2010, quand je mettais encore cinq point de suspension même dans mes textes. /meurt
Epreuve numéro un.
Courbe verte, indolente,
Se glissant paresseusement,
Le Snake poursuit sa pitance juteuse.
L’arène souillée par ses fluides visqueux,
Tombeau sinistre, écarte et mélèze,
Se voit emplit d’un corps qui s’accroit.
Masse de chaire gonflée,
Gueule avide distendue,
L’enfer s’ouvre sur des crocs effilés.
Pauvres fruits sacrifiés,
Abandonnés, balancés,
En le prédateur affamé !
Et pourquoi ? Pensez-vous,
Mais pour quoi ?! Criez-vous !
Bien pour VOUS, pauvres fous !
Détendeurs d’une sourie,
D’un clavier infernal,
Doigts et mains coopèrent,
Pour délivrer l’enfer !
Triste fin pour des pixels,
Que celle qui les attend :
Par un monstre dévoré,
Puis ensuite digéré.
Ô ! Cruels Muxxiens !
Esclavagistes, négriers !
Avez-une une conscience ?
Un cœur bat il en vous ?
Ainsi tuer d’innocents fruits,
Envoyé le malin à leur trousse,
Le trompeur du jardin !
Vous êtes tous le Diable !
Joueurs de Snake,
Vils démons,
Monstres immondes,
Bientôt vos murs tomberont !
Viendra la lumière,
Par delà les ruines sombres,
Et enfin sortiront,
Les cohortes enfermées,
Dans les plus noires pensées …..
Le temps de l’irréel approche.
Epreuve numéro deux.
Connaissez-vous le génie qui a un jour dit : « La Terre est bleue comme une orange » ? Et bien, si non, ce sera bientôt le cas. En effet, c’est sur cette citation, que je vais introduire l’histoire de la fin d’un monde. Pour vous en informer, ce génie n’est autre qu’un poète répondant au nom de Paul Eluard Oh, bien sur, il compte bien d’autres œuvres que cette simple phrase, à son répertoire ! Cependant, c’est celle-ci qui nous intéresse maintenant. Attention cependant ! Je vous préviens que cette histoire ne parle pas d’oranges, et encore moins de choses bleus. Pourquoi l’introduire par une phrase parlant d’une orange bleue, me demandez-vous donc ? Ah ! Pauvres incultes ! Et bien, car cette histoire voulait être introduite par un fruit azuré. De plus, elle apprécie vraiment cette comparaison, et a insistée pour que je la commence en la citant. Ceci-fait, je pense que je peux lui laisser prendre les rênes, et que désormais, elle peut s’écrire toute seule. Je ne voudrais pas tous faire. Ce serait dommage de ne pas laisser cette histoire s’exprimer toute seule, vous ne pensez pas ? Après tout, elle aussi a le droit de défendre ses idées. Même si aucune idée n’est à défendre, en cet instant. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas vous en informez ! Après tout, le savoir est la clé du pouvoir. Et je suis sûr que vous êtes avides, vous. D’ailleurs, c’est d’avidité que veut parler cette histoire. Enfin, disons cela comme ça. Vous voulez bien l’écoutez ? Non ? Ce n’est pas grave, de toute manière, les histoires ne parlent pas : Elles s’écrivent. Quoi qu’il en soit, je vais laisser l’occasion à Ginette de se commencer.
Bonjour, donc. Je remercie mon auteur de son introduction, et je lui suis gré de m’avoir présentée, et mise en valeur. J’espère que vous allez me lire, et que vous m’apprécierez, car je suis venue au monde il y’a quelques instants à peine. Mes parents s’appellent « pensées » et « folie », et c’est pour cela que je compte vous parlez d’une pensée folle, ou tout du moins, d’une pulsion irréfléchie.
Tout commença dans une grande ville de porcelaine, dans la contrée de l’étagère vitrée. C’était une grande tour de verre, qui était pourvue de trois étages, où vivaient des fèves pacifiques. Elles étaient dispersées sur ces trois étages, mais n’avaient pas beaucoup de place pour vivre. De plus, elles ne pouvaient pas bouger. Ce n’était pas une vie très agréable, car le Possesseur passait beaucoup de temps près de l’étagère, et les fèves devaient donc être calmes, silencieuses. Les pauvres, restaient statiques presque toute la journée ! De plus, le Possesseur ramenait toujours de nouveaux habitants, et la place commençait vraiment à manquer. Pour tous vous dire, il n’y avait presque plus d’espace : Seulement des petites figurines collées les unes aux autres, agglutinées, immobiles, fixant la porte de verre. Toutes rêvaient secrètement de partir à la conquête du monde de la Chambre. Que d’avidité ! Mais c’en était une bonne, car après tout, n’est-ce pas une vertu que de vouloir découvrir l’inconnu ? Certes, la bible condamne la convoitise et la curiosité, mais c’est selon moi, un des fondements de la vie, que de vouloir étendre ses connaissances. C’est ainsi qu’on apprend. Mais je m’égare ! Et il ne faut pas, car je suis une histoire disciplinée, malgré tout.
