-Écritures automatiques_

05-06-2013 à 15:25:39
-13 avril 2013-

J'irai tuer des baleines en Andalousie.
Et même que ce sera beau. Parce-qu'ensuite je les badigeonnerai de mayonnaise fraîche puis les découperai en cube pour en faire de la bouffe à un dîner avec pleins d'autruches. On pourra tous chanter ensemble au-dessus de ces petits cubes dégoulinants, ce sera tellement cool. Vous verrez, ce sera beau, vous verrez comme ce sera beau, un peu beau comme la gueule d'un ange qu'on a pas encore attrapé par les ailes, et vous verrez comme je pourrai jouer au lovelace avec les autruches toute pourries qui traîneront autour des tables en formica, et vous verrez comment on va tous bien s'amuser à dévorer les petits cubes de baleine ; et même si c'est une espèce de baleine en voie de disparition, et bah on en aura tous rien à battre, vous verrez, parce-qu'on sera juste tellement heureux de pouvoir danser avec les chandelles qui auront finis de roupiller après minuit, et qui viendront danser sur les tables au milieu des plats pleins de champignons pour mettre le feu aux louchons puants qui joueront les lovelaces contre les pieds des chaises. On ira tous caresser les peaux de nourrissons empourprées de lupus et on pourra même décrocher des étoiles pour les fourrer dans la gorge du vent. On sera débridés. Vous verrez un peu.
Vous verrez comme les choses traîneront moins dans nos jambes, pour mieux s'envoler dans les lunes qui séquestrent la nuit ; vous savez, ces vieilles lunes un peu prostituées pour lesquelles ont écrit les poètes et chantés les chanteurs, hein ?, ces lunes molles et blafardes qui transpirent de la lumière dans leurs jupons miteux et moites, découpés dans le cuir noir de l'espace. Vous verrez un peu ça, voyez comme verrez, ahah je ris d'imaginer vous voir voir tout ça, vous voyez ! VOUS VOYEZ COMME JE RIS ? JE VOUS ENCRASSE LES CONDUITS AUDITIFS AVEC CA HEIN PAS VRAI ? VOUS ÊTES BIEN MOINS MALINS AVEC DE LA MERDE DANS LES OREILLES BANDE DE LOUFIATS CAMBODGIENS A CHAUSSES LOUSSES. AHAH. AHAH. JE RIS, JE RIS DE VOUS.
Mais vous verrez, bientôt on rira tous ensemble pour les dés de baleine, et bientôt on ira prendre les chandelles à bras le corps pour les marier à des cierges, et puis on ira cracher sur les autruches violées, et puis on prendra des chaises pour taper sur les murs et réduire en charpie la salle de fête, histoire de danser tous en groupes de cinq au milieu des débris du monde tout poisseux comme des ovaires expulsés ; on fera ça tous les cinq ans, parce-que la lustration c'est cool, et on fera ça mieux que n'importe qui aussi, même mieux que les démons bourrés qui traînent en bas du paradis pour voir sous les jupes des colombes. Vous me croyez pas ? Rien à battre, hein, rien du tout, parce-que j'ai vu que ça viendrait et que ce jour-là, et que cette nuit-là ( ce sera une éclipse danse le ciel, clair-obscur purpurin sur le monde en ruine ), vous pourrez plus faire autrement que de me croire et de faire comme moi en vomissant dans la bouche des baleines pour les tuer et les découper en cubes ensuite.
C'est le plus important, c'est ce qui fera tout commencer, juste découper des baleines tuées en Andalousie pour en faire des cubes qu'on trempera dans de la mayonnaise. Et ouais, ça tient qu'à ça l'ordre du monde, aux baleines d'Andalousie, ahah, vraiment fin comme fil, vraiment tout petit, nooooooon ? Moi je trouve bien, on pourra même le découper à la cuiller et s'improviser Parque avec des ongles trop longs hein, c'est dire quand même, on pourrait juste faire basculer le monde dans le chaos avec des baleines, alors là, là, là, c'est vraiment un grand bordel messieurs et mesdames, un vrai bordel avec des poneys, des papillons et des catins ailées qui chantent pour les nuages.
ON VA ACCELERER LA DECADENCE DU MONDE AVEC DES BALEINES ANDALOUSIENNES DECOUPEE EN CUBES, ET OUI C'EST COMME CA, ET OUI ON VA FAIRE CA TOUS ENSSEMBLE ET CA VA COMMENCER UNE NUIT QUI SERA UN JOUR QUI SERA UNE ECLIPSE ET PERSONNE NE POURRA DIRE NON PARCE-QUE TOUT EST PREVU DANS MA TÊTE ET QUE CA MENT JAMAIS ENTRE MES TEMPES. Alors préparez vos cartes d'embarquement et mettez vos caleçons sur vos crânes, parce-qu’ on va commencer à tout préparer maintenant. Affûtez vos fourchettes, lustrez vos couteaux, peignez bien vous les aisselles et vernissez-vous les cils. C'est le moment. C'est l'instant.
C'est tout de suite que le monde va basculer. C'est tout de suite qu'on se prépare pour la fin du monde. C'est là qu'on va tous sauter d'un côté pour faire pencher la balance si fort qu'elle en tombera à la renverse.
C'est maintenant.
C'est avec vous.
C'est avec toi.
Et des baleines.
Andalousiennnes.
Découpées en cubes.
Puis.
Badigeonnées de mayonnaise.
Et servies à des autruches.
Ouais.
Rien que ça.
Rien que tout ça.
Tout de suite.
En streaming.
On y va. C'est juste l'heure de foute le bordel et de massacrer l'univers.
Juste l'heure de crever en entraînant le monde entier avec nous. Promis. Ça va chier. Promis. Ce sera comme une dysenterie absolue. L'ordre fondamentale va se vider ses boyaux dans des flots de merdes sanglantes.
Promis. Promis à vous. Promis aux lézards. Promis, vous savez ? Ouais. Bien sûr. Vous savez.
Allez, on y va. Pour de vrai. On met nos chaussons et on y va.
On y va.
On y va.
On y va.
En Andalousie.
Pour butter des baleines.
On y va pour de bon.
ENSEMBLE.
Tout de suite.
Et puis.
Flop.
A tous les lézards de la terre, juste : flop.
C'est tout.
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05-06-2013 à 15:26:47
-29 mai 2013-

