Andore - Prologue

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04-09-2011 à 06:20:21
Ses yeux se perdant dans le feu crépitant, son visage teinté d'orange, Ezraël n'était plus là. Il se trouvait à présent dans une des salles de la citadelle, une épée en bois dans ses mains d'enfants. En train de s'acharner sur un mannequin en mousse, son maître souriant lui prodiguait des conseils. Changement de tableau. Toujours dans la même salle, cette fois il était assis en tailleur sur le sol, ses yeux verts brillants d'admiration, devant des flammes que faisait jaillir le même maître.
Ezraël cligna des yeux, retournant dans le présent. Il observa un long moment les ombres mouvantes que les flammes projetaient sur la paroi de pierre, avant de porter son attention une seconde sur le récit conté par Gengis. Un guerrier sans tête. Comme c'était glauque. Le bizarre tableau d'un homme en armure sans aucun visage en train de se battre lui donna envie de rire l'espace d'une seconde. Mais le poids douloureux des souvenirs lui fit bien vite passer l'envie de rire, et il reprit sans tarder un air sérieux.
Dans le silence nocturne seulement brisé par le crépitement des flammes et la voix de Gengis, l'ambiance semblait bien morose. Et en un sens c'était assez agréable. Cette nuit serait l'une des rares ou Ezraël prenait bien le temps de penser, de méditer. Les flammes devant lui, semblaient attirer son regard, comme un souris est attiré par du fromage. Et ses pensées voguaient encore une fois, inexorablement sur les moments heureux de son passé.
Ses yeux se perdant encore une fois dans les flammes, on put les sentir devenir de plus en plus éloignés. Les mots de Gengis se firent lointain, sonnant presque comme une douce litanie. Dans l'ambiance presque religieuse de la nuit, Ezraël se remémora touts ses souvenir, les paupières mi-closes. Dans les flammes rougeoyante qui s'élevaient en longues languettes embrasées, il laissait son passé se faire consumer. Toutes ses mémoires, tout ses souvenirs, tout son passé, il les enterrerait ce soir. Cette nuit il se rappellerait une dernière, une ultime fois de son passé, avant d'avancer, d'avancer avec chacun de ses camarades sans se retourner. Ezraël ferma complètement les yeux, les paroles de Gengis sonnait comme celle d'un prêtre. Et dans le crépitement des flammes, il vint poser ses souvenirs, son passé, ses mémoires. Bientôt elles se transformeraient en cendres, et vogueraient au gré du vent pour aller rejoindre les vestiges de leurs bastion tombé. D'infime secondes, de longues minutes défilèrent, tandis que tout s'embrasait. Puis lentement, ses paupières se rouvrirent, ses yeux légèrement humides il porta sa main à son coeur. Prononçant silencieusement le nom de son maitre pour la dernière fois, il le remercia toujours sans dire aucun mot. Avant de porter cette même main au dessus du feu palpitant, laissant une flamme brûlante caresser son échine et de fermer les yeux prononçant à voix basse « Adieu » .
Ezraël laissa ses paupières se rouvrirent doucement et les éclats de voix de Gengis se firent de suite plus fort, plus réel. Revenant dans l'instant présent, laissant son passé en proie aux flammes, il reprit soudainement conscient de la présence de chacun de ses camarades. Sémil était revenu parmis eux, il semblait absorbé dans ses pensées. Puis il lâcha d'une voix soudaine :

- Je veux retrouver nos rêves, Je veux que nos descendants puissent rêver comme l'ont fait nos ancêtres. Pas parce-que le Soleil brille dans le ciel, ou que le printemps embaume l'air... Mais parce-qu'ils pourront se permettre de s'assoir, d'observer l'herbe, et de retrouver l’entièreté de leur nature. De redevenir des humains entier, à l'âme capable de s'envoler ; à l'âme pure et candide. Je veux leur apporter le rêve.

Sémil releva la tête, tandis que Frimain prenait la parole :


- L'espoir ne meurt jamais.

Cette phrase, si courte fut-elle, Ezraël le savait elle saurait donner confiance à chacun de ses camarades. Et Sémil rajouta :

- Nous pouvons réussir, car nous incarnons l'espoir. Notre force ne peut mourir. Les fleurs fanent et les pierres se font poussières, mais le feu brulent toujours aux confins de la Terre. Si nous sommes tous des étincelles, si nous portons tous une flamme ou ses prémices en nous, alors notre incendie s'étendra sur Andore en y brulant la corruption. Et sans les ténèbres pour masquer le le ciel, sans les ombres pour occulter la beauté de ce monde... Sans tyran pour nous soumettre...

Un sourire vint se former sur les lèvres d'Ezraël et il sentit son coeur se gonfler de fierté. Pour lui l'heure des pleurs était achevé. Maintenant il fallait avancer et comme l'avait dit Sémil, brûlait la corruption. Purifier Andore de la souillure que lui avait faites l'empereur, et venger par le sang et le fer, la mort de milliers d'innocent. Protéger par son épée, la précieuse vie de chacun de ses camarades et s'élever comme le fer de lance contre les forces maléfiques. Maintenant il faudrait se jeter corps et âme dans leurs long périple sans jamais regarder derrière. Oui Andore les appelait, Andore les suppliait.
Et Ezraël était prêt. Prêt à se battre pour ses camarades dont la vie lui était si chère. Prêt répandre la mort, répandre les flammes et répandre sa colère en un torrent de sang. Pour un avenir radieux, pour le soleil, tous se battrait avec ardeur, et Ezraël sentit un sourire optimiste s'épanouir sur ses lèvres. Tandis que d'un ton enjoué il s'adressait à Sémil.

Tu sais Sémil.. On brûlerait plus facilement la corruption si tu savais maîtriser ta pierre !


Oui, en fait sourire et rire c'était pour maintenant. Se murer dans la tristesse plus longtemps était inutile. Maintenant il fallait avancer. Il fallait vivre.


04-09-2011 à 10:22:32

- Je veux retrouver nos rêves. Je veux que nos descendants puissent rêver comme l'ont fait nos ancêtres. Pas parce-que le Soleil brille dans le ciel, ou que le printemps embaume l'air... Mais parce-qu'ils pourront se permettre de s'assoir, d'observer l'herbe, et de retrouver l’entièreté de leur nature. De redevenir des humains entier, à l'âme capable de s'envoler ; à l'âme pure et candide. Je veux leur apporter le rêve.
Sèmil. Un flot de pensées qui venait de se libérer. Libre, volatile, empreint de cette vérité si souvent oubliée. Un rêve... Quelque chose qui s'écoulait dans leurs veines, dans leurs sangs mêlés. Autrefois. Un souvenir enfouis, mais pourtant bien présents dans cet esprit que cet Andore contemporain avait atrophié, avait réduit à néant. Sans aucun scrupule quelconque.
- L'espoir ne meurt jamais.
Un sentiment de déjà-vu, un sentiment qui venait d'au-delà les tripes... Ses mains tremblèrent. Imperceptiblement peut-être, mais elles tremblèrent. Et pourtant... Un sentiment de plénitude l'envahit, un sentiment...
-Nous pouvons réussir, car nous incarnons l'espoir. Notre force ne peut mourir. Les fleurs fanent et les pierres se font poussières, mais le feu brulent toujours aux confins de la Terre. Si nous sommes tous des étincelles, si nous portons tous une flamme ou ses prémices en nous, alors notre incendie s'étendra sur Andore en y brulant la corruption. Et sans les ténèbres pour masquer le le ciel, sans les ombres pour occulter la beauté de ce monde... Sans tyran pour nous soumettre...
L'eau éteint les flammes ; l'eau pourra causer leurs pertes, leurs pertes à tous. Mais cela, il ne pouvait se l'avouer, pas à cet instant, pas à cet instant précis. La flamme de la ferveur de Sèmil les enveloppait tous, tous autant qu'ils étaient. Certes, le groupe qui se serait voulu uni n'existait pas pour l'instant, mais cela viendrait, cela viendrait avec le temps.
Andore les appelait à l'ultime bataille, Andore voulait sentir le Sang du traître abreuver sa Terre.
- Nous allons rêver un monde nouveau, et l'édifier sur les cendres de l'ancien.
Puis tel le Phénix, il renaîtrait. Tel le Phénix...
- Tu sais Sémil.. On brûlerait plus facilement la corruption si tu savais maîtriser ta pierre !
Frimain retint avec peine un sourire amusé. Ezraël...
L'heure n'était plus aux pleurs.



