Andore - Prologue

25-08-2011 à 15:57:46
Je pense que, je peux relancer le rp, non ? Si c'est le cas, nous recommençons sur la même base.....

Le premier poste.
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25-08-2011 à 18:45:53
Gengis s'avança dans la pénombre. La grotte resplendissant de noirceur ne laissait rien apercevoir, mais Gengis discerna néanmoins une large salle haut de plafond. Gengis dés son entrée réfléchit à toutes les possibilités de fuite. Il n'y avait qu'une seul entrée d'où rentrait les autres apprenties, peu de cachettes.

Pas le terrrain idéal... fit il d'une moue boudeuse

Néanmoins il établit un simple plan tactique basique. Si les sbires de l'empereur les découvraient. Ils devraient envoyer les "archers" et les "assassins" dehors sur le petit promontoire situé au-dessus de la grotte. Les grosses brutes et le gros de la compagnie resteraient dans la grotte comme appât. Les soldats rentreraient dans la grotte croyant facilement battre les éléments présent dans la grotte. Au signal, le premier cri de douleur des opposants, les archers tirent sur les assaillants restés dehors et couvrent les assassins qui descendent en rappel de la parois pour prendre les ennemis de dos. Dés que la moitié ennemi de la grotte serra neutralisé, les apprenties devraient sortir achevés les ennemis toujours couvert par les archers. Un plan simple et efficace dont il fit rapidement part à Sélim. Il acquiesça et le congédia du revers de la main. Il s'assit au bord du feu venant d'être préparé et se lança dans un récit épique où il était question d' un guerrier sans tête...


I am TOUPOUTOU
TOUPOUTOU POWER!!
26-08-2011 à 10:11:18
Les chevaliers avançaient en une colone bien droite. Tout le monde restait silencieux. Personne n'avait envie d'ouvrir la bouche après un tel événement.
Même pour Kaalan c'était difficile de ne pas regretter la Citadelle. Même s'il n'a pas l'habitude de tenir a quelque chose. C'était un peu sa seule maison. Si on ne comptait pas la maison pleine de sang dans laquelle il s'était retrouvé.
Le secret du lieu où on l'a retrouvé, ce sang ... Tout se mélangeait pour poser une seule question. Qu'est-ce qui c'était passé ?
Kaalan était amnésique car il était probablement tombé sur la tête, et la chute a dû être si violente qu'il en a perdu certains souvenirs. Et depuis, ça n'est jamais revenu ...

Tous les apprentis étaient silencieux, car ils quittaient une partie de leur vie. C'était compréhensible, même pour Kaalan. Mais ce dernier estimait qu'ils pourraient tout de même s'estimer heureux. Eux au moins, ils avaient un nom de Famille ...

Comme a son habitude, Kaalan s'éloigna du groupe. En vérité, il était quelqu'un de sensible, et son amnésie l'avait toujours beaucoup fragilisé. Mais comme il était trop timide, il avait fini par se barricader d'un mur de solitude. Il se cammouflait derrière un voile de froideur, il faisait croire à ses propres compagnons qu'il n'avait pas besoin d'aide. Mais en vérité, si un apprenti pouvait lui tendre la main sans que Kaalan ai à lui faire les révélations de son passé, il ne refuserait pas.

Soudainement, Kaalan vit la colone s'arrêter. Tout le monde se tordait le cou pour savoir sur quoi Sèmil s'était arrêté. Kaalan, de là où il était, pouvait voir qu'il s'agissait d'une grotte. Sèmil annonça quelque chose que Kaalan ne put pas entendre de là où il était. Puis il vit tous les apprentis se bousculer pour pouvoir entrer. Ils avaient trouver un abri ? Tant mieux. Mais Kaalan n'avait pas l'habitude de briser ses petites coutumes. Comme il le faisait souvent, il irait dormir autre part. Non loin, certes, mais il ne dormirait pas avec ses compagnons. Il avait une bonne raison pour ne pas vouloir de chaleur. Il rêvait souvent de sa première apparition. Il revoyait le isage de sa Mère lorsqu'il était venu au monde. Eta chaque rêve, elle disait ses mots, en le regardant tendrement.

- Bienvenue dans ce monde, Kaalan ...

Kaalan savait qu'il y avait une suite, mais il se réveillait toujours juste avant qu'elle prononce son tant désiré nom de famille. Il allait encore passer une nuit seul, hanté par le souvenir des rêves de sa Mère.

Le ridicule ne tue pas.
Ce qui ne nous tue pas nous rends plus fort.

Donc ... Le ridicule rend plus fort ? -_-'
27-08-2011 à 12:22:40
Arl jeta un regard à l'homme qui se tenait derrière lui.
Pitoyable...
Bien sur, il connaissait son nom: Shawn Sandart. La pire brute de la Garde. Le genre d'ordure à se briser les phalanges à force de frapper les premières années. Aucune personnalité, aucune fierté, juste l'incarnation de l'abruti de base.
Oh, bien sûr, il avait des excuses: des parents fusiliés, une soeur paraplégique, et un mental digne d'un escargot, incapable d'assumer le plus petit défaut dans sa vie de sauvage. Aucune classe, aucun courage...
La brute en question effectua un demi-tour avec la grace approximative de l'huître morte et planta son regard de merlu dans celui d'Arl.
-Qu'est-ce tu m'veux ?
Arl laissa tomber un oeil dédaigneux jusqu'au bout du bras de colosse où pendait un enfant, assomé.
Aucune originalité. De pire en pire...
L'envie d'abattre le déchet qui se tenait devant lui se faisait jour dans l'esprit d'Arl, en même temps qu'il savait qu'un meurtre gratuit lui vaudrait l'exclusion de la Garde Royale, et un mandat de recherche. Mais d'un côté, il n'avait plus très envie d'appartenir au groupe. D'abord à cause du nombre de soldats sans cervelle qui la composent, ensuite, à cause de son nom.
Pourquoi garder une garde "royale", quand Andore n'a pas connu de roi depuis des millénaires ? Juste des tyrans avides de pouvoir et de destruction.
Restait le problème de la loi.
Deux jours plus tôt, il n'aurait pas hésité. Mais la mission mensionnée dans la lettre que Moon, son geai, lui avait apporté changeait la donne. Il n'avait plus le droit de mourir. Ni même de faire connaître son nom.
Il ne restait plus que deux solutions: garder sa faux au frais ou...
Arl désigna l'enfant qui se balançait dans le prolongement du bras droit de Shawn.
-Toujours occupé à jouer à la poupée ?
Effet garanti. La tension du monstre explosa avant qu'il ne lache sa malheureuse victime pour se jeter sur Arl, le deuxième année assez fou pour se moquer de lui. Son épée jaillit du fourreau dans un hurlement de rage.
Calme comme le monde, Arl se décala de vingt centimètres et donna un unique coup. Le tête et le corps de la bête furieuse s'écrasèrent au sol, à deux mètres l'un de l'autre.
Légitime défense, avec témoin. Plus tard, on dirait qu'Arl était une malheureuse victime, acculé à un geste qui le hanterait toute sa vie. En réalité, l'acte était déjà rangé dans un coin de sa mémoire.