Eh dis, tu brûles.
T'as dans le regard des flammes qui font mal. Et ça me chamboule tout ça, ça me retourne follement comme un manège, et sous tes yeux qui flamboient, je suis un nuage déchiré. J'ai envie de pleurer et d'arroser le monde avec mes larmes chaudes, sous les feux qui rugissent dans ta pupille gigantesque ; c'est parce-que je me sens mal, dis, là silencieux et immobile comme un pantin sans fils, et dis ça me fait souffrir fort comme du citron sur la langue, cet incendie que tu trimbale, dis ça me tue, dis ça me consume sauvagement, et j'en peux plus d'être une bougie, et j'en peux plus d'être en cire, je voudrai avoir des ailes pour m'envoler loin de toi, et chanter à l'aurore pour repeindre le ciel avec ma voix, pour arrêter d'être ici avec toi et tes yeux qui me brûlent.
Ah c'est trop dis. Dis moi, dis ?, pourquoi c'est moi qui dois subir ça ? J'aurai juste voulu être un oiseau et pouvoir danser avec le vent, eh dis, j'aurai juste voulu être un jouet amoureux entre ses mains glissantes et m'ouvrir comme un coquelicot au son de ses rafales, et dire : je suis heureux. C'est pas juste ce qui m'arrive, c'est pas juste ce que tu fais là. Tu pourrais arrêter si tu voulais, et t'en fais rien, tu reste fixé sur moi et tu jettes des allumettes sur mes cils et des charbons dans ma bouche, mais moi je n'en peux plus de la cendre et des flammes qui roulent trop loin dans mon ventre et carbonisent mes tripes dans une grosse fumée noire. J'en pleure, j'en pleure fort. Pourquoi mes larmes sont aussi chaudes ?, je veux dire j'ai tellement froid d'un froid d'hiver qui ne passe pas au fond de moi, malgré tes yeux qui sont là et qui brûlent tellement fort, je veux dire, c'est comme si j'étais dans une tempête et qu'on m'avait engourdis avec de la neige et je ne peux plus sentir les choses sur ma peau, alors c'est fou que mes larmes soient si chaudes, je ne comprend pas, je ne comprend pas. Dis moi un peu, c'est juste que le monde est absurde hein ?, comme dans une pièce de Ionesco et qu'en fait je titube pour rien sur ce fil là que tu m'as tendu pour que j'en tombe, que ta main dans la mienne, c'est juste pour me rappeler combien ça brûle sous ta peau.
Range tes yeux s'il te plaît, dis fais ça pour moi et part, et lâche ça, lâche mes doigts et tant pis si tu les emmènes avec toi, pars juste loin comme un orage qui passe, prends tes éclairs de feu avec toi, moi je garderai tes braises et j'essaierai de les éteindre, pour ne plus être un âtre.
Dis, range cette seringue s'il te plaît, range là dans ta poche et coule jusqu'au sol, coule par terre et deviens flaque obscure et deviens choses molle, je sais pas, deviens dépouille vibrante, étoile fracassée et laisse moi. J'ai des relents de pourriture dans la gorge qui m'étouffent c'est comme si tu étais déjà mort mais tu es toujours là, et ça fait mal, ça fait mal d'un mal de cœur battant fort-fort et grandement en moi.
Eh dis vas-y un peu arrête de brûler et meurs pour de bon,
Moi je deviendrai une fleur et j'attendrai la neige.
05-06-2013 à 15:27:30
-29 mai 2013-

J'ai brouté les nuages, et. Doux-amers un peu. Sucrés. Ils fondaient sur la langue. C'était chantilly saupoudrée de sucre roux et de cacao, je crois bien, et j'aurai pu trouver des fraises en cherchant plus loin. Le ciel est peut être la grande coupe de fruit d'un dieu capricieux, je veux dire, une sorte d'entité un peu louche qui utilise le monde comme panier et qui nous déplace comme de bonbons-gélatines. Sûrement un gosse. Un marmot énorme et mafflu, genre les poutis des tableaux de la renaissance, ces angelots dégueulasses, boudinés, dont je me demande toujours si ils finiraient pas par chier sur les protagonistes si on les animait magiquement. Et chaque mort est un ourson moelleux qu'il fourre entre ses grosses lèvres rouges, puis qu'il mâche ; bordel, dieu est sûrement un obèse. C'est pour ça que les américains sont tous si gros et que les baleines ont un langage plus développé que le nôtre, hein, c'est parce-que la surcharge pondérale est bien vu par dieu. Quel enfoiré. Il aurait dû tous nous faire débordant de graisse. On aurait pu dire que les poignets d'amour c'est beau et que les bourrelets qui tressautent ont quelque chose d'érotique, je sais pas moi, mais ça aurait arrangé tellement de monde s'il avait été réglo le gamin, dîtes. On aurait pu tous mourir de cholestérol et de diabète plutôt que du cancer ou d'une tumeur au cerveau, bordel, ça aurait été si beau, hein ? Je veux dire, un monde comme ça, c'était plus simple.
Dieu est sûrement un tordu. Surtout pour m'avoir laisser brouter les nuages, bon, déjà pourquoi moi ?, et je veux dire, c'est pas normal et logique et tout. J'ai l'impression de faire un bras d'honneur aux lois de la physique et à un peu tout le monde, heu, je me sens mal dîtes et ça me tord les tripes ce remord, holala je crois que je vais-
...
...
Voilà j'ai vomis. C'est. Sale. Je vais nettoyer, et puis. On verra après. Mais oubliez tout ça, bon. De toute façon les nuages c'était juste une histoire pour avoir de l'argent et des regards, hein. Je veux dire. Je suis bourré quand même et ouais, hein, dans la rue c'est si laid la vie, qu'on veut un peu d'attention, 'voyez ? Je. Enfin. Bref.
Désolé d'être un clodo quoi. Aller, du vent.
05-06-2013 à 15:28:06
-5 juin 2013-

Elle s'épanouissait à l'ombre des buildings
une fleur noire aux épines de toc
sur son corps torturé
aux pétales séchés qui clamaient
que le mort c'était là
et qu'elle lui avait prise
quelques années déjà

C'était la grande merveille des rues désertes
au milieu des ordures elle était une reine
et des déchets elle faisait son terreau
et des clochards son peuple
elle donnait à leur yeux
des étoiles
juste ça des étoiles
et c'était beau comme les joues
dîtes moi un peu vous voyez
comme les joues rouges des pommes

Elle avait sur elle des notes endormies
à portée de son cœur des chansons éteintes
qui résonnaient encore dans ses pauvres mains
quand elle tendait au monde son solfège morbide

Elle avait sur elle des mélodies sauvages
envolées un beau jour
et aussitôt retombées
qui contre ses joues faisaient des tâches
qui contre son cœur faisaient des troues

Sur ses yeux on voyait les étoiles
qu'avaient glissées en une heure quelconque
démunies s'agiter tristement
prisonnière des Édens qu'on a tué

Avec ses feuilles elle jetait les caresses
comme des pierres sur les gens qui passaient
en gardant pour elle seule les échos doux-amers
des vieux chants qui s'étaient avachis
sol-mi-la-fa-do-ré-mi
claquement de voix
contre ses pétales
claquement de claque
bruit des larmes

Elle s'était un jour déployée ici-bas
et depuis le monde sanglotait
à son ombre elle avait fait son jardin
et les poubelles se gorgeaient de soleil
et les poubelles fleurissaient
dans la rue pleine d’asphodèles
et la rue s'embaumait
des senteurs de son cœur

Elle avait cessé de vivre un beau jour de printemps
quand s'endormaient les pelouses sous les nuages du soir
quand s'endormaient les gens et les chiens de la fourrière
elle avait arrêté incapable
simplement incapable de continuer à vivre
un beau jour de printemps
simplement incapable de dire je t'aime au monde

Elle avait des senteurs qu'on donnait aux gamins
des choses comme le citron les mures fraiches et la crème
comme la pâte à gâteau et les odeurs humides
des peluches serrées jusqu'au craquement de coutures

Elle s'épanouissait à l'ombre des buildings
elle était belle comme sont belles les tombes
d'une beauté de silence et de froid
d'une beauté d'hiver
sur son visage vernale
d'une beauté d'hiver
comme les flocons oubliés
qui ne savent plus fondre
qui ne tomberont plus

Elle était l'étoile qui avait chuté
déchue la comète des nuits nitescentes
la comète décédée
avec ses vœux serrées
avec ses vœux dans ses bras
avec la cendre de ses vœux

