Basile-Dimitri-Isaak Petrakos-Zernati

24-06-2013 à 20:43:13
Liz' a retrouvé la fiche de Basile ! :'D Comme j'arrive pas à écrire celle de Satinka et Doli, je vais rp Basile pour le moment, en priorité ^^.

Nom : Petrakos - Zernati; l'un ou l'autre, à sa guise.

Prénom : Basile - Dimitri - Isaak ; il utilise selon son envie un des trois qu'on lui a attribué, portant en sus les prénoms de ses deux grands pères.

Âge : 25 ans.

Sexe : Homme.

Caractère/personnalité : << Il y'a des gens... Enfin, non. Plus maintenant. Il n'y a plus de gens. Ou plus tant que ça. Je veux dire, des gens qui vivent. Vraiment. Des gens avec des vrais cœurs, pas des... Morceaux de viande. Froids et putréfiés. Ces gens là, ils ne comptent pas. Ce ne sont plus des véritables personnes, je crois. Plutôt comme des souvenirs qu'on verrait ramper partout. Comme si on avait éclaté la mémoire du monde, et puis, paf, tout ce qu'elle contenait se met à vivre. A bouffer. D'autres gens. Qui existent vraiment. Et qui hurlent, et qui en chient. Ah ils en chient. On en chie tous en fait. A cause de ces putains de souvenirs qui se sont mis à marcher, à grogner, tout ça. Les souvenirs, ça ne devrait pas se remplir l'estomac. Je veux dire, un mort, c'est un mort. On ne les relève pas. Non non. C'est quoi cette idée, hein ? D'où on sort que les morts marchent avec nous ? C'est pas raisonnable bordel. C'est carrément dégueu. Je refuse un monde comme ça moi. Donnez moi le monde d'hier. Je veux fabriquer mes rêves avec lui. Cette Terre là est devenue trop pourrie. On ne peut pas rêver sur ce genre de planète. Non. Impossible. Je refuse de toute façon. Je refuse tout. Allez vous faire foutre. Par des gens. Même si, les gens... Y'en a plus tant que ça, et... J'ai déjà balancé tout ça, merde. On tourne en rond. On tourne comme le monde. Mais on est pas encore aussi taré que lui. Putain, heureusement. Parce-que le monde est fou. Vraiment. Alors que nous... Et bah, nous... On compense des fois, et. On est pas tous. Fous. En fait. Pas vrai ? Dooonc, je pense qu'on peut dire qu'on s'en tire pas trop mal malgré, heu, TOUT quoi. Et puis, ça va pas durer tout ça, hein. On va s'en sortir. Et genre, rétablir un ordre, et la société, elle est pas encore morte quand même... Enfin, je sais pas si ça me plairait ou pas, mais ce serait mieux pour tout le monde je crois, donc bon. J'espère un peu qu'un petit rétablissement va venir, voilà. Tout petit quoi. Au moins. Un truc pas méchant, disons, dans un an, un an et demie, ce serait cool.
Donc. On attend, juste. Voilà. On fait juste qu'attendre... En essayant de survivre aussi, hein. Quand même. Parce-qu'on va pas se transformer en souvenir nous aussi, faut pas déconner. Ou même crever, parce-que ce serait franchement trop con mine de rien. Enfin, je sais pas. C'est mon projet en tout cas. Genre.
Survivre. C'est bien déjà bien. Je crois.>>

