~ l'automne

25-08-2011 à 21:34:45
Tout se passe une folle nuit d'automne dans une forêt sombre, aux ombres dinosaures et aux feuilles qui chantent et tonnent. L'obscurité souffle un air d'éternité qui pétrifie les bois dans une pose d'effroi. Et il n'y a que ce froid mordant, qui s'insinue entre les arbres, pour tenir compagnie aux dryades. Ce n'est qu'après minuit, minuit passé et sonné, que s'éveille la forêt. Lorsque les bêtes dorment et que les lucioles ont éteint leurs réverbères. Ce n'est que là, qu'elles sortent de la terre. Avec deux petits poings qui chassent la terre molle et les feuilles mortes, avec une bouche béante qui avale les gravas, elles n'ont qu'un cheveux, unique petite pousse à leur orner le crâne. Aucune ne se ressemble. Elles revêtent les visages d'aubergines et de carottes, de racines et de fanes. Elles se débarrassent de leur cocon d'humus, de leur prison d'argile, sortent de leur lit d'infini. Petites mandragores noires, blanches, oranges ou violettes, elles embrassent tous les tons ! Oui. Toutes les couleurs de l'arc-en-ciel y passent et y trépassent. Elles crient, crient, chantent à en faire crever la lune. Se baignent dans sa pâleur, s'inoculent sa fierté ronde ou mordue. Elles sont les enfants de la terre mère et d'un timide automne nocturne. Elles sortent des ténèbres telles des somnambules, et entament leur comptine alitée, légende d'une saison. Comme des notes de musique, elles font la ronde, se tiennent la main et chacune y va de son refrain. Ça rentre dans les esprits, dans les racines et dans les troncs. Et c'est un carnaval de crépuscule et d'éphémère qui ouvre ses portes, où se crachent flammes de piment, s'enlacent gazes de spores et résonnent complaintes sempervirentes. Et ça imprègne la nature d'une teinte ocre, la tache d'une triste cicatrice quand l'aurore bientôt réveille la lune, la sort de son orchestrale léthargie. Allez, Aubépine, Cydonia, Houx et Azalée, rejoignez vos caveaux. Vous n'avez qu'une seule vie, celle d'une symphonie.

Et à l'orée du bois, le curieux Vivaldi sourit. Plus que 3... et il sera célèbre !
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