Une heure plus tard, Arl quittait le bâtiment, Moon sur son épaule.
L'histoire se répétait. La résistance renaissait. Et cette fois, Arl se mettrait du sang sur les mains, pour Moon, pour l'astre blanc, et pour...
28-08-2011 à 02:35:35
Sèmil observa les flammes de l'âtre, de nouveau perdu dans ses pensées. Déjà, de nombreuses questions se bousculaient sous son crâne, foule invisible mais tonitruante, qui happait son attention comme l'aurait fait une ruée affolée. Un échafaud labyrinthique se formait, tandis que les réponses et les interrogations s'entassaient frénétiquement sans qu'il réussisse à démêler le bon sens de l'optimisme, ou le pessimisme de la logique. Un troupeau de lemmings n'aurait pas fait mieux.
Extérieurement, le jeune homme avait l'air préoccupé. Intérieurement, il était désespéré.
Pire. Dévasté, détruit, brisé, réduit à l'état d'âme en peine. D'erratiques souvenirs venaient le hanter sporadiquement, scènes et paroles spectrales dont le défilée le laissait chaque fois un peu plus blessé. Écorché vif, il n'aurait pas plus souffert. La douleur d'une mélancolie justifiée, d'une mélancolie qui prenait sa source dans le deuil de toute une vie ; cette douleur n'avait pas d'égale. Si au moins il avait put se laisser emporter dans la ronde du passé... Mais non. Pas maintenant. Cela l'amenait à une bataille intrinsèque : il se devait de faire pleinement sienne l'idée qu'il perdait tout, mais sombrer dans le désespoir alors que les autres apprentis étaient à ses côtés n'était pas envisageable. Il devait repousser la douleur... Pendant un temps. Au moins jusqu'à cette nuit, quand il pourrait se permettre une aparté avec lui même. Un dialogue silencieux entre la Lune et son carnet. Un relâchement s'imposait. Il lui fallait se libérer de la souffrance, se libérer de la peine. Il fallait qu'il se vide de toutes pensées négatives. Se purger grâce à l'écriture. L'encre coulerait sur le papier comme son propre sang, cette nuit. Plutôt que de s'affranchir d'Andore, il devait s'y fondre pour oublier le reste. S'emplir d'une souffrance pour en oublier une autre. Au moins, celle-ci lui serait-elle familière. Il pourrait lutter contre elle, par la simple présence des autres. Par la simple existence de ses amis, qui s'apparentaient à des frères. Il suffisait de repousser le deuil... De se laisser envahir par la force autour de lui, et de communiquer celle qui ne l'avait pas encore déserté. Ce groupe qu'ils formaient pouvait vaincre le désespoir. Prendre et donner la force, insuffler et absorber la force. Le partage... Au fond, cette quête devrait leur apprendre bien des choses. La puissance insoupçonnée de l'union, par exemple. Une entité multiple avait plus de chance de réussir qu'une présence isolée. Ils étaient tous des grains de sable, et la tempête qu'ils formaient, en se heurtant à la machine impériale, bloquerait ses rouages. Il suffisait qu'ils restent ensemble. Les dissensions devaient être évitées ; ce qui ne serait pas évident. La cohésion du groupe n'était pas parfaite. Certains apprentis étaient froids, distants, indisciplinés... Leur indépendance était un atout autant qu'une danger probable. Il leur assurait plus de chances de survie, mais réduisaient celle des autres. Si l'un deux ne venait en aide à un de leur compagnon en situation précaire, alors comment lui faire confiance ensuite ? Sèmil n'avait aucun doute, quant au fait que cela pourrait arriver. Il n'avait pas une foie absolue en leur groupe. Ils étaient après tout humains... Et jeunes. Un rien pouvait tout changer, une contrariété pouvait les mettre en danger. Malgré la quête qu'on leur avait confié, ils n'étaient pas tous assez mature pour en saisir la pleine portée. Ou alors, simplement inconscient. Le jeune homme lui même, n'était pas certain de vouloir garder conscience de l'ampleur de leur tâche. C'était une quête impossible qu'on leur avait confiée. Renverser l'Empereur... Oui, mais après ? Qui gouvernerait Andore ? Comment trouver la Serrure des Ombres ? Et le soleil... N'était-il pas dangereux qu'il réapparaisse après tout ce temps ? Et si leur peau ne le supportait plus ? Et si... Et si la Terre mourrait ? Tout espoir serait perdu. Ils devraient attendre une génération encore, et la retrouver- retrouver leur Mère parmi des milliers de mortels, quelque part sur Andore. Ou quelque part dans le monde. Si l'Empereur régnait depuis huit mille ans, ce n'était pas un hasard. L'Ordre avait mit plusieurs millénaires avant de trouver l'actuelle incarnation de la Terre. La chance qui leur était offerte ne devait pas leur échapper. Sinon...
Avant qu'il ait eu le temps d'y penser, de s'enfoncer plus encore dans son désespoir et ses ruminations, Sèmil y fut arraché. On lui parlait. Il releva la tête, et croisa le regard acéré de Gengis. Ses yeux étaient toujours à l'affut du moindre détail. Le jeune homme se sentait mal à l'aise en sa compagnie. Il avait la dérangeante impression que le tacticien pouvait lire les tréfonds de son âme, et y déceler la faiblesse qu'il s'évertuait à cacher. Mais il repoussa cette pensée stupide. L'heure n'était pas aux considérations personnelles. De plus, Genfis savait toujours comment désamorcer les conflits ; il n'en créait jamais. C'était un membre important de leur groupe, un élément calme et posé, qui savait réfléchir. Il tirait partir de chaque terrain, de chaque situation. Son analyse était fine et précise. Si Sèmil n'avait pas craint de se dévoiler, il aurait volontiers confié sa peine au jeune homme : ils étaient les aînés du groupe. Tout deux auraient peut être put se comprendre, au fond, si ils s'étaient ouverts leur cœur. Gengis n'avait-il pas choisit l'Ordre comme nouvelle famille, après tout ? Cela devait être difficile pour lui aussi. Le jeune homme eut un sourire en l'entendant évoquer la meilleur stratégie possible qui s'offrirait à eux en cas d'attaque. Certaines choses ne changeaient pas... C'était toujours bon à savoir. Il y'avait finalement des bases stables en ce monde décrépis. La Terre n'était peut être pas perdue, après tout. Et le groupe, pas si désordoné et immature que cela. Lui qui avait toujours eu l'impréssion de fréquenter des gamins, prit soudain conscience que tous étaient bien plus que cela. Les apprentis étaient en âge de se protéger seuls, pour la plupart. Ils étaient entraîner à se défendre, à tuer... Non, ils n'étaient plus de gamins, plus du tout. Il s'était peut être montré présomptueux, en les jugeant si durement.
Sèmil ne perdit pas son sourire. Il laissa Gengis terminer d'exposer sa courte analyse, et apprécia la rapidité avec laquelle il avait tiré tant de conclusions. Hâtives mais réfléchies. Un tacticien, cela changeait toujours la donne... Surtout si celui-ci était un génie. Avec Gengis, ils étaient sûr de toujours tirer le meilleur partie du terrain su lequel ils se trouveraient.
Le jeune homme lui fit signe de rejoindre les autres, afin de se divertir, ou de les divertir lui même. Il ne voulait pas entrainer d'autres apprentis dans ses pensées maussades. Se morfondre seul était déjà bien assez désagréable ; autant que le reste du groupe profite de cette soirée de répit. Un peu de calme après cette fuite, voilà qui mettrait du baume sur les plaies de chacun. Dont les siennes.
Du coin de l’œil, il aperçut Kaalan qui ruminait lui aussi. Sèmil soupira. Aujourd'hui, ils avaient tous perdus bien trop de choses... Pour lui, cela devait être encore plus dur. Avant la chute de la citadelle, un foyer déjà lui avaient été arraché. Malgré sa froideur, le jeune homme n'était sûrement pas insensible à cette nouvelle perte. Savoir que l'un de ses compagnons pouvait ressentir une douleur semblable à la sienne lui était insupportable. Il ne pouvait pas le tolérer. Alors, il laissa la souffrance de son âme de côté. Oublia, pour quelques minutes au moins, sa propre douleur, afin de pouvoir museler celle d'un autre. Après tout, il survivait déjà depuis tant d'années, rongé par Andore ! Il pouvait bien attendre encore un peu avant de panser cette nouvelle plaie.
Sèmil s'avança vers Kaalan, laissant l'âtre derrière lui. Un peu de soutient ne pouvait faire de mal à personne. Et même la glace la plus froide finissait par fondre...
28-08-2011 à 13:05:27
Eldän n'avais pas ouvert la bouche depuis le début du trajet des apprentis: la mort de son Maitre et ami l'attristait tellement! Il était celui qui avait le plus mal réagi -avec Sémil- quand les Maitres avaient ordonnés à leurs apprentis de fuir en les laissant combattre les sbires de l'Empereur.
Son Maitre... celui qui l'avait recueilli, qui avait deviné avec falicité son secret et qui ne l'avais pourtant jamais révélé.

Durant le chemin qu'ils parcoururent sur les plaines désertiques et grisâtres d'Andore, il fut avalé par ses pensées à l'image du paysage qu'il contemplait: morne et triste. Quand ils arrivèrent à une grotte creusée par des années d'érosion, il n'émerga pas de son état comateux. Eldän se posa dans l'ombre.
Les souvenirs le hantaient, son enfance à la Capitale, son père et sa mère, puis sa vie à l'Ordre des Chevaliers du feu. Et très récemment, leur départ. Le visage attristé mais résolu de son Maitre quand il lui avait annoncer.

Il observa ses camarades autour du feu, près de lui. Sémil, qui semblait préoccupé, Kaalan morose et les autres apprentis. Gengis, le tacticien alla voir l'ainé et lui parla un instant. Cela fit naitre sur le visage de Sémil un sourire qui alla ensuite voir le sombre Kaalan. Sans doute pour le réconforter.
En tant qu'ainé, Sémil prenait son rôle de chef très à coeur et même si depuis leur départ il ne s'était pas beaucoup manifesté - comme la plupart des apprentis - il semblait reprendre du poil de la bête. Tant mieux.
Même si Eldän n'aimait pas l'idée de "chef" ou qu'on le dirige, il admit que leur groupe disparate allait avoir besoin de Sémil.

Il ferma les yeux.

MUSIQUE DE COMBAT: http://www.youtube.com/watch?v=BHRyMcH6WMM
28-08-2011 à 17:59:04
- Putain... Mais tu vas avancer merde !
Frimain ne savait pas qui avait parlé. Et il s'en fichait. Profondément. Il sentait la fraîcheur des larmes le long de ses joues, l'odeur de la terre que la Citadelle venait de soulever dans sa lente chute. Tout cela, il le sentait dans un maëlstrom confus de toutes les sensations imaginables. Et il songeait, il songeait à son Maître, ce Maître qui l'avait aidé à devenir ce qu'il était désormais.
Ce Maître qui avait rejoint l'autre côté. Et peut-être le Soleil ? Qui sait ?
Cependant, il n'était plus de ce monde, et cela suffisait. Frimain trébucha, s'étendant de tout son long sur le sol humide. Le jeune adulte sentit ses forces l'abandonner. Tout était... obscur. Il tenta de se relever, et se fut pour trébucher sur le même obstacle. Son visage souillé de larmes s'abaissa lamentablement. Marre... Marre de vivre...
- Ne désespère pas. Nous avons tout perdu, nous aussi.
Frimain releva lentement la tête. C'était une voix féminine, à coup sûr. Et cette voix venait de lui donner les forces supplémentaires pour continuer. Il lui en était reconnaissant.

-

Ils avaient tout quitté. Tout. Tout ce qu'ils connaissaient, tout ce qu'ils avaient aimé, chéri jusque-là. L'Ordre, ainsi que la Citadelle était morte. Pour toujours. Et on ne pourrait rien y changer. Ces quelques compagnons, autour de lui, voilà ce qu'il restait de ce qui avait été sa famille, cette si grande famille. Ce qu'avait été l'Ordre pour nombre d'entre eux. Pour ce cher Kaalan par exemple. Mais il n'y avait pas que lui.
Frimain secoua la tête, remuant ses si sombres pensées.
Ils avaient sauvé une mince partie de l'espoir, certes. Mais tout n'était pas encore gagné, loin de là. Il se souvenait d'une phrase, entendue dans un des contes d'autrefois :
"L'espoir ne meurt jamais." Une phrase qu'il aurait aimé véridique. Mais tout était si fragile ces derniers temps. Et cela se faisait sentir jusque chez les apprentis.
Ces apprentis d'ailleurs. Un bien étrange mélange. Il ne les connaissait pas tous, mais cela se fera avec le temps. Du moins il l'espérait. Parmi les figures connues, il y avait Sèmil, bien sûr. Celui qui sans le vouloir, devenait presque un père pour eux ; et cela, malgré l'intégrité brutale de bien nombre de ses camarades. Il l'aimait bien Sèmil. Une belle voix douce, posée, et une démarche plus qu'assurée, semblant toujours aller vers l'avant. Pourtant, il n'était pas sans failles ; et c'était cette fragilité qu'il aimait le plus chez lui.
Ensuite arrivaient les "Sombres". Ceux qui s'exprimait d'une voix glaciale, sortant des tréfonds de leur carapace. Fenant était de cela, ainsi que Flinn. Par exemple. Deux petites coquilles prêtes à se fendiller. Frimain connaissait des gens qui avaient été brisé psychologiquement lorsque leur mur avait volé en éclats. Il espérait donc que ses compagnons s'ouvriraient bientôt au monde. Il le valait mieux pour eux.

