son père, trouvait-elle quelque réconfort qui expliqua l'étirement absolu de ses lèvres ? Dans les pleurs de sa mère, décelait-elle quelque douce mélodie pour habiter sa gorge ? On aurait voulu la secouer pour lui crier d'être malheureuse, tant son bonheur semblait une tâche trop tenace. On aurait voulu lui crier que le monde était laid et qu'il ne méritait pas ses risettes épanouies. On aurait voulu couvrir ses joues de nos mains, en des baffes vibrantes, pour lui expliquer qu'il ne la laisserait pas fleurir, et que bientôt, on la trouverait toute fanée dans la parcelle d'obscurité qu'on lui avait cédée à sa naissance.
On voulait l'implorer de tomber dans le silence, de flétrir tout de suite pour que ce soit moins douloureux à tous, par la suite. On voulait geler sa danse pour ne pas la voir cesser dans le sang et les cris. Mais personne n'osait. Personne ne pouvait. C'était trop beau, trop pur ; on se nourrissait de cette candeur affichée, on s'enroulait à l'intérieur de cet éclat mirifique qu'elle dispensait dans la rue. Égoïstes, nous étions là, émerveillés, et nous ne faisions rien d'autre que d'assouvir notre besoin de lumière, en acceptant quelques secondes de considérer son existence comme une réalité. Il fallait nous voir, passer en vitesse devant elle, lui concédant un petit cercle qui tintait par terre. Nous, plutoniens de mine, jurassiens d'expressions, avec nos regards lointains et nos longues jambes qui pointaient vers des trains qu'on ne voulait pas rater. Tous emportés vers des étendues cyclopéennes d'acier émaillé de vitres. On pouvait peinturlurer le tout avec des blagues échangées du bout des lèvres, et des faux plaisirs payés rubis sur l'ongle, rien n'y changeait, c'était chose vaine que de le nier ; elle était la seule motivation du tempo lever-matin. C'était elle que nous attendions tout le jour durant, et c'était son visage flou, à peine entrevu, qu'on cherchait dans nos rêves. Celui de la gamine qui dansait au bord du monde, celui du lutin en haillons qu'on savait surgit d'un bidonville pourri qui empestait une parcelle de terre concédée à la misère humaine.
C'était elle, la Lune. Le soleil, les étoiles. On lui donnait tous les noms du songe, on l'enveloppait avec la poésie et la beauté meurtrie. On voulait bien lui donner tout ce que le temps avait assassiné, mais jamais une main ne lui aurait tendu le moindre cadeau dans le présent. Nos offrandes prenaient des noms balbutiés par des voix aiguës, tous ces espoirs oubliés qu'on ranimait à son feu, toutes ces rêveries que, ne sachant pas encore vaines, on berçait au creux du lit, certains de s'accomplir, comme si le monde avait quelque chose à faire des instants oniriques de l'éveil. On ne pouvait pas combattre son dégoût, on ne pouvait pas combattre l'heure fixée à laquelle il fallait poser le pied sur le sol contre lequel nous rampions pour travailler. Gageure ultime que celle à laquelle nous confrontait cette gamine.
On ne la connaissait pas, alors on l’appelait par des noms au hasard. On ne voulait pas s'arrêter de marcher pour regarder ses yeux sombres comme la mer à minuit. On ne voulait rien, on demandait tout. On aurait aimé passer des jours à l'observer, et lui donner sa chance de briller ici bas. Pourtant, c'était ainsi, et tristement ce le sera désormais pour toujours, personne n'aura rien fait pour la fée qui dansait, personne n'aura ouvert la fenêtre au lutin perché à son bord, collé contre la vitre, qui tentait d'interpeller le monde avec ses mouvements de cygnes, la beauté de son silence, et ses mains tendues pour mendier une aide dans laquelle on voyait une demande d'argent. Aveugles, aveugles que nous étions... Qu'avons-nous fait ? Que n'avons-nous pas fait ? Il aurait fallu se tendre vers elle, il aurait fallu lui prêter la force de nos bras. Au lieu de quoi, nous l'avons laissé croupir dans un instant d'éternel dénuement. Au lieu de quoi, nous sommes passés, empressés, à côté de cet ange merveilleux qui aurait voulu trouver des bras dans lesquels s'abîmer, pour laisser fondre sa peine en larmes enfin versées... Elle se taisait, alors nous avons cru qu'elle ne sanglotait pas. Elle cachait sa détresse derrière des danses et des sourires, alors nous n'avons vu que la joie.