L'aperçu d'un esprit. Qui tourne en boucle, qui se renvoie des échos de ses pensées pour essayer de rétablir un peu d'ordre dans tout le foutoir qu'a mis l’apocalypse dans son crâne. Et ça rebondit, et ça pulse en migraines, et ça rassure, et ça fait chialer. Pas que Basile soit faible, mais, il a perdu son avenir en même temps que le monde qu'il connaissait. Ses projets professionnels ont tournés court. Sa vie sentimentale s'est transformée en souvenir. En souvenir macabre.
Car c'est ainsi qu'il appelle les revenants. "Souvenirs". Des coquilles vides qui parodient la vie. Des pantins animés d'on ne sait trop quelle étrangeté sordide. Des spectres qui errent sur la Terre, aussi avides que les humains qu'ils furent. Ils dévorent tout. Même leurs semblables. La mémoire fantomatique de l'humanité qui se ronge toute seule. Quelque chose d'immonde et de pitoyable. Même d'un peu triste, quand on y pense. Et Basile y pense. Il n'a que ça à faire de toute façon, penser. Alors il fait. De tout son soul. Il pense, il regrette, il pleure, il parle tout seul... Et puis, il récite ses textes, ses parcelles d'apprentissages passés, comme si ça pouvait encore lui servir à quelque chose. Comme si le monde avait encore besoin de théâtre. Comme si le public n'était pas absent. Si des oreilles l'entendent déclamer ses tirades, tout seul, vaguant comme un con sur Watelfront Bike Trail en essayant d'oublier un peu que sa vie ne ressemble plus à rien, alors elles sont décomposées. Elles n'en ont donc rien à foutre. Quoique, ses beuglements doivent attirer quelques gentils cadavres ambulants, peut être. Ou cela viendra. Allez savoir. Il n'y pense pas. Il s'en fout. De toute façon, l'existence est à chier maintenant.
Alors autant se mettre à crier : << Si j'étais grand.
Je ne comprends pas si j'étais grand.
Pourquoi si j'étais, pourquoi j'étais ?
Pourquoi pour devenir grand, rien qu'en pensée, on emploie un verbe à l'imparfait ?
Est-ce que je n'ai aucune chance d'être demain plus grand qu'hier ?
Est-ce que hier va me retenir toute ma vie ?
Est-ce que ça existe, le futur, si pour s'y projeter on parle au passé ?
Si j'étais grand, je serais moi petit enfant, si j'étais grand, je serais ce que j'étais hier, mais demain.
Quelle tête aurais-je quand je serai petit enfant et grand ?
Si j'étais grand, je serais aviateur et je planerais sur on berceau, en balbutiant des mots très nobles.
Si j'étais grand, je serais pompier pour éteindre les feux immenses que j'aurais allumés dans le cœur des petites filles.
Si j'étais grand, je rentrerais le soir chez Maman, à la main mon attaché-case.
Si j'étais grand, on ferait les pires conneries, en deux fois pires, puisqu'on serait grand et petit.
Si j'étais grand, j'aurais les mêmes copains toute la vie et on mourrait ensemble, infirmes, les uns contre les autres, voûtés sur nos cannes, et on ne saurais plus comment marcher, comme hier on ne savait pas. >>