Près de lui, Gengis parlant à Sèmil d'une stratégie en cas d'attaque. Les apprentis auraient bien besoin de toutes les idées qui pourraient les mener à la fin de leur lutte. Celle-là était donc profitable. Dès sa répartie finie, l'homme revient au pied du feu, se lançant dans un de ses contes qui, paraît-il, menaient les rêves des enfants, il y a de cela fort longtemps. Chevalier sans tête...
La respiration du doyen, à ses côtés. Saccadée. Sans doute est-il plongé dans de noires pensées ? L'homme se lève, inspire profondément, pour se diriger vers Kaalan. Ce même Kaalan qui se tient à une légère distance des autres, là, tout près de l'entrée de la grotte. Presque imperceptible. Un peu de compagnie lui ferait le plus grand bien.
Frimain sera dans ses mains un bâton. Du sorbier. Du moins il lui semblait. Cela en avait en tout cas la texture et la senteur. Le jeune homme se laissa aller à sa taille, la chaleur des flammes sur son visage.
L'espoir ne meurt jamais.

For Vita, For the Freedom : http://www.youtube.com/v/dZLcBLmph3Q
30-08-2011 à 01:02:12
Ils avaient quitté la Citadelle dévorée par les flammes. Bon. Et après ? Flinn ne s'était jamais senti chez lui dans la Citadelle, et ne se sentirait probablement chez lui nulle part jusqu'à la fin de sa vie. Il n'y était resté que dans le but de devenir plus fort. Alors, être en fuite dans les contrées sauvages ou entre les murs de la forteresse de l'Ordre, quelle différence ?
En fuite. Elle était là la différence. Contrairement à la plupart des membres du groupe, trop faibles pour supporter ce genre d'épreuves, quitter une Citadelle embrasée, savoir qu'elle sera rasée dans peu de temps et que les Maîtres de l'Ordre combattaient pour leur permettre de fuir ne l'attristait pas, ne le touchait pas du tout. En revanche, le fait de fuir, et couverts par des Chevaliers du Feu en plus de ça, le blessait terriblement. Flinn souhaitait tout simplement aller au combat. Fuir ne faisait pas partie de son vocabulaire. La fuite n'était pas la Liberté. La fuite n'était pas la Force.
Alors, pour se retenir de faire demi-tour, il se disait que son combat aujourd'hui, était de disparaître aux yeux des soldats de l'empereur. Que s'il y parvenait, il aurait gagné une bataille. Mais cette maigre consolation ne l'empêchait pas de jeter de fréquents coups d’œil derrière lui. Il avait peur. Peur de regretter sa fuite, de penser que cela le faisait redevenir faible. Comme l'étrange impression que cette action réduisait à néant tous les efforts qu'il avait fournis jusque-là pour être Fort et Libre. Que tout n'avait servi à rien. Il se retourna une fois de plus, pour jeter un ultime regard à la colonne de fumée qui s'élevait au loin. Il ferma ses poings, crispant si forts tous ses muscles que son corps entier tremblait de rage. Certains se méprendraient peut-être sur les raisons de cette réaction, mais ceux qui le connaissaient le mieux sauraient qu'il n'était pas triste, mais simplement furieux de devoir fuir. Mais la réalité s'était imposée à ses yeux.
Si il devait rester se battre, il mourrait. Il le savait. Voilà pourquoi il était parti.

"Je ne suis pas encore assez fort." Cette pensée était le feu qui faisait bouillir son sang dans ses artères. Un jour, il serait assez fort pour être libre de choisir le combat. Et il ferait tout pour que ce jour arrive le plus vite possible.

Sèmil, le doyen, avait guidé le groupe jusqu'à une caverne discrète mais profonde. Sèmil... Flinn acceptait le fait que ce soit lui qui s'improvise "guide" des apprentis. Non seulement il était intelligent et expérimenté, mais il avait l'âme d'un chef. Il ne s'effondrerait jamais devant ses camarades, dont la présence renforçait son mental qui devenait inébranlable, et il savait faire ressortir les plus grandes forces des plus faibles d'entre eux. De plus, si Sèmil, quoi que bien bâti, n'avait pas un physique impressionnant, il était bien plus fort qu'il ne le paraissait avec une épée dans la main. En duel, si Sèmil utilisait son épée, Flinn ne pensait pas pouvoir le battre, quelque soit son arme ou sa stratégie. Peut-être le mettre en difficulté, mais ce n'était pas sûr, car le jeune homme ne se souvenait pas l'avoir déjà vu à son meilleur niveau, donc il n'avait aucune idée de la véritable étendue de ses capacités...

Gengis, âgé d'à peine quelques semaines de moins que le doyen, s'adressa à lui, évoquant une possible stratégie de défense en cas d'attaque. Flinn préférait de loin frapper dans le tas sans avoir besoin de tendre pièges et embuscades, mais reconnaissait que comme souvent, le plan de Gengis avait l'air efficace. Trop compliqué et trop coûteux en temps à mettre en œuvre, mais le résultat serait sûrement à la hauteur. Surtout considérant le profil de quelques apprentis...

Le plus en difficulté semblait Frimain. Il était aveugle, on ne pouvait pas lui en vouloir. Flinn se surprenait chaque fois qu'il se prenait de compassion pour ce jeune homme : sa cécité était une très grave faiblesse, et handicapait tout le groupe, pourtant... Il ne pouvait s'imaginer la frustration qu'il ressentirait contre un point faible aussi important et surtout, aussi invincible... On pouvait remédier à un manque de force, de technique, d'expérience, de vitesse, d'endurance, de connaissances... Mais pas à l'absence de ce qui était sûrement le sens le plus important en combat !

Flinn n'eût pas le temps de s'attarder sur les autres apprentis, puisque le groupe pénétra dans la caverne pour y passer la nuit. Un feu avait déjà été allumé, et Gengis s'apprêtait à se lancer dans une passionnante histoire. Un chevalier sans tête ? Etait-ce une force ou une faiblesse ? Les réflexions du jeune apprenti l'amenèrent rapidement à la conclusion qu'un guerrier sans tête ne pouvait pas être décapité, ce qui était forcément une force au combat. Alors que cette pensée s'envolait comme elle était venue, du fait de sa moindre importance, Flinn aperçut non loin de lui "le Vieux" Sèmil qui se levait, pour se diriger vers Kaalan près de l'entrée de la grotte. Il allait probablement tenter de le réconforter. "C'est une idée qui n'aboutira à rien", pensa-t-il. Kaalan était extrêmement froid et tourmenté. Flinn le soupçonnait de ne pas être aussi fragile que le commun des mortels, et d'encaisser ses problèmes avec mérite. Il ne l'avait jamais entendu se plaindre. Mais bon, il n'avait aucune idée des tourments qu'il endurait. Kaalan souffrait-il vraiment beaucoup, ou avait-il simplement du mal à résister à la plus petite des douleurs ? Son intuition lui soufflait que le première réponse était probablement la plus proche de la vérité, mais il n'avait aucun moyen de le savoir. De toute façon, au vu du renfermement actuel de cet apprenti, l'intervention de Sèmil avait toutes les chances d'être parfaitement inutile...

Le sang de Flinn bouillonnait toujours alors que la Lune imposait son règne dans un ciel infini, obscure et profonde étendue criblée de lumières scintillantes appelées étoiles. Une très légère brise se leva, caressant sa peau alors qu'il s'approchait de l'ouverture de la caverne. Sans savoir à qui il s'adressait, il annonça sur un ton qui ne demandait aucune réponse :

- Je vais chasser.

Et il quitta la cavité rocheuse pour s'élancer à travers les contrées sauvages qui s'étendaient jusqu'à l'horizon. Chasser. Il en avait bien besoin...

"- Crois-tu en le Destin, Néo ?
- Non. Je ne supporte pas l'idée que quelqu'un dirige ma vie à ma place.
- Précisément. Et je suis fait... pour te comprendre.
" - Matrix.
30-08-2011 à 22:55:08
Etoiles, lueurs du ciel nocturne,
Eclairez mes nuits de discussions taciturnes.
Je ne puis m'emmêcher de penser que si
Je m'étais fait d'autres amis,
J'aurais été bien triste de ne pas penser à vous contempler,
Et ainsi être réconforté par votre beauté.
Vous, mes splendides confidentes,
Faites durer ma bonne humeur défaillante.
Et pour tout ceci je vous remercie,
Car sans vous, peinée aurait été ma courte vie.


Ces millions de lumières faiblardes, formaient une lumière éblouissante. Ce jeune homme, allongé dans son lit, les contemplait sans un mot depuis une bonne demi-heure. Réchauffé par la fourrure de son petit frère, couché sur lui, il se sentait au paradis. Il sentait les battements du coeur de l'animal, son souffle chaud sur sa main... Velk aurait pu rester comme ça des heures sans bouger. La forêt d'étoiles illuminait son esprit.
Il était bien. Il se sentait d'humeur rêveuse. Quelle heure pouvait-il être ? Peu lui importait de le savoir. Il se confiait aux astres nocturnes sans omettre le moindre détail. Ce soir, en allant se coucher, il avait senti une douleur dans le poitrail. Une douleur agréable après coup. C'était depuis ce moment-là qu'il discuttait silencieusement avec ses amies. Pourquoi cette douleur lui avait-elle offert une telle béatitude ?
- Pouvez-vous m'indiquer le chemin, étoiles ?... Dites-moi ce qui m'attend ce soir. Allez-vous me pousser à commettre un acte quelconque ?... Je ne sais que penser... Kire semble aussi serein que moi, pouvez-vous nous faire savoir pourquoi ?
Et pourquoi donc cette douleur soudaine le travaillait-il ? Peut-être n'était-ce qu'une folie...
- Tout de même, Kire... Quelle drôle de soirée n'est-ce pas ?
Le chien se contenta de gémir d'une voix grave. Peut-être s'en fichait-il après tout... Et peut-être avait-il raison...
- Je vais forger, ça me changera les idées.
Kire se leva puisque, bien entendu, il avait compris ce qu'avait dit son cadet. Les deux frères s'étirèrent exactement en même temps, et se dirigèrent vers la forge au rez de chaussé.