Même cette joie valait que nous la sauvions. Nous ne l'avons pas fait. Nous n'avons rien fait.
Alors, fatalement, on a tué l’innocence. Un jour ou l'autre, il fallait s'y attendre, elle cesserait de danser. Elle vacillerait, trembloterait, et ses lèvres tressauteraient pour mieux s'immobiliser. Elle s'éteindrait, pour ne plus jamais étinceler. Il fallait s'en douter. Cette aura crépusculaire, l'emporterait finalement, c'était certain, si personne ne l'aidait.
Elle l'a fait. Cette lumière d'un autre monde l'a prise, l'a dérobée à nos yeux.
Aujourd’hui, de la gamine, il ne reste que ce chiffon de chair, cette pulpe ensanglantée qu'on a jetée contre un mur, qu'on a frottée sur les piques du monde, puis abandonnée tout au fond d'une ruelle. On voit briller, incrustés dans sa chair, les tessons d'une bouteille. La noirceur cacaoté de sa peau, retournée, écorchée, s'est noyée dans le sang que des coups ont expulsés de ses veines fragiles.
Voilà ce qu'il reste d'une étoile que personne n'a daigné recueillir.
Voilà ce qu'il reste de nos rêves.
Voilà l'innocence, tuée par l'alcool, par la main de son père, par la faiblesse de sa mère, par l’inaction de nos êtres serviles.
On a tué l'innocence.
Tous ensemble, en ne faisant rien, on a tué l'innocence. Il ne nous reste qu'à pleurer sur son corps, en promettant au vide qu'elle a laissé, que la prochaine fois, nous ne la laisserons pas seule... Que la prochaine fois, nous viendrons à elle, pour la sauver du monde implacable. Sanglotons des promesses, à l'ombre de nos paupières. Laissons nos larmes laver l'image de la gamine sémillante.
Puis, reprenons notre route, continuons à marcher.
On peut vivre sans elle. On peut souffrir avec nos coeurs vides. Le monde tourne, même sans innocence.
Laissons son corps ici, et rampons vers les ténèbres douloureuses du quotidien, en tentant d'oublier, absolument, en tentant de ne plus penser, car il le faut, en tentant de ne plus se faire mal, pour toujours, qu'hier, qu'aujourd'hui, et que demain encore, quelque pas que nous fassions maintenant, on a tué l'innocence...



Texte du 4 mars 2013.

L'enfant portait dans son nom un jarl plein de blondeur.
Certes, il était brun. Mais dans l'obscurité charnue de sa chambre, on lui aurait prêté quelque parenté nordiques avec des vikings dorés de toison, neigeux de peau et céruléens de regard. Niant l'acajou d'un iris, jetant aux oies ses mèches charbonneuses, il devenait, debout sur les draps froissés, le guerrier débarquant hache au poing pour pendre des fermiers. On l'aurait vu barbu, de la glace dans les cheveux, pillé les masures enflammées des pauvres terriens pacifiques, prêt à chanter au milieu des décombres, à violer, à passer la corde au cou de suppliciés ; ainsi rendait-on grâce à Odin, maître du panthéon. Il aurait pu s'enrober de ces actions mauvaises, tout à fait l'homme dur surgissant de la mer... Mais ce n'était qu'un enfant, quoi qu'en dise l'obscurité pleine d'illusions. Du viking, il n'avait que l'ardeur, le courage et la hardiesse proverbiale. On ne pouvait lui prêter de massacres sanglants. Ses yeux ne voyaient que le bien, que le bon, les beautés légendaires des anciennes épopées. L'enfance ne comprend pas les hurlements, le feu, le fer. Elle se nourrit de ce qu'il y a de bon dans l'Histoire, oubliant sa noirceur.