Elle était la sublime carbonisée
un peu du monde qui était mort
elle était le ciel coulant
les journées de miel qui n'ont pas su durer
les fleurs ouvertes qui se couchaient
l'herbe jaunie de juillet
tout les sourires qu'on a gardé pour soi
et les rires qui s'étranglent
et les bonheurs
et les joies
les jours heureux
décédés

C'était la fleur dans la cité des Hommes
la couleur des grisailles monotones
impératrice des heures pétillantes
c'était notre beauté
notre muse
notre terre qui souriait
doucement
mourrait sans gémir
c'était les fraises qu'on mange sans laver
les carrés de chocolat entre les repas
les ballons éclatés et
sur les murs les dessins déployés

La fleur la fleur
la voix éteinte
la fleur subite
la fleur sublime
fleur d'un jour fleur d'un siècle
la voix qui dort
et qui accuse
chanson perdue
flocon de miel
éclat seconde
sourire jeté
du toit du toit
fleur volante
dans la rue
fleur sur le sol

Et demain le jour sera plein de fleurs
demain l'air sera plein de fleurs
demain sur les trottoirs
je rejoindrai
toutes les autres toutes les fleurs
demain la mort demain la vie
demain pour toujours
demain à jamais
05-06-2013 à 15:28:47
-5 juin 2013-

Marguerite, Marguerite, qui danse au fil des jours, valse dans le pollen avec ses rêves crevés. Elle oublie les heures grises, et jette contre la terre sèche les souvenirs pernicieux ; les piétine sous ses souliers, Marguerite aux tendres sourires. Sous ses cils flavescents s'élancent des regards plein de miel, et ses mèches blondoyantes, contre ses joues mouchetées, font des couleurs de sirop doré, senteur de fruits mûrs et saveur sucre roux. Elle sent l'eau de rose, dans sa bouche fleurissent des coquelicots, et même le camembert ne saurait faire soupirer entre ses lèvres des relents nauséabonds.
Marguerite, schizophrène quand elle parle au silence pour jeter hors d'elle des émotions qui brûlent trop fort ; carbonisée par ses peurs, Marguerite, incendiée la jeune plante, douce fleur, belle poupée de satin aux armes d'encre et de papier.
Marguerite a dans la bouche une cuillère dégoulinante de confiture -rubard, couleur d'opale à l'aube- quand elle pense aux prochains mots, aux phrases d'après. Elle mâchonne des boutons d'or en riant de leur poison et glisse entre ses lèvres des feuilles de menthe qui lu donnent l'haleine fraîche du printemps naissant.
Marguerite, c'est l'enfant dans les champs, c'est le cœur chaud qui frémit sous la brise.
Marguerite, c'est aussi Zachary. Zachary aux yeux d'étoiles fichées dures dans le ciel, aux cheveux de moire, qui fait sur ses joues des dessins de nuages et de fleurs déployées. Zachary qui chante accroché à ses bras blancs, à Marguerite, qui la fait tourner sur les trottoirs, éclat d’obsidienne pulsant tendrement. Zachary qui joue à Don-Quichotte, en combattant les lampadaires fait ogres par ses yeux plein de lumière, qui abat sur tige métallique des bâtons tout jaunis par la moisissure.
Zachary, flacon d'ambroisie. Zachary, candeur éternelle. Sur le cœur en miettes de Marguerite, tu colles du sctotch à la faveur de ses larmes.
Zachary, comète en sucre. Tu danses dans le ciel fleuris, embaumé des senteurs de Marguerite qui rit, rit, rit, décrochant les étoiles ravis du bout des lèvres, pour en saupoudrer tes yeux qui jamais ne s'éteignent...
05-06-2013 à 15:29:18
-5 juin 2013-