L'apprenti forgeron ouvrit le coffre près de l'enclume, et en sortit une arme à moitié finie seulement. Elle avait la forme d'un cimeterre, un cimeterre que Velk tentait de terminer depuis une année. Une année à la forger, à la briser, la recommencer. Une année d'acharnement qui n'avait toujours pas portée ses fruits. Le jeune homme, étant forgeron depuis sept années, avait mis au point une hypothèse visant à mélanger plusieurs alliages afin de créer une arme blanche aussi résistante que tranchante. Sa mère lui avait pourtant répétée que la chose était possible, mais pas pour un apprenti comme lui. Les échecs plus cuisants les uns que les autres avaient renforcés sa détermination, d'autant plus qu'il progressait de plus en plus vite. Il était parvenu il y a quelques mois à donner forme à son arme. Il ne lui manquait plus qu'à trouver le moyen de fusionner les alliages, car sans ça la lame était fragile comme une planche de bois. Durcir l'arme, c'était la clé pour finaliser son projet. Il s'était promis, pour ne jamais abandonner, que lorsqu'il aurait terminé cette lame, il partirait pour le Centre d'Andore, afin d'y rencontrer les Chevaliers de Feu.
Sa mère l'avait élevée des légendes de cet Ordre qui luttait depuis des millénaires afin de retrouver le soleil. Velk ne serait prêt à y entrer qu'à condition de terminer ce nouvel alliage. Seule une simple technique le séparait de son plus grand rêve. Une simple fusion...
L'apprenti forgeron enfila ses gants de travail, mit son foulard sur son nez, et continua son oeuvre.
Peut-être les étoiles l'aideraient-il à terminer cet alliage ce soir...

Lorsque je te serre la main, c'est une souffrance que j'appréhende. Tu ne sentiras pas le tonnerre de ma haine s'abattre sur ta nuque. Tu ne pourras que pleurer, et saigner. Saigner autant que mon dégoût le désire. Je me délecterai du spectacle macabre de tes chairs broyées sous mon poing vengeur. Personne n'est innocent.
31-08-2011 à 23:42:53
Zejaléa n'aimait pas tuer les êtres purs quels qu'ils soient. Elle savait bien que Flinn était l'un de leurs chasseurs les plus efficaces et ne lui jetait pas la pierre, néanmoins elle préférait se nourrir le plus possible de racines qu'elle avait soigneusement appris à reconnaître et à cuisiner sommairement pour éviter que la famine s’immisce au sein du groupe, mais surtout pour préserver le peu de vie restante. Elle espérait que ce savoir serait utile à tous, car avec quelques feuilles décrépies, elle avait appris à faire des baumes primaires...Le problème majeur étant de trouver les plantes adéquates dans cette immensité désertique. Heureusement, pour le moment il lui restait encore nombre de pousses séchées dans une petite sacoche.

La jeune fille tentait d'être discrète, sans pour autant passer pour quelqu'un de froid bien que sa timidité ne lui permette pas d'engager la conversation spontanément avec qui que ce soit. Elle s’efforçait d'être bienveillante à l'égard du groupe. Après tout, ils avaient tous vécu une soirée terriblement dure où il leur avait fallu abandonner les personnes chères à leur cœur et fuir devant l'armée. Mais elle n'avait pas la flamme de ainsi que son sourire joyeux. Eileen...Zejaléa l'admirait pour ce qu'elle représentait dans le groupe. C'était l'optimisme incarné, et la touche de couleur dans leur palette terne où seuls le noir et le blanc se déclinaient. Zejaléa ne lui parlait pas, bien qu'elle l'admirait beaucoup. Que pourrait-elle lui dire ? De plus, Eileen semblait si heureuse que garder son humeur sombre et ses doutes pour elle était certainement le meilleur service que Zejaléa puisse lui rendre. Elle était tout simplement inaccessible, trop parfaite pour que la médiocrité de la frêle fille aux cheveux noirs n'ose la toucher.

Lors de la marche, elle avait regardé Sèlim, de 10 ans son aîné, les mener en lieu sûr...Il semblait meurtri, mais qui ne l'était pas ? De plus son sang-froid serait certainement un atout parfait pour le groupe hétéroclite qu'ils formaient. Elle avait également adressé quelques mots d'encouragement à Frimain lorsqu'il avait chuté...Cela lui faisait mal au cœur de le voir ainsi, pas à cause d'une quelconque faiblesse ou d'un handicap, mais car il était le seul d'entre eux qui n'avait aucune chance de jamais voir la lumière dans le ciel d'Andore...Zejaléa espérait que les légendes disaient vrai et que le jeune homme sentirait la douce chaleur de l'Astre Solaire sur ses paupières aveugles, si toutefois les jeunes Chevaliers arrivaient à mener à bien leur quête désespérée...

Elle contempla les flammes et sombra dans un demi-sommeil pour tenter d'oublier que ses maîtres s'étaient allés de ce monde...Elle ne reverrait jamais ses lieux de refuge favoris, ni le sourire encourageant d'un Maître, guide bienveillant disparu dans la violence des assauts d'une nuit bien triste...
01-09-2011 à 17:50:33
Chapitre créé par Anarkyle et Alanalem.

Arl s'éloignait du bâtiment noir de la Garde Royale pour rejoindre l'Ordre. Au milieu du silence de la nuit, il percevait le chant de Moon, à quelques dizaines de mètres de là. Soudain, une vague de sentiments l'envahit. La nostalgie des parties de cache-cache de sa jeunesse, la honte de la lacheté de sa fugue, le bonheur que lui insufflait la présence de l'oiseau.
Plus que tout, cette présence dominait dans son esprit. D'un côté, il craignait qu'il arrive malheur à l'oiseau, sachant que cela sonnerait la mort de sa conscience, mais d'un autre côté, il estimait sa chance d'avoir à ses côtés un tel compagnon.
Moon...
Quelque chose de neuf se faisait jour dans l'esprit d'Arl, alors qu'il mesurait ce qu'il avait vécu en compagnie de l'oiseau, et ce qu'il leur restait à traverser. Il sentait la présence de l'oiseau, tout près, mais ce n'était pas tout. Il y avait... autre chose...
-Moon ? MOON !
A l'instant où il avait compris, il avait hurlé. Puis, il s'était mis à courir. Il devinait le geai qui cheminait dans la direction opposé mais... A rythme d'homme. On avait capturé Moon.
Il traversa à toute allure la forêt, et, derrière une fougère... Il se heurta à un mur. Il venait d'arriver dans un village, où ses chances de trouver l'oiseau étaient rares. ravalant sa fierté, il se résolut à demander de l'aide. Au moment ou il prit cette résolution, une jeune personne accompagnée d'un énorme chien passa devant lui.
-S'il vous plaît, mademoiselle...
La personne afficha une expression offusquée avant même qu'Arl ne puisse terminer sa phrase.
-Tu m'as appelé comment ?!
-Quelle honte que les écoles de ce village, répondit Arl avec tout le sarcasme dont il était capable. On dit "Comment m'as-tu appelé ?". D'autant plus que j'ai cru être clair.
Sous ses dehors dédaigneux, il avait senti la menace, et il rapprocha la main de la garde de son épée.
-Regarde-moi bien, étranger. Et provoque-moi encore une fois, si tu ne crains pas les coups, dit le villageois qui semblait finalement être un jeune homme.
-Ayant servi dans la Garde Royale, je peux prétendre à être habitué aux coups. Mais mon rapport avec l'impolitesse ne changera pas de sitôt, et si vous n'étiez pas un civil, je pense que je vous aurais déjà provoqué en duel. D'ailleurs, si vous y tenez -il sortit sa faux- je n'y vois aucune objection.
Arl braqua tout ses sens sur l'homme qui se tenait face à lui. Si celui-ci attaquait, il risquait de se révéler un adversaire redoutable.
-Dans ce cas, je ne vois pas de raison pour te laisser en un seul morceau, dit l'inconnu en enlevant sa veste, révélant un magnifique cimeterre à sa ceinture.
Le jeune homme posa également son énorme sac, et murmura quelque chose à son animal.
-Tu va t'apercevoir que personne ne m'insulte sans en subir les conséquences, prévint-il en se craquant les falanges.
L'inconnu saisit la faux d'Arl de sa main gauche, vif comme l'éclair, et décocha un coup de poing monstrueux en direction de son visage.
Arl, au sol, cracha quelques gouttes de sang pour se relever, épée en main. Il se tint là, quelques secondes, puis, lorsque le poing de son adversaire se leva à nouveau, il roula pour se relever d'un bond sur le côté du colosse, entaillant légèrement son épaule. Ce dernier lança un nouveau coup vers l'ancien impérial qui esquiva d'un mouvement de tête habile. Le coude du géant de muscles arriva plus vite encore que les autres coups.
Arl n'essaya même pas d'esquiver. Moon surgissait à nouveau dans son esprit ! Il était juste au-dessus d'eux, et fondait en piqué vers le colosse. Celui-ci, ne comprenant pas l'ébahissement d'Arl, lui plaça un nouveau coup dans l'abdomen qui l'envoya au sol.
Arl s'en fichait. Moon était sauvé, c'était tout ce qui comptait. Et en plus, il arrivait pour l'aider !
Il se releva péniblement. Le spectacle qui s'offrait à lui le sidéra.
Moon était tranquillement installé, et il jetait de regards nonchalants tout autour de lui. Installé sur l'épaule de l'homme au chien.
Arl glissa lentement son arme dans son fourreau.
-Je crois que je vous dois des excuses. Arl Kairul, apprenti de l'Ordre.
Il venait de dévoiler son identité sans aucune crainte. L'homme qui se tenait devant lui méritait sa confiance.
01-09-2011 à 22:18:50
La nuit fut longue... Très longue pour le forgeron... Après avoir commençé à forger, la passion l'emporta sur tout le reste. Le sommeil ne fut plus qu'un courant d'air dans la tempête qu'était alors sa fougue dansle travail. Le métal occupait son esprit. Les flammes embrasaient son regard... Ce ne fut qu'au bout d'une demi-heure qu'il trouva enfin la solution ; une solution qui se trouvait depuis le début dans le mot qu'il ne cessait de se répéter : La fusion.
Ce ne fut qu'en observant son matériel, un bassin d'eau froide, un enclume, une cheminée... Il lui suffisait de donner forme à sa lame encore fragile, lui offrir tous les atouts néscessaires pour en faire une arme dévastatrice, puis la plonger dans de l'eau glacée en feu. La chose était difficile, mais loin d'être impossible. Ses muscles ne ressentaient pas la douleur, ni le poids du marteau de cinq kilos. Ses yeux ne voyaient pas la lumière des flammes. Sa peau n'en sentait pas la chaleur... Velk mit toute sa passion, toute sa force, tout son savoir dans la fabrication de ce cimeterre. Il lui donna une forme courbée, épaisse et fine à la fois, des pointes sur le dos, un creux dans le tranchant pour lacérer la chair, et des sculptures tribales magnifiques... Il se sentait merveilleusement bien, plus vivant que jamais auparavant. Il sentait ses gestes guidés par une force passionnée qu'il ne maîtrisait pas.
Le travail dura des heures entières, jusqu'au delà du petit matin. Velk se sentait animé d'une joie de vivre implacable. Il sortit un grand sac fait en tissu résistant, et le remplit au maximum de provisions. Il mit ensuite un grand manteau cache poussière et enfila une ceinture avec un foureau qu'il avait à l'avance fabriqué spécialement pour ce jour. Kire semblait aussi excité que lui, agitant la queue joyeusement.
Malheureusement, l'apprenti forgeron craignait aussi ce jour... Car ce jour, il allait devoir quitter sa mère. Sa mère qui avait tout partagée avec lui...
Velk se dirigea vers la chambre de cette dernière, et lui déposa un tendre baiser sur la joue en versant une larme.
-Adieu Maman... murmura-t-il en serrant les dents.
Il aurait tant souhaité la prendre dans ses bras, l'étreindre durant des heures afin de mieux lui faire ses adieux... Mais il dut se résoudre à ne pas le faire. Plus les adieux duraient longtemps, plus ils étaient douloureux... C'était ce que lui avait dit son père quelques jours avant de mourir.
Velk sortit de sa maison, se découvrant au froid mordant de l'Ouest, les poings serrés par la douleur qu'il endurait.

