~ l'oeuvre d'art

25-08-2011 à 21:31:11
Il est beau, ça oui, très beau, mais souillé de cette grâce rouillée et éteinte qui ternit le teint des statues grecques, lisses et tristes. Comme taillées à même la roche, à la force du burin, ses formes sont froides comme la glace et ciselées comme le granit, grandes et fines telles les mirages que dessinerais la nuit tombante. Grandes, oui. Il est imposant, brut comme la pierre dans laquelle il semble sculpté, et vous enveloppe de sa présence, vous habille de son ombre comme d'un manteau de moire. Et là, happé, attrapé, c'en est fini de vous. Son regard, aux éclats de violette tachés d'étain, vous perd dans les méandres d’on ne sait quel pays imaginaire dévasté. C’est profond, là, derrière le verglas de ses iris, si profond qu'on pourrait y plonger d'un simple coup d’œil, aller s’immoler des flammes de la démence qui crépitent au fond de son crâne et brûlent, funambules, sur les filaments de son cerveau. Et ça se consume en lui, emprisonné, là. Ça le calcine de l'intérieur, ça le brûle à vif et ça lui forge force et vigueur. Ça lui donne une démarche assurée et des gestes puissants. Et le peintre entre en scène, calmant le cœur rougit et en ébullition de sa création, tâchant le corps et le quartz des milles et une nuances du chagrin : Il aura les cheveux argent, le teint pâle, slave, des dents de nacre et une peau opaline.

Quelques derniers coups de marteau, quelques derniers coups de pinceaux. C'est bon, il est terminé.

« J'ai vu un ange dans le marbre et j'ai seulement ciselé jusqu'à l'en libérer. »
Michel-Ange
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17-09-2011 à 18:47:01
Pas mal!