Une heure le ciel, au bout du jour, et les enfants qui jouaient contre l'aurore plaquée. J'étais de ceux-là.
Les aubes avaient un goût de rose et les nuages flottaient comme des œufs battu en neige. C'était tout un monde nouveau déployé entre aujourd'hui et demain, un monde avec un peu d'éternité condensée dans ses secondes. Comme des colombes lasses, nous avions fait nos nids contre ses branches d'éther. Il fallait encore apprendre à utiliser nos ailes. Enrobées de plastique. Souffle de lumière sur les plumes.
Envol.
Cellophane déchiré, liberté gigantesque. Le monde est si grand comme une étreinte éphémère, le monde est tellement vaste comme les bras de ma mère. C'était tout simplement l'univers entier qui s'ouvrait à nos ailes et réclamait qu'on y vole. Candeur sucrée, journées de miel. Sur la corniche des jours on jetait des oranges, qui doucement roulaient sous les sapins de noël. Le temps des fruits qui voyagent.
Gorgés de soleil, nous devenions des pommes. Juteuses et rouges, qui balançaient leurs rondeurs jusque sur l'horizon. Et là éclations en pluies ; nous étions tout les bonheurs du monde qui dérapent des astres.
J'ai connu quelques étoiles qui ne s'assumaient pas, et parfois alors nous brillions à leur place, en agitant des lampes torches dans la nuit de velours. On s'enroulait en anges contre la nuit profonde et creusions des silhouettes contre sa peau de moire. C'était si simple d'être heureux. Bonheur saveur meringue liquide. Les jours coulaient comme du sirop en nous laissant le goût de toute ses joies sur la langue. On mourrait de diabète, en riant comme des étoiles filantes, on mourrait des guimauves plein la bouche, avec des intraveineuses de bonheurs contre les bras, et sur mon front on aurait peint la galaxie endormis entre les bras du vide.
Envol, envol. Mes ailes sont en papier mâché et je cède à leurs battements humides. Un jour je tomberai. Un jour le gosier du vide me prendra, et je tomberai dans la gorge du vent, en j'entendrai la voix des nuages qui se moque de moi, un jour la lune tendra vers mes yeux des cratères souriants. Un jour je tomberai et toutes les joies du monde dévaleront avec moi jusqu'au ventre des airs, là où s'échouent la poussières et les Hommes.
Un jour je serai adulte. Un jour le monde-pistache. Aussi petit qu'une pistache. Un jour le monde-couvercle. Un, jour dans une boîte... Je vivrai comme une chenille qu'on a enfermé, et jamais je ne deviendrai papillon. J'attendrai la chrysalide, mais j'en ressortirai larve, et puis. Néant saveur haricots-verts, pissenlit éteins qui s'endorment contre la joue poussiéreuse des jours d'été. Oublieuses des bonheurs, les heures d'obscurité, froides et amères, les heures d'ennui sous la tombe dans le lit. Les cercueils sont des boîtes de conserve pour insectes. Mais ils n'ont pas de couteau pour les ouvrir, c'est tout. Ils doivent les ouvrir à la force des mandibules. C'est tellement dur. Dur le monde, due, la vie. Un jour plus de vie, plus de monde. Et moi je m'éteins comme les fleurs dans la poussière.
J'ai étouffé enveloppé dans mes ailes et maintenant je paie les jours d'inconscience azurée. J'ai pris le temps à rebrousse-poil, il me donne cinq cent claques et me laisse pantelant. L'existence est une cuillère remplis d'épais sirop pour la toux. Je suis gluant. J'ai fondu comme un bonbon dans la bouche. Comme un chocolat dans la poche. Maintenant c'est finis, et pour toujours et pour jamais et je ne pourrai plus aller voir le bout des jours pour goûter à l'aurore.
Les aubes estompées ont finis de pleurer sur les anges décédés. Maintenant je roule contre des hérissons en priant la gangrène. Viens, viens, je t'en supplie viens vite. J'ai le mal de la vie, je vais vomir et tout finira dans ce flot de gerbe pâle. Empêche moi de tomber dans ma propre existence défaite. Je me suis perdu à un détour du ciel, mais je n'ai jamais retrouvé le bon chemin. Je suis fatigué d'errer contre le monde râpeux, je suis comme un oiseau sans ailes entre les pattes d'un chat, et sur sa langue j'attends que tombent les dents de la délivrance.
J'ai mal j'ai mal, je souffre comme les framboises qu'on noie je souffre comme les pierres brûlantes qui sont jetées contre les vitres. Cherche moi une corde, je me pendrai sur la branche de l'horizon qui ne bouge plus. J'ai pour tabouret les os de mes rêves assassinés. C'est finis, c'est finis. Tout es perdu désormais. L'univers s'est éteint, replié sur lui même, et les jours ont oubliés leur propre goût au détriment de la bile et du fiel des années sans innocence. Les mondes ratatinés bruissent comme des feuilles mortes, tous les futurs possibles craquent sous mes pas et je pleure sur eux, je pleure comme sur des tombes. Ma vie est un cimetière sans fantômes, ma vie est triste comme la peau ridée d'une vieille dame. Je crois que les années sont mortes et ne veulent plus revivre dans mon esprit. J'oublie tout ces jours arrosés de miel. Leur teinte est grise comme mon visage.
Tuez moi tuez moi avec des mots, frappez mon corps si vous y tenez, je ne sais pas, je ne sais plus, est-ce que j'ai déjà su ?, je veux partir, libérez moi des chaînes de la vie, car tout n'est plus qu'une mauvaise blague et je ne saurai souffrir qu'on se gausse de moi plus longtemps encore. A toi je te demande un couteau, ou tes ongles. Tord moi les yeux et fouille mes veines, prends mon cœur dans tes mains et frotte le contre tes joues jusqu'à en faire de la charpie moite. Ce n'est pas important que ça fasse mal, je veux juste connaître la fin plus vite, je veux juste. Le silence et la nuit.
Avant je fuyais et je voulais le sucre des journées séchées, mais c'est finis pour de bon, et maintenant je sais que plus jamais on ne posera sur mes yeux des fausses paupières en pétales de coquelicots, je sais que les sucreries sont faîtes poussières et que les joies sont éphémères comme les étoiles dans le ciel qui tombent après avoir été déçus.
Ne pleurez pas, ne riez pas. Surtout toi, tu ne peux pas, je. L'amour est mort et tu m'aimes encore. Je ne sais pas. Peut être que ce n'est pas vrai et qu'on cesse de brasser de la joie quand on sent que l'été approche. Il m'a desséché. Je regrette les hivers doucereux qui me cueillaient et posaient sur mes joues pâles des bourrasques comme il n'en existe plus. Où sont passés les buissons de mures pleins d'épines, où sont les arbres centenaires et les vieilles maisons dans la forêt ? Où est l'enfance, où ais-je été perdu ? Où me suis-je laissé abandonné, où suis-je tombé ? Pourrais-je remonter un jour, peut-on reconstruire les ailes qui ont été brisées ? Je veux les brumes citronnées et la douceur des jours, je veux les beautés dont on m'a privé le jour de la chute, je veux, je veux, je veux.
La liberté. Je suis né pour toi, liberté, je suis né pour t'embrasser, oh j'ai été là pour toujours entre tes bras une fois, pourquoi suis-je maintenant ici ? Liberté, liberté, hurlement de mon cœur, chanson sauvage qui hante mon sang, liberté liberté, reviens moi je t'en prie. Je suis une bête qui ne connait plus sa place et je regrette les bois. Les bonheurs d'aujourd'hui me font mal et les sourires sont comme des coups de couteau. Je ne supporte plus les gentillesses des autres, de. Ce monde si triste. Je ne suis plus certain de connaître ce corps. J'étouffe. Je meurs. Je meurs d'une mort longue et infinie. Un supplice sans fin s'attaque à moi, je ne vois plus l'horizon, je ne vois plus la route. J'ai mal quand je vois ce monde, j'ai mal quand je vois tout ces gens, j'ai si mal de la douleur des autres.
Parfois je pleure, et dans le noir mes larmes n'existent pas. Et parfois au jour je tend mes joues scintillantes et mes yeux qui veulent exploser en gerbes liquides, mais alors je souffre de ce dénuement.
J'ai été déçu tu sais, par le monde et les gens, ils m'ont tendu la main pour poser sur mes joues la brûlure de leurs claques. Je ne sais plus comment. C'est arrivé et je n'ai rien fait, hébété. Maintenant je les vois tous, heureux ou luttant pour des joies qu'ils ne savent pas savourer. Ils ne regardent pas autour d'eux le rayon de soleil qui tombe sur le sol, il ne voit pas les coquelicots au bord de la route, et pour eux les arbres ne sont pas des géants de bois bienveillants. Ils vivent à côté du monde en croyant le connaître, et pourtant c'est faux. Ils ne sont qu'en bordure de lui, pour toujours, aveugles, mais ils ne savent pas et ne sauront jamais. Que dois-je faire ? Immergé en ce monde mieux que tout ces gens, que dois-je faire ? Mettre un bandeau sur mes yeux, décrocher les étoiles pour m'éblouir jusqu'à la cécité ? La boue n'est pas fertile ici, elle salit, et je dans cette fange je me roulerai si je pouvais tout faire cesser alors, mais je sais que c'est faux et que pour toujours une voix dans mon crâne chuchotera des mots et des accusations, je sais que quelque par derrière mes yeux il y a une chose qui ne peut pas s'endormir, qui ne pourra jamais, qu'elle aura pour moi des murmures douloureux ; et je ne peux rien y faire, car on ne fait pas taire cette voix, elle ne s'éteindra plus maintenant.
Elle me raconte le monde comme une chanson triste et soupire à chaque phrase. Elle sanglote parfois en me parlant des gens, et regrette la fumée qu'ils aspirent, les changements qu'ils subissent ; elle dit qu'en d'autres temps ils étaient différents et que maintenant elle souffre, que maintenant elle regarde dépitée ces personnes qu'elle avait cru connaître. Mensonge. Immonde mensonge dégueulasse à en gerber immonde mensonge qui m'a porté, immonde immonde immonde. Je voudrai ne pas savoir, mais c'est trop tard maintenant. Je sais. Je sais ce qu'ils sont, ce qu'ils font, je sais ce que je suis. Je ne peux plus me cacher tout ça, et. Battement d'ailes des corbeaux. Sur mes yeux de l'ombre comme de l'eau. Quelque part de l'herbe et du vent ; mais pas ici, autre part, et je suis là pourtant, et je suis là.
Où est le reste du monde, où est posé l'Islande ? Où sont les forêts, où sont les mythes ? Je veux devenir une feuille d'un arbre, et pousser partout dans les rêves des enfants. Je veux être l'instant de candeur des adultes qui se sont oubliés, je veux être dans l'ombre des gens heureux qui redécouvrent la beauté d'une pelouse. Regarde les épis de blés vert qui brillent au soleil, je leur dirai, regarde les marguerites qui s'élancent vers le ciel, regarde le monde à côté du monde, regarde, regarde, c'est ce qu'était la terre avant et il en reste un peu, prends ta part, défends la, exige qu'on te rende tout ce qui a été volé. Regarde.
Je suis si vieux quelque part, et tellement jeune. J'ai des folies qui me poussent, et des rêves en trop, j'ai des angoisses qui rongent fort et trépignent dans mon cœur. Ce que je suis c'est ça, c'est une bête sauvage dans un corps de gamin. J'ai toujours été la créature des bois, des océans profonds, et maintenant je vais mal ici, dans la ville, je vais mal dans le monde qui rétrécie. J'aurai voulu avoir les pieds cornus et la peau comme du cuir, j'aurai voulu vivre près d'un forêt aux milles yeux et bruisser avec les feuilles quand serait venu le soir. Je voulais une autre époque, un autre monde, je voulais. Kairec. Autre chose. Un univers plus loin. Je voulais le roulis éternel des vagues, et l'herbe ondulant entre les mains du vent, les sources chaudes, les volcans, les jours froids pelotonné contre des gosses aux joues douces, voilà c'est ça, une autre vie, plus profond dans le temps, une autre vie seulement, une autre vie.
J'aurai voulu les voyages qui défilent façon photos, de faux chemins qui serpentent sous les yeux et pas de route du tout, juste l'inconnu et l'horizon qui tremble. J'aurai voulu un monde fébrile et cent humanités dispersées vénérant la faune et la flore, j'aurai voulu. Des lutins dans des villes d'acier, des enfants qui ne grandissent jamais, l'écume des vagues contre le pic des montagnes, les chants du soir devant un lac scintillant, les couleurs de nos joies peintes sur le ciel, j'aurai voulu. J'aurai voulu le monde comme il était, en plus beau, j'aurai voulu le sublime et les douceurs qui durent toujours.
Je veux retourner au bout du ciel, ou je ne veux rien. Je veux retrouver les nuages et la lune, ou ce sera l'obscurité. Donnez moi la vie, donnez moi la mort. Je ne sais pas.
Donnes moi ton sourire si tu ne peux pas créer le monde. Donnes moi quelque chose. J'ai besoin de toi, j'ai besoin. De solitude et de silence, j'ai besoin de temps, j'ai besoin de fleurs et d'herbe grasse, j'ai besoin ds forêts qui vibrent doucement des oranges déclinés du crépuscule sur un monde endormis redevenu sauvage.
Un jour, bout du ciel, je te reviendrai. J'aurai perdu mes ailes et mes yeux seront blancs, mes cheveux tomberont comme le duvet des oiseaux. Je serai la feuille morte qui roule contre toi, je serai les pétales sèches qui se fracassent sur tes ondes, je serai si tu veux l'ange maudit venant mendier aux portes du paradis, je serai le démon osseux, je serai la vague fracassé qui retourne à la mer.
Je te veux, je te veux si fort que parfois j'en pleure, je te veux comme les plantes veulent le soleil et comme les galets veulent les marées changeantes, je te veux plus fort que tout, je te veux comme un premier souffle d'air, je te veux comme une bouchée de pâte d'amande, je te veux si fort, je te veux. Prends moi dans tes bras, berce moi contre toi je t'en supplie.
Arrache moi au monde, pour une fois qui durera à jamais.
Arrache moi à la vie.
Arrache moi.
Arrache moi.
Arrache moi.
05-06-2013 à 20:17:27
-5 juin 2013-