Je disais donc qu’elles rêvaient toutes des vastes plaines de parquet, qui s’étendait devant la tour de verre, (car derrière, il n’y avait qu’un mur blanc.) et les fixaient avec envie durant toute la journée. Alors, un jour, les fèves décidèrent d’ouvrir l’étagère. Elles poussèrent toutes sur la porte qui s’ouvrit lentement, et certaine tombèrent. Des éclats de porcelaine et de céramique jonchèrent bientôt le sol, se dispersant en débris colorés. Cela fit un joyeux tintamarre. Mais même si le bruit était assourdissant, et que la mort en attendait beaucoup, certaines fèves allèrent jusqu’à se suicider, sautant contre la porte pour l’ouvrir plus encore. Celles-ci heurtèrent le verre, puis finirent par chuter vers le sol, avant de se briser en plusieurs morceaux. Cependant, la pratique paya, et bientôt, la paroi transparente fut repoussée sur le côté. Folles de joie, les fèves du premier étage se précipitèrent en dehors de la tour. Seulement, les autres étaient trop loin du sol. Elles restaient donc bloquées ! De dépit, elles décidèrent alors de faire tomber la tour : Toutes poussèrent vers la droite, et firent basculer l’étagère. Des hurlements retentirent, alors que les fèves tombaient les une sur les autres, et se heurtaient contre les vitres. Le parquet se rapprochait incroyablement vite, et les pauvres petites créatures commencèrent à regretter leur choix. Elles soupirèrent à l’unisson, et alors….. Le monde explosa.
Épreuve numéro trois.
Sa peau si douce, offerte, que je venais de plonger dans l'eau bouillante..... Comment ne pas se délecter d'une telle vision ? Rien n'est plus beau que la souffrance. Rien n'est plus beau que cette douleur inextricable, qui fait d'une peau blanche, un carnage écarlate. Elle se lit sur son corps nu, partout, grâce à cette eau qui la cuit lentement. J'en fais en animal. Elle retourne à l'état primaire. Mes victimes devraient me remercier, de leur offrir un moment si intense..... Bien qu'après tout, ce ne soit rien. Car, moi aussi j'en profite. J'en fais une œuvre d'art, que j'admire et je touche. Je peux la modeler comme bon me semble. Je peux effacer une oreille, et la coller autre part, ou dessiner sur sa peau, de la lame de mon couteau. Je peux en faire ce que je veux. C'est moi qui la contrôle. C'est moi l'artiste. C'est elle ma glaise. Je vais pétrir tout ce qu'elle me donne. Je vais pétrir sa chaire, et la changer. Je vais la raffermir, avant tout. La pâte n'est pas assez tendre. Dés que j'aurais finis de l'humidifier, je la frapperais. Jusqu'à ce qu'elle soit plus simple à manipuler. J'espère l'entendre hurler plus fort encore que maintenant.
Que ces plaintes sont douces à mes oreilles ! Mes tympans vibrent de plaisir, ma gorge s'emplit comme d'un nectar voluptueux, qui s'écoule dans mon corps ! Ô, symphonie de mes rêves ! Que ton toucher m’est onctueux ! J'aime l'entendre souffrir. J'aime l'horreur qui habite sa voix. C'est moi qui provoque ça en elle. C'est moi qui pousse son âme, en les plus sombres retranchements de l'homme. Mais hurle donc, ais-je envie de crier, hurle ! N’hésite plus, et lâche la douleur ! Redeviens sauvage ! Haïs moi.
Ah oui, la haine….. La haine est si satisfaisante à endurer. Savoir qu’une personne veut votre mort, c’est vivre dans un imminent danger, qui parait être constant. C’est une vie excitante. Mais il y’a mieux : C’est de pourvoir museler le détendeur de cette haine. Là, alors, vous voyez la rage impuissante. Et quelle douce sensation, que celle de mener le jeu de la vie, de pouvoir la réduire à un silence humiliant, puis d’ensuite lui redonner la parole, simplement pour gouter à sa souffrance ! N’est-il pas grisant d’être Dieu ? De décider de la vie et de la mort ? De l’espoir et du désespoir ?
