[Médieval/Nouvelle] Malédiction de Chant d'Orée

29-06-2011 à 21:36:36
Chant-d’Orée. Un nom bien étrange pour un village aussi calme, se disait-il en arrivant à proximité. Un village perdu en milieu de nul part, pourrait-on dire.

Seulement voilà : le nul part n’était que récent : tous les villages alentours avait été dévastés par un mal étrange. Les gens qui passaient dans la région, qu’ils soient marchands, troubadours ou simples voyageurs, disaient que petit à petit, les demeures tombaient à l’abandon quand elles n’étaient pas en cendres. Les plus extravagants déclaraient haut et fort qu’ils avaient aperçu des traces non-humaines, mais personne n’avait prêté attention à ces paroles… jusqu’à il y a deux semaines.
Un messager officiel du royaume avait disparu quand il était passé dans cette région, comme tant d’autres. Mais une partie des gardes du corps qui avaient survécu au voyage racontaient s’être fait attaqué par des monstres plus grand qu’eux-mêmes, dotés d’une force et d’une agressivité inhumaine, durant la nuit, et que ce fut un massacre qu’ils ne pouvaient éviter. Quand on leur posait la question pour savoir comment ils pouvaient être aussi affirmatifs sur le caractère fataliste de l’issue, la réponse semblait irréaliste, mais elle était pourtant unanime : il était impossible de les blesser, même avec les mousquets dont certains étaient équipés, comme s’ils ne craignaient ni les lames, ni les balles.
L’Eglise les déclara frappés de folie, mais certains du peuple commençaient à faire le rapprochement entre cette histoire et les rumeurs concernant la région quand un voyageur décida d’aller voir, à l’insu de tous. Lui avait fait très rapidement le rapprochement, car ces derniers témoignages confirmaient, à son grand désarroi, les soupçons qu’il portait sur les origines de ces rumeurs.

Chant-d’Orée était le premier village encore habité qu’il avait croisé depuis qu’il était arrivé dans la région au début de la dernière semaine du mois sélène. Mais très rapidement, il comprit que la malédiction de la région avait commencé à frapper ici aussi : les regards s’étaient immédiatement tournés vers lui, mais un regard plein de soupçons, de reproche, et d’inquiétude. Sur la grande place, un bûcher finissait de se consumer, et le cimetière semblait avoir accueilli un grand nombre d’habitants éternels ces derniers jours… Quand il demanda l’hospitalité pour quelques jours, on lui désigna une des premières maisons du village, à l’abandon depuis que l’homme qui y vivait avait rejoins l’Eternel. On lui précisa aussi la consigne d’un couvre-feu annoncé par trois coups de cloche, sans toutefois préciser la raison de celui-ci. Alors qu’il se dirigeait vers l’abri en question, il entendit les mots ‘fous’ et ‘inconscient’ dans son dos, puis d’autres commérages à son encontre : ‘que vient-il faire ici maintenant ?’ ; ‘Paix à son âme’ ; ‘Peut-être est-il l’un d’entre eux ?’ ; ‘Jusque quand pourra-t-il tenir ?’ …
Ignorant toutes ces réflexions, il entra, déterminé à percer définitivement le secret de ces disparitions. L’odeur mortuaire qui régnait dans la pièce le prit immédiatement à la gorge, et il se détourna légèrement de son objectif afin de rendre la pièce habitable, à commencer par se débarrasser de l’odeur de sang et de décomposition qui devait durer depuis la disparition de son précédent occupant. Seule l’entrée bénéficia de ce traitement, bien que les autres pièces de la maison fussent dans le même état : elles resteraient inoccupées cette nuit.

Trois coups sonnèrent alors au clocher. De nombreuses portes et volets claquèrent alors, comme si déjà en retard pour la fermeture. Lui-même boucla toutes les ouvertures après avoir passé quelques secondes pour voir la pleine lune se lever, et il se prépara pour une nuit de surveillance discrète. L’opération serait facile au vu de la clarté de la nuit qu’octroyait l’astre sélène.
C’est en se faisant cette réflexion qu’il étouffa un juron : il était arrivé ici dans la dernière semaine du mois sélène, soit quelques jours avant la nouvelle lune. Or, c’était la pleine lune qui brillait dans le ciel !

C’était pire que ce qu’il avait imaginé : non seulement ce devait être des loups-garous qui étaient à l’origine de ces disparitions, mais ils avaient aussi trouvé un moyen de faire apparaître la pleine lune durant toutes les nuits ! Et il semblerait qu’il soit le seul à pouvoir faire quelque chose, puisqu’il était comme eux. Comme pour confirmer ceci, un hurlement rompit le silence de la nuit. Un hurlement que n’importe quel lycanthrope reconnaîtrait entre mille, mais qu’un homme confond avec celui du loup. Le cri des leurs, de l’appel à la chase.

Ces prochaines nuits, la fureur régnerait dans le village, entre les assaillants et le protecteur.