Il combattait, dressé face au vide boursouflé de ténèbres, les ombres venimeuses qui sifflaient sous son lit. Gondolées d'un fatal poison léthifère aux doux songes, elles se tordaient sur le sol, n'attendant qu'une chair rose à griffer. Elles se nourrissaient de contacts interdis avec des membres potelés, jaillissant de dessous un meuble pour surprendre le bambin qui posait pied à terre. Il les voyait qui tremblaient en périphérie du regard, au bord de la vision. C'était ainsi qu'elles vivaient, frémissantes dans les repaires secrets qu'affectionnaient la poussière et les objets perdus, là où jamais on ne va tâtonner. Car, dans ces terriers occultes, elles pouvaient se gorger d'une force employée avec science, une fois venu le soir. Elles nappaient de peur les heures étoilées. C'était leur dû que les frayeurs nocturnes, les sarabandes chuchotées de la nuit. Elles n'existaient que pour les frissons des bambins qui n'osaient plus sortir un pied du lit. Une jambe, se balançant... Des sueurs froides leur courraient sur l'échine, s'employant à pétrir la peau et les nerfs comme l'hiver malaxe les nuages pour faire pleuvoir la neige. On le voyait alors, s'enroulant dans des couettes protectrices qui dérobaient le monde à leurs yeux innocents. Souvent, les enfants abdiquaient face aux ombres. Nous avons tous connu celui qui se cache pour échapper à leurs crocs impalpables. Sûrement fûmes-nous même cet éclat de candeur frémissant entre les couvertures retournées...
Comment expliquer alors, l'air royal et hargneux du garçonnet qui fouettait les ombres empoisonnées ? Nous pourrions le faire, ensemble. Nous pourrions lire les chuchotis d'une entité omnipotente, et vous balancer trois cents mots voir plus, de l'histoire d'un garçon qui combattait les ombres de sa chambre ; quelques minutes plus tôt, j'avais des choses à dire là-dessus. Puis une voix est venue dans mon crâne, et a braillé un nom, et a hurlé des mots, jetant son bordel entre mes tempes, emportant le garçonnet, avec son épée imaginaire, ses ombres mauvaises, récalcitrantes, qui ne veulent pas retourner se terrer sous un lit, qui veulent ripailler dans les intestins étalés du gosse viking aux cheveux noirs ; c'est vraiment con d'avoir perdu cette histoire, il y avait des jolis mots dedans, on aurait pu chanter certaines phrases, comme si le texte avait entre ses lignes, une musique endormie qu'on réveille à voix haute. Mais voilà, c'est fini, c'est parti. Bien dommage, il y avait des remèdes dans cette histoire là, on aurait même pu placer, en s'arrangeant un peu, le mot alexitère, ce qu nous aurait tous assez bien changé.
Plaignez vous un peu, donc. J'ai d'autres chose à dire désormais. Faisons un saut dans le temps.
Le garçon a grandis, on le voit dans la cour d'un collège. Il aperçoit des filles qui fument à l'entrée des toilettes ; quel goût peut avoir une fumée ? Quel genre de fleur s'épanouit dans des poumons humains ? Il y a du goudron qui pleut dans la gorge de ces gens. On le voit s'envoler en tortillages blancs, devant leur visage livide. C'est foutrement laid, une cigarette qui crache son haleine blafarde au visage d'une ado au teint décoloré. Ses dents vont devenir jaunes. Celle du gamin aussi, car depuis le temps, il a un peu changé. L'innocence l'a lâchée, un beau jour de printemps, pour aller exploser dans des têtes plus vides. C'est donc ça, grandir ? On se perd, on s'empire. Le voilà qui se sent, inexplicablement, attiré vers ces brumes qui flottent face aux figures de quelques filles un peu trop vite troussées. Bah. Il n'y a rien de beau là dedans, c'est fichtrement sale, cette vie là. Mais que vas-t-on y faire ? Se suicider ? Allons bon. La bonne blague. Donnons-nous la mort pour arranger des torts, noyons le monde sous le sang de nos veines coupées, pour laver un peu ces étendues si mornes ; en voilà bien des conneries. Le jeune garçon comprend, qu'il va bien falloir vivre. Mais comment ? En étant quoi, au juste ? Ah. Il ne sait pas. Alors, il approche, il vient, il furète, il se pose, et soudain, on ne sait pas, peut être un peu plus tard, ou, dans la même journée, peu importe, sous le soleil, mais dans les ombres qu'il chassait autrefois, le voici enveloppé de voiles toxiques, qui le dérobent à la vue. Il est déjà trop loin. Il fume, le marmot aux os qui poussent. Bah. C'était tout tracé. Il crèvera d'un cancer des poumons. Peut-être.