La mauvaise humeur s'était emparée de lui. Il n'attendait qu'un sac de frappe pour se défouler, et avec le nombre de petites frappes vivant dans le village, son désir aurait des chances d'être satisfait. Le jeune forgeron caressait la tête de Kire qui marchait à ses côtés afin d'apaiser sa douleur, mais ce soin n'était que minime.
-S'il vous plaît, mademoiselle... l'apostropha une voix masculine.
-Tu m'as appelé comment ?! vociféra Velk en jetant un regard de braises à cet inconnu.
-Quelle honte que les écoles de ce village, répondit l'étranger d'un ton sarcastique. On dit "Comment m'as-tu appelé ?". D'autant plus que j'ai cru être clair.
Velk tenait son défouloir. Ce petit rigolot allait voir ce qu'il en coûtait de se mesurer à lui.
-Regarde-moi bien, étranger. Et provoque-moi encore une fois, si tu ne crains pas les coups, prévint Velk en s'approchant de lui.
-Ayant servi dans la Garde Royale, je peux prétendre à être habitué aux coups. Mais mon rapport avec l'impolitesse ne changera pas de sitôt, et si vous n'étiez pas un civil, je pense que je vous aurais déjà provoqué en duel. D'ailleurs, si vous y tenez, continua-t-il en sortant une faux, je n'y vois aucune objection.
-Dans ce cas, je ne vois pas de raison pour te laisser en un seul morceau, répondit Velk nonchalemment en enlevant sa veste et posant son sac à terre. N'interviens que si je suis en réel danger, murmura-t-il à Kire qui sentait la tension monter.
L'apprenti forgeron se craqua les cervicales.
-Tu va t'apercevoir que personne ne m'insulte sans en subir les conséquences, prévint-il en se craquant les falanges.
Sans crier garre, Velk saisit la faux de l'étranger de sa main gauche, et lui jeta un crochet droit capable d'étourdir un ours. S'il ne s'était pas trompé, ce type devrait se relever de ce choc. Ce dernier était effectivement à terre, un filet de sang s'échappant de ses lèvres, mais semblait parfaitement conscient. Velk leva le poing, prêt à recommençer - ce qu'il n'aurait pas fait en temps normal ; frapper un ennemi à terre l'avait depuis toujours répugné. Seulement, la colère guidait ses gestes : Il se s'arrêterait pas avant d'avoir apaisé ses maux.
L'inconnu roula à terre, se releva d'un bond, et creusa une entaille dans l'épaule du forgeron. Ce dernier décocha un nouveau coup de poing en direction de son visage, habilement esquivé. Cette réaction était si prévisible... Velk plia son bras, et jeta son coude à la rencontre de l'abdomen de son adversaire qui ne bougea pas. Il tomba au sol béâtement... Le jeune forgeron ne cachait pas son incompréhension, et fut plus que surpris quand un bel oiseau aux reflets bleutés se posa sur son épaule comme s'il n'émanait de lui nulle menace. Cet oiseau était étrange ; il émanait quelque chose de particulier, mais impossible de mettre le doigt dessus. Kire semblait l'observer comme s'il s'agissait d'une chose extraordinaire.
-Je crois que je vous dois des excuses. Arl Kairul, apprenti de l'Ordre, déclara l'inconnu en se levant.
Velk le regardait avec des yeux immenses. Ce qui se produisait était absolument inconcevable, ce n'était qu'une fable créée par son esprit. Il se demanda même s'il n'allait pas se réveiller d'une seconde à l'autre. Cet homme, totalement inconnu, qui l'avait provoqué et avait prétendu faire partie de la Garde Royale, se présentait comme si de rien n'était et prétendait à présent faire partie de l'Ordre ! Le forgeron resta ainsi de longues minutes, son interlocuteur patient attendant une quelconque réaction.
-Tu veux dire que tu te présente comme un Chevalier de Feu sans savoir qui je suis, alors que je pourrais te démolir pour te ramener à la Garde Impériale ?! Tu te fous de moi ou c'est juste une coincidence de malade ?! beugla Velk confus.
Soit ce Arl disait vrai, et Velk saisissait la chance inestimable qui s'offrait à lui, soit Arl mentait et se prenait la correction de sa vie...




Lorsque je te serre la main, c'est une souffrance que j'appréhende. Tu ne sentiras pas le tonnerre de ma haine s'abattre sur ta nuque. Tu ne pourras que pleurer, et saigner. Saigner autant que mon dégoût le désire. Je me délecterai du spectacle macabre de tes chairs broyées sous mon poing vengeur. Personne n'est innocent.
01-09-2011 à 22:38:07
Eh bien, je vais faire un petit mixe de certains de mes anciens posts. o/


La lune, majestueuse présence dans le ciel nocturne, brillait avec force alors que les apprentis de l’Ordre avançaient en fil indienne le long d’une proie rocheuse. Dans leurs dos, l’éclat irréel du château en flamme illuminait sinistrement l’obscurité. La citadelle était loin derrière eux et pourtant, même à cette distance, Lifaen eut un haut-le-corps en regardant les flammes s’élever paresseusement. Sa vieille peur du feu était toujours présente… Qu’elle ironie du sort, un chevalier du feu ayant peur des flammes ! C’était là un handicape bien gênant, mais Lifaen avait toujours fait avec. Pourtant, il ne connaissait même pas l’origine de cette phobie…
Une main rassurante se posa sur son épaule, une douce chaleur lui fut transmis… la sollicitude de ses pairs le gênait plus qu’autre chose, mais cette nuit là elle était bienvenue. L’apprenti ne se retourna pas pour voir de qui il s’agissait car cela n’avait pas d’importance. Il savait que n’importe quel membres de l’ordre pouvait se trouver à l’origine de ce soutient. Un courant… spécial passait entre les apprentis, même si certains ne s’aimaient pas vraiment, ils seraient toujours là pour soutenir l’un des leur. C’était là une certitude, chaque apprenti donnerait sa vie pour protéger un de ses compagnons.
Lifaen détourna les yeux du brasier et laissa la douce chaleur de ce soutient l’envahir. Les battements de son cœur ralentirent et retrouvèrent rapidement un rythme normal. Sa peur ne disparut pas, elle se contenta d’aller somnoler dans un coin de son âme, prête à surgir à la moindre faiblesse de l’ex assassin.
Très peu de gens connaissaient l’histoire de Lifaen, pour la plupart des membres de l’Ordre, il avait juste surgi d’un coup dans leurs vies et s’était trouvé une place d’apprentis parmi eux. Il s’imposa rapidement comme un combattant hors-pair, ne cédant du terrain qu’à Sèmil. Le jeune homme faisait parti des plus âgés des apprentis, même si entre eux l’âge corporel n’avait que peu d’importance car chaque apprenti était l’égal des autres. Ils étaient tous unis, ce qui, en cette période de troubles, était un avantage non négligeable.
Maintenant que la citadelle, leur foyer, était tombée, les apprentis de l’Ordre avaient deux objectifs : Capturer l’empereur et retrouver le soleil, rien que ça. Une véritable promenade de santé, bien évidemment. Avec un peu de chance, ils seraient tous rentrés pour le diner. Le jeune homme fit un sourire ironique, leur tâche se promettait d’être bien ardue. Pour sa part, liquider des gens il pouvait faire, mais retrouver un astre perdu ? Pourquoi pas aller au pays des petits lapins roses pendant qu’on y était ! Quoi que, se rendre au pays des lapins roses était bien plus facile que d’aller chercher le soleil. Et, d’abord, quand ils l’auraient retrouvé, comment arriveraient-ils à le remettre à sa place ? Aucun d’eux ne savait voler. Autant dire que c’était mission impossible.
Et Lifaen aimait ça.
Un peu de challenge ne lui ferait pas de mal, il s’ennuyait tant au quotidien ! Alors que tous les apprentis arboraient un air sombre, le jeune homme rayonnait. Il sentait poindre en lui une humeur taquine, une folle envie de manier les mots avec humour et dérision. Lifaen manier les mots aussi bien que ses dagues et était passé maître dans l’art de parler, ses mots touchants toujours but. Il maniait la dérision avec autant de maestria et adorait les joutes verbales, les pitreries. Il lui arrivait très souvent d’utiliser son incroyable agilité pour animer quelques peu leur groupe et il adorait se disputer joyeusement avec ses compagnons.
Néanmoins, cette bonne humeur et cet humour presque légendaire cachaient un travers bien sombre de lui-même.
Lifaen portait une sorte de… masque. Il dissimulait son âme noire comme le charbon par un faciès joyeux et des pitreries incessante. Personne n’avait jamais vu qui il était vraiment. Personne n’avait jamais vu son âme profonde, ses pensées les plus secrètes. Et tant mieux pour eux.
Ils arrivèrent enfin à destination, une cache de l’Ordre. Sèmil les fit entrer un par un, Lifaen se mit en dernière position, juste derrière Eileen. Lorsqu’il vit le petit jeu de l’ainé, son cadeau pour la jeune femme, un grand sourire malicieux éclaira le visage du jeune homme. En entrant, il adressa un clin d’œil taquin au premier bretteur de l’Ordre. Une occasion de se moquer du grand Sèmil, le preux chevalier, il ne fallait surtout pas la rater.
Alors que l’ainé des apprentis prenait en charge la suite des opérations et donnait quelques ordre, se sortant durant quelques instants de son étrange apathie, Lifaen fit semblant de s’échauffer. Enfin, il prit une voix mélodramatique et s’exclama alors :