For Vita, For the Freedom : http://www.youtube.com/v/dZLcBLmph3Q
04-09-2011 à 15:33:24
-Je veux retrouver nos rêves. Je veux que nos descendants puissent rêver comme l'ont fait nos ancêtres. Pas parce-que le Soleil brille dans le ciel, ou que le printemps embaume l'air... Mais parce-qu'ils pourront se permettre de s'assoir, d'observer l'herbe, et de retrouver l’entièreté de leur nature. De redevenir des humains entier, à l'âme capable de s'envoler ; à l'âme pure et candide. Je veux leur apporter le rêve.

L'exlamation soudaine de Sémil, transperçant le silence tira Eldän de sa torpeur.

-L'espoir ne meurt jamais.

Eldän retint un sourire ironique devant cette phrase. L'espoir ? Il n'était pas mort mais avait largement diminué, rétréci, s'était refermer sur lui-même jusqu'à former qu'une chimère en laquelle peu de personne croyait encore. L'espoir avait fuit ce monde depuis bien longtemps et n'en subsistait encore que quelques lambeaux se dissimulant ça et là dans le coeur de quelques personnes.
Eux. Certains apprentis, pas tous.
Pas Eldän. L'espoir ne l'animait pas dans cette quête désespérée voué à l'échec. Leur but n'était pour lui qu'une raison de vivre, le moyen de donner un sens à la vie. Mais il n'abandonnerait pas. Jamais. Car avant tout ils étaient un groupe et si un seul ne faisait pas tout pour les autres, pour ce monde, alors l'union de leurs forces se désagrègerait.
L'espoir ne représentait rien pour lui - même si ça ne l'empéchait pas de vivre gaiement - mais, si pour les autres l'espoir existait, alors il devait tout faire pour que ils continuent d'y croire. Et surtout ne pas leur exposer son point de vue afin de ne pas ternir celui de Sémil et les démoraliser.

-Nous pouvons réussir, car nous incarnons l'espoir. Notre force ne peut mourir. Les fleurs fanent et les pierres se font poussières, mais le feu brulent toujours aux confins de la Terre. Si nous sommes tous des étincelles, si nous portons tous une flamme ou ses prémices en nous, alors notre incendie s'étendra sur Andore en y brulant la corruption. Et sans les ténèbres pour masquer le le ciel, sans les ombres pour occulter la beauté de ce monde... Sans tyran pour nous soumettre...

Encore une déclaration de Sémil visant à remonter le moral des apprentis. Le doyen savait lacher les mots justes et plusieurs regards brillèrent d'une force nouvelle dans la pénombre de la grotte.
Une plaisanterie fusa, comme pour montrer que l'espoir était de nouveau de mise:
- Tu sais Sémil.. On brûlerait plus facilement la corruption si tu savais maîtriser ta pierre !
Ezraël. Perpétuellement aux extrèmes de ses émotions. Un moment dans une colère extraordinaire et un autre joyeux à l'extrème. Le jeune homme aux cheveux roux était exubérant et hyperactif dans toute les situations. Ça en devenait parfois fatiguant mais Eldän l' appréciait pour ça.

La fatigue commença à peser sur ses épaules. Il était temps de dormir. Le lendemain allait être difficile.




MUSIQUE DE COMBAT: http://www.youtube.com/watch?v=BHRyMcH6WMM
04-09-2011 à 16:29:42
Flinn rentra de sa chasse plus vite que prévu. Et pour cause : il n'y avait aucun gibier dans les environs. Pas même la moindre piste d'animal à suivre... Rien. Le sol rocheux et poussiéreux de la région était particulièrement exempt de traces de passage, comme figé, immuable à travers les siècles. Même si la végétation était, par un miracle inconnu, suffisamment présente pour permettre la vie d'animaux, il semblait que les bosquets alentours étaient particulièrement dépourvus d'habitants, tout-à-fait déserts. Enfin, non, pas tout-à-fait. Flinn avait repéré les discrètes traces d'un Loup. Un fils de la Lune, de plus d'un demi quintal à en juger par les empreintes. Mais il ne s'y était pas attardé, par un étrange sentiment de... Il ne saurait dire de quoi, mais le fait était qu'il n'avait pas envie de chasser ce noble animal qui, selon toute probabilité, ne serait pas agressif. Non, ce n'était même pas une probabilité, c'était une certitude. Une certitude que le vent lui avait soufflé au creux de l'oreille et qui s'était glissée jusqu'à son cœur. Il n'y avait qu'un Loup pour vaincre comme sa la froideur méthodique et implacable, et surtout impitoyable, de sa chasse. Il ne fallait pas déranger l'animal, mais plutôt le respecter.

Etant donnée l'absence totale de tout indice concernant une quelconque autre présence animale, le jeune chasseur rentrait auprès de ses compagnons, dans la caverne. Cette promenade avait été suffisante, il était temps de... Bah, il ne savait pas de quoi il était temps, mais ce n'était pas un problème. Il le saurait bien assez tôt. Arrivé près de l'entrée de la cachette, les paroles de Sèmil montèrent jusqu'à lui. Il avait l'air de terminer un discours important. Il parlait des raisons de cette quête, et de la force des Chevaliers.

- L'espoir ne meurt jamais.

C'était une belle phrase, et même si Flinn était devenu totalement indifférent, étranger, insensible à toute notion d'espoir, il savait que l'absurdité de cette phrase était entièrement effacée par sa force, et par la force qu'elle donnait au groupe. Sèmil était vraiment un bon meneur. Flinn s'adossa à la paroi rocheuse près de l'entrée et attendit en écoutant la fin du discours.

- Nous pouvons réussir, car nous incarnons l'espoir. Notre force ne peut mourir. Les fleurs fanent et les pierres se font poussières, mais le feu brulent toujours aux confins de la Terre. Si nous sommes tous des étincelles, si nous portons tous une flamme ou ses prémices en nous, alors notre incendie s'étendra sur Andore en y brulant la corruption. Et sans les ténèbres pour masquer le le ciel, sans les ombres pour occulter la beauté de ce monde... Sans tyran pour nous soumettre...

Leur Force. Voilà qui était très bien parlé, voilà qui rendrait le groupe fort. Oui, à cet instant Flinn savait que tous les apprentis étaient plus forts et motivés que jamais. Même lui se sentait invincible maintenant, inarrêtable. En cet instant, le groupe était devenu un brasier, dont le regard brûlant était fixé sur leur objectif, certes si loin, si invraisemblable, mais... Rien ne semblait plus en mesure de se dresser devant eux et de les empêcher de l'atteindre.

- Nous allons rêver un monde nouveau, et l'édifier sur les cendres de l'ancien.

Encore une très belle phrase. Un monde nouveau. Mais, cela manquait de quelque chose...

- Tu sais, Sèmil, on brûlerait mieux la corruption si tu savais mieux maîtriser ta pierre de Feu !