Allons plus loin, vaguons encore vers des contrées moins vertes. Regardons-le un peu, lancer ses principes au visage des vieilles dames ; car à n'en pas douter, il y a des choses qu'on ne devait laisser qu'aux faces ridées et flétris, aux chairs plissées que le temps a pris entre ses doigts et chiffonné de tout son soul. Cette fois, le gamin a du poil aux joues. Un peu dans le cou aussi. En regardant bien, on peut voir ses ahans dans la rue. C'est qu'il chôme dur, pour pas grand-chose. Il pense avoir trouvé dans la fugue et la fuite, une liberté qu'on cherche, et qu'on n'attrape jamais. En voulant l’embrasser, il a pris le large pour des jours aux joies décomposées. On ne verra plus son sourire autrement que jauni, un peu brisé par quelques phalanges pressées de pétrir sa chair. Ses yeux ont rougi, aussi. Ils sont plus grands qu'avant : pupilles dilatés, air halluciné.
Allumez la télé, et regardez un reportage ; on parle de la drogue, et ce visage flouté, c'est celui du gamin qui, hélas, ne l'est plus tant que ça. La bande son de Requiem for a dream vous susurre à l'oreille. C'est cruel, d'utiliser ce genre de musiques pour un reportage. Presque indécent.
Vous ne voulez pas savoir, ce qu'il fait de sa vie, tout ce temps qu'il perd dans les rues infestées, pleines de ses reflets déformés, ces bouts de chairs gorgées de sang, un peu redressés de quelques os assez bien agencés ? C'est plutôt triste. Survolons tout un monde de vols, de violences et de promesses. Survolons les armes, survolons les cadavres impromptus, survolons dis-je, passons au-dessus de ces laideurs dont il est responsable. Voici le gosse, devenu père d'un monceau de cartouches vides, de quelques corps qui froidissent, de commotions, voici l'enfant qu'on a tordu, voici le viking moderne aux pupilles dilatées. Tremblez. Il a posé sa hache pour attraper une autre arme, un bout de fer, de plastique, et de matières quelconques, qui tirent des balles. Nommez-cela un pistolet, si ça vous chante. C'est un objet qui fabrique de la douleur, fabrique des trous, fabrique des cris, fabrique la haine. Tout ce qu'il y a à en savoir, c'est qu'il fait mal.
Maintenant, il dort entre deux poubelles. Il n'a pas eu le temps d'aller en prison ; on l'aura tuer avant, lui ôtant toutes ses chances d’appeler un vent nouveau pour décoller des ordures dont il s'était entouré. On a fait de la compote de ses yeux, allez savoir pourquoi, et son visage a un rien de ressemblance avec un morceau du guyère. Les rats vont venir lui ronger les apex. C'est ainsi.
Dîtes-vous que nous avons tous connu le gamin qui avait peur des ombres ; pas forcément ce qu'il est devenu. Et tant mieux. Si la chance a daigné poser ses yeux minuscules et chassieux sur vous, alors ce n'est pas votre histoire. Ô joie. On a besoin d'un monde un peu moins dément, parfois. Un peu moins rapide. Pas comme ici. Les mots se sont précipités. C'était comme vomir. Vomir des flots de paroles. C'est venu d'un coup, puis, c'est sorti.
Cette fois-ci, c'est ma faute. J'aurais pu ne raconter qu'une parcelle de l'histoire, aller moins vite. J'aurais pu prendre mon temps et décrire la soirée de l'enfant, juste cette soirée. Les ombres matées, le garçon qui bretaillait... Il y avait de quoi écrire un petit texte reposant, doux et court. Pourquoi tous ces mots jetés en travers de l'écran, alors ? Pourquoi ne pas s'être contenté de donner à l'enfant une nuit de bataille ? Il ne tenait qu'à moi de lui donner un destin plus simple... De rogner les perspectives, pour se concentrer sur les quelques heures nocturnes à peine esquissées plus tôt. J'aimerais revenir sur mes mots. Je ne peux pas.
Les choses sont dites, je ne vais pas effacer ces phrases. L'enfant aura souffert sous le jeu pervers de mes doigts. Désolé à lui, désolé à vous. Vous pourrez jeter des oeufs sur ma tombe.
J’attendrais, dans le cercueil, votre juste vengeance.



Texte du 5 mars 2013.