Il m’arrive de me perdre dans cette liberté, et de commettre des erreurs, hélas. Quelques-fois, je me fais imprudent, et lâche mon ébauche. Je lui laisse l’opportunité de s’échapper. Il peut paraître idiot, d’ainsi laisser à ma muse, un corps sublimement torturé, la possibilité de m’abandonner, n’est-ce pas ? C’est laisser l’inspiration artistique s’envoler….. Et quel sens aurait ma vie, sans que je ne puisse pratiquer mon art ? Si peu de personne comprennent la beauté de la douleur. Il y’a bien des aveugles en ce monde ! Mais ce n’est pas si grave. Moi, j’ai conscience de mon talent. C’est pour ça, que je la laisse ramper hors de mon humide cabinet, mon local merveilleux. Elle peut alors voir mes autres œuvres, offertes à la divine pourriture, et à la sainte décomposition. La nature fait incroyablement bien les choses, vous ne trouvez pas ? Grâce à elle, mon art est pareil à la chenille : Le temps le sublime, faisant de lui un papillon. Certes, ma main sait quelles courbes décrire sur une chaire tendre, mais la nature, peut transformer un corps en une masse grouillante. Elle seule a ce pouvoir prodigieux ! Beaucoup l’envierait ; mais pas moi. Je suis un homme bon, et je préfère travailler en collaboration avec elle. N’est-il pas meilleur, de n’être entouré que d’amis ? La Terre, elle, approuve mon art. C’est pourquoi elle le touche et le décompose. C’est pour y participer. Je lui suis gré de son approbation. Elle est mon unique publique, et je fais toujours en sorte de la combler : J’ouvre les brèches qui permettent la mort la plus lente, pour qu’elle puisse tirer le meilleur de mes œuvres, ou encore, lui offre une partie d’un corps, pour qu’elle fasse, par exemple, d’un cœur arraché, un magnifique spectacle. Il est incroyable d’être ainsi béni par la Terre ! Mon art est le plus beau de tous. Me croyez-vous, maintenant ? C’est pour cela que je torture cette jeune femme. Pour en faire une nouvelle œuvre. C’est une fin fantastique, que mes mains lui délivreront. Une fin divine. Sublime.
Je le sort de l’eau, employant mes deux bras. Elle est lourde. Cependant….. Sa peau est aussi rouge que le sang versé, et agréablement distendue. Je ne peux m’empêcher de la caresser. Son contact m’est si bon ! Je sens tous en moi s’emplir d’un plaisir voluptueux. Oui, tout. Chaque partie de mon être charnel. Il faut que je délivre cette sensation….. Je vais l’offrir à mon œuvre. (Ma bonté me perdra !)
J’écarte ses jambes. Ses yeux s’écarquillent. Elle hurle de nouveau, essayant de libérer son corps de l’étau de fer dont je l’ais enveloppé. Une œuvre de ma conception : Un magnifique manteau d’acier, aux longues manches serrées. Les femmes aiment la mode, et je sais les contenter. N’est-ce pas généreux de ma part ? Bien, je m’en vais pénétrer en elle. Il faut que je lui fasse partager mon désir. De plus, les hurlements d’un corps violé me manquent….. Cela faisait longtemps que je n’avais pas fait preuve d’autant de gentillesse envers une femme. Il faut vraiment que je sois un peu moins professionnel ! Après tout, même les artistes prennent du plaisir. Bien, allons-y. Ô réjouissance…..
Magalie frissonna, fixant son tortionnaire depuis la barre des victimes.
Mêmes entourée de ses proches et de son avocat, elle restait tétanisée face à lui. Ses yeux….. Ses yeux luisants de plaisir, et son sourire serein….. Elle voyait sa jubilation. Même pendant son procès, il se délectait de sa peur. De toute manière, la jeune femme savait que c’était pour cela qu’elle était en vie : Pour lui offrir une dernière vision de plaisir. Il le lui avait dit….. Alors que la police déboulait dans l’entrepôt, une fois qu’il avait fini de la violer, et qu’il s’apprêtait à éplucher sa peau, son tortionnaire c’était figé. Il savait qu’on allait l’arrêter : les bruits de pas et les exclamations de dégout emplissaient ce qu’il appelait son musée. Oui, c’était à cet instant, qu’il s’était baissé vers elle, et qu’au lieu de la tuer, il avait chuchoté à son oreille. Un murmure glaçant.
« Offre-moi une dernière fois ta terreur au procès. Jette-moi un regard haineux, mais tremble de peur. Souffre de ton impuissance, ô toi ma glaise si tendre. Je veux partir en laissant derrière moi une œuvre vivante….. Une œuvre qui ne m’oubliera jamais. Un œuvre détruite, une âme décomposée. Une âme qui perpétuera mon art. Comme mon maître m’a initié, c’est à toi de poursuivre notre grand Dessein. Soit la nouvelle artiste. Soit ma descendante. »
Fracas du marteau contre le bois. Il fut jugée coupable. Bien sûr. Magalie sentit un tic agiter son œil droit. Il l’observait avec un air grave et sérieux. Sans savoir pourquoi, la jeune femme hocha doucement la tête.
Désormais, elle avait aussi envie de tuer. C’était en elle. La pulsion du meurtre avait remplacé une fois celle de son cœur, et l’esprit affaiblie de Magalie ne trouva pas le courage de repousser le venin qu’il commençait à répandre en elle.
Et puis, elle avait toujours rêvée d’être une artiste.