********
Il était arrivé dans le village il y a à peine une heure ou deux, et pourtant il devait déjà passer à l’action… Même pas de repos possible, ça l’énervait. C’était déjà pas facile de lutter contre les siens dans des circonstances normales, alors quand une magie shamanique s’y mêlait, ça pouvait rendre les choses très difficiles.
Rapidement, il sortit de ses affaires de voyage un ensemble bien trop ample pour lui sous cette forme actuelle, et monta à l’étage. L’odeur mortuaire y était toujours présente, mais moins renforcée que dans le salon à son arrivée. Il se rendit dans une pièce, apparemment une chambre, avec une fenêtre qui devait donner sur la place de Chant d’Orée. Il se changea avec les habits préalablement pris, puis entrouvrit discrètement la fenêtre, suffisamment pour laisser la pâle lueur de la pleine lune frapper son corps, ferma les yeux et laissa sa magie interne opérer.

Chaque métamorphose était unique, dans le sens où son corps ne changeait jamais dans le même ordre. Cette fois-ci, la première chose qu’il sentit était son corps se couvrir d’une fourrure grise à la fois douce et épaisse, capable de résister à toutes les intempéries. Puis ses os se mirent à s’agrandir de façon uniforme tandis que le bas de sa colonne vertébrale s’allongea pour former une queue lupine. Cependant, cette prise de taille s’accompagna par une prise de poids que ses muscles encore humain ne pouvaient supporter, et il dut s’accroupir dans la souffrance pour ne pas s’affaler brutalement. Cette situation ne devait pas durer ce soir : son corps entier se mit à brûler de l’intérieur tandis que ses muscles s’allongeaient, se renforçaient au point de ressentir l’impression d’exploser. Ses ongles se noyèrent dans sa chair avant de percer le bout de ses doigts sous la forme d’une griffe pointue et tranchante longue d’un pouce. Mais le pire à venir était encore la fin : son crâne s’allongea pour former un museau, tandis que dans sa bouche devenue gueule, ses dents se transformaient en crocs tailladant ses gencives. Quelques gouttes de sang perlèrent et tachèrent le sol déjà sombre.
Quelques secondes s’écoulèrent entre le moment où la transformation prit fin et le moment où il ouvrit les yeux. Ses iris d’ambre lui révélait le moindre détail de la pièce, la moindre fissure sur les murs dans une clarté familière, tandis que son flair renforcé lui permettait de distinguer toutes les odeurs présentes dans la pièce, des différentes essences de bois utilisées pour la charpente, les murs ou encore les meubles qui avaient meublé cette demeure, à l’odeur de poussière et à celle résiduelle du sang qui avait coulé en abondance quelques jours plus tôt à l’étage inférieur. Sous cette forme, les habits qu’il avait revêtu lui allaient comme un costume du dimanche, y compris pour sa queue de loup qu’il portait fièrement.

Un hurlement humain retentit à l’extérieur, et un simple coup d’œil à l’extérieur confirma sa provenance : les assaillants avaient choisis leur victime nocturne. Celui qui s’était donné pour mission de combattre ces lycanthropes meurtriers sortit par la fenêtre et monta sur le toit : les assaillants s’était attaqués à une demeure à l’autre extrémité du village. En aucun cas, il ne pourrait arriver à temps pour les sauver… C’est donc la rage au cœur qu’il contourna Chant d’Orée afin de retrouver le chemin par lequel ils étaient arrivés. Son objectif : tout d’abord les prévenir de sa présence, et ensuite leur demander de cesser. Il savait que les chances qu’ils acceptent seraient presque nulles, surtout s’ils sont aidés. Mais en leur ayant laissé une chance, il se sentait moins gêné quand viendrait le temps de les mettre hors d’état de nuire. Malgré tout ce que les humains pouvaient penser, les lycanthropes avaient le sens de l’honneur, mais rarement il le faisait savoir à ceux qu’ils considéraient comme des proies. Car c’était ce qu’était les humains pour une bonne partie d’entre eux…

Retrouver leur trace dans la forêt fut aisé : n’étant encore pour le moment nullement inquiété, ils ne prenaient aucune précaution pour dissimuler leur passage. Lui prenait soin de ne rien laisser derrière lui : l’effet de surprise les déstabiliserait. Une fois sur leur passage à l’aller, il se posta derrière un arbre et attendit. Les bruits de pas des assassins revenant sur leurs pas ne tardèrent pas à se faire entendre : ils avançaient sans respecter la moindre règle élémentaire de discrétion. Ils se mirent même à parler une fois suffisamment éloignés de la dernière maison de Chant d’Orée.