La remarque d'Ezraël apportait ce qu'il manquait. L'humour, le ton léger, le rire qui était une force, dont Flinn manquait mais dont le groupe aurait grand besoin. Cependant, il manquait toujours quelque chose... Il allait devoir l'apporter, maintenant. Même s'il ternissait la bonne humeur lancée par Ezraël, il était indispensable de corriger cette erreur de Sèmil. Flinn s'avança dans la grotte, et parla tout en se rapprochant des flammes au centre.

- Il y a une différence énorme entre rêver sa vie et vivre ses rêves. "Nous allons rêver un monde nouveau" ? C'est bien, ça.

Mais il ne suffit pas de le rêver. Il faut le construire. Et pour cela il faut se battre. Alors, pour ce monde nouveau, quel que soit l'obstacle, nous le franchirons. Quel que soit l'adversaire, nous l'écraserons. Car nous allons vivre des rêves. Et en rêve, on peut tout imaginer. Il n'y a plus de limites. Nous devons donc faire voler en éclat les limites, pour vivre nos rêves. Et pour cela, il n'y a pas de secret. Il va falloir se battre.


Il avait prononcé cette dernière phrase en tendant son poing au-dessus du feu. Flinn ne supportait pas les faibles, mais le discours de son aîné venait de lui faire comprendre une chose importante. Il ne suffisait pas de se contenter des les mépriser. Il fallait aussi les rendre forts. Et il pouvait toujours participer à cela de cette façon. Ces quelques phrases ne changeraient pas le fond du problème, et les faibles ne deviendraient Forts qu'en le devenant au fond d'eux-mêmes. Mais si cela pouvait effacer leurs faiblesses, pourquoi s'en priver ?

Malgré les flammes qui se reflétaient dans son regard, le fond de ses yeux était toujours aussi froid. "Les yeux sont les fenêtres de l'âme", avait un jour dit un philosophe inspiré d'Andore, aujourd'hui oublié. Mais si l'âme de Flinn persistait à donner ce ton glacial à son regard, à l'extérieur, c'étaient les flammes de l'âtre, les flammes du groupe qui brûlaient sur ses iris, comme des volets à ces fenêtres. Il avait voulu faire prendre conscience de la réalité aux autres apprentis, mais après la première phrase, les mots étaient sortis d'eux-mêmes comme une force qui n'attendait que des Chevaliers qui en avaient besoin pour se révéler à eux. Maintenant, c'était une certitude. Ils étaient Forts.

Le regard de Flinn parcourut le groupe rapidement, évitant imperceptiblement ceux de Zejalèa et d'Eileen. Mais il ne put éviter les immenses yeux de Louve. Et ces yeux qui plongeaient dans les siens - ou était-ce lui qui plongeait ? - lui firent l'effet d'un coup de poignard. Son passé remonta à la surface et balaya sa force comme une vague invincible. Flinn s'assit à l'écart dans un coin de la grotte. Finalement, ce n'était plus une certitude. Sa force était devenue plus que jamais un doute pâle tandis que les regrets et les tourments s'emparaient de lui comme un vent glacial, tourbillonnant dans son cœur. Une unique larme perla au coin de son œil sans qu'il ne tente de la retenir. Flinn n'était plus là. Il se débattait au fond de lui-même. N'y tenant plus, il se leva et ressortit de la cavité rocheuse. Une fois au dehors, il entreprit le seul exercice qui lui permettait de se soustraire à l'emprise de son passé. Lentement, il se mit en garde, sa respiration devint plus régulière, profonde et calme. Il déplaça ses appuis avec une lenteur incroyable, et une fois entièrement en position, sa concentration était enfin totale. Chaque articulation de son corps étant sous son contrôle précis, il expira longuement. Inspira profondément.
Souffla d'un coup.
Son poing tendu fendit l'air dans le même temps, avec un sifflement léger, mais acéré. Il était prêt à s'entraîner efficacement. Et continua un bon moment, sous le regard d'une Lune laiteuse et noble, Forte.
Comme lui.
Il était Fort.

"- Crois-tu en le Destin, Néo ?
- Non. Je ne supporte pas l'idée que quelqu'un dirige ma vie à ma place.
- Précisément. Et je suis fait... pour te comprendre.
" - Matrix.
04-09-2011 à 18:37:20
Arl courrait à couvert en direction du campement de l'Ordre. Il devait y arriver, et vite.
Il avait du se séparer de l'homme qu'il avait rencontré deux jours auparavant, pour des raisons évidentes.
Deux hommes armés ne passent pas inaperçus, ils n'empruntaient pas le même chemin, et, la plus importante, Arl aimait la solitude.
Un plan de la région était installé au fond de sa sacoche de toile, mais il n'avait aucune raison de s'en servir. De un, l'itinéraire de l'Ordre était évident: il s'agissait d'apprentis, qui préfèreraient donc la guérilla que le combat ouvert, ce qui incluait un chemin essentiellement constitué de falaises, montagnes et forêts, pour les peus qu'il en restaient. Ils éviteraient les camps impériaux de Sroën et d'Araklan, dont les sentinelles pouvaient surveiller un terrain de dix-huit hectares. Enfin, ils utilisaient des pierres de feu, et devaient donc éviter les régions trop humides. Cela ne laissait que peu de possibilités.
Cela allait leur coûter la vie.
De deux, ils allumaient stupidement des feux de camp, ce qui revenait à peu près à appeler les hommes de l'empereur, en agitant des pancartes et en se dessinant des cibles sur le ventre.
Il avait fallu dix minutes, avec ces informations et l'aide de Moon pour localiser le groupe.
Il courrait de plus en plus vite, lui d'habitude si calme, avec une énergie hystérique. Combien lui restait-il de temps ? Il était à pied, et eux à cheval...
La douleur allait le tuer s'il n'atteignait pas le camp. Les deux flèches qui lui traversaient la jambe et l'épaule, l'empêchaient de réfléchir, mais il savait trois choses.
D'abord, l'Ordre était d'hors et déjà connu et pourchassé. Ensuite, les hommes qui les traquaient étaient sûrs d'eux, ce qui expliquaient qu'ils laissent pour mort un homme sans l'avoir touché à un point vital. Enfin, que ces hommes étainet des imbéciles, pour la raison précédente et parce qu'ils empruntaient un itinéraire deux fois trop longs et qu'ils s'autorisaient des pauses.
Arl se mit à tousser...
De la fumée ! Le camp était proche.
A peine eût-il eu cette pensée qu'il s'effondra dans la poussière. C'était trop bête...
Il allait mourir sans même avoir aidé l'Ordre.
Il perdit connaissance.