Puis en gerber après. Et en rire. Se souvenir des planches, se souvenir des gens, quand ils étaient encore beaucoup, quand ils étaient encore réels. Se souvenir et chérir le passé. Vivre à travers lui. Parce-que, "c'était mieux avant", parce-que maintenant, la solitude ça pèse, parce-que maintenant, on a plus l'impression de pouvoir toujours compter sur quelqu'un, parce-que maintenant, c'est comme si le monde était un désert. Alors, Basile en est venu à regretter la pollution, le bruit des voitures, les jeunes en maraude, les vieilles dames malpolies, les pigeons chiants qu'on pouvait courser sur les trottoirs de Paris, la foule et son brouhaha, et puis, tout le reste. Tout le reste ça bascule au bord de la conscience. Il y'a les tâches de soleil sur le parquet, dans lesquelles se coucher, habillé de lumière chaude, les pelouses pas tondues qui ont l'air de vouloir vous chatouiller les cuisses, les petits instants volés à lire dans son lit, en sachant que ce n'est pas raisonnable, mais en combattant ses cernes avec une putain d'inconscience qui se fout de tout. Il n'y a rien de sacré. Qu'on vive un peu pour le plaisir. Qu'on vive un peu pour toutes les secondes interdites dont on s'est permis les délices. On peut même vivre pour gueuler que la vie c'est moche. C'est pas important ; au moins vit-on.
Basile a vécut un peu comme ça pendant tout ce temps. Pour le théâtre et les beaux mots, les jolis textes ; pour les visages levés vers la scène, pour les sourires des gens qu'on peut décrocher à coup de gentillesse, pour toute les frivolité de ce truc vaste et légèrement puant qu'on appelait le monde, avant qu'il se mette à engendrer des cadavres un peu trop dégourdis. Ah, c'était beau. C'était putain de beau. C'était magnifique même. C'était avant, surtout.
Nonobstant, il n'a pas tant changé, Basile. Il a toujours cet éclat de candeur désespéré qui s'accroche à ses expressions, toujours ces papillons dans les yeux, ces facilités à pleurer, à rire, à pardonner... Il n'aime pas détester. Il n'aime pas les conflits. Basile est fait pour un monde de rires et de chants, on l'a taillé dans un bout de chair pour répandre le bonheur autour de lui. Il n'aime rien tant que d'apporter de la joie. Quelle étrangeté, quand on y pense, que ce soit lui, parmi tant d'autres, qui ait survécu... Et qu'il ait pu, par quelque singularité, trouver la force morale de résister.
<< Sans penser au lendemain, ça devrait être possible de se traîner encore quelques temps ici-bas. Peut être que ce sera plus simple comme ça. Voir la seconde qui me passe devant les yeux, et pas la minute qu'elle va former en rejoignant ses pairs. Juste. Vivre sans penser en heures, en jours. Se contenter d'exister un peu -mais pas trop, pour ne pas avoir mal- en maintenant ma carcasse debout. Puis. Garder le sourire. C'est important. Obscurément important. Même si il n'y a plus personne à qui les tendre... Je dois sourire juste pour ne pas oublier comment on fait. Au moins une fois par jour. Le minimum. Puis, Erik aimait tant mes sourires... Il disait : "Tes lèvres sont faîtes pour sourire. Tout ton visage est modelé pour ça. C'est flou Basile, mais c'est là. Juste là... Chuuut... Laisse moi cueillir cette ombre qui te plisse la peau, dans le coin, là..."
Et il cueillait. Dans les petits coins, et sur mes lèvres. Dans les creux de mon cou. Il aimait partir à la chasse aux ombres sur ma peau... Comment je vais pourvoir vivre sans lui, hein ? Et pourquoi je vivrai ? A quoi ça peut bien servir de savoir qu'il AURAIT aimé que je souris, s'il n'est plus là pour venir me voler des baisés ? C'est abject, AURAIT, c'est douloureux, AURAIT. J'en veux pas. J'en veux pas, des mots au passé... Je le veux maintenant. Tout de suite et pour toujours.
Bordel de merde.
Aidez moi à trouver un sens à ma vie maintenant qu'il n'est plus là. Pitié, donnez moi un but. J'ai besoin d'aimer quelqu'un. Je ne peux pas vivre comme ça. Je peux pas. J'en suis incapable. >>