- Voyons, Sèmil, mon chéri, n’ai-je pas le droit moi aussi à une fleure ? Ce privilège est-il donc réservé aux gentes dames ? Ces mots doux que tu m’as susurré à l’oreille, tu les répètes ainsi à la première venue ? Je croyais que c’était sérieux entre nous. Suis-je ainsi bon à jeter pour que tu me remplace par la première rivale venue ?
Quelques rires fusèrent et l’ainé s’empourpra de subir ainsi le cynisme de son compagnon. Ce dernier fixa l’apprenti avec un grand sourire sur le visage, ses yeux riaient à sa place. Néanmoins, il remporta peu de succès, son humour et son autodérision ne remportant que peu de succès auprès ses camarades. Mais Lifaen s’en fichait, il s’amusait follement.
Pourtant, il se sentit fondre face au regard que lui adressa Eileen et il décida de renoncer à ses pitreries, du moins pour cette fois.
Le jeune homme se redressa et décocha un sourire taquin à la rouquine avant de s’éloigner comme si de rien n’était, laissant Sèmil nager en pleine confusion. Ce dernier se reprit rapidement et conseilla qu’ils allument un feu avant de retourner à l'étrange prostration dans laquelle il était tombé depuis la chute de la citadelle. Le cœur de Lifaen bondit dans sa poitrine et il adressa un regard implorant à certains de ses camarades qui ne firent qu’hausser les épaules. Lifaen devra donc se trouver un abri dehors pour pouvoir dormir cette nuit. Il se glissa à la suite de Flinn et sortit de la grotte.
Sans plus se préoccuper de son camarade, le jeune homme entreprit de repérer légèrement les lieux. Après une courte marche, Lifaen retourna devant l’entrée bouchée de la grotte. Il s’assit à quelques mètres de là, perdu dans ses pensées.

La contraction frappa sans prévenir.
Tout d’un coup, Lifaen fut pris de violents spasmes, un léger filet de sang gouttant au coin de sa bouche. Vite, il devait à tout prix se restaurer. Malgré les violentes contractions de sa poitrine et les spasmes de son corps, l’apprenti réussit à tirer de sa besace une fiole remplit d’un liquide rouge.
La lune éclaira mieux le contenu de cette fiole et on put identifier clairement de quoi il s’agissait.
Du sang humain.
Lifaen fit sauter le bouchon d’un coup de dent, puis vida d’un trait son contenu. Peu à peu, sa crise se calma, son organisme avait eu sa dose de sang et il était pour le moment stabilisé. Mais une nouvelle crise guettait Lifaen qui redoutait ces terribles contraction que le prenaient de plus en plus souvent et qui le forçait à ingérer du sang humain.
Foutue maladie.
Lorsque la crise, impressionnante par sa violence et sa rapidité, fut définitivement finie, l’apprenti laissa son esprit dériver doucement, son regard dans le vague. De sombres pensées l’assaillaient, son masque était tombé et ses traits d’ordinaire joyeux et moqueur avaient coulés pour lui laisser un faciès triste et souffrant.

Flash.
Souvenirs.

Le décor a changé, les protagonistes aussi. Désormais il n’y a plus que Lifaen, beaucoup plus jeune, et un homme habillé de noir. Au premier coup d’œil, on reconnait Ellun’drill, l’assassin légendaire. Les deux hommes se tiennent sur le toit d’une maison de deux étages, il fait nuit et la Lune, ronde et majestueuse, s’élève paresseusement au dessus d’eux. Pas un chat en bas, l’assassin et son apprenti sont seuls. D’un geste, Ellun’drill indique à son élève de se reculer d’à peu près cinq mètres du bord. Puis, sa voix s’élève, elle ressemble à une brise fraiche.

- Très bien mon petit, aujourd’hui je vais inaugurer un nouvel exercice. Un assassin se doit d’être rapide, insaisissable. Tes ennemis ne doivent pas avoir le temps de comprendre ce qui leur arrive. Alors, c’est tout simple, je vais lancer une pièce dans le vide. Tu dois la rattraper, si elle tombe, tu sautes avec elle. Compris ?
- Oui maître.
Sans un mot de plus, l’assassin légendaire lance une pièce d’or en l’air. Lifaen s’élance, il court à une vitesse hallucinante et pourtant il manque son objectif de loin. Il saute à la suite de la pièce sans aucune hésitation. Elle touche le sol avant lui qui a du mal à se rattraper, il chute lourdement sur les pavés. La hauteur cause une violente douleur mais rien de mortel. Sans un mot, l’apprenti remonte en haut du toit et tend la pièce à son maître.
- On recommence, dit ce dernier.
Lifaen acquiesce, il se met en position et tente de nouveau sa chance. Il échoue. Comme les trente fois suivantes. A chaque fois, le jeune garçon remonte au toit et se remet en position. Il est couvert de blessures et de bleus en tout genre, sa cheville le fait boiter légèrement mais il tient, il continue. Un autre essai, un autre échec. La cheville de Lifaen émet un craquement sinistre et se tord dans un ange étrange. L’élève se tient la cheville en gémissant, il souffre.
La voix d’Ellun’dril s’élève, froide et dure. Un mot. Un ordre sans appel.

- Recommence.


Changement de décor

Lifaen se tient au centre d’une clairière. Il est plus jeune, plus inexpérimenté. Cinquante mètres devant lui, il y a une cible. Enfin, cible est un bien grand mot, il s’agit d’une minuscule rondelle de bois de quelques centimètres de diamètre. Derrière lui, un homme, une ombre. Une certaine aura se dégage de lui, ça présence écrase tout mais pourtant il semble aussi volatile que l’air. Un mot pour le qualifier, libre. Un autre, ombre.
Ellun’dril, le légendaire assassin, s’exprime alors d’une voix claire, puissante, caressante.


- Bien. Mon cher Lifaen, voici l’exercice d’aujourd’hui. C’est simple, tu dois toucher la cible avec tes dagues.
- Et… si je la rate ? intervient l’élève.
- Tu recommences jusqu’à ce que tu réussisses.

La sentence tombe comme un couperet, froide, implacable. Le maître renchérit alors d’un ton sans appel.

- Tu ne mangeras pas, tu ne dormiras pas tant que tu n’auras pas touche cette cible. Je te donnerai le minimum en eau chaque jour.
- Chaque… Jour ? Répète Lifaen, pas sûr de vouloir comprendre.
- Oui. Même si cela doit durer jusqu’à ce que tu meures de faim, tu n’arrêteras pas sans avoir toucher la cible.

Avec de grands yeux, le jeune homme acquiesce. Il n’a pas le choix. Sans un mot de plus, il se positionne face à sa cible et lance la première dague.

Une semaine.
Cela fait une semaine que Lifaen lance sans relâche ses dagues de jets. Une semaine de torture intense, son organisme réclamant du sommeil, de la nourriture, une pause. Lorsqu’il a le malheur de ralentir le rythme ou de s’endormir les dagues de sont maître creusent un sillon sanglant dans son dos. Il est faible, sur le point de s’écrouler. A ce rythme, il mourra dans l’instant. Une brise serait capable de le renverser, sa vie ne tient plus qu’à un file. Et pourtant, il continue. Il lance ses dagues sans relâche, endurant la douleur sans un bruit, sans une plainte. Il est impressionnant de détermination. Son esprit n’est plus qu’une flèche de volonté pure, se détachant des besoins matériels. Il est plus mort que vivant, son corps est à l’agonie, réclame de l’attention, des soins.
La dame Sélène est à son zénith, sa douce lueur envahit la clairière. Lifaen lance.

Bruit sourd.
Dague qui s’enfonce.

Il a réussit. Le jeune homme contemple avec étonnement le manche de son arme qui dépasse de la rondelle de bois. Pendant un moment, il est là invincible, sa joie éclatant silencieusement.
Puis, il redevient humain.

Il s’évanouit.

Ellun’dril lui accorde quelques jours pour se reposer. C’est tout. C’est dur mais c’est ainsi.
Puis, revoilà l’élève et le maître dans la clairière. Une nouvelle rondelle de bois est au centre. Sans un mot, Lifaen se poste au même endroit, dans la même position. La voix de son maître, la légende vivante Ellun’dril, s’élève.


- On recommence, mais cette fois avec les yeux bandés.


Flash
Présent.

L'ex assassin secoua la tête et reprend le masque de son sourire, s'extirpant de ses sombres souvenirs. Il fixa le paysage légèrement boisé qui s'étendait autour de lui, formant un rideau sombre et mystérieux. C'était un miracle que des arbres aient réussi à survivre malgré l'absence du soleil.
C'était un miracle que le monde ait survécu, même.
Enfin, le jeune homme ne se faisait pas d'illusion. Andore se mourrait. Le temps leur était compté.
Pourtant, Lifaen en était curieusement détaché, leur quête ne l'intéressait guère. Il ne se voilait pas la face, il était plus un assassin qu'un apprenti de l'Ordre...
L'ex assassin secoua la tête, interrompant le fil de ses pensées et se refusant à s'étendre plus sur le sujet. Cherchant un distraction, il fixa de nouveau la forêt.
Et étouffa un juron.
Il aurait tout donné pour se trouver un ville, se mouvoir à nouveau parmi les ruelles sombres des bas quartiers et les toits pentus des habitations. En ville, il était sur son terrain, dans son domaine, il était le maître du jeu.
Mais pour l'instant, il allait continuer de suivre les apprentis de l'Ordre et il était peu probable que ces derniers décident de s'approcher d'une cité avant des lustres!