Voix 1 : Encore une nuit de plaisir. C’est presque trop facile.
Voix 2 : Tu parle : comme si de simples humains terrorisés pouvaient tenir tête à un groupe comme nous.
Voix 1 : C’est justement ça qui est jouissif : savoir que tu as le pouvoir d’en faire ce que tu veux sans qu’ils puissent te tenir tête…
Voix 3 : Ouais, mais ne perd pas trop la tête non plus : sans elle, on ne pourrait pas faire grand-chose. (pause) Vous avez senti la nouvelle odeur sur la place ? Elle n’était pas là la nuit dernière…
Voix 1 : Bah… On ira le voir la nuit prochaine. T’en pense quoi, l’éclaireur ? On ne t’entend pas beaucoup.
Voix 4 (L’éclaireur) : …..J’en pense qu’il nous attend.
*Tiens donc, il y en aurait un moins mauvais que les autres dans le tas*, songea le gardien qui se dévoila.

Il se tenait à présent face au groupe qui revenait : 4 loups-garous. Des jeunes, selon les critères de leur race, c’est-à-dire qu’ils n’étaient lycanthrope que depuis peu de temps, d’où leur trop grande confiance en eux... Leurs pelages étaient pour tous d’une teinte gris-noir, seulement masquée par un bout de tissu de la même couleur noué autour de leurs hanches. Mais le plus flagrant, c’étaient leurs babines encore rouges et dégoulinante du sang de leur victime.
De loin, on aurait pu croire à quatre frères quasiment identiques, mais de près, on pouvait les différencier. Un sac pendait à l’épaule du plus grand, et au vu des tâches, de la forme et surtout de l’odeur, on devinait que trop bien quel était son contenu. Le porteur passa son sac au plus petit et d’un mouvement de tête, lui fit signe d’avancer. « Sans doute livrer son colis… ».

Une fois ce dernier parti, le plus grand s’avança et commença à parler :
« Alors, comme ça on marche sur notre territoire ? (Leur interlocuteur reconnu la première voix qu’il avait entendu)
-C’est pas exactement ça, mais c’est vrai qu’on pourrait le penser.
-Qu’est-ce que tu veux alors, l’ancien ? Et qui es-tu d’abord ?
-Mon nom importe peu. Tout ce que je vous demande, c’est simplement vous demander d’arrêter vos massacres d’humains. »

La réponse laissa les trois louveteaux-garous interloqués, temps que mis à profit le Gardien pour analyser la situation.
Ils sont moins bêtes qu’ils n’en n’ont l’air. Visiblement, le grand est l’alpha, et celui qui est parti l’ingrat à tout faire. Les deux autres, il y en a un qui semble plus calme, et l’autre très attentif à ce qui se passe autour, un vrai chasseur. C’est lui qui m’a repéré.

Le chef reprit la parole, ce qui coupa court à la réflexion :
« Seul contre 4, ce n’est pas à ton avantage. L’expérience ne remplace pas le nombre dans ce cas là.
-Je dis ça pour vous. Je me trompe peut-être, mais ça doit faire à peine 1 ou 2 mois que vous êtes comme ça, non ?
-C’est possible, et alors ?
-Vous n’êtes donc pas au courant de la rumeur qui circule parmi ceux de notre espèce ?
-Quelle rumeur ? demanda celui d’apparence plus calme. La troisième voix.
-On raconte que tous les loups-garous, même des plus âgés, se seraient fait tuer après qu’ils aient commencé à attaquer des villes humaines. Mais le plus surprenant, c’est qu’il n’en restait aucune trace… »

L’inconnu laissa son message faire son petit effet, avant de reprendre la parole :
« Je reviendrais demain soir avant votre passage. J’espère que vous prendrez la bonne décision. »

Laissant là les trois compères, il reprit la route pour rentrer, sans se retourner mais sentant le poids des regards sur son dos. Une fois hors de vue, il courut jusqu’à son logis, et reprit le même chemin qu’effectué à l’aller, en prenant soin de ne pas être repéré par les locaux.

Le lendemain fut tranquille, malgré les circonstances. Les villageois de Chant d’Orée enterrèrent un cercueil vide en mémoire du défunt, puis ses affaires personnelles furent montées en un bûcher. Le silence cérémonial ne fut rompu durant tout ce temps que par les prières du prêtre et les pleurs de la veuve, miraculée de cette sinistre nuit.
La pluie commença à tomber en même temps que la nuit. Cela n’empêcha pas les cloches de sonner leurs trois coups quotidiens. Cependant, à cette heure-là, l’étranger du village était déjà parti discrètement vers son rendez-vous. Il se changea, dans tous les sens du terme, en route, et après avoir dissimulé ses affaires humaines, accrocha dans son dos l’arme qu’il avait jusque-là cachée dans ses bagages.