Cendres sur ta langue. C'est la saveur des rêves desséchés. Ceux qui sont morts en une journée. Ceux qu'un acte, une parole, ont tués ente tes tempes. Fin du monde. Fin d'un monde. Le tient. Soudain plein de foudre, quand une langue claque, jetant dans l'air des paroles qui volent comme un essaim d'étincelles glacées. Elles se précipitent sur ton front, passent dans tes veines ; c'est une douleur invraisemblable, que celle de la mort d'un songe. Plus horrible, insupportable, que la perte d'un proche. C'est une partie du coeur qui lâche. Se détache, cesse de battre... Puis, devient cette cendre au fond de ta gorge. Ce froid en ton corps. On enterre ses rêves, non pas dans la terre, mais tout au fond de sa chair. Au delà des lèvres, au delà des yeux. Entre deux os, les rêves reposent. Le cimetière caché en chacun de nous. Des limbes, pour les cendres. Elles volent là-bas pour l'éternité, dans un vent tistre qui chante comme la voix d'une nymphe sans arbre. Les sirènes pleurent sur la mort d'une étoile.
Elle a traversé le ciel, semblable à une larme sur la joue de la nuit. On se demande : la Lune est-elle un oeil ? On pose sur nous des regards séculaires. Chut. On nous écoute. Tu vois les étoiles ? Elles brillent d'un deuil éternel pour leurs rêves brisés. Les étoiles sont des coeurs qui ont cessé de battre. Une pulsation fantomatique, à jamais fichée dans le ciel. Elles tournoient, âmes en peine, les unes autour des autres, se jetant de biais des lamentations qui se transforment en comètes. Nous, sommes trop petits pour montrer ainsi notre peine. Alors, nous prenons notre peau, et nous y rangeons des cercueils. Chaque personne qui marche dans la rue, est un cimetière plein de cendres qui tournoient sordidement. La mort a des jambes. Elle erre dans les rues ; elle erre, sous le masque de nos visage. C'est un souffle qui nous soulève, puis nous rabat par terre. La vie est une longue agonie.
Tu ne veux pas savoir ça ? Tu ne veux pas connaître les mots qui m'ont fais mal à moi aussi ? C'est injuste. Tu as eu trop longtemps ce sourire fiché sur tes lèvres désirables. Je veux voir retomber leurs tendres commissures. Je veux te voir pleurer. Puis te rassurer, te prendre dans mes bras. Te dire que ce n'est pas important, car : je suis là. Je suis là, moi. Alors pourquoi pleurer ? Non, non. Laisse moi effleurer ta joue. Tes larmes, cela fait une pluie sur le cimetière enfoui dans ta peau. Tu ne voudrais pas qu'il pleuve dans un cimetière, pas vrai ? Ce genre d'endroit est déjà bien assez triste. N'y ajoute pas de la pluie. Ce serait tellement con de ta part. On ne peut pas se rendre coupable d'une pluie sur des tombes. Ils y'a des erreurs interdites, et celle-là en fait partie. Je suis désolé pour toi. Je suis désolé pour nous : on ne peut pas pleurer sur les rêves qui sont morts.
Pas de souffle à perdre pour des cendres. Retiens ton air, les sanglots fleurent trop dur l'acide. Il y'a de cet air, qu'on souffle des narines, embaumé d’arsenic. Les pleurs ont le goût des chansons tristes, c'est mauvais en bouche. J'entend des peaux trop sèches qui crissent sous la caresse du vent. Entends parler les pierres... Elles veulent qu'on grave des noms et des dates, sur leur figure anguleuse. Tout ça, c'est si triste. Je veux te voir vomir les rêves qu'on vient de casser contre la réalité. Je dirai des choses horribles pour t'en purger. Je vais le faire. Plante toi des doigts au fond de la bouche, ou je vais le faire. Je te promet que je vais le faire. Pour ton bien. Pour mon plaisir. Je vais le faire.
Alors ? Non ? Tu ne veux pas vomir ? Laisse moi t'aider.
On a pendu des vierges par les pieds, qui sont brûlées du contact de mains écorchées. On souffle des haleines chaudes contre des joues d'enfant. On colle contre les murs les peaux découpées des vieux qui sont partit. Les briques sont collées avec du sang de chèvre. Les patates sont les ovules de la terre. On fait des dentiers avec les écailles des lézards. Les morts ont des pieds cerclés de chair de poule.