Incapable. Tout est dit : Basile ne peux pas vivre seul. Il a besoin d'une présence. Il a besoin de toucher quelqu'un. On ne trouve pas plus tactile, pas plus tendre, pas plus prévenant ; on ne trouve pas plus blême aussi, face au danger. Basile a un corps taillé pour la course ; ce n'est pas un guerrier. Il n'aime pas tuer, il ne veut pas tuer. La fuite est son seul secours. Démunis en combat, sans technique, incapable d'être agressif ou violent en dehors d'une pièce de théâtre... Voilà un joli fardeau qui attend des épaules sur lesquelles se poser. Un fardeau plein de bonne volonté, gaie et aussi bouffis de gentillesse qu'un gamin de quatre ans, mais un fardeau quand même.
A qui de le porter ? A qui d'aider Basile à vivre ? Difficile d'abandonner un énergumène pareil. Il semble placer une telle confiance en vous que le trahir noue les tripes. Avec un sourire, il s'offre corps et âme ; avec une main tendue, il vous invite à l'embarquer dans votre monde. Comment ne pas être touché ? Comment ne pas avoir mal ? Un être pareil ne pourra pas vivre encore longtemps sur cette Terre faîte enfer. On peut le deviner dés le premier coup d’œil, dés la première lueur dans son regard. Basile est comme une fusée qu'on a lancée, et qui, en explosant dans le ciel, a illuminée l'univers pendant un bref instant... Une fois cet instant passé, tout ses feux sombreront dans les ténèbres. Avalé, il cessera d'exister, emportant sa lumière avec lui.
Et en attendant, cruellement, il devient indispensable. Il attire les papillons, flamme mortelle ; tout les êtres brisés, tout les cœurs douloureux, tout les passés houleux ; ils viennent vers lui, tendant leurs loques pour se réchauffer auprès de son brasier, avides de s'y brûler pour savoir ce qu'il ressent à être si éclatant, flamboyance délicieuse dans ce monde obscur. Basile est dangereux. Il vous fera forcément du mal. C'est ainsi. Tout le temps que durera sa vie, sa présence sera un cadeau, quoiqu'un peu lourd, quoi-qu’empoisonné par moments, mais toujours un cadeau ; puis viendra sa mort, inéluctable, certaine, et alors, abandonnés, vous connaîtrez des affres cruelles.
Au fond Basile est un souvenir lui aussi, tout comme les créatures décomposées qui hantent les rues. La persistance d'un monde plus beau, un monde qui n'appartenait qu'à lui, vu au travers du voile doux de ses yeux. Il s'efforce de continuer à brûler, fanal ardent niché dans les ombres. C'est si simple pour lui...
<< Je sais ce que je veux. Je veux trouver quelqu'un et... Aimer. C'est le seul sens que je veux donner à ma vie. La tendresse, l'affection, le bonheur. Je veux répandre tout ça autour de moi. Le monde d'avant était un peu pourris. Mieux que celui qu'on se coltine maintenant, mais... Pourris. Je peux aider à établir quelque chose de nouveau, alors. Avec mes petites contributions à moi, à mon niveau. Essayer de donner des bases pour un monde meilleur... On va pouvoir édifier quelque chose de bien sur toute ces décombres, non ? Il faut. Merde à la fin, c'est pas perdu quand même, c'est pas finis ! Je suis encore là, NOUS sommes encore là. Pas tous ensemble. Ça viendra. On va faire brûler les ombres avec de l'espoir. On va renvoyer les souvenirs au passé duquel ils se sont échappés.
On va vivre, et avec ça, avec de vie, on va refabriquer la société. Et ce sera beau. Ce sera beau comme une journée de printemps festonnée de corolles bariolées, ce sera beau comme des ailes de papillon, ce sera beau comme le soleil qui se lève, ce sera beau comme des lèvres qu'on étire avec du bonheur, ce sera beau comme Erik, ce sera beau comme des larmes essuyées, ce sera beau comme un géant tombé, qui se relève pour marcher, aussi beau que...>>

Il vous tuera avec sa joie. Méfiez vous de sa candeur. Méfiez vous de bonheur.
Les gens heureux ne font pas de vieux os.