Moon sentit la conscience de son ami s'évanouirent dans le vide. Il fondit en piqué vers le corps, le regarda attentivement, puis s'envola à nouveau, et se dirigea vers les flammes.
Là, des hommes et des femmes (il n'arrivait pas encore à faire la différence. Comment les humains faisaient-ils ? Au moins, avec un geai, on peut facilement connaître le mâle et la femelle. Arl disait le contraire... Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi.) discutaient autour d'un feu.
Les idiots... C'est ça le problème des humains. Aucun instinct, incapables de comprendre quand le danger arrive...
Moon examina le groupe. Il lui fallait une personne psychologiquement proche d'Arl, ou il ne pourrait pas établir le contact. Les humains sont si superficiels. Pour eux, ils sont les seuls êtres pensants, du coup ils ne cherchent même pas à savoir s'il y en a d'autres.
Ils s'enferment des des idées préconçues et ne voient pas plus loin que le bout de leur nez en se persuadant que le monde est à eux.
Il choisit d'abord celui qui semblait être le mâle dominant, puis il se posa sur son bras et se concentra sur les images des cavaliers de l'Empereur qui marchaient vers eux, et sur celle d'Arl, inconscient à quelques centaines de mètres de là.
Peine perdue... L'homme lui caressa les ailes d'un air distrait.
Il réessaya avec quatre autres (dont un qui essaya de l'embrocher pour le faire cuire) avant de se poser sur l'épaule d'un(e) humain(e) à la peau très blanche, plutôt petit(e), qui avait des yeux bleux et des cheveux noirs.
Moon lui envoya les deux images, et elle (il semblait qu'il s'agissait d'une fille, au son de sa voix) se leva pour alerter les autres.
05-09-2011 à 02:45:58
Lifaen fixait les fourrés avec un regard rêveur, absent. Aucun bruit ne venait troubler le silence nocturne et la lune illuminait agréablement la scène. La fraicheur de la nuit était agréablement compensée par le compagnon lupin du jeune homme, la chaleur naturelle du loup se transmettant à l’ex assassin. Un miracle avait beau avoir permis à un bois de subsister en ces lieux, la vie, animale comme humaine, n’avait pas survécu aux arides conditions de vie. Pourtant, le chasseur de la Lune était venu, malgré l’absence de proies pour le sustenter, le loup avait rejoint l’ex assassin.
Ce loup… Ce n’était pas la première fois que Lifaen le voyait et certainement pas la dernière. Les deux êtres étaient liés, leurs routes s’emmêlaient inextricablement. C’était là une singulière histoire que celle de leur affection.

Passé.

Il y a de cela une dizaine d’année, le jeune homme était alors un adolescent et déjà un assassin accompli, ces deux êtres singuliers s’étaient rencontrés. A cette époque et depuis quelques temps déjà, l’ex assassin s’était détaché de son maître, effectuant la plupart de ses contrats en solo. Le jeune homme était un être solitaire, un prédateur que l’on surnommait déjà "la Panthère" ou encore "l’Ombre sanglante". La solitude avait toujours été le lot de Lifaen qui s’en accommodait fort bien. Malgré toutes les apparences et les masques qu’il se donnait, il était et resterai à jamais un être solitaire, une ombre se fondant dans la masse, ce qui convenait parfaitement à son métier, à son être tout entier.
Il y a donc une dizaine d’année, Lifaen, au fil de ses pérégrinations sans but précis, s’était retrouvé en plein cœur d’Andore, là où la vie animale était encore foisonnante et plus ou moins pure. Une immense forêt s’étendait devant le jeune homme qui, mût par son fidèle instinct, s’y était enfoncé sans crainte. Après quelques jours de marche placés sous le joug d’un étrange sentiment qui le poussait à aller de l’avant, l’assassin trouva ce qui faisait hurler son être tout entier.
Passé et présent se rejoignant étrangement, il faisait nuit à ce moment là. Les arbres formant une barrière à la lumière de la lune, l’assassin avançait dans l’obscurité, même si cette dernière ne l’incommodait en aucune façon. Le jeune homme n’avançait pas au hasard, il était guidé par une lumière, un éclat au loin qui l’intriguait tel une flamme attire un papillon.
Il découvrit avec surprise que cette lumière intrigante n’était autre que celle de la Lune, majestueux astre du ciel nocturne. En effet, les arbres avaient brusquement cessé leur écrasante progression et s’ouvraient sur une petite clairière, ilot de platitude dans cette sylve agressive. Lifaen était à un point de la forêt ou peu d’animaux vivaient encore, seul de petits mammifères avaient survécu dans cette partie. La clairière en elle-même semblait irréelle, tout droit sortie du monde onirique. L’herbe légèrement bleutée s’agitait légèrement sous une brise inexistante, donnant l’illusion d’une mer agitée de soubresauts. Quelques rochers émergeaient de cet océan herbeux, s’élevant à une hauteur peu élevée. De rares fleurs venaient égailler la monotonie du sol, véritables feux d’artifices colorés semblant capter la lumière sélène pour magnifier leur existence. Plus loin s’étendait un petit lac d’une dizaine de mètres de diamètre tout au plus. C’était de là que venait la lumière aveuglante, de l’intérieur même de cette étendue d’eau. En s’approchant, l’assassin découvrit la source de cet éclat. Le fond du lac était tout bonnement tapissé de cristaux inconnus, sûrement formés par les nombreuses catastrophes ayant secouées la région, qui reflétaient avec une myriade de rayons la lumière de la Dame Sélène.
Malgré la beauté de cette vision, quelque chose clochait. En y regardant de plus près, Lifaen remarque que le reflet de la lune n’était pas d’un blanc immaculé mais souillé par des trainées rouges. Du sang.
A cette vision, le jeune homme frémit et sa poitrine se contracta alors que sa maladie se réveillait. D’une geste fluide, il sortit un flacon de sang et le vida d’un trait avec de petits spasmes extatiques. Les idées parfaitement claires et fluides grâce à la consommation de sang, l’assassin observa les alentours pour connaitre l’origine de la souillure de l’eau. Un long gémissement l’informa de la localisation de ce qu’il cherchait, il s’agissait visiblement d’un animal, certainement blessé. Sans aucune crainte, le jeune homme s’approche de la forme qu’il avait repérée.
Un chasseur Sélène, fils de la Lune. Il y avait là un loup, visiblement d’un âge moyen, couché sur le sol. Sa respiration était laborieuse et son flanc se soulevait avec difficulté. Un léger filet de sang coulait depuis la pointe de son museau et une plaie récente ornait le flanc du canidé. Ce dernier leva ses yeux jaunes vers la sylve du regard de Lifaen. Les yeux du loup reflétaient un éclat étrange, mystique. En un instant, les deux êtres comprirent qu’ils étaient liés.
Il s’agissait plus d’une impression qu’autre chose, de quelque chose qui, dans la tempête des pensées de Lifaen, se démarquait du reste. Ils étaient étrangement semblables, tous les deux des prédateurs, tous les deux des solitaires… Car oui, il apparaissait très clairement que l’être lupin n’appartenait à aucune meute, ce qui était fort étrange pour un chasseur de la Dame Sélène. Mais après tout, Lifaen n’était-il pas semblable ? Dans un monde ou tous se regroupaient par divers moyens, (guildes, Ordres, religions, associations etc…) le jeune homme n’était-il pas lui aussi une panthère solitaire ? S’il avait été un loup, il n’aurait certainement appartenu à aucune meute, comme l’animal qu’il fixait en ce moment même. L’assassin avait beau essayer de se détaché du regard du chasseur de la Lune, il n’y arrivait pas, il était comme magnétisé. Ce loup et Lifaen… Le fils de la Lune et la panthère… Ils étaient inextricablement liés.
Le jeune homme ne pouvait tout simplement pas laisser le canidé dans cette situation. Avec un sourire rassurant envers l’être lupin, il s’agenouilla près de lui et sortit des flacons de sa besace.

Présent.

Lifaen tourna son regard pour fixer son compagnon lupin dans les yeux. Depuis cette aventure, le chasseur de la Dame Sélène était souvent apparu pour rester un peu avec le jeune homme, parfois durant des mois et parfois durant de simples heures. D’une certaine manière, il était le seul véritable compagnon de l’assassin, le seul être pour qui il ait de l’affection.
Enfin… Ce n’était pas totalement vrai, il y avait les membres de l’Ordre. Lifaen les aimait bien, ils étaient plus ou moins ses amis, ses frères, et sœurs, d’armes. Mais pas ses camarades. Pour cela, il aurait fallut être un membre de l’Ordre.
Or, malgré les apparences, Lifaen n’était pas un membre de l’ordre.
Bien évidemment, il jouait la mascarade, un masque de bonne humeur et de docilité, mais ce n’était pas pour autant que l’assassin faisait parti de l’Ordre. Même s’il l’avait voulu, il n’aurait pas pu en faire parti, ne serait-ce qu’à cause de sa phobie.
Oui, il était membre de l’Ordre pour l’apparence, pour l’image du groupe, sinon il restait ce qu’il avait toujours été. Un assassin.
Un solitaire.
Un Condamné à une vie seule ponctuée par une valse avec la mort.