Je peux continuer. Je peux en dire plus. Et ne dis pas : ce ne sont que des mots. Des mots ont tué des rêves. Alors, je te ferai vomir avec des mots. On peut insuffler de la force dans des phrases. On peut faire du mal sans toucher les gens. Regarde moi. Je te frappe. Je te met des doigts entre les lèvres. Regarde moi. Je touche le truc qui ballote à l'entrée de ta gorge. C'est laid tout ça. Il faut bien le faire, pourtant, c'est comme ça que fonctionne le monde... Tu ne peux pas m'en vouloir de te faire du mal. C'est pour ton bien, tu sais. Tu sais bien que parfois, il y'a des maux nécessaires. Ce soir, je t'aide avec toute ma laideur. C'est gentillesse de ma part, d'être ce monstre qui parle tant. C'est mon rôle, maintenant. Demain, tu devras me pardonner tout ça. Tu n'as pas le choix.
Je reviendrai, et tout les jours, et toutes les heures, je t'obligerai à me pardonner. Tu dois m'aimer, ou tu devrais, si tu ne le fais pas. Je veux ton bien. Je veux ton bien en te faisant mal. Ne dis pas : c'est faux. Tu n'en sais rien. Avant ce soir, tu croyais encore qu'on pouvait voler avec des rêves. Qu'on pouvait toucher les étoiles, et connaître intimement l'extase, rien qu'avec des rêves. Qui a balayé ces conneries ? Pas moi. Je sais. C'est dommage. Tu ne pourras pas m'en être redevable.
Mais je fais le reste. Je te répète : vomis. Ne deviens pas un cimetière auquel on a donné des jambes. C'est trop banal. Tout le monde fait cela. Tout le monde porte ses tombes. Ne sois pas si conforme. Ce n'est pas naturel, de ta part. C'est une faiblesse que je ne t'accorde pas. Je n'ai pas l'habitude de te voir rentrer dans le moule. C'est aussi un peu de ta faute, si je dois endosser le rôle cruel de la laideur nécessaire. Ah, tu vois : impossible de m'en vouloir. Si tu as des reproches, c'est à toi même qu'il faudra les adresser. Je suis exempt des fautes les plus importantes. Au final, je suis une chance dans ta longue agonie ; dans ta vie, si tu préfère. Ma présence t'est salutaire, crois moi. Tu me croiras, un jour. Quand tu seras redevenue raisonnable. Quand tu ne seras plus cette enfant qui pleure sur les cendres qu'elle a soufflé quelque part sous sa peau. Tu verras ce que c'est, d'être enfin un adulte. On se sent mieux... Pour peu qu'on ne soit pas un cimetière sur pattes, comme eux tous, qui errent dans le monde. Sois plus léger que tout ces idiots. Deviens le nuage qu'on ne voit pas, celui des cieux nocturnes. Sans ça, tu auras trop de difficultés à vivre. Vraiment. Ce sera un calvaire, oh, un calvaire auquel on prend goût, mine de rien, mais un calvaire, moi je le sais. Donne un peu de foi aux paroles de tes aînés, s'il te plaît.
Même si tu ne m'as jamais vu, moi, je te connais depuis longtemps. Je te regarde dans la rue, ou chez toi. Je te regarde vivre. Je t'ai vu, tout les jours, avec tes pauvres rêves. Et je me sus dis : je veux la voir sans, un jour. Aujourd'hui, c'est venu. C'est bien. J'attendais cela depuis un certain temps. Alors, cet homme qui a changé tes rêves en cendres... Je lui dirai merci, un jour. Du fil d'un couteau, car il t'a rendu faible ; un merci de fer et de sang versé. C'est ainsi que je parle à mes semblables, autres que toi. Avec des armes. Un langage plus net, tout en sensations... Un langage sans paroles, ce qui est beau, je trouve. Imagine, un idiome sans mots ! C'est le mien, à moi seul. Je te l'enseignerai, plus tard. Bientôt.
Fil doux sur ta peau. Éclair gris, éclair blanc. Caresse froide aux tons d'acier. Éclat morne, chaleur liquide, qui bouillonne à fleur de corps. Une plaie qu'on ouvre, un couteau qu'on lève. Regarde le sang perler, il est si beau... J'aime ces fluides carmins. Ils sont beaux d'une beauté étrange qu'on ne connait pas en étant aussi banal que des cimetières perchés sur des jambes. Tu me comprendras, un jour, bientôt peut être, en étant sage. En apprenant tout, avec gentillesse. En silence.
