- Tu n'es pas d'accord ?
- Non.
- Accepte un peu que ta machine est dangereuse !
- Non.
- Réalise ce que tu as fait !
- Non.
- Je vais devoir te forcer.
- Non.
- Je vais te tuer.
- ... Tu ne vas pas faire ça.
Il faisait froid en cette nuit de Juin. Lucie dormait dans la cabane 10 avec Delphine. Le vent entrait par l'embrasure de la porte sans déranger la jeune femme. Elle était jolie, avait un petit nez retroussé, des fins cheveux bruns tombant jusqu'à son dos et des yeux vert en amandes accompagnés de taches de rousseurs entourant son regard de pointillés provocateurs. Elle entendit son amie frissonner. Delphine était un peu plus jeune. Elle n'avait que 16 ans. C'était la première fois qu'elle prenait l'avion. Elle pleurait encore. Lucie l'enlaça et lui conta l'histoire d'une petite fée. Demoiselle était apaisée. Elles s'endormirent toutes les deux.
On s'organisait tant bien que mal la journée. La sépulture de Maxime avait été dressée à quelques dizaines de mètres du hameaux de tôle et de bois, sous un grand arbre, protégeant le défunt de la brûlure solaire. Ils n'étaient qu'une poignée d'hommes et de femmes a survécu, 10 maintenant.
Boris partit avec Jules et Thomas en direction de leur embarcation. Ils avaient eu l'ingénieuse idée de relier le bateau au palmier le plus proche de l'eau. La corde, grande d'un kilomètre, permettaient aux pêcheurs de fortune de revenir sains et saufs la plupart des fois et de ne pas se perdre en dérivant. Ils s'armèrent des pics pointus qu'ils avaient eux-mêmes taillé et avancèrent l'embarcation.
Lucie, quant à elle, s'installa auprès de Maxime, sous l'arbre. Elle resta là deux heures, sans manger, sans boire, sans bouger. Elle parler à son meilleur ami. Ils avaient passé une semaine tous les deux, se retrouvant chaque matin pour aller récupérer les animaux morts dans les faibles pièges posés la veille ou pour cueillir quelques baies améliorant le repas. Elle n'avait pas le coeur à y aller aujourd'hui. Il lui manquait quelque chose. Il lui manquait Maxime. Delphine arriva, vit la détresse de son amie et la consola à son tour.
- Il est peut-être mieux là-haut.
- Tu as surement raison. Pourquoi et comment est-il mort ? Je l'ai vu se décoller du sol d'un coup et partir tout droit, défonçant les arbres sous son passage, comme emporté par quelques chose d'invisible.
Melinda feinta de retrousser ses manches et répara partiellement leurs couchettes. Elle rafistola les cordes, cousu des similis de tissus, mit en ordre tous les intérieurs.
Simon, informaticien à temps partiel, s'occupa d'essayer encore une fois de décrypter les informations restantes de la boite noire de l'épave volante. Il n'arriva qu'à déchiffrer la vitesse et l'altitude, nota les données et s'empressa de répertorier ses dernières trouvailles dans le journal des mémoires.
Le "Journal des Mémoires" était en fait un regroupement d'archives retrouvées dans l'épave combinées avec les faits relatés par les survivants chaque jour. Le nom avait été trouvé par Stéphanie, journaliste française chez le Figaro.
Le soleil ne se couchait pas encore lorsque tout le beau petit monde se retrouvait au milieu du camp, avec dans ses mains le butin quotidien. Ils firent un petit feu de camp et continuèrent de décarcasser l'ex-avion. Chacun alla noter sa journée au journal firent la prière du soir.
- Arrête tout.
- Non.
- Débranche la tour centrale.
- Non.
- Arrête ta machine.
- Non.
- Arrête ton foutu défragmenteur de molécule !
- Non.
"Il faut une vie pour un tuer une autre, mais rien ne vaut achever une vie sans dépenser la sienne."
Ernest Bradeau.