Il arriva quelques minutes avant le groupe des quatre, au complet. Visiblement, l’oméga avait été mis au courant de la situation, au vu des regards qu’il jetait sur celui qui leur tenait tête. L’alpha s’avança et toisa le Gardien de son regard. Il avait beau être grand, celui qui leur faisait face lui rendait une demi-tête.
Ce fut ce dernier qui rompit le silence :
« Alors ? Qu’avez-vous choisi de faire ? Prendre en compte mon avertissement ou continuer ?
-Comme si la réponse n’était pas évidente, répondit l’alpha avec un léger sourire. Des rumeurs restent des rumeurs. C’est pas une simple histoire qui nous arrêtera.
-Je m’en doutais… Je ne m’étais donc pas trompé sur votre compte. Cependant, les rumeurs ont toujours un fond de vérité. »

Tout en parlant, il recula un pied et sortit de son fourreau l’arme qu’il avait accrochée dans son dos. La simple vision de cette arme regroupa les quatre louveteaux-garous dans une posture d’attaque de groupe. En effet, devant eux, ils s’en rendaient compte à présent, se tenait celui qui était à l’origine de ces rumeurs mortelles. Mais le plus effroyable pour leurs yeux étaient la lame de deux pieds de long qu’un éclat de la lune, filtrant à travers les nuages, faisait briller d’une lumière d’une blancheur surnaturelle. Ils avaient beau avoir que peu d’expérience, ils avaient tous les quatre reconnu dans cette lame l’éclat de l’argent pur.
La lame d’argent pointée vers les quatre louveteaux-garous, son détenteur prit la parole une dernière fois :
« Je vous laisse une dernière chance : arrêterez-vous vos chasses à l’homme ou devrais-je vous y contraindre ? »
Le groupe se regarda, puis dans un commun ensemble sauta à l’attaque de celui qui leur tenait tête. *Vous l’aurez cherché.*

Les assaillants étaient peut-être jeunes et inexpérimentés, ils avaient quand même très largement l’avantage du nombre. L’épéiste se mit en position de défense et accueillit l’attaque en plaçant son arme à l’horizontale. Le choc de deux de ses adversaires sur la lame le contraignit à renforcer la position en plaçant sa main gauche sur le plat de la lame et encaissa la douleur qui s’en suivit. Il les repoussa ensuite et entailla légèrement la peau de l’un des attaquants, l’oméga, qui ne put retenir un gémissement : la blessure n’avait beau être que très légère, le contact des chairs avec l’argent pur provoquait une vive douleur chez les lycanthropes. Lui-même, en ayant dû entrer en contact avec son arme, avait la paume comme brûlée là où le métal était entré en contact.
Evitant tout nouveau contact, les combattants se tirent à distance pendant quelques secondes, pour s’observer. Puis, sur un signe discret de l’alpha, les deux autres compagnons de ce dernier repartirent à l’assaut, contraignant le solitaire à focaliser leur attention sur eux. Il ne tarda pas à comprendre que c’était le but : ils l’attaquaient juste assez pour le contraindre à réagir, mais pas suffisamment pour risquer d’entrer en contact avec l’argent. Et soudain, ils se mirent violemment à terre pour laisser passer un tronc qui percuta l’épéiste de plein fouet, le repoussant brutalement en le faisant lâcher son arme. Reprenant ses esprits, il vit que l’alpha avait profité de ce temps gagné pour déraciner un arbre mort et s’en servait à présent comme un bâton, long comme deux hommes et épais comme deux fois son bras. Il poussa un cri rageur et les deux compères reprirent l’assaut, mais sans la crainte de la blessure brûlante à l’argent : les assauts étaient donc directs.
A coups de griffes et parfois même de crocs, les trois combattants étaient entraînés dans un tourbillon qui ne résultait qu’au rougissement des griffes et à la destruction des habits portés par le solitaire, celui-ci prenant soin d’éviter toute blessure que sa régénération accélérée ne pouvait pas guérir, mais ne pouvant en infliger à ses adversaires. Ils durent à deux reprises éviter un passage de l’arme improvisée de l’Alpha, avant que celui-ci ne pousse un cri. Les combattants se séparèrent, et le Gardien eut juste le temps de voir le tronc porté haut avant de se préparer à le recevoir.

Mettant ses bras en l’air et tendant les muscles, il accueillit le choc, brutal. Il s’enfonça de un ou deux pouces dans le sol, mais tint bon. Cette résistance laissa ses adversaires sous la surprise, et il profita de ces quelques instants de répit pour retourner la situation : empoignant le tronc contre son corps, il entreprit d’en devenir seul à le manier, malgré la résistance de l’Alpha. Le bois mort ne supporta pas la puissance dégagée par l’affrontement et le tronc se brisa en deux parts à peu près égales, laissant chaque protagoniste effectuer un mouvement circulaire. Les deux lycanthropes combattant se firent repousser par ce mouvement, et le loup-garou solitaire entreprit d’observer la situation. En face de lui, l’Alpha armé de ce qui lui restait du tronc. Autour de lui, les deux attaquants qui se relevaient à quelque distance, et le sous-fifre derrière lui, tenant toujours son bras rouge de sang contre son abdomen. Son arme d’argent était quelque part dans les feuillages…

*Bien, il est grand temps de cesser cette mascarade.*

Il enfonça ses griffes dans le tronc, et prenant ainsi d’une main l’imposante massue improvisée, se jeta sur celui qui lui faisait face en poussant un grand hurlement de rage. Son adversaire mit son propre tronc en défense, ce qui provoqua l’éclatement des deux armes en un grand nuage de poussière. Mais, continuant son élan, le Gardien arriva sur l’Alpha adverse qui, surpris, ne put éviter l’attaque. Les griffes rentrèrent profondément dans la chair du visage, entailla l’os et arracha tout un morceau de peau qui finit à terre, dans l’herbe. De douleur aussi bien que de rage, le blessé hurla et recula, constatant avec effarement que sa régénération lycanthropique ne pouvait pas le guérir de cette douleur.