Physique : Le bougre n'est pas déplaisant à regarder. Avec son air d'étoile égarée sur Terre, les sourires amènes de ses lèvres pleines dessinées par une nature studieuse, et cette candeur bienheureuse, cet éclat fiché au fond de ses yeux, cette chaleur de ses traits, Basile a du charme. Indéniablement. Par sa manière d'être surtout, car il semble toujours illuminé de l'intérieur, d'une ardeur presque palpable. Du reste, il a échu d'un corps joliment fait. Silhouette fine, presque maigre ; ses muscles sont allongés et fermes, rien de gonflé qui accapare le regard. Il faut le voir nu pour prendre la mesure de son aspect athlétique, sans quoi il semble un peu osseux.
Ses épaules sont larges, mais pas très étoffées. Sa taille, moyenne. Tout était dis : son charme ne vient pas tant de son corps. Plutôt de ce qui l'anime.
On lui prête aussi de courts cheveux bouclés, d'un châtain sombre. Appelez ça une chevelure de grec. C'est plutôt exacte de toute façon. Sa peau a un petit quelque chose de pâleur slave ; ce qui dénote assez. On s'attendrait à le voir typé d'une manière ou d'une autre... Or, c'est un astucieux mélange qui a modelé son visage. Nez banal ; ne lui donnons pas de forme précise, imaginez tout seul.
Ses yeux ont une largeur toute méditerranéenne, pour un bleu sombre qui évoque un rien le nord de l'Europe. Son visage est assez fin au jugé, mais carré ; son front haut. Il est couvert d'une barbe courte et brune, émaillée de quelques poils blonds ; plutôt que de les cacher, sa moustache met ses lèvres en valeur. Elle agrandit ses sourires.
Basile a le poil dru, le sourcil épais. Ne cherchez pas trop à lui coller une étiquette nonobstant cela. Il n'a aucun type, vraiment. Fruit d'un métissage entre sud et nord, soit rien d'apparent somme toute. Juste un mec comme un autre. A ceci près de cette aura qui l'habite, l'anime tout entier... Et qui fait de lui quelqu'un d'unique. Rien à voir avec des facteurs génétiques. C'est son esprit. Son être tout entier. Ce qui lui trottine dans le crâne. Donnons un nom à cette impalpable complexité : appelons cela une âme.
Basile est avant tout une âme. Tant et si bien que son corps la transpire. Qu'il l'exhale par tous ses pores. Et que cela, plus que tout, fondamentalement... Le rend beau. A sa manière. D'une beauté sélénite devenue physique. D'une beauté innocente, une beauté de grand enfant.
Basile est un poème. Souvenez vous.
<< Si j'étais grand.
Je ne comprends pas si j'étais grand.
Pourquoi si j'étais, pourquoi j'étais ?
Pourquoi pour devenir grand, rien qu'en pensée, on emploie un verbe à l'imparfait ?
Est-ce que je n'ai aucune chance d'être demain plus grand qu'hier ?
Est-ce que hier va me retenir toute ma vie ?
Est-ce que ça existe, le futur, si pour s'y projeter on parle au passé ?
Si j'étais grand, je serais moi petit enfant, si j'étais grand, je serais ce que j'étais hier, mais demain.
Quelle tête aurais-je quand je serai petit enfant et grand ?
Si j'étais grand, je serais aviateur et je planerais sur on berceau, en balbutiant des mots très nobles.
Si j'étais grand, je serais pompier pour éteindre les feux immenses que j'aurais allumés dans le cœur des petites filles.
Si j'étais grand, je rentrerais le soir chez Maman, à la main mon attaché-case.
Si j'étais grand, on ferait les pires conneries, en deux fois pires, puisqu'on serait grand et petit.
Si j'étais grand, j'aurais les mêmes copains toute la vie et on mourrait ensemble, infirmes, les uns contre les autres, voûtés sur nos cannes, et on ne saurais plus comment marcher, comme hier on ne savait pas. >>

Petit enfant et grand... Le gosse dans son corps d'adulte. Qui vous fait face. Qui vous dévore des yeux.
A travers son regard, le monde est encore beau.