Lifaen était panthère.
05-09-2011 à 08:45:39
Sourire taquin au lèvres, Ezraël attendait que Sémil réponde, cependant Flinn -qui entre temps était revenu- prit la parole :

- Il y a une différence énorme entre rêver sa vie et vivre ses rêves. "Nous allons rêver un monde nouveau" ? C'est bien, ça.

Mais il ne suffit pas de le rêver. Il faut le construire. Et pour cela il faut se battre. Alors, pour ce monde nouveau, quel que soit l'obstacle, nous le franchirons. Quel que soit l'adversaire, nous l'écraserons. Car nous allons vivre des rêves. Et en rêve, on peut tout imaginer. Il n'y a plus de limites. Nous devons donc faire voler en éclat les limites, pour vivre nos rêves. Et pour cela, il n'y a pas de secret. Il va falloir se battre.


Un instant les yeux d'Ezraël se firent lointain. Il méditait sur les paroles de Flinn, souriant légèrement. Décidément il réfléchissait beaucoup aujourd'hui ! Totalement d'accord avec le guerrier taciturne, le jeune homme se contenta de hocher la tête pour signifier son accord. Et avant qu'un de ses camarades ne puisse s'exprimer Ezraël se laissa basculer en arrière, s'étalant de tout son long sur le sol poussiéreux de la caverne en poussant un très long grognement. Son doigt se leva, pointant le plafond et il demanda :


- En parlant de se battre... c'est pour quand qu'on dérouille les troupes impériales ? Enfin je veux dire... A partir de demain, on file tout droit vers le palais de l'empereur, puis on le découpe hein ?

Plutôt simpliste comme plan. Mais c'était comme ça qu'Ezraël pensait. Il ne s'encombrait pas de futilité telle que la prudence. C'était inutile trop long. Lui ce qu'il aimait,, ce qu'il voulait c'était de l'action. Du combat ! Si il n'avait pas l'occasion de trancher quelques têtes dès demain, sa frustration se ferait très bien sentir. Pour l'instant la présence chaleureuses de ses camarades, ainsi que l'ambiance calme de la nuit l'apaisait quelque peu. Même si Ezraël rêvait de pouvoir planter son épée dans quelque chose.

Avant qu'un de ses camarades ne puissent répondre, des battements d'ailes parfaitement audibles se firent entendre et résonnèrent dans la caverne. Se redressant brusquement Ezraël aperçut un oiseau.. ou un pigeon plutôt.. Enfin un volatile quoi ! Celui-ci se posa successivement sur l'épaule de plusieurs de ses camarades, avant d'aller de se poser sur la sienne. Absorbé quelque seconde dans la contemplation des yeux jaunes de l'animal. Ezraël eut soudain la vision plaisante de l'animal rôti sur une broche. Se léchant les babines le jeune tenta de saisir le pigeon de sa main droite, mais celui-ci fut plus rapide. Et s'envola sur une autre épaule. Aussitôt que le volatile eut quitté son épaule Ezraël se rua vers le coin de la caverne ou il avait lâché son épée, la récupéra et revint prestement près du feu en s'écriant :

- Bon ! J'ai faim.. Très très faim et le pigeon a l'air appétissant alors qui v...


Il s'interrompit quand Zéjaléa que le pigeon avait choisi comme perchoir se leva brusquement.






05-09-2011 à 11:31:18
La fuite de la citadelle avait été un moment... pénible pour Fenant. Mais peut-être du au fait qu'il avait déjà vécu cela, il avait été moins affecté que d'autres. Eldän, Frimain, Sèlim... Tous trois semblaient particulièrement affecté par les récents évènements. Et bien qu'il ne le montrait pas, lui-même l'était tout autant: son maître était le seul avec qui il avait partagé son histoire, en grande partie parce qu'il y avait une place importante. Il n'avait parlé à aucun apprenti de ce qu'il avait vécu, et pourtant, le fait de voir la Citadelle en flammes avait ravivé des souvenirs oubliés... Oubliés et douloureux. La garde de sa lame se fit plus lourde dans son dos, durant les quelques instants où son esprit fut tourné vers son passé, avant que la marche et le présent reprennent le dessus.

*Pas le temps pour le passé.*

Il était dur avec lui-même, il le savait. Personne ne pourrait lui reprocher d'être triste et abattu après ce qu'ils venaient de vivre. Mais pour que cela se fasse sans danger, il fallait qu'ils soient libre. Pas au sens de non-enchaîné, mais au sens libre d'aller où ils le veulent. Et pour le moment, c'était loin, très loin d'être le cas. La pause dans la grotte était l'occasion de faire le point, de laisser les esprits se reposer, et de se décider à aller de l'avant. Mais lui même était quelque peu fatigué... Il se posa rapidement près du mur, toujours vêtu de sa cape et somnola légèrement. Ce fut les paroles de Sèlim qui le ramena à son environnement. Des paroles qui avaient pour but de réveiller. Des paroles de guide. Il ne cachait pas les difficulté, mais laissait voir l'espoir et se concentrait sur l'objectif pour ne laisser qu'entrevoir les embûches qui se dresseraient sur le chemin. Fenant se redressa: ses paroles étaient bien celle qu'ils avaient besoin. Bien qu'à peine plus âgé qu'eux, Sèlim était bien l'apprenti qu'ils leur fallait pour leur servir de guide plutôt que de chef. Les buts profonds de chacun pouvaient être différents, mais tous passaient par un point commun, et c'était sur ce point là que Sèlim venait de recentrer l'attention. La pointe d'humour de Ezraël fit sourire Fenant. La tristesse s'était envolée. Il ne restait plus que l'ardeur de vivre.

Les phrases de Flinn, bien que dures, étaient justes. Ce rêve que tous souhaitaient bâtir, il ne se réaliserait pas sans mal. Mais lui aussi mettait l'espoir: en se donnant les moyens d'y arriver, il se fera.

Un oiseau rentra dans la grotte, et retint vaguement l'attention de Fenant. C'était rare qu'un animal à priori sauvage s'approche aussi près d'un feu, et surtout qu'il reste après la tentative ostensible de Ezraël de le capturer. Quand Zéjaléa se leva, le regard un peu affolé, il comprit que la situation n'était pas celle qu'ils croyaient. Il se leva et attendit de comprendre de quoi il en retournait vraiment, mais il n'y avait nul doute que cela n'était pas de bonnes nouvelles...

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05-09-2011 à 12:07:56
Zejaléa avait écouté Sèlim rendre espoir au groupe de son discours. C'était l'attitude parfaite pour un chef et il mettait du baume au cœur d'eux tous, y compris au sien. Elle ne dit rien, se contentant de réchauffer son corps près du feu et son âme auprès de l'espoir que Sèlim avait distillé dans l'air comme un parfum auquel Ezraël avait ajouté sa touche d'humour et Flinn son jugement toujours correct, telles des fragrances supplémentaires pour embellir un peu plus l'odeur.