« Et oui. L’argent n’est pas la seule chose capable de tuer un loup-garou. » annonça le solitaire à ses adversaires encore sous le choc.

La main au visage, l’Alpha dévisagea celui qui osait leur tenir tête, et dans un grondement sourd, sauta sur lui avec l’intention manifeste de le déchiqueter, tandis que ses deux comparses faisait de même. Sous l’absence de prudence mais aussi du nombre, les entailles profondes commençaient à s’accumuler dans les deux camps. Le plus calme en apparence des adversaires réussi à prendre entre ses crocs le bras du Gardien qui riposta en le mordant à sang dans le cou, tranchant la jugulaire sous ses crocs. Blessé à mort, il dut lâcher prise en un gémissement et sombra dans l’inconscience tandis que son sang giclait sur le sol, quittant son corps par cette plaie béante.
Galvanisé par cette abondance de liquide sanguin, ses deux compagnons se jetèrent de plus belle sur son meurtrier, mais avaient quelque peu regagné en prudence, semblant attendre quelque chose.
Un bruit surgit alors derrière le protecteur, qui profitant d’un très bref instant de répit de la part de ses assaillants, vit le quatrième louveteau-garou bondir vers lui, maintenant en tremblant de tous ses membres la lame d’argent vers son propriétaire. Tout se passa très vite à ce moment là. Profitant de la fébrilité de son porteur, le solitaire esquiva la lame, frappa la gueule de ce nouvel assaillant et put reprendre son arme. D’un mouvement bref, il frappa derrière lui, tranchant net la chair et l’os du torse de l’Alpha, ainsi que le bras tendu du chasseur avant de finir son mouvement en plantant sur le sol et par le dos l’Oméga. Les deux parties de l’Alpha tombèrent en un bruit lourd, en même temps que le bras du chasseur alors que la vie quittait le corps de celui qui gisait à présent aux pieds de l’épéiste.

« Pourquoi ? réussi à articuler le chasseur, sa main posé sur ce qu’il restait de son bras.
-Pourquoi quoi ?
-Pourquoi avoir trahi ta propre race ? Pourquoi protéger ces humains qui ne pensent qu’à nous tuer ? »

Le gardien sorti la lame d’argent, rouge et fumante, du corps de l’Oméga et marcha vers le chasseur dont la vie le quittait petit à petit.

« Qui en premier a trahi ? Moi, ou vous qui vous nourrissez de ce que vous étiez avant ?? Moi, qui cherche à protéger ce que nous étions tous, ou vous qui êtes capable de manger votre propre famille ??? »

Sa voix était calme, mais imposante. Son interlocuteur en resta sans réponse.

« Répond moi ! Qui en premier a trahi ? A levé la main sur son frère ? »

Le chasseur détourna le regard, ne pouvant partager cette vision, et poussa un grognement de douleur.

« Il est trop tard pour toi, désormais. Cette blessure ne guérira jamais, tel est le fait de l’argent. Permet-moi d’abréger tes souffrances. »

Ce faisant, il empoigna des deux mains le pommeau de son arme et enfonça la lame entre les côtes du blessé, lui arrachant le cœur et éteignant ainsi la dernière étincelle de vie qui lui restait. Son corps tomba sur le sol quand l’argent fumant quitta sa chair.
Le survivant ne prit la peine de nettoyer même sommairement son arme dégoulinante de sang. En revanche, il s’essuya quand même la gueule pour enlever une partie du sang qui restait sur sa fourrure et la larme qui s’était formé au coin de l’œil. C’est l’épée fumante encore au poing qu’il entreprit de remonter vers le point de départ de cette meute, trouver cette mystérieuse ‘elle’ dont ils parlaient lors de leur dernier voyage.

La trace était fraîche, et bien qu’ils s’étaient montrés un peu plus prudent que la veille, elle fut facile à remonter. Il arriva ainsi à l’approche d’une grotte d’où provenait une odeur familière. Réprimant un grognement, il rejoignit l’entrée et constata l’intérieur : les murs de pierre sombre étaient illuminés par les flammes de bougies disposées ça et là. Mais ce qui retint son attention fut la forme vivante au fond de la grotte.
Un léger bruit de quelqu’un humant l’air résonna dans la grotte, avant que le silence ne soit durablement rompu.

« Ainsi donc, c’est toi qui reviens, dit une voix féminine.
-Tu en doutais ?

La forme s’avança, révélant une louve-garou de fourrure grise, portant un simple vêtement long sur les hanches, tandis que de nombreux colliers et bracelets à base de dents humaines pendaient autour de son corps. Son regard déterminé semblait vouloir plonger au plus profond de l’âme de l’épéiste dont les yeux ne cillèrent pas.