Flotte sur l'eau couleur de miel
comme les jours sur le temps

Il roule dans le ciel
avec les nuages
et brille comme les astres
sur le satin du soir

Flotte doucement
sur les flots dorés
flotte sur l'or des journées
qui n'en finissent plus

Il est des jours sans fin
où se déploient toutes les beautés
et sur ta peau aujourd'hui
des fossettes
lumineuses
extensions d'un sourire

Flotte bel enfant
et ne porte jamais
ton doux regard candide
sur demain qui approche
05-06-2013 à 20:44:08
-5 juin 2013-

Je suis mort et j'ai grand froid, c'est comme la nuit qui serre contre elle les cœurs des enfants.
J'ai dû marché des lustres pour arriver ici, j'ai dû parler aux ombres et leur dire que j'aimais les étoiles froides du ciel ; j'ai dévoilé aux astres mon âme ravagés, j'ai laissé les étoiles toucher mes plaies saignantes. Je suis laid. Comme une épouvantail blanchis de la fiente des corbeaux, comme une souris prise au piège, comme un lion en cage. J'ai fondu j'ai défais, je suis froid et petit comme un glaçon sur la lange- dans la gorge et qui meurt. L'océan est noirceur sous mes yeux et ses roulis me font l'effet d'un carré de chocolat. J'aimerai dormir entre ses vagues puis ne jamais plus m'éveiller, j'aimerai plonger dans la couette de cette mer glacée pour m'offrir ses caresses salés. Tendre un peu mes yeux ouverts à l'écume et lui laisser geler mes cils comme ma peau et mes dents.
J'irai croquer au fond de l'eau les racines du monde, je dénicherai dans le sable les perles de glace qui fleurissent dans les ténèbres profondes. Et là-bas je chercherai la mort comme une amie sincère. En lui tendant la main je lui dirai merci puis ; explosion des saveurs sur la peau elles coulent comme l'onde sur mon corps. J'aurai aimé être un fruit suspendu à un arbre, et le vent m'aurait bercé jusqu'à ce que je sois blet. Je rêve d'être un pomme blossi, je rêve d'un monde où les gens pourraient devenir des pommes rondes qui mûrissent. On ferait avec moi un bon cidre, qui toute sa bouillaison attendrait la grande choppe, et les lèvres, et la gorge... Oh je voudrais être cette chaleur qui court dans les veines, je voudrai être une flamme dans le cœur et la fièvre entre les tempes, parfois. Je voudrai devenir l'ardeur qui anime dans les journées d'hiver, juste un flocon de feu posé tout au fond de toi, tellement de beauté ingérée que tu finirais par en sourire fort fort fort. Fais de moi un boucon si tu veux, tu sais ça me dérange pas, moi je veux bien avoir tout le poison du monde si ça peut t'étirer les lèvres. Te voir sourire c'est comme si le soleil se rallumait après avoir été éteint pendant de longues années, ah ce serait si beau pour un choppe de cidre tout ça, ce serait si beau des lèvres souriantes... Et de mon tronc, et de ma branche, on ferait une joli bouisse, et je serai fier moi tu sais, je serais fier comme le lion en sachant ça. J'en verserai des larmes sucrées comme la fleur d'oranger qu'on verse dans les gâteaux tu sais, et on pourrait pétrir mes joues toutes imbibées pour en faire des cookies, et juste. Sourire ensemble au dessus du monde qui s'en fout et qui tremble des guerres.
Oh je veux t'aimer comme ça moi je veux t'aimer à la manière du vent qui aime les joues des enfants et des pommes flétris qui gloussent entre elles au pied de l'arbre. Laisse moi t'aimer comme je veux, c'est pas beaucoup c'est juste comme les pissenlits qui explosent sur la pelouse ; jaune canaris des blondeurs subites. Et après fleurs-poussières dans nos cheveux pour rejoindre la pelouse. On aurait des dents comme des éclairs qui fusilleraient les yeux d'une blancheur soudaine. Imagine un peu ! Nous serions beaux, tout les deux ! Nous serions beaux dans le jour.
Prends ma main, aller. Lâche cette clope et prends ma main.
Aujourd'hui les anges ont des braises dans les yeux, alors sois un déchu ; c'est pas grave si c'est avec nous, c'est pas grave si c'est pas seul. Viens bel oiseau, rejoins les gens qui ne savent plus quoi faire du monde.
Deviens un paria.
07-06-2013 à 11:21:19
-7 juin 2013-