La jeune fille tomba dans une forme de rêverie et son esprit vagabondant lui apporta un réconfort qu'on ne peut trouver que dans l'onirique. Elle baissa à nouveau la tête pour reprendre contact avec son monde interne, aussi riche et plein de vie qu'Andore était pauvre et désolée et tout de suite elle n'entendit plus que de vagues murmures provenant de ses compagnons pour sombrer en elle. La nuit, il lui arrivait de rêver d'animaux étranges, dont elle ne savait même s'ils avaient existé un jour et s'ils existaient encore. De grands animaux majestueux, de nobles monstres ou de tailles plus modeste...Elle espérait vraiment que quelque part sur Terre il y avait encore de ces bêtes, mais n'osait pas l'espérer : Elle était réaliste. Ce soir, elle était tout de même d'une humeur plus sombre qu'à l'accoutumée : La proximité de leur ancienne citadelle était non seulement un grand danger, mais elle l'empêchait de s’allonger sous la voûte Céleste et de la contempler calmement comme elle aimait le faire...

Soudain, un oiseau entra dans la grotte et la sortit de sa torpeur. Son cœur fit un bond dans sa poitrine, elle était certaine qu'elle connaissait cet animal ! C'était un geai bleu, comme celui de...
Il se posa sur le bras de Sèlim et ce dernier le caressa. Le geai sembla aussi déçu qu'un oiseau peut l'être et aussitôt il s’envola vers d'autres compagnons, répétant le même manège et semblant ne jamais trouver son bonheur. Ezraël tenta même de l'embrocher, quel idiot il pouvait être parfois ! Zejaléa avait reconnu Moon, l'oiseau de Arl et s'il était là, ce n'était pas pour rien, il restait toujours auprès de son ami habituellement (le terme maître ne convenant pas dans cette relation d'égal à égal que les deux compères partageaient). Était-il arrivé quelque chose à Arl, cette personne réservée et courageuse ? Elle pensait angoissée à ce qui avait pu arriver et s'apprêtait à dire ce qu'elle en pensait lorsque l'oiseau s'approcha d'elle, se posa sur son épaule et la regarda dans les yeux, en laissant quelques notes s'échapper de son bec, mélodie aux accents de désespoir. Zejaléa plongea son regard dans celui de Moon et elle vit...Des cavaliers portant les armes de l'Empereur...Arl à terre, grièvement blessé par deux flèches. Non ! Elle se leva brusquement, ses pires craintes confirmées et prit la parole d'une voix assurée coupant la parole à Ezraël, le geai bleu toujours sur son épaule :

"Écoutez-moi ! Arl est tout près, il est blessé gravement, il va mourir ou se faire tuer par des cavaliers de l'Empereur qui arrivent sur nous ! Moon va me montrer où il est et je m'efforcerais de le guérir, mais préparez de quoi vous battre, je ne sais pas combien ils sont, je n'ai pas pu le voir !"

Zejaléa s’élança à l’extérieur suivant Moon qui s'était élancé dans la prénombre, mais avant de quitter la grotte, elle se retourna et ajouta quelques mots le cœur serré.

"Et dans la mesure du possible...Épargnez les chevaux..."

Puis elle s'enfuit dans la nuit.
05-09-2011 à 13:13:50
" Écoutez-moi ! Arl est tout près, il est blessé gravement, il va mourir ou se faire tuer par des cavaliers de l'Empereur qui arrivent sur nous ! Moon va me montrer où il est et je m'efforcerais de le guérir, mais préparez de quoi vous battre, je ne sais pas combien ils sont, je n'ai pas pu le voir ! "

A peine eut-elle prononcé ses mots qu'elle s'élançait déjà hors de la grotte.



Arl ? C'était qui déjà Arl.. ? Ezraël fit marcher ses méninges du mieux qu'il pouvait, sans pourtant voir qui était Arl. Mais bon.. Vu la mémoire dont il disposait, ce n'était presque pas inquiétant à la limite. Mais les mots qui résonnèrent avec force furent "Cavalier" et "Battre". Se battre, tout les sens subitement en alerte, les yeux brillant un large sourire aux lèvres Ezraël frémissait. Sans prendre la peine de réfléchir, le bouillant chevalier se jeta aussitôt à la suite de la jeune fille. Il oublia complètement de reprendre sa cape, courant vêtu simplement de son armure de cuire noir, ses cheveux rouge écarlates flottants au vent tels des flammes. Il regarda Zéjaléa s'arrêter un instant pour dire des mots qu'il n'écouta pas, bien trop excité. Puis elle s'élança encore une fois, Ezraël à sa suite en adressant quelques mots à ses compagnons :

« Désolé mais se battre dans une grotte c'est pas pour moi ! Et venez.. Sinon je risque de ne laisser que des carcasses "


Souriant comme jamais, tout ses sens exacerbés Ezraël la rattrapa en un instant la jeune fille. Il tenait fermement la garde de son épée dans les mains. Il la serrait tellement fort que ses ongles rentrèrent dans sa peau. Mais cette douleur ne lui causait aucun problème. En ce moment il ne rêvait que d'une seule chose.. Planter sa lame dans quelque chose. Se battre.. Qu'il en avait envie ! Son coeur battait à tout rompre dans sa poitrine, sa peau semblait en feu... C'était une excitation folle, sauvage qui s'était emparé d'Ezraël. Elle le contrôlait complètement, il était à sa merci. Et il ne s'en plaignait aucunement. Il était quelqu'un d'extrême et il le savait. Et en ce moment il était à fond. Vraiment à fond. Il souriait maintenant de toutes ses dents, et exalté il s'écria à Zéjaléa :

« Dis moi c'est par où ? Tu cours un peu lentement pour moi haahah ! »

Oui Ezraël pouvait courir encore plus vite.. Il voulait courir encore plus vite et se rendre sur les lieux ou se trouvait Arl. Et surtout croiser le chemin et surtout le fer, avec les cavaliers de l'empereur !

05-09-2011 à 13:59:19
Zejaléa courait. Elle était très loin de sa vitesse maximale car elle s'efforçait de repérer Moon, tâche assez ardue en courant dans la pénombre de la nuit, il aurait fallu que l'oiseau soit fluorescent pour qu'elle avance plus vite...Heureusement les reflets de la Lune et les trilles lancées à intervalles régulières par le geai lui permettaient tout de même d'avancer à une bonne allure. Elle espérait retrouver Arl rapidement, sinon peut-être serait-il trop tard...

La jeune fille sentit soudain une présence s'approcher d'elle. Ezraël, bien sûr. Il ne vivait que pour l'action et voulait certainement se battre contre les soldats impériaux. Pourtant Zejaléa avait cru comprendre dans la vision que lui avait envoyé Moon qu'ils avaient tout de même quelques heures de retard à cause de leur bêtise, et grâce aux efforts de Arl...Elle entendit Ezraël lui lancer quelques mots.

"Dis moi c'est par où ? Tu cours un peu lentement pour moi haahah !"

Si elle avait eu le temps, elle l'aurait fixé de ses yeux glacés pour lui faire comprendre que le moment n'était pas à la plaisanterie, mais d'autre priorités les attendaient. Elle lui répondit sèchement sans aucun signe d'essoufflement.

"Si tu veux courir plus vite, va tout droit et tombe de la falaise que nous avions grimpé, je suis sûre que ça te plaira. En attendant, je suis occupée à suivre un oiseau dans un noir presque total et tes paroles m'empêchent de me concentrer sur ses cris qui m'indiquent où se trouve l'un de nos amis, qui est moribond."