« En fait, j’attendais ta venue, ‘Salomon’ le Traître.
-Tout comme j’aurais du m’attendre à ta présence, Selena. »


Les deux lycanthrope se toisaient sans sourciller. Aucun des deux ne souhaitait montrer le moindre signe pouvant être interprété comme de l’infériorité envers l’autre, dans un silence quasi-total, seulement troublé par le mince bruit des bougies se consumant. La louve-garou finit par briser la glace.

« Alors comme ça, tu continue à te battre… Et tu semble mieux maîtriser l’argent que la dernière fois que nos chemins se sont croisés. Cela fait combien d’innocents qui sont morts par cette arme ? Dix-neuf avec ces quatre-là, non ?
-Aucun innocent, mais dix-huit louveteaux que vous avez envoyés, corrigea l’épéiste. L’un des tiens est mort de mes crocs en cette funeste nuit.
-Dix-huit… Elle mérite bien son nom de Tranche-Lune… »

Le loup-garou grogna : il n’avait jamais aimé le nom que les compagnons de Sélène avait donné à son épée, dès sa création, et elle le savait. Il avait mis tellement de temps à maîtriser le tremblement de sa chair à proximité d’une telle concentration d’argent pur qu’il en devenait susceptible dès que quelqu’un s’exprimait mal envers ce comportement. Se reprenant, il parla, mais sa voix trahissait la colère qu’il retenait.

« Et toi, tu semble avoir augmenté tes pouvoirs chamaniques. Tu ne te contente plus d’attendre la pleine lune, tu l’appelle à toi.
-N’est-ce pas merveilleux pour tous ces jeunes qui ne peuvent pas encore se transformer sans l’aide de notre mère à tous ? Tu ne vas pas t’opposer à cette volonté céleste quand même ? »

Il y avait une pointe d’ironie dans sa voix. Elle le mettait au défi, un défi évident et grossier. D’abord surpris par cette confiance en elle, l’épéiste se reprit et sourit en montrant ses crocs.

« Ce n’est pas la première fois que nos chemin se croisent, Selena. Mais cette fois-ci, je n’aurais pas les remords qui t’ont laissé la vie sauve. »

Sans plus attendre, il se jeta sur la chamane, l’épée d’argent en avant. Il ne remarqua pas la maigre cordelette qu’il toucha et cassa avec son pied, libérant quelques fioles d’argile qui explosèrent devant lui. Un écran de fumée l’entoura immédiatement et le coupa du contact visuel avec son ennemie. Stoppé dans son élan par cet écran opaque, il mit quelques secondes à repérer l’odeur qui se cachait sous celle des cendre.

*De l’aconit !! Elle m’a eue !*

Il bondit en arrière, se soustrayant au nuage empoisonné, mais déjà les effets de la plante tue-loup se faisait sentir : il se mit à trembler de tous son corps et dû lâcher son épée qui résonna en touchant le sol. Dans un grognement de douleur, il tomba à genoux pendant que sa fourrure disparaissait et que son corps rapetissait.

Quand la fumée se dissipa, devant la louve-garou se tenait un humain à genoux, flottant dans ses habits déchirés et reprenant lentement ses esprits. Les yeux verts de l’épéiste se dirigèrent vers la chamane, une lumière de rage répondant à son sourire satisfait.

« Je crois que je pourrais me passer de ta … pitié, ‘Salomon’.
-Pour… pourquoi vous obstinez-vous à m’appeler ainsi, vous tous ?
-Parce que comme lui, tu tente vainement de lutter contre la violence de ce monde, répondit la lycanthrope d’un ton méprisant. Tous, autant que nous sommes, apportons la Mort avec nous. Et peu importe ce que tu pourra dire, même si tu dis vouloir racheter tes fautes après de ‘Dieu’, tu n’es guère différent. Traître. »

Elle s’était approché et cracha au visage du Gardien, toujours à terre, impassible. Lentement et de manière presque imperceptible, la main humaine se rapprochait de la garde de l’épée d’argent…
La louve-garou avait son regard pointé sur celui qu’elle croyait à sa merci. Elle sorti de derrière son dos un couteau en os, suintant un liquide que l’épéiste repéra à la goutte qui en tomba. Elle leva le bras, prête à frapper.