Tu verras. Je vais cesser de parler. Je te ferai vomir sans paroles. Je te parlerai sans mots. Contente toi de mes mains, et du jeu des couteaux. Plus simplement, nous discuterons de tout, ainsi. Mais ne choisies pas pour autant d'enlever de l’étoffe à ton être ; sois compliquée. Je te préfère complexe. Et de loin... Et de près aussi, désormais. De si près. Jamais je n'ai été si près. Le grain de ta peau... Je peux glisser dessus.
Sois silencieuse. Moi, je saurais l'être.



Texte du 6 mars 2013.

Les gens sont des billes qui roulent dans la gorge d'un géant. Ils glissent sur des langues, et tournent dans des creux ; orbes au milieu des entrailles, sphères dans les veines. Ils parcourent des artères cachées. C'est un roulement froid à l'intérieur des corps immenses, un parcours glacé de lilliputiens pour vivre sans peur.
Les gens refroidissent dans des tubes asséchés. Ils vivent au travers d'obscurités moites, en écoutant respirer les ténèbres. Des murmures les cernent et font danser leurs pensées ; c'est les jeux des échos qu'on envoi à leurs oreilles. Doucement... Ils s’immiscent, au fond de leur crâne rond. Ils y trouvent des parois contre lesquelles résonner. Des pensées perturbées, contaminées peut être, bondissent et tournent en rasant des courbes froides d'un contact qui n'existe pas. Les chimères gloussent fortement dans ces ombres ouatées, leurs murmures se transforment en cris. On voit des chuchotis qui prennent de l'ampleur. Ils engloutissent les vides énormes d'un cimetière de pensées. Happé, l'espace est mort. Il se laisse digéré par des secondes qui ne vibrent pas.
Les gens essaient de voler dans ces géants qu'on ne fait qu'entrevoir. Ils s'écrasent contre des peaux touchées de l'intérieur. On les voit s'empêtrer dans des membranes humides. Ils tourbillonnent dans des voiles baveux, papillons putréfiés qu'on a pris au piège. Un monde est né dans les chairs pulpeuses qui croupissent à l'intérieur d'un ventre. Il rampe entre des tripes charnues. C'est un monde qui ne connait que les déformations. Il ne peut pas rester le même. Il faut l'entendre glisser contre les organes suintants. C'est une chanson méconnue. Celle des univers qui éclatent dans l'ombre ; nés d'un bruissement, tués d'un souffle. Sulfureuses démences. Mortes dans des flammes qui ne brûlent que les fantômes.
Les gens tombent dans des gouffres qui s'ouvrent avec des bruits visqueux. Muqueuses glissantes qui frottent, aqueuses, l'une conte l'autre. On s'y vautre, des doigts plongent dans des matières qui aspirent des membres. Les os s'y enfoncent, aussi bien qu'en la boue. Il y a des langues pour lécher ces boursouflures. Elles glissent contre une douce chaleur, humide, lascive. L'épaisseur moelleuse des tissus gonflés se renferment sur des corps minuscules.
Les gens n'existent plus. Avalés, ils attendent les sucs-gastriques qui viendront les dissoudre. Il ne fallait pas habiter un géant.


Texte du 7 mars 2013.

Prout.
C'est le bruit retranscris d'un pet. Est-ce que ce qu'on peut trouver un peu de poésie là dedans ? Ou bien c'est juste laid ? Je me demande si on peut écrire quelque chose de beau à partir de cet onomatopée. C'est sûrement difficile. Un jour, peut être... Je pourrai commencer un livre par ça. Le bruit d'un pet, retranscris en première ligne. Premier mot qu'on lirait au début d'une histoire. Je me demande comment réagiraient les gens. Probablement mal. Surtout si c'est pour le premier livre que je sors. Bon. Ce sera à éviter du coup. Dommage. Mais un jour, j'essaierai. Peut être. Si je m'en souviens. C'est con une mémoire, parce-que vachement lacunaire. Donc ça reste à voir, quand même ; il faudra peut être que je marque ça sur un post-it que je m'arrangerai pour trimbaler pendant longtemps, en le glissant dans mon livre du moment, puis dans chaque ouvrage que je lis ensuite. Vu que je vais partout avec ces rectangles pleins de feuilles, je devrai pouvoir m'arranger pour pas oublier ça.
...
Remarque, c'est bête comme projet. Je devrais penser à des trucs plus. Grands. Enfin. Un peu d'ambition. Autre chose qu'un livre qui commencerait par : Prout.
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