Ezraël se tut, comprenant qu'elle n'était pas de très bonne humeur, mais sans se départir de son sourire. Ils couraient tous les deux dans le noir, suivant le geai bleu.
Quelques centaines de mètres plus loin à peine, Zejaléa aperçut Moon posé à même le sol. A côté de lui gisait Arl. La jeune fille s'avança de lui tout en prenant sa Pierre de Feu pour en faire jaillir une minuscule flamme pour examiner rapidement l'étendue des dégâts, il fallait qu'elle voie exactement de quoi il retournait.
Arl était inconscient et avait perdu une bonne quantité de sang. Son épaule serait simple à guérir, mais pas sa jambe, la course ayant empiré l'état de la blessure. Aussitôt la jeune fille cassa la flèche fichée dans la jambe, la retira en félicitant en son for intérieur Arl de ne pas l'avoir fait, et alors que le sang jaillissait de plus belle, elle fixa un cataplasme qu'elle avait sorti au préalable de sa sacoche. Il était composé de diverses plantes prises dans la citadelle pour atténuer la douleur, accélérer la coagulation et empêcher la plaie de s'infecter. Zejaléa fit de même sur l'épaule, puis constant que Arl respirait toujours aussi faiblement, elle lui mit quelques graines sous la langue pour qu'il les avale laissant le réflexe de déglutition s'en charger. Il était tiré d'affaire, mais encore fragile. Elle éteignit la petite flamme provenant de sa Pierre de Feu et caressa Moon ne doutant pas une seconde qu'il avait compris tout ce qui s'était déroulé sous ses yeux. Enfin, elle se retourna vers Ezraël, qui l'avait observé en silence pour ne pas la déconcentrer et lui parla.

"Je sais qu'il te tarde de combattre, mais je pense qu'ils n'arriveront pas avant plusieurs heures et nous devons mettre Arl en sécurité...Quoi que, peut-être qu'au cours du temps que j'ai pris pour le soigner, ils ont avancé."

Zejaléa lui fit ensuite signe de l'aider à porter Arl. On pouvait lire la frustration sur visage du fougueux jeune homme. Moon se posa sur l'épaule de Arl qui n'était pas endommagée comme pour vérifier l'état de son ami, puis repartit vers le ciel d'un vol gracieux. Fenant surgit alors de la nuit et il fut comme une bouffée d'air pour Zejaléa : Ezraël et elle n'étaient plus seuls pour secourir Arl.
05-09-2011 à 14:51:30
Sans un mot, Fenant s'était élancé à la suite de Zéjaléa et Ezaël. Aucune mort dans leur rang ne pouvait être admise, et c'est pourquoi il était urgent d'aider leur compagnon. Il était un peu plus lent qu'eux, le fait de se lever brusquement alors qu'il somnolait n'était pas l'idéal pour être efficace immédiatement. Cela dit, il était assez facile de suivre les suivre au départ, et en restant dans la même direction il finirait facilement par arriver sur eux. Après tout, il suffisait de suivre la lueur de la flamme qu'il voyait. Si c'était bien eux...

Fenant ralentit lentement pour se préparer quand la lueur s'éteignit. Et le fait que l'oiseau qui était venu les chercher s'envola de cet endroit lui indiqua qu'il était bien arrivé au même endroit. Il ne lui fallut qu'un instant pour comprendre la situation, et le souhait de Ezraël.


"Attend-les ici Ezraël. Il va falloir quelqu'un pour les retarder si on prend trop de temps à mettre Arl à l'abri."

Le soulagement de l'apprenti hyperactif était visible. Fenant aida Zéjaléa à ramener Arl sans souffrance supplémentaire, en suivant ses consignes. N'être que deux n'était pas forcément dérangeant. Après tout, il était difficile d'être d'avantage pour porter quelqu'un sans lui causer de douleur.

L'initialement anonyme.

Les lycanthropes renferment bien des secrets. Êtes-vous sur de vouloir les connaître?
05-09-2011 à 20:51:12
Gengis narrait déjà depuis quelques minutes lorsqu'il remarqua Sélim. Il remarqua sa posture, son visage, ses gestes,... Il sut tout de suite qu'il préparait un discours de motivation pour les apprentis présents dans la grotte. Il s'arrangea pour terminer son récit et patient, attendit le doyen. Il ne fut pas déçu. Sélim lâcha les bons mots et même lui, Gengis se sentit touché par ses paroles. Les autres ne tardèrent pas à en rajouter, certains en rigolant, d'autres en réajustant les paroles de Sélim, les rendant d'autant plus juste. Puis tout s'accéléra. Un oiseau, plus précisément un geai, apparut. Sans raison particulière, il s'accrocha à l'épaule de chaque apprentis. Il finit par s'arrêter sur Zéjaléa qui prise d'une crise de folie sans doute, partis en courant. Deux autres apprenties sortirent la suivant. Gengis s'élança derrière eux croyant à une attaque surprise. Il s'y prit trop tard et les trois compères étaient déjà loin. Il revint dans la grotte, las. Fatigué, il s'endormit. Morphée l'accueillant dans ses bras grands ouverts.
HRP:Dsl pour la petitesse du texte, mais pour des raisons IRL, je ne peux pas me connecter très souvent.

I am TOUPOUTOU
TOUPOUTOU POWER!!
05-09-2011 à 22:00:12
Flinn remarqua à peine l'oiseau bleu qui sortait de la grotte à tire-d'ailes. Qui sortait de la grotte ? Depuis quand était-il entré ? Trop pris dans son entrainement, en plein "kata" comme il aimait appeler cette activité, il n'avait même pas vu l'oiseau rentrer. Il ne s'était même pas aperçu de l'agitation que le volatile avait provoquée, alors qu'il n'était qu'à quelques pas de l'entrée de la grotte ! Il avait encore beaucoup de défauts à corriger...

Voyant Zejalèa s'élancer derrière l'oiseau, talonnée par un Ezraël plus enflammé que jamais, il décida de se renseigner. Il n'aimait pas ne pas être au courant quand il se passait quelque chose qui semblait important. En entrant dans la caverne, il croisa Fenant qui se lançait sur leurs talons.

- Qu'est-ce qui se passe ?

Il n'avait posé la question à personne en particulier, et ne prit même pas le temps d'identifier l'apprenti qui lui avait répondu. Il avait obtenu un résumé de la situation efficace et bref, il ne lui restait plus qu'à agir. Empoignant son épée qu'il avait laissée sur le sol rocheux de la grotte, il la rangea immédiatement dans son dos, sous sa cape, remonta le capuchon de cette même cape et sortit.

"Fenant, Zejalèa et Ezraël sont partis chercher Arl. D'ailleurs, qui est Arl ? Bref, aucune importance, c'est plutôt Zejalèa et Fenant qui sont partis le chercher. Si j'ai bien compris, il était poursuivi par une équipe de traqueurs impériaux, à cheval. Donc Ezraël est forcément venu pour se battre. Non seulement, le reste ne l'intéresse pas, mais il faudra bien quelqu'un pour les empêcher de rattraper les deux autres, qui porteront un blessé. Bon, il a sous-estimé la difficulté du combat, je pense... Une équipe d'élite à cheval est difficile à affronter. Seul, il n'y arrivera pas. Enfin bon... On verra bien s'il se débrouille."

Quand Flinn arriva sur les lieux, Fenant et Zejalèa étaient bien en train de soutenir Arl, et avaient déjà parcouru une centaine de mètres. Ezraël, debout derrière eux, irradiait une ardeur brûlante, comme s'il allait à tout moment exploser dans un déferlement de flammes, si l'ennemi poussait son impatience à bout. Incapable de contrôler ses émotions. Pour Flinn, cela revenait à être faible... Il aurait bien voulu le laisser se battre seul un instant, pour voir ses capacités, pour avoir peut-être une occasion d'observer les stratégies de l'adversaire, les points faibles d'un cavalier, etc. Mais il avait lui aussi besoin de se battre. S'il n'évacuait pas les flammes sombres que le regret avait allumé dans son cœur, elles finiraient par faire fondre son armure de glace. Et si cela arrivait, sa fragilité serait critique. Il devait résister, et se battre serait d'une grande aide. Ne connaissant pas l'adversaire, il ne se risqua pas à utiliser seulement ses poings. Mais devait-il choisir son sabre, tranchant et à grande allonge, qui lui permettrait de facilement abattre chevaux et soldats ? Non, l'arme serait trop encombrante et sa mobilité comme sa défense ne serait pas optimale, hors il se battait contre des cavaliers. En fait, c'était la première fois qu'il se battait comme s'il menait une guerre... Maudissant son manque d'expérience dans ce domaine, il préféra opter pour son arme de prédilection. Et dégaina de sous sa cape un paire de grandes tonfas en bois, qu'il rangeait toujours dans son dos. S'il ne pensait pas pouvoir pas faire mal à un cheval avec ça, sa défense et sa mobilité seraient en revanche optimales, tout en lui offrant une puissance offensive rapide et destructrice contre les soldats. De plus, l'ennemi serait forcément dérouté par cette arme inhabituelle. Ses tonfas à la main, il se plaça aux côtés d'Ezraël qui n'en pouvait plus d'attendre.