Vêtements/équipements : Depuis quelques semaines, Basile porte sur lui les décombres d'une vie. Ce n'est pas très lourd tout compte fait. On peut les emporter avec soit et marcher avec sans trop de problèmes. On peut les énumérer, accrocher des souvenirs sur les objets, comme de vieux post-it froissés. C'est simple. Un texte se transforme en représentation, d'une réplique relue surgit un fou rire fantomatique, les vieilles chaussettes se mettent à voler dans la gueule de chiens spectraux, les papiers fripés se bombent de nanans digérés quelques lustres plus tôt... On se perd dans la brume impalpable qui entoure ces éclats d'existence, on apprend à renifler des odeurs qui n'existent plus, à sourire pour des moments déjà partit depuis longtemps. A sangloter pour d'autres moments, pas si anciens que ça.
Sur son dos, il y'a une veste. Du genre redingote, noire, faite de cette manière horrible qui attrape tout les poils à sa portée. A croire qu'elle se nourrit des chats, des chiens ; de toute les bêtes à fourrure qui se cherchent une longévité sur Terre. Cette veste, c'est un peu comme les bras d'Erik, serrés à jamais autour de lui... Aux yeux de Basile, cette redingote horrible sera toujours un souvenir palpable de leur première étreinte. Jetées par terre, elle était comme une troisième présence sur laquelle s'appuyer pour échapper au sol froid...
Sur son épaule, il y'a une sacoche. Noire elle aussi. Poussiéreuse. Un peu rappée. Du vieux cuir, dont on ne s'étonnerait pas de le voir craquer d'un moment à l'autre. Elle transporte des trésors inestimables. Des merveilles de feuilles, d'encres, et de voix éteintes qui n'attendent que de reprendre du souffle, pour peu qu'on se laisse tenter par une tirade. Ce qu'il reste des pièces qu'il a jouée depuis ses huit ans. Des textes reliés, choyés par des yeux et des mains, qui l'accompagnent absolument partout ; naguère, on pouvait se permettre d'en reprendre les mots pour en noyer des oreilles toute proches. Cependant, il n'y a plus d'oreilles maintenant. Alors les feuilles restent muettes... Tant que tu n'explose pas soudainement, vaincu par l’irrépressible besoin de hurler dans le silence, pour prouver à ce monde mort qu'il n'a pas tout engloutit dans ses bras de poussière.
Sur son torse, une chemise. Il aimait tant les chemises... Tout les jours, il en aurait portées. Maintenant, c'est chose faîte. Il n'a rien d'autre qu'elle, aussi sombre que tout le reste, pour l'habiller au milieu du froid. En dessous, rien. Juste de la peau. La peau, ça ne protège pas du froid. La peau, ça n'empêche pas le vent de vous glacer les entrailles. La nuit, Basile regrette de n'avoir que cela. Un manteau, une chemise...
Sur ses jambes, un jean. Tout simplement. Noir, un peu comme tout ce qu'il porte. C'est une vieille chose, qui a vu l'user cinq années et quelques. Là aussi, ce n'est pas le meilleur choix du monde pour se protéger du froid... Mais il n'en est plus vraiment à cela près. Et la redingote peut l'aider à se réchauffer. En s'arrangeant pour se tasser bien à l'intérieur, la nuit devient un peu plus supportable. Chaude, douillette et rassurante. Ce manteau l'aide en tout.
Sur ses pieds, des chaussures qui devaient avoir un rien de classe, quelques milliers d'années plus tôt. Elles ont virées au bistre. Adieu, noirceur lustrée. Bonjour poussière.
Sur son cœur... Oui, son cœur. Il porte aussi quelque chose sur son cœur : de la douleur. De la nostalgie. Cela pèse, tout de même. Surtout avec cette solitude qui le hante.
Somme toute, Basile erre sombre sur la Terre. Une étoile en deuil. Elle semble crachoter ses dernières étincelles, emmitouflée dans des ombres qu'elles a sauvées du passé. De loin seulement. Une fois tout proche, le regard pourra voir tout bonheur qui se cache encore dans cette noirceur choyée.
Et de nouvelles oreilles, vibrer des tirades d'un esprit qui s'accroche aux lettres noires dont sont mouchetées des vieilles feuilles.( Mention spéciale aux amateurs d'alcool : dans la sacoche, parmi les textes, traîne une vieille bouteille de vodka à la cerise... Même après cinq ans, elle sent encore. Certes, vide ; mais aussi odorante qu'au premier jour. Effluves agréables, réconfortantes. A sortir pour les grandes et les petites occasions. Pour renifler avec application. Et amour. Tendresse. Parce-que, c'est vachement bon, l'odeur d'une vodka à la cerise. Si, je vous assure. Vraiment. )