Asphodèle qui est-tu que fais-tu, où sont passées tes mains de pétales et de rosée ? J'ai cherché longtemps les douceurs de tes joues, et pourtant n'ais trouvé que le feu des refus, mais alors où-es tu Asphodèle où-es tu, et quels sont tes murmures loin de mes oreilles ? Comment sont les étoiles avalées par la nuit, Asphodèle, comment sont les lumières éteintes ? Y a t'il quelqu'un pour dire des mots doux à tes pétales de soie, quelqu'un qui murmure sur l'écrin de ton cœur ? Asphodèle, Asphodèle, magnifique et sublime a t'on versé du ciel sur les coulures de joies que j'ai laissé tomber sur ta peau de satin ? Asphodèle comment sont les ombres de si près, comment sont les ténèbres quand on vit dans leur ventre ?
Ô ma tendre Asphodèle, j'ai entendu dire qu'on t'avait laissé pour morte sur une terre grise, j'ai entendu les gens dire que la pluie ne voulait plus de toi, et que les nuages dans les cieux vides se moquaient de toi, se moquaient de tes yeux ; Asphodèle, est-ce vrai, a t'on vraiment raillé notre amour et ton nom ? Ils t'ont dis de retourner en enfer, et de couler sur le feu des regards souffrants, ils t'ont dis que l'orage viendrait saisir tes feuilles et qu'un jour l'automne te fanerait, te tuerait ; Asphodèle mon amour, où sont passés tes sourires en ces lieux infidèles ? Je ne comprend plus ton nom quand on me dit que tu pleures, je ne sais plus tes lèvres si elles ne sourient pas, c'est comme l'orange sans zeste et les citrons doux, c'est comme la pomme qui n'a plus de pépin et l'oiseau bleu qui tombe, je ne peux pas savoir si il n'a pas ses ailes, je ne peux pas savoir la fleur sans ses pétales ; je ne te sais pas sans sourires, Asphodèle, tendre aimée, Asphodèle de mes nuits et des jours, de l'aube au crépuscule je t'oublie car je ne te sais plus.
Les grimaces ont versées sur toi du fiel goudronneux, ton cadavre est accroché dans un musé morbide. C'est ce qu'on m'a dis de toi, Asphodèle, et comme ça je ne te sais plus, je ne peux pas te savoir. J'aurais aimé lire en braille la joie sur tes joues, les fossettes qui se dessinent et quelque part le plissement sous tes yeux, j'aurai aimé me baigner dans le bleu et le vert et le brun de tes yeux, dire à tes cheveux qu'ils sont doux sous mes doigts et m'en faire un habit dans notre lit d'herbe tendre. Asphodèle souviens toi comme nous étions beaux sur la pelouse nacrée, sous la lune qui chantait aux étoiles une mélodie sans fond, souviens toi Asphodèle des soirées dans mes bras et des jours sous mon souffle, souviens toi Asphodèle souviens toi.
C'était il y a longtemps quand on ne savait pas le nom des étoiles, c'était le temps des soupirs et des obus qui sautent, c'était quand dans la boue ne poussaient que des corps, et que dans nos regards on ne voyaient que les éclats, les fêlures des cœurs qui ne battront plus. En ce temps là on mourrait tout les jours, mais au moins on vivait dis, on vivait Asphodèle et c'était beau comme le soleil sur tes joues, et c'était beau comme ton dos qui glissait sous mes paumes. Je ne sais plus quand c'était Asphodèle, il y'a trop longtemps de ça que le soleil c'est éteint et que loin de nos lèvres on a cessé de vivre, comme ça peut-être un beau jour de printemps, un beau jour de printemps on a arrêter de fleurir.
Quand ais-je fané Asphodèle, quand la joie a flétrit sur mes joues ? Quand les lumières du monde ont-elles disparues ? Asphodèle, je ne sais plus, je crois que jamais elle n'a brillé sur nous, je crois qu'un jour tout a été tué et que c'était avant nous, avant qu'on naisse, avant nos mains qui s'enlaçaient.
C'est finis Asphodèle, pas vrai la distance nous a tués tout les deux et maintenant les heures sont grises, et maintenant je suis un peu de poussière remuée par le vent comme un vêtement abandonné par terre qui donne ses manches vides aux bourrasques. C'est comme ça que finissent les amants quand s'éloignent leurs doigts, et que plus jamais ils ne se voient tout deux, face-à-face perchés sur la corniche bonheur, et je crois Asphodèle, que pour nous depuis longtemps on peut dire que c'est mort, que tout est mort, que nous sommes morts sans avoir jamais vécus vraiment, et que maintenant nous tombons, pauvres corps sans souffle, dans l'herbe jaunis qui craque sous nos ventres.
Tournés face-à la terre Asphodèle, on embrassera les vers, on va bouder le ciel et faire taire les nuages. Viens Asphodèle on va mourir ensemble, on va chuter tout les deux sur le visage sec de la terre, encore une fois et la dernière, c'est promis Asphodèle, c'est promis comme l'aube qui viendra demain, et peut être toi avec.
Asphodèle dis on fera du beau terreau, tu sais, sur nos corps pousseront des fleurs et elles seront belles comme toi Asphodèle, sur nos tombes on aura toutes tes filles Asphodèles, tout les enfants qu'on aura jamais fait-
Fleurs dans la lumière, descendance fruitée qui embaume et palpite entre nos os enlacés.
07-06-2013 à 21:10:36
-7 juin 2013-

La lumière fait des chants en tombant sur ta peau, qui sont plein du bruit des soleils qui s'endorment. Je me souviens qu'une fois en me penchant pour voir ton épaule dénudée, j'ai trouvé une étoile coulée des cieux noirs. Elle palpitait doucement en donnant de la voix, glissant en soupirant sur ta clavicule, mâchonnant en ses vers une complainte aussi vieille que l'espace lui même, et ça disait une chose comme ça, qui faisait écho dans mon cœur :

Brûlure du froid quand je suis seule
grande brûlure de solitude
qui consume l'espace et mes yeux
ah brûlure de la nuit éternelle
qui pose sur mes joues ses mains froides
brûlure à mes oreilles mortes
dans lesquelles ont gelées de vieilles notes

J'entend le soir des chants qui s'enlacent
dans nos voix éteintes qui lasses
s'assoupissent à l'ombre des cils
s'assoupissent contre nos lèvres sèches

Mes mains sont sillons et poussière
on a posé là bien des siècles
et contre mes yeux qui se ferment
j'entrevois la lueur des ténèbres

Les ombres sont pleines de lumière
une lumière noire qui transperce
ma propre lumière fragile
qui doucement s'en va dormir
qui doucement s'en va faillir
qui doucement soupire et s'éteint
qui doucement doucement doucement
doucement doucement prend la cape noire
et s'en va-

-contre ta peau, contre ta peau, sur tes épaules ma douce. Écoutes les étoiles qui pleurent, dans la manche tricotée du soir séculaire...
07-06-2013 à 21:23:32
-7 juin 2013-

