Frayeur ? Inquiétude ? Non, personne. On ne lisait dans ces yeux que l'impatience et le plaisir. Les regards d'un public au nez rouge et aux paires d'yeux d'Augustes soulignés de cernes de peinture, oppressants, lourds, saturés, autant que leurs sourires détruits. Détruits mais carnassiers quand le funambule titubait sur son fil. Et chaque pas le rapprochait de son inéluctable destin, il en était conscient. Mais pour tous, il était fou. Si fou d'ailleurs qu'on l'affublait d'un chapeau à grelots qui teintaient quand il vacillait. Il s'en foutait, il avançait. Il était ce sordide équilibriste qui se faisait parfois éclipse des torches du chapiteau. Il s'amusait de tout et de tous, défiait les lois dressées par les autres. Enfermé dans sa différence comme dans une immense solitude, il avait réussi à s'élever plus haut que le reste des hommes, plus haut qu'astres et nuages. Souvent, son fil s'était perdu dans les méandres de la folie, mais il avait effleuré la chevelure flamboyante de comètes et caressé les étoiles. Il s'en était brûlé les doigts. Les avait regardé jusqu'à en perdre vue et raison. Son corps était immolé de la grâce du feu céleste et son visage peinturluré des couleurs dorées d'un Soleil liquide.
Il le savait, que ses iris suintaient la démence. Oui ! Cela impliquait qu'il soit irresponsable, complètement taré. Il l l'était devenu ce jour-là où sa vie avait basculé. Où tout, en fait, avait basculé, sous les rires stridents d'un monde sans autre échappatoire que l'humour...
Equilibre, équilibre, équilibre. Bascule. Equilibre. Bascule. Tombe.
ouah! C'est très beau. Il devrait y avoir plus de commentaires!
Fiou, ça fait un bail que je suis pas passé par ici. :) Merci pour tes commentaires qui réchauffent le coeur et donnent envie d'écrire toujours plus, Anari.