« C’est fini pour toi. Oh, je sais ce que tu va dire : même si la lame est empoisonnée, nous survivons au venin des vipères les plus mortelles. Mais ce poison te tuera aussi certainement que l’argent que tu arbore, parce que je l’ai fait en y mettant toute la haine que j’éprouve envers toi. Le seul garou qui a osé s’opposer à nous…
-Et qui s’opposera toujours !! »

Sa main se posa sur la garde et balaya devant lui avec la lame d’argent tout en reculant pour éviter le coup au moment même où la chamane faisait de même. Et alors que l’argent effleura la jambe de la louve-garou, la lame empoisonnée entailla l’épaule humaine. L’épéiste se releva et passa sa main sur son épaule pour empêcher le sang de couler davantage. Le poison à l’aconit qu’il avait respiré était plus violent qu’il ne le pensait si il arrivait à ralentir la cicatrisation. Et celui du couteau le faisait en effet bien plus souffrir qu’il ne le pensait.
*Encore de l’aconit, certainement… Mais où va-t-elle chercher tout ce poison ?*

De son côté, la louve-garou, toujours sous la même forme, se tenait à moitié accroupie pour avoir la main sur l’entaille que lui avait faite Tranche-Lune. Elle se rendait compte qu’elle n’allait pas s’en sortir si elle continuait le combat. Les effets du gaz à l’aconit devrait bientôt se dissiper, et avec cette blessure qui ne guérirait pas de sitôt, elle n’était pas de force égale avec son adversaire. Et elle n’avait plus d’aconit préparé dans sa réserve, il l’avait trouvé trop tôt.

« Tu es devenu plus résistant que je ne le pensais, traître, dit-elle en reculant vers une table cachée dans l’obscurité. Il semblerait que je doive attendre une autre nuit pour venger tous les innocents que tu as tué. »

Elle attrapa une des fioles sur la table, en identifia la forme et la brisa devant elle. Immédiatement, une épaisse fumée se répandit dans toute la grotte, plongeant les deux adversaires dans l’obscurité totale et bloquant leur odorat. L’épéiste sentit quelque chose le frôler, mais il ne pu l’attraper. Au bout de plusieurs minutes, la fumée commença à se dissiper suffisamment pour apercevoir quelque chose. Les flammes des bougies s’étaient éteintes, et en s’approchant, le lycanthrope s’aperçut que la table avait été retournée, ne laissant que des débris d’argile et de verre de ce qu’il restait encore dessus. De la chamane, il ne restait que le tissu qu’elle portait. Elle avait prit la fuite, et le poignard osseux avec elle. Il ne pourrait donc pas le prendre pour confirmer ses soupçons quant à la nature du poison.

Il sortit, toujours la lame d’argent dans la main. La lune avait disparu du ciel, preuve que l’influence chamanique s’était dissipé. Elle était donc réellement partie… Dans un soupir, il rangea l’épée dans son fourreau et reprit sa forme de lycanthrope. Les effets de la fumée toxique s’étaient suffisamment dissipés pour lui permettre cette transformation malgré l’absence de l’astre nocturne.

Il avait accompli sa tâche ici. Il était temps de rentrer.

Sur le chemin du retour, il passa par le lieu de l’affrontement avec les louveteaux-garous. Les corbeaux et autres charognards de la forêt avaient déjà commencé leur travail. Le temps que les villageois réussissent à trouver le courage de sortir s’aventurer à nouveau dans la forêt, il ne restera que des os blanchis de ces corps. Aucun risque pour le Secret. Il adressa une courte prière pour le repos de leurs âmes : malgré le fait que l’Eglise ait condamné tous les lycanthropes, il avait gardé cette habitude humaine. Et pis, qui pouvait affirmer ce que ferait Dieu quand il recevra leurs esprits ? Les affirmations du Clergé n’étaient pas sans faille : après tout, les garous n’étaient pas les envoyés du Diable.
Il retrouva ses affaires et reprit forme humaine au moment où le soleil se levait, achevant de nettoyer les dernières brumes de la magie shamanique qui avait régnée durant ces dernières nuits autour de Chant d’Orée. Marchant tranquillement, ses affaires lycanthropiques sur son dos et son épée camouflée au fond de ses bagages, l’épéiste se prit à penser au futur proche du village… Le soulagement déjà de voir qu’il n’y avait pas eu de victimes cette nuit, et la peur de la lune qui refluerait petit à petit, tout comme la vie reprendra son cours. Les ragots iraient sans doute bien loin concernant la nature de cette ‘malédiction’ et les causes de son arrêt. Le curé devrait réussir à convaincre d’une implication divine dans la levée de cette épreuve, tout comme il doit être lui-même convaincu. La position du Clergé dans la région devrait en sortir renforcée, et quelques hommes d’Eglise peu scrupuleux pourraient en profiter…
Le lycanthrope soupira à cette idée… Plus l’influence de l’Eglise était forte, et plus les gens se montraient prompts à croire à l’existence de créatures non-humaines… A leur existence, ce qui rendait sa tâche plus difficile. Il suffisait de voir les accusations de sorcelleries sur des innocents pour imaginer ce qui se passerait si le peuple finissait par avoir des preuves de l’existence des lycanthropes et autres : accusations en chaînes, mises à morts diverses et variées, et les hommes ne pourraient plus se défendre quand les vrais dangers surviendraient. Néanmoins, il valait mieux que l’Eglise soit renforcée localement plutôt que de laisser croire aux louveteaux-garous par exemple qu’ils pouvaient agir librement, aussi bien pour les hommes que pour le Secret. Quoiqu’il en soit, il ne serait plus là pour observer lui-même les effets à court terme de cette histoire. Sa tâche terminée, il devait à présent rentrer avant de causer plus d’inquiétude chez lui.