Avec un soupire, le jeune homme détourna son regard du petit bois, ses pensées tourbillonnantes semblant se matérialiser dans la buée que la fraîcheur de la nuit lui faisait exhaler.
Il était seul, une fois de plus.
Il se produisit alors une chose extraordinaire.
Une forme massive sortit des fourrés. Il s’agissait d’un Loup majestueux à la fourrure gris claire et aux grands yeux jaunes. Il s’approcha doucement de l’ex assassin, faisant jouer sa musculature de prédateur. Une fois arrivé à un mètre de Lifaen, ils se fixèrent dans les yeux.
Le jeune homme avait pris son regard de prédateur, son regard de panthère, ses yeux émeraude étincelaient.
Le fils de la Lune le fixait avec un mélange de curiosité et d’amusement, ses grands yeux jaunes clamaient sa ressemblance avec Lifaen.
Ils étaient deux prédateurs se jaugeant.
Alors, aussi extraordinaire que cela puisse paraitre, le Loup inclina légèrement la tête. L’ex assassin lui rendit son salut. Une lueur nouvelle brillait dans les yeux du Loup.
Le respect d’un prédateur à un autre.
Avec un sourire, Lifaen lui désigna instinctivement la place à côté de lui et le loup se mit nonchalamment en mouvement. Le canidé s’allongea à côté de Lifaen, son corps chauds plaqué contre celui du jeune homme. Il veillait avec lui.

Lifaen n’était plus seul.



Heu. Voila, si c'est vraiment trop mauvais, je supprimerai. o/
03-09-2011 à 08:43:30
Tomber... La citadelle allait tomber. Tomber aux mains de l'ennemi, sans qu'il ne puisse rien faire. Elle allait s'écrouler, aussi sûrement que s'écroulerai un château de carte sur lequel on souffle. Emportant tout un passé avec elle. C'est là-bas qu'Ezraël avait vécu depuis sa naissance. C'est là-bas qu'il avait appris à marcher, à parler puis à se battre. C'est là-bas que se trouvait toute son enfance, et toute une partie de son adolescence, et bientôt il n'y aurait plus rien. Quand tout allait tomber sous le joug de l'empereur, seul la poussière subsistera en guise de souvenir.
Haute perchée dans le ciel, la lune semblait se moquer d'eux, se riant de son blanc pâle, des querelles qui opposaient les vivants. À ses côtés les étoiles chatoyaient comme jamais, comme si elle furent heureuse de leurs triste sort. Les poings serrés, se mordant la lèvre inférieur, Ezraël marchait fièrement tête levé vers le firmament, une lueur de révolte illuminant le vert émeraude de ses yeux. De toute sa vie, jamais il n'avait autant haït le ciel. Alors que tout s'écroulait, les astres continuaient à briller indifférant de l'injustice qui régnait dans ce monde. En ce moment le ciel aurait du partager leurs tristesse et faire taire sa pâle lumière morbide. La pluie aurait du tomber sur eux, témoignant de sa compassion. Mais non.. Le ciel se fichait éperdument de leurs fortune. Et pourtant c'était pour l'illuminer que les chevaliers de feu se battait ! Enfin se sacrifier, aurait été le mot le plus exacte. Compte tenu de ce qui venait de se passer. Enfin qu'importe ! En ce moment Ezraël aurait voulu crier sa rage, se libérer de toute la frustration qu'il portait depuis leurs départ de la citadelle. Et surtout, plus qu'autre chose, faire marche arrière et se ruer à l'assaut des troupes de l'empereur. Venger la mort très prochaine de ses maîtres, venger la perte de leurs ultime bastion.. Et surtout se libérer de la frustraion. A chacun de ses pas, la fine lame de carbone qu'il portait dans son dos semblait vouloir lui rappeler sa présence. Comme témoignant son envie de mordre la chair, et de se repaître du sang de ses ennemis. Au fur et à mesure qu'ils continuaient leurs marche, les mains d'Ezraël se faisait de plus en plus crispé et parfois elles venaient effleurer l'extrémité de son épée, se glaçant au contact froid du métal. Retenant tant bien que mal son envie de découdre et son malaise actuel, Ezraël continua de marcher essayant de se distraire en écoutant le bruit régulier de ses bottes qui décollaient du sol dur, avant de s'y reposer mollement.

Puis enfin mettant fin à la longue marche, une caverne apparut, et les chevaliers allèrent s'y réfugier. N'écoutant la plaisanterie de Sémil que d'un oreille distraite Ezraël entra dans leurs refuge temporaire. Il rabattit sa capuche, libérant sa crinière écarlate qu'il secoua avec vigueur avant de jeter sa cape négligemment dans une des cavités de la grotte. Il fit de même avec son épée qui chuta sur la roche avec un bruit métallique, et se répercuta bruyamment dans toute la caverne. Ignorant les regards de reproche jetés par certains de ses compagnons, Ezraël se dirigea vers le fond de la caverne. Être avec ses compagnons autour du feu ne lui disait rien. De toutes façon qu'il soit avec eux, ou seul l'ambiance resterait la même, morose. Et c'était normal. Ils n'allaient pas tous danser et faire la fête le soir ou tout un pan entier de leurs passé s'écroulait. Non ce soir était le temps des larmes et du chagrin. Ce soir Ezraël porterait le deuil de ses maitres. Puis demain il continuerait à avancer, il se remettrait à sourire parce qu'il le faut, parce qu'il faut oublier et avancer, sinon on tombe. Mais bon tout ça sa serait demain.

Ezrael s'appuya négligemment sur une des parois rocheuses, devant lui seul le noir le plus complet était présent. D'un geste lent, sa main s'enfonça dans une des ses poches de sa tunique noir, de laquelle, elle ressortit une pierre de feu. Qu'il fit aussitôt sauter dans les airs à intervalle régulier, la rattrapant sans se manquer une seule fois, d'un geste élégant. Les traits de son visage étaient encore légèrement crispé de frustration. La jointure de ses doigts blanchissaient chaque fois un peu plus quand il refermait sa main sur le petit caillou, et des claquements sec de la langue se firent entendre. Se battre, se lamenter sur le sort des maîtres, Ezraël avait envie de tout faire à la fois. Le sang se mit à couler en lave brûlante dans ses veines, et son coeur à palpiter. Il se mordit les lèvres avec colère. Jusqu'à la il avait bien maintenu son envie d'en découdre, alors pourquoi ne ressortait elle que maintenant ? D'habitude il explosait immédiatement comme une bombe, peu habitué à contenir le flot d'émotion, mais la il l'avait retenu pendant trop longtemps.. Trop longtemps. Sans qu'il ne s'en rende compte tout de suite, ses ongles entraient dans sa chair. Le sang commençait à perler en petite gouttes rouges avant que la douleur ne se fasse ressentir. Lachant brutalement sa pierre, il secoua sa main en grognant. Puis il se pencha encore une fois avant de reprendre la pierre et de la fourrer dans sa tunique.

Se retournant il regarda le groupe que tous formaient. D'abord il y avait Sémil doyen du groupe, et celui que tous considérait comme chef, Ezraël y comprit. Certes il avait un certain dédain pour l'autorité, mais il éprouvait un respect pour cet homme qui du jour au lendemain portait le poids de toutes leurs vies, ainsi que celui de la réussite. Ca n'avait pas vraiment dut être facile, aussi pour cette raison il lui obéirait du mieux qu'il peut. Ensuite venait Gengis, qui avait exactement le même âge que Sémil. Stratège du groupe, il se révèlerait certainement très utile pour les batailles à venir. Même si Ezraël ne prenait généralement pas la peine de comprendre tout le concept d'une tactique, préférant s'en donner à coeur joie sur tout ce qui s'offrait à lui. Et puis après Gengis, il y avait Lifaën. Un peu trop mystérieux au gout d'Ezraël, celui-ci était sans aucun doute redoutable au combat, de plus il savait parfaitement détendre l'ambiance du groupe. Après à l'écart du groupe se trouvaient Flinn qui venaient de s'élancer dans le noir de la nuit et Kalaan seul dans son coin. Tout deux taciturnes et réservés, Ezraël ne les considérait pas comme la meilleur compagnie du monde. Bien qu'évidemment la vie de ses deux compagnons lui importaient beaucoup. Une silhouette se leva et marcha s'aidant d'un baton vers l'entrée de la grotte où se trouvait Kalaan. Ezraël identifia cette personne comme étant Frimain. Il ressentait une admiration pour le jeune homme, se battre alors qu'il était privé du sens considéré comme le plus important lors d'une bataille ! Mais malgré tout on pouvait sentir une force calme émaner du jeune aveugle, et aussi Ezraël trouvait sa présence plutôt rassurante. Et puis, il y avait Zéjaléa, une des rares femmes présente dans le groupe. Elle semblait plutôt fragile, mais étant une chevalier, il ne se doutait pas des capacités de la jeune femme.

Plus apaisé qu'il y a quelques minutes, Ezraël se dirigea de nouveau vers le feu, conservant cependant une mine sombre. Oui sourire c'était pour demain. Il se rassit devant l'âtre autour duquel ne figurait plus que Gengis, Eldan, Frimain et Zéjaléa. Sémil s'étant éloigné pour aller voir Kalaan. Et Lifaën était sorti bien avant eux, pour faire on ne savait trop quoi.
Devant les yeux d'Ezraël, les flammes dansaient allègrement, projetant leurs reflets sur ses cheveux écarlate qui semblèrent eux aussi en mouvement. Le jeune homme aurait apprécié que ses paupières se ferment d'elle même, mais le sommeil avait décidé de le bouder. Aussi profitant de la quiétude de ses propres sentiments, Ezraël laissa ses pensées vagabonder vers les souvenirs maintenant douloureux, de son ancien maître. Et surtout de la citadelle où il avait passé toute son enfance.