Je dépose
sur tes joues
mes mains froides

elles ont gelées dans l'aube qui glace les montagnes, tout au fond de l'Islande où dorment les glaciers. Ils soupirent tu sais ils craquent comme des personnes âgées, et ça fait dans mon cœur des chansons comme des feux de bois ; c'est comme si la glace était une grande bûche et que moi écureuil je courais sur elle, comme si là-bas étaient tombés des géants, et que maintenant sur leur échine j'avais pu m'endormir. Un jour je t'amènerai là-bas en prenant tes deux mains, et on balancera nos pieds contre leurs yeux fermés, et tu verras le bruit clair des glaces qui grondent et ronflent. Je te montrerai le feu au fond des volcans et la cendre des nuages qui s'élèvent en hurlant, je creuserai dans la terre gelée pour trouver le cœur des flammes qui ont cessées de brûler. Ah tu verras les poumons pleins de flocons de notre monde qui meurt ; c'est aussi beau qu'un premier hiver dans la neige brillante ! Je me souviens d'un jour
où sur les monts obscurs
on entendait le vent qui bourdonnait grandement
et c'était un souffle je sais
la respiration d'un géant endormis
moi je dormais entre ses pieds parfois, ça avait cette drôle d'odeur fraîche qui remue les sinus, tu sais quand la menthe te tend les bras et que tu respires soudain mieux qu'avant, je veux dire, c'était vraiment beau pour les pieds d'un géant. Je te creuserai une grotte dans son gros orteil, tu verras, et un jour on voyagera au gré de ses envies, quand il s'éveillera ; on sera là tout les deux dans cet orteil gelé, on fera des rires comme des mélodies
notes étoilées fichées dans les cieux qui jaillissent
prune la couleur des nuages aujourd'hui
l'éclipse meurt mais sa lumière pas
sans cesse se font ses bruits et
nos pas sur la glace qui craquent comme les notes d'un piano.
Tu verras l'Islande comme notre partition.
07-06-2013 à 21:45:57
-7 juin 2013-

Vive, elle coule,
sur,
la nuit,
qui dort
et meurt,
contre,
nos,
yeux

folie
08-06-2013 à 20:18:09
-8 juin 2013-

Rage en ton coeur,
tu la sens tu la sens ?
c'est ton cri vers le ciel
brûlure
ta gorge vibre pour les nuages
ces créatures
elles rient tu entends ?
elles se moquent de toi ;
fissure le monde de ta colère

lumière cachée au fond des ombres
obscurité crève
crève le monde crève crève crève
je veux voir saigner les arcs-en-ciel sur tes joues

tu sais que c'est finis toutes ces années là
le bonheur est mort TU ENTENDS IL EST MORT ?
et nous on marche sans lui en faisant semblant
comme si les choses
c'était pas du passé
comme si les épines des roses filaient pas le tétanos

mais c'est finis c'est plus pour nous
les illusions ne suffisent pas
il faudrait tuer le monde
tuer le monde
trancher nos veines au dessus de l'herbe
et regarder les marguerites devenir rouges
rouge rouge rouge
comme nos joues après les claques
comme nos coeœurs qui saignent

aller dis moi que ça vaut la peine
je frapperai
je promet la douleur
je te jure que je te ferai mal
dis moi que le monde n'est pas pourris
qu'on peut encore dessiner sur les murs
aller vas-y
vas-y
je sais que tu peux pas
parce-qu'au fond de toi ça grouille aussi
les pensées mordent
on est finis nous deux dis
on est fait
on est morts

concrétisons juste ça
23-06-2013 à 17:02:04
-23 juin 2013-

L'aube s'étiole sur l'horizon ; plaie grise qui suppure une lumière éteinte. Le ciel saigne un pu décoloré qui s'épand dans le monde en flots glauques. Cieux maladifs, à en vomir. Ils ont le teint cendreux des mourants. Le soleil semble sur le point de grésiller et de disparaître. Il se terre quelque part, léchant ses plaies, à l'abris des nuages aussi lourd et gris que le plomb.
Quelque part gronde l'orage. Claquement de foudre, sans lumière. Le tonnerre fait rouler des menaces sur sa langue bouillante. Le vent pourrait les porter dans ses mains écorchées à force de caresses sur cette terre rugueuse, mais il est mort ici, et sa tombe est un vide magnétique. Fasciné, l'esprit se perd dans ce néant. Pas un bruit qui ne trouble ce silence, pas une respiration. On en vient à attendre avec fébrilité le prochain éclair. Les cieux font languir. Silence bourdonnant, habité par les oreilles de bruits qui n'existent pas. Il faut combler ce vide atroce ; vite, mirages sonores. Laissons parler des voix qui n'existent pas. Chut. Doucement. Ecoute. C'est la folie qui murmure.
Sur la terre
des coups
étoiles tombées
qui meurent et glissent
dans la
poussière
Les astres ont oubliés de retrouver le ciel. Ils sont blottis dans les gerçures de la terre, et les volcans font pleuvoir sur eux des pluies de cendres ardentes, qui froidissent contre leur peau vérolée. Catins du ciel, mortes. Volcans tourmentés.
Une toux tuberculeuse les saisit parfois, et au loin, on peut alors voir leur sang bouillant qui serpente, visqueux, sur la roche craquelée. La Terre se vide ici. Elle crache, éructe, vomis. Ce pays est un dépotoir. Ici meurent les étoiles, se fanent les jours, et tombent les âges. Le monde est décédé, voici la tâche grise, l'éternel crépuscule ; si un jour s'avise tristement de venir ici porter sa lumière, alors entre ses doigts de roche, l'entité maléfique qui habite le paysage viendra la flétrir. Nulle journée ne peut ici déployer ses pétales.
Désespoir glacé que réchauffe une lave puissante. Islande.
Sur tes côtés rocheuses
échouent les décédés
meurent les journées
crève l'espoir
s'éclatent les rêves
tu es pleine de sang, islande bien aimée
tu est pleine de mort
et ton ciel est glacée
à l'image de ton cœur
dont chaque battement
sépulcrale
profond
terrible
fait jaillit de tes plaies érigées
un flot bouillant de sang
qui brûle et tue
sang lumineux
unique radiance
islande islande islande
Ce soir les étoiles s'allument dans le ciel, mais les nuages les ont avalés. L'orage mâche les astres, et la foudre fait un rire à la tempête qui vient fracasser sa chanson sauvage sur le silence béant.
Islande, tu ris du monde qui t'entoure-islande plaie nécrosée-
Islande infecte et magnifique
tes beautés sont froides
et tes baisés mortels
23-06-2013 à 21:01:55
-23 juin 2013-