"- Crois-tu en le Destin, Néo ?
- Non. Je ne supporte pas l'idée que quelqu'un dirige ma vie à ma place.
- Précisément. Et je suis fait... pour te comprendre.
" - Matrix.
05-09-2011 à 23:35:09
Buée qui s’élève, légère vapeur blanchâtre qui tranche l’obscurité de la nuit. L’éclat glacé de la Dame Sélène illumine d’une lueur bleutée la terre d’Andore. Souffle qui expire, rêves volatiles, dernier soupir d’oniriques pensées qui s’envolent dans un bref instant de magnificence avant de se diluer dans l’air ambiant, ne laissant aucune trace de leur passage.
A chacune de ses respirations, Lifaen avait l’impression qu’il expirait une partie de lui, un autre morceau de ses songes qui se matérialisait lors d’un fugace instant par la buée que la fraicheur nocturne créait. Cette sensation de se vider faisait du bien au jeune homme que trop de pensées sombres agitaient. Il se sentait balloté par la tempête de ses émotions, comme un jouet entre les mains d’êtres supérieurs.
Pour se calmer, l’assassin reporta toute son attention sur son compagnon lupin, la douce chaleur qui en émanait, les doux mouvements de ses flancs, la douceur de sa fourrure, les battements calmes de son cœur, la douceur de sa fourrure, son museau qui reposait contre la poitrine de Lifaen, comme si le chasseur de la Dame Sélène avait deviné son trouble. Lentement, le jeune homme calque sa respiration sur celle du fils de Lune, goûtant au rythme apaisant des battements du cœur du canidé. Malgré l’âge théoriquement avancé de ce dernier, il paraissait encore jeune et plein d’énergie, défiant les lois de la longévité de son espèce. D’une certaine manière, Lifaen se doutait que derrière leur lien se cachait quelque chose d’étrange, quelque chose puissant.
Quelque chose qu’on ne contrôle pas.

Puis, un cri déchira le voile tenu de la nuit. Un oiseau, visiblement un geai, fila devant Lifaen et le loup sans se soucier de leur présence avant de s’enfoncer dans les bois. Peu après lui, Zejaléa déboula, suivit de près par Ezraël. Ni l’un ni l’autre ne prêta attention aux deux êtres solitaires et se contentèrent de courir dans le sillon de l’oiseau. Les suivant de près, Fenant passa à son tour devant les deux compagnons sans daigner leur accorder de sa précieuse attention, lui qui était pourtant si attentif d’habitude.
L’assassin eut un ricanement moqueur et teinté d’amertume qu’il offrit à la Lune, n’ayant personne d’autre à qui s’adresser. Une bile acide lui envahit la bouche, plongeant tout son corps dans le ressentiment et la… colère ? Oui, c’était de la colère. De sombres pensées lui vinrent en tête, enflant peu à peu pour occuper tout son esprit et y déclencher un nouveau typhon au relent d’une colère destructrice.
Les membres de l’Ordre prônaient la camaraderie, l’esprit d’équipe. Ils se disaient tous membres d’une même famille… Foutaises que tout cela ! Une soi-disant famille laissait-elle un de ses membres à l’écart ? La camaraderie incluait-elle que quiconque de solitaire se voit directement coupé du reste du groupe ? Depuis les sept années que Lifaen avait passées avec l’Ordre, en aucun moment un de ses "camarade" n’était venu voir le jeune homme lorsqu’il passait ses nuits seul, l’abandonnant à l’étreinte nocturne. Aucun d’entre eux n’était jamais venu lui annoncer les décisions prisent par le groupe ni la direction choisie. Combien de fois l’assassin avait-il dû se débrouiller seul pour pouvoir rejoindre le groupe des apprentis ? Combien de fois s’était-il contenter du contact rugueux d’un arbre et de la caresse légèrement humide de l’herbe comme camp alors que les autres membres de l’Ordre étaient confortablement installés ? Combien de fois avait-il dû dormir dans les jardins du Palais alors que les apprentis étaient lovés dans des dortoirs aux draps de soie ? Combien de fois avait-il dû s’entrainer en solitaire lorsque les apprentis Chevaliers du Feu s’entrainaient avec leurs pierres de Feu ?
Lifaen avait beau être une panthère, un assassin solitaire, un ombre dans la masse, une partie de lui restait pitoyablement humaine. Une partie de lui enviait les membres de l’Ordres, leurs jeux enfantins qui simulaient la guerre, le confort douillet de leur vie, leur unions, leurs histoires racontées au coin du feu ou leur débats enflammés… Même s’il ne se l’avouerait jamais, une partie du jeune homme aurait voulu n’être qu’un enfant comme les autres, un insouciant parmi tant d’autres. Cette part de lui souffrait de n’être qu’une ombre et frémissait devant les horreurs de son passé. Pourtant, cette partie de son âme était toujours restée scellée et cachée au plus profond de son être, disparaissant presque mais pourtant omniprésente dans le "masque" que l’assassin s’était formé pour approcher un tant soit peu les membres de l’Ordre.
Cette nuit-là, il était plein de ressentiment pour les membres de l’Ordre, l’avoir laissé seul, même si cela n’était pas leur faute.
Flinn passa devant lui en courant lui aussi. Le chasseur que Lifaen aimait bien avait sortit ses armes, il était évident qu’une escarmouche était en préparation.
Parfait. Le jeune homme avait besoin d’extérioriser son bouillonnement intérieur avant que celui-ci ne le fasse imploser. Quelques gardes impériaux feraient largement l’affaire. Il se leva d’un bond, entrainant son ami lupin avec lui. Les deux compagnons se fixèrent avec insistance, le lien étrange qui les unissait et permettait presque aux deux êtres de se comprendre. Le fils de la Lune poussa un grondement sourd, montrant qu’il était prêt à s battre au côté de son ami. Avec un sourire carnassier, Lifaen s’élança dans les bois.
Lorsqu’il fut arrivé à l’endroit où le geai avait emmené Zejaléa, Fenant et Ezraël, il avait rencontré en cours de route les deux premiers qui portaient le corps inconscient d’Arl, l’assassin avait déjà préparé tout son attirail de mort (poisons ect…) et était prêt à se battre. Devant lui se tenait un Ezraël bouillonant d’impatience et Flinn calme et serein. Encore sous le coup de son amertume, l’assassin se contenta de se poster au meilleur endroit pour engager la future bataille qui allait se dérouler ici, le Loup, ignorant superbement les deux autres apprentis, à ses côtés.
L’assassin attendait avec impatience le moment où il allait pouvoir se libérer, tuer tout à son aise et se défaire de l’acide qui lui rongeait les entrailles. Seul le doux chant du vent sur le métal troublait la quiétude des lieux…

Ne faire qu’un avec la nuit.
Panthère en chasse.

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