Le village était déjà bien actif quand il arriva enfin à proximité des premières maisons. Des prières pour remercier le Seigneur étaient audibles de loin, faisant sourire le lycanthrope : il commençait à avoir l’habitude de cette ferveur après la fin d’un malheur. Il finit par être enfin aperçu. L’homme qui lui avait désigné sa demeure temporaire s’approcha.
« Vous étiez dehors cette nuit, Messire ?
-Rassurez-vous, j’ai juste voulu observer le soleil se lever avant de vous quitter.
-Vous partez déjà ? Votre passage était bref. Je demanderais au Seigneur de protéger vos pas.
-Je vous en serais gré. »

Le villageois se retournait déjà quand il sembla se rappeler quelque chose.
« Avant que vous ne partiez, il y a quelqu’un qui vous cherchait. Elle doit vous attendre à l’intérieur de la demeure où vous dormiez.
-Ah ? Je vous remercie de l’information. »

*Elle ? Elle ne serait quand même pas venue jusqu’ici ?*

L’épéiste se dirigea vers la porte, et avant d’ouvrir la porte, essaya de humer discrètement l’odeur de la personne qui devait l’attendre. Une odeur familière qu’il reconnut immédiatement, tout comme il sut alors ce qui l’attendait sitôt la porte ouverte. Résigné, il poussa le battant.

« Enfin, te voilà ! »

La voix qui l’accueillit comme ça venait d’une jeune femme, plus petite que lui et visiblement un peu énervée. Ses yeux bleu azur semblaient vouloir foudroyer sur place le lycanthrope qui jugea plus prudent de fermer la porte derrière lui, tout en bénissant le Ciel de n’avoir rien laissé à disposition de celle qui l’attendait.

« Comment as-tu pu partir comme ça, sans nous prévenir ? Et surtout, comment t’as pu ne pas la prendre ?? » lui lança-t-elle en même temps qu’un petit objet qu’il attrapa et garda dans le creux de son poing.
-Ecoute, je…
-Rien du tout, il ne fallait pas partir comme ça, sans prévenir ».

Il renonça à s’expliquer. Cela ne servait plus à rien quand elle était dans cet état. Elle s’approcha et lui arracha ses affaires des mains avant de lui tourner le dos pour les fouiller. Malgré lui, il ne put s’empêcher de regarder les cheveux châtains se poser sur ses épaules, vêtues d’habits de voyage qui cachaient son apparence ordinaire pour faciliter la discrétion.

Elle sortit les habits déchirés et tachés de sang et sa colère sembla redoubler d’intensité si c’était encore possible.

« Regarde-moi ça ! Ils sont bons pour rejoindre les autres au tas de chiffons. Quand est-ce que tu feras attention à ça ? Ils ne se réparent pas comme toi tu guéris, tu le sais au moins ? Et je parie que ton arme est encore tachée de sang, tu ne la nettoie jamais ? »

Laissant tomber le tas, elle se jeta sur lui et commença à lui frapper le torse avant de se calmer et de rester à peu près immobile contre lui. Doucement, il passa ses bras autour d’elle, attendant une réaction qui ne vint pas. Le pire était passé.

« Je suis là, et entier. C’est bon… dit-il pour la rassurer.
-Pourquoi pars-tu seul à chaque fois ? Nous pouvons t’aider, tu le sais.
-Je le sais, je le sais… Je voulais régler cette affaire le plus vite possible, et je n’ai pas pris le temps de vous prévenir… Et au final, je laisse échapper la responsable parce que j’ai agis au départ trop vite…
-Elle va donc recommencer, et tu vas encore te lancer à sa poursuite, dit-elle doucement.
-Oui, cette fois-ci, je vous préviendrais, je le jure. »

Ils restèrent sans bouger dans le silence pendant quelques minutes, toujours dans la même position. Elle finit par relever la tête, le regardant avec ses yeux dans lesquels quelques larmes avaient commencé à apparaître.

« Et pourquoi ne l'as-tu pas prise, encore une fois ?
-Tu sais bien que je risque de l’abîmer à chaque fois que je dois me changer, et que je ne veux pas cela.
-Il faudra vraiment que nous trouvions une solution pour que cela ne soit plus un problème. »

Elle se recula légèrement et entreprit d’ouvrir la main de l’épéiste qui renfermait ce qu’elle lui avait lancé. Au creux de la main à présent ouverte reposait un simple anneau d’or. Elle le prit et lui passa à l’annuaire de la main gauche, lui montrant ostensiblement l’anneau qui cerclait également son doigt. Des alliances. Il se laissa faire, souriant doucement. Il aurait supporté une colère bien plus grande pour revivre cette scène…

« Allez, rentrons à présent. Nous sommes attendus. »
L'initialement anonyme.

Les lycanthropes renferment bien des secrets. Êtes-vous sur de vouloir les connaître?
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