Les mêmes odeurs, sur les même peaux. La même lumière qu'avant, dans les même yeux. Rien n'a changé, tout est resté de même ; voici ma demeure qui s'éveille, s'étirant et baillant, et mon regard qui brille, émerveillé. Avais-je vraiment pensé que les choses étaient différentes ? Quelle pensée stupide ! Non.
Les mêmes lèvres sur les miennes le matin, les mêmes mains qui me frôlent. Rien n'est mort, rien n'est disparu. Ce n'était qu'illusion que rêves, et je suis là dans la réalité. L'air est plein de douces odeurs qui s'enroulent dans le vide avec avec des courbes langoureuses. Le monde est sensuel... Il parle à ma peau.
Jamais le mot n'aura eu autant signification. Sensuel. Qui communique avec les sens ; discute avec mes narines, appelle mes yeux brûlés gentiment par le soleil, salue mes jambes cotonneuses. L'éveil en un univers qui ne connait que l'opulence. Vivre est si agréable. Je connaissais ce goût, et j'avais cru l'avoir perdu, mais c'est faux ; le monde n'a pas changé. Mon monde n'a pas changé.
Je me lève, je sors du lit.
Sous mes pieds l'asphalte noir. Humide de pluie. L'air est frai. Mes cheveux gouttent, et ma barbe est emmêlée. Entre mes deux poubelles, j'ai trouvé le repos. Devant moi, la rue s'étire jusqu'aux lumières lointaines. Le jour est gris comme une feuille mouillée. Une lumière terne colle au ciel, mâchée par des nuages maussades qui crachent une bruine fine sur la ville.
Mon monde. Mon monde qui a changé.
Un jour, j'ai eu une famille. Une demeure.
Aujourd'hui j'ai la rue, et la pluie, et le vent. J'ai les bruits de la ville, que les murs me cachaient, tendres gardiens de mon intimité. Ils étaient là, et je ne les ai jamais remercié. Aujourd'hui c'est différent. Je parle au monde autour de moi, et je lui dis des choses. Aux poubelles qui se sont serrées contre moi pendant la nuit, je déclare :


-Mes plus chaleureux remerciements, charmantes dames. Vous étincelez joliment ce matin ; la rosée vous donne un teint chatoyant qui vous sied aussi bien qu'aux étoiles. Passez une bonne journée, et qu'elle soit généreuse, pleine d'ordures. Mes hommages. Adieu.
Et je pars. Je marche vers l'univers au delà de la ruelle, cet endroit pleins de lumière. J'ai l'impression qu'il tangue alors que j'avance vers lui, j'ai l'impression que la lumière vibre, et que les murs sont tailladés par ses jaillissements soudain. Des poignards courent dans l'air. J'ai l'habitude de ces visions ; c'est ainsi que je vois le monde désormais. Ô heures sereines, charmantes compagnes aux atours éphémères, adieu, adieu, portez vous bien parmi les nuées de vos sœurs défaites ! Adieu ! Moi je sus seul sans vous, mais je vis, diantre, je vis encore. Comme c'est étrange. Vivre sans vous, vivre sans famille ni demeure. Comme tout est flou et grand, comme tout est vaste. Immense. Hostile. Sublime.
Je met un peu d'ordre dans ma barbe en marchant, elle fait comme des broussailles sur mon visage. Des broussailles grises et blondes, comme le ciel, dans lequel perce quelques rayons timides. J'ai le visage du temps céleste. Je suis un miroir de ce jour qui coule, humide, sur la face du temps mouvant.
Disparaître-je au soir avec les nuages et le soleil ? Et demain, je serai autre, avec un nouveau visage composé par le ciel...
Je fais un pas dans le monde, dans la ville. Elle est pleine de gens qui ne savent pas où ils vont. Ils fourmillent partout et se frôlent, se parlent avec des gestes sans le savoir. Ils avancent sans se regarder, marchent vite, agonisent en pensées trois mille fois par seconde ; au vu de leur visage pendants j'en déduis qu'ils n'ont pas bien dormis. Pourtant ils ont tous des lits, des demeures. Mais ils sont sourds et aveugles... Ils ne voient rien, ni n'entendent. Mêlés en une foule, ils ne sont qu'une entité blafarde à mille mains et mille pieds qui dans un même mouvement se balance vers cent destinations différentes. C'est effrayant de grandeur. Et pourtant, quelle ridicule immensité ! Quelle gargantuesque blague ! Que croient-ils vivre ? Pensent-ils faire quelque chose de leur existence, pensent-ils être véritablement vivants ? Pourquoi ces visages longes et gris qui se cernent et se pâment sordidement ? Ah leur regard, leur regard ! Éteint, sans éclat, dénué de tout, même d'ombre. Non. Ils n'ont pas même d'ombre dans leurs yeux. Ce ne sont que des disques ternes qui reflètent la lumière et coulissent à peine dans le jour mortellement gris. J'étais ainsi. Malgré l'odeur sucrée de la peau de mes enfants, malgré les lèvres délicieuses de ma femme, malgré ma famille qui tournait, tournait, dansait ! Ah ! Malgré la famille qui me lançait en l'air au mariage, malgré la famille qui chantait, malgré, malgré... Tout. J'étais ainsi moi aussi. Je m'en rend compte désormais... Mais. Aujourd'hui, je suis hors de leur rivière pâle, qui roule des flots lents et gris sur le bitume d'un noir de nuit éclatée. Je suis hors de la crue d'humain qui déferle sur les trottoirs. J'ai eu la pluie du ciel ; celle des Hommes m'est étrangère, lointaine. Quel orage a dont jeté mes semblables à bas, de cette manière ? Quelle violence les a donc fait chuter face contre terre dans des cendres quelconque, quel froid terrible a donc saisit ces gens qui promènent des regards gelés sur leur existence morne ? Monde glacé. Iceberg.
J'ai tout perdu un jour. J'ai tout gagné. J'ai échangé un monde contre un autre. De l'un, je ne voyais rien, et de l'autre je vois tout.
Je fronce les sourcils devant ce flot humain qui serpente face à moi. Et bien ? Je devrai donc me mêler à eux pour continuer ma route ? Quelle pensée dérangeante.
Sans façon.
Volte-face. Je me tourne et marche vers la place que j'ai laissé. Avant de la reprendre, je fais un sourire gêné à celles qui me l'ont gardé. Révérence maladroite habillée de frusques trouées.

Mesdames. A la vu du monde qui tourne, j'ai pris la décision de vous rejoindre. Une nuit de votre compagnie ne m'aura pas suffit ; ma journée vous est donc dévolue. En l'espérant pleine de joie...
Je m'assoie entre elles. Ce sont des poubelles agréables, loquaces et passionnantes. La journée sera bonne, sans doute.
Alors comme ça, vous avez déjà été le repaire d'un gamin, hmm ?
Sourire.
Je suis libre.
23-06-2013 à 23:03:42
-23 juin 2013-

Les jours se brûlent à ma mémoire. Ils se font cendres dans mes pensées- immolation du temps. Couché de soleil, aube rosée, vous n'existez plus. Vous êtes mortes dans l'éternité.
J'ai posé mes yeux sur le parquet et j'y ai vu de la lumière. Cet instant était beau, le plus beau d'entre tous. C'était une flânerie sur le sol, et une flaque de soleil sur le bois. Sublime simplicité.
Alors j'ai décidé que le monde cesserait de tourner, qu'il n'y aurait plus de secondes, ni de minutes ; encore moins de jours ou d'années. J'aurai dix sept ans pour toujours. Je ne grandirai pas. Je vais vivre un dimanche à jamais. Ce sera mon existence. L'éternité. L'éternité ou rien.
Mais pour trouver l'éternité, j'ai dû trouver la mort.
J'aurai dix sept ans pour toujours, dans la pierre gravée de ma tombe. Dix sept ans pour toujours, dans le corps luisant des vers. Dix sept ans dans les fleurs, dans le vent ; dix sept ans, dispersé dans le monde, tout proche de chaque vie qui brûle.
Dix sept ans et l'éternité- loin des étoiles, mais profond dans la terre.
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