03-09-2011 à 10:56:57

Les cris, les larmes, le Feu, la fuite. Sa fuite. Maigre silhouette parmi l'épaisse poussière soulevée par la chute de la Citadelle, elle avançait. Déterminée. Plus que jamais. Son maître était mort, il ne reviendrait pas. Et pourtant, cela la laissait de marbre : Sylvain n'aurait sûrement pas voulu qu'elle pleure. Peut-être était-ce sa dernière volonté ? Autant s'y tenir, et rester droite.
Ils avançaient, en colonne bien rangée, une quinzaine de survivants à vue de nez. Des apprentis ; aucun ne semblaient avoir plus d'une trentaine d'années, et certains n'étaient que de frêles adolescents, presque des enfants. Mais sur eux reposait désormais sa vie ; ainsi, elle leur ferait désormais confiance. Jusqu'à sa mort si il le fallait.
Aujourd'hui, le monde venait de sombrer. Encore un peu plus, plongeant lentement vers un gouffre qui s'annonçait, là, à quelques pas, gouffre qui montrait sa présence chaque jour. Abîme. Pourtant, eux avaient été choisi. Les élus. Ceux qui redonneraient le Soleil à cette Terre déchue. Ceux qui allaient sûrement mourir avant d'avoir accompli cette tâche ô combien malaisée. La lumière méritait-elle autant de sacrifice ?
Une question qui ne fallait bien sûr jamais poser.

Marchant en tête de la colonne, Sèmil, ce cher Sèmil. Celui que l'on pouvait qualifier de "doyen", celui qui avait décidé de prendre d'autorité la place de "guide" dans ce groupe on ne peut plus disparate. Certes, il avait pris les choses en main. Certes. Mais tout de même... On ne pouvait pas imposer à elle une puissance supérieur de seulement trois ans son aîné. C'était contre sa nature. Désormais, elle surveillerait le jeune adulte, prête à lui sauter dessus à la moindre faille. Car l'enjeu était bien trop important.
Sèmil ne devait pas faiblir.

Proche de lui, Gengis, ce que l'on pouvait appeler un tacticien. Toujours à l'affût, toujours prêt à donner son avis sur la question. L'un des plus ancien... Louve l'avait toujours écouté avec un grand sérieux ; même si elle préférait foncer dans le tas. Dans cette ouverture d'esprit, il en fallait bien un comme le jeune adulte. Cela en apportait grandement à la cohérence du groupe.

Kaalan ensuite, le masque typique de la froideur. Manchot. Ce qui pouvait l'handicaper lors des combats qu'ils auraient à mener, plus tard. Et si lui était handicapé, eux l'étaient par la même occasion. Louve espérait qu'il se donnerait au mieux. Epéïste, il était bien meilleur qu'elle. Mais une erreur était vite arrivée, et ils n'avaient pas besoin de cela.

Frimain marchait en queue de file, perdu dans ses pensées. Lui, bien qu'elle ne se l'avoierait jamais, elle l'admirait. Profondément. Il avait toujours était droit, calme, décidé à donner le meilleur de lui-même. Et cela, malgré sa cécité. Il méritait amplement sa place.
Certes, il n'était pas la meilleur lame du groupe, ni celui qui maniait le mieux sa Pierre de Feu ; et pourtant... il se donnait, voulant toujours apprendre plus, voulant toujours se donner à fond. Comme pour se faire pardonner... Il l'était déjà pour elle.

Flinn. Quelque chose d'étrange que lui : taciturne, peu sociable. Elle l'appréciait pourtant. Pour son style de combat particulièrement, pour toutes ces autres choses aussi. Cet homme était l'exemple même de ce qu'elle aurait aimé être. Et elle sentait qu'elle s'y approchait. petit à petit. Mais enfin...

Elle n'eut pas le temps de s'attarder sur les autres apprentis. Sèmil venait de commander une halte...
Commander une halte... Bien sûr...
04-09-2011 à 02:30:24
Sèmil fut déçu, mais cela ne le surprit pas le moins du monde. Au moins aurait-il essayer.
Il retourna près du feu, abandonnant Kaalan aux ombres froides qu'il semblait tant affectionner. Le jeune homme s'était heurté à un refus catégorique de tout contact sociale. Cela ne l'avait pas étonné outre mesure ; il s'y était attendu. Sèmil avait juste espéré pouvoir brisé cette carapace de glace que son compagnon s'était édifié, à la faveur du drame qui venait de bouleverser leur vie à tous. Mais il s'était trompé : Kaalan était encore plus renfermé qu'avant, encore plus froid. Plutôt que de s'ouvrir afin que l'amitié ne le réchauffe... Sèmil n'avait pas insisté. Essayer de franchir cette gangue ne servirait à rien, il devait attendre qu'elle ne se brise seule. Sinon, elle ne ferait que croître plus encore, telle un organisme parasite qui finirait par l'étouffer. C'était à Kaalan d'accepter que le monde ne le touche, et pas au au monde de forcer ses barrières. Alors, plutôt que de faire preuve d'une persévérance inutile, il l'avait laissé seul. Après tout, chacun avait sa manière de se protéger. Certains, comme lui, s'emplissaient du monde pour s'affranchir de la douleur, et d'autres eux, comme l’apprenti manchot, s'y fermaient pour mieux panser leurs plaies. Et au fond, les deux solutions n'en étaient pas : Andore était corrosive, et l'enfermement oppressant. Il n'y avait pas de bien être durable, en cette terre mourante. Juste une agonie perpétuelle, pour tous.
La souffrance de vivre. L'existence était une douleur en elle même.
Le jeune homme se posa sur une pierre plate.
Les flammes dansaient dans l'âtre, gracieuses, flamboyantes. Elles s'élevaient, retombaient ; enflaient puis mourraient. De jaune à orange, puis d'orange à rouge, se perdant dans l'air en étincelles mouvantes. Le rythme était effréné, insoutenable, et pourtant, le feu ne perdait pas de sa vivacité ; non, il gardait la cadence. Il était infatigable, et les ondulations fascinantes de sa danse captèrent le regard de Sèmil. il resta longtemps envouté, comme emporté dans la chorégraphie spontané des flammes, comme espérant pouvoir la suivre de ses seuls yeux. Son âme s'y perdit, et rejoignit les attrayantes acrobates, ces valseuses solitaires qui n'attendaient qu'un cavalier. Pendant de longues minutes, le monde se résuma à l'âtre, à cette scène où dansaient des nymphes incendiaires, dryades enflammées aux mouvements éoliens et aux courbes élégantes. Magnifiques et brulantes, belles et dangereuses. Des anges splendides, échappées d'un pierre volcanique, des anges issues des profondeurs magmatiques de la Terre. Si la vie s'était résumée à une danse... Une danse avec des flammes... Cela aurait été si simple. Il aurait suffit de relâcher son corps, de laisser le rythme primaire l'envahir, puis de rejoindre les autres sans soucis, sans responsabilités. Des étoiles sans formes qui n'auraient jamais à mener de batailles, à défendre de peuple ou à perpétuer un Ordre. Seulement des étoiles... Et pas de préoccupation. Aucune douleur, aucune souffrance. Une existence éphémère et heureuse. Une étincelle parmi tant d'autres, qui sauterait de flammes en flammes.
Sèmil s'arracha à sa transe. Il sentit une étrange sensation se retirer du ses muscles ; faite de nuages cotonneux qui se glissaient de nouveau dans le ciel. Son regard se fit plus clair. Il n'avait pas remarquer les brumes dont les volutes l'avaient traîner dans un rêve... Étais-ce cela, la faiblesse ? Se laisser emporté par un élément, puis sombrer dans d'oniriques pensées, en relâchant son attention ? Étais-ce cette délicieuse inconscience ? Étais-ce cette innocence ingénue, cette croyance stupide en un songe éveillé ? Si seulement il avait pu se la permette... Si seulement Andore pouvait encore rêver...
Tout d'un coup, cela lui vint. Plus que le printemps, plus que le soleil. Plus que les fragrances florales, plus que la paix et l'harmonie. Il voulait apporter autre chose au monde. Quelque chose qui lui faisait défaut, depuis bien des éternités, depuis que l'Empereur était monté sur le trône. Quelque chose qu'enfant, il n'avait pas sut savourer, mais qui désormais, lui parraissait capitale. Une chose dont il venait de saisir la porté.


-Je veux retrouver nos rêves. Lâcha t'il au cercle d'apprentis. Je veux que nos descendants puissent rêver comme l'ont fait nos ancêtres. Pas parce-que le Soleil brille dans le ciel, ou que le printemps embaume l'air... Mais parce-qu'ils pourront se permettre de s'assoir, d'observer l'herbe, et de retrouver l’entièreté de leur nature. De redevenir des humains entier, à l'âme capable de s'envoler ; à l'âme pure et candide. Je veux leur apporter le rêve.
Il releva la tête, de ses mains croisés, et redressa son dos voûtés. Ses yeux rencontrèrent ceux aveugles de Frimain. Les deux prunelles bleus le transpercèrent, éclair d'azur dans lesquels il crut reconnaître un souvenir oublié et céleste... Une phrase lui vint, sans qu'il sache où elle prenait ses racines. Les mots fleurirent surs ses lèvres.
L'espoir ne meurt jamais.
Un étrange sentiment le traversa, mélange de compréhension et de plénitude. Pourquoi ces mots lui faisaient-ils tant de bien ? Pourquoi le regard de Frimain était-il si lucide ? Étais-ce car la cécité n'avait pas touché son âme... Et que le miroir de ses yeux pouvait encore en renvoyer le reflet ? Pouvait-on lire dans des iris aveugles ?
Nous pouvons réussir, car nous incarnons l'espoir. Notre force ne peut mourir. Les fleurs fanent et les pierres se font poussières, mais le feu brulent toujours aux confins de la Terre. Si nous sommes tous des étincelles, si nous portons tous une flamme ou ses prémices en nous, alors notre incendie s'étendra sur Andore en y brulant la corruption. Et sans les ténèbres pour masquer le le ciel, sans les ombres pour occulter la beauté de ce monde... Sans tyran pour nous soumettre...
Une joie sauvage gonfla son cœur. Ses paroles furent vibrantes ; presque un rugissement de soutient à tout les autres apprentis, une vague de chaleur irradiée par des mots qui ne souffraient d'aucun manque de foi. Il croyait en leur victoire. Il croyait en chacun d'eux.
Nous allons rêver un monde nouveau, et l'édifier sur les cendres de l'ancien.
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