Son histoire : Le soleil est tombé à ses pieds. Astre mort, répandu en lumière cru à travers le monde étriqué d'un enfant, le voilà qui vomit ses feux sur un désert bétonné. Il poursuit ses propres éclats éthérés, qui rebondissent dans l'espace vide, laissant sur son passage des ondes torrides aux ondulations déformantes. La lumière qui croupit entre les dunes du Sahara ne ferait pas mieux. Aucun désert ne peut rivaliser avec cette cour de récréation, plaine goudronnée trop vaste et trop vide. Bordée de verdure matée, elle semble une plaie sur la face du monde ; un seul arbre crève cette blessure noire, jaillissant d'un socle de pierre qui lui fait comme un collier. L'arbre, tenu comme le chien... Sans ruades, il propulse ses racines sous le goudron couleur de chair nécrosée ; gangue puissante, il fait fi de cette sauvagerie, laissant l'écorce s'épuiser entre ses ombres sèches... Mais les arbres sont de ces créatures que la patiente fait vainqueur au bout du compte. Boursouflée, sa prison se fissure, et au delà du socle, les racines se frayent lentement un chemin vers l'au-dehors, se propulsant pour l'éternité contre une croûte noire de bitume.
Un jour, viendra la délivrance.
L'enfant se glisse dans ce désert qu'on lui offre. Voilà un monde pour les écoliers, selon des adultes : un terrain plat, dur, rugueux, sombre, délimité strictement, dans lequel aucune verdure ne peut trouver sa place, à moins de se laisser réprimer brutalement. Quel lieu charmant où s'épanouir.
Le gamin y fait ses premiers pas au milieu d'une foule, et bientôt, le désert est plein de voix, des courtes jambes et de cheveux qui volent. On y voit des comètes démentes qui se hurlent dessus. Les étoiles se poursuivent et tourbillonnent au dessus de ce caillot de goudron qui a coagulé sur une plaie creusée dans la Terre. Elles sont belles, animées de cette joie simple et candide qui sied tant aux enfants... Quand il suffit alors d'un mot pour lier une amitié, quand un sourire devient le pacte entre deux minuscules astres qui palpitent frénétiquement, tout de chair et de sang, auréolés d'une lumière qu'ils doivent à l'innocence de jours aussi doux qu'un long rêve. Epoque mère d'une nostalgie qui hantera les esprits à jamais frémissant de ceux qui se souviennent, regrettent, soupirent.
En ces temps fastes, point de souffrances à qui savait vivre. Tout le monde. Et pourtant... Il y'a bien un gosse pour se questionner un peu trop. Un gosse pour marcher calmement parmi ce champs d'astéroïdes chevelus qui tourne au dessus du sombre désert. Un gosse qui se plante face au grand platane, misérable dans son écorce pelée. Un gosse qui baisse les yeux, pour fixer le sol bossué, se gondolant à l'allure follement indolente des racines en rébellion. Un gosse, qui doit peser au moins cinquante kilos de questions informulées. Elle lui fouettent l'intérieur des lèvres. Mais à qui demander des réponses ?
Il se tait. Il s'assoient. Pose sa tête contre le tronc piteux.
Première récréation en école primaire ; << Est-ce que les arbres sont tristes au milieu du désert ?>> Et le soleil qui s'éclate sur le bitume, et les cris, et les jeux... L'enfant sourit, les genoux serrés contre sa poitrine. Il tente de s'imaginer en tant qu'arbre. Il essaie de penser à la solitude des géants ligneux qu'ont a isolés d'une forêt rassurante.
C'est son premier rôle. Il ne sait pas encore qu'un jour, sur scène, l'image de cet arbre lui reviendra tandis qu'il jouera un solitaire mélancolique ; un jour, cent jours. Toute sa vie, l'arbre le hantera.
Mais cinq ans après son départ de l'école primaire, il sera abattu. Requêtes des parents d'élèves paranoïaques. Pauvre créature... Plus jamais, on ne te rendra immortel au travers l'esprit d'un gamin plus sensible que les autres. Tu laisse derrière toi un vide que personne ne comprendra... Et la cour, toujours, cette croûte noire sur laquelle on fait jouer des enfants.
Basile, tu serais malheureux en retournant là-bas. N'y va pas, n'y va surtout pas. Suit ton chemin sans te retourner. Garde les souvenirs au chaud, tout au fond de ton coeur, et avance avec cette légèreté de danseur qui anime les gens aux crânes-montgolfières échauffés de rêveries ardentes...


-

-Et bah moi, si j'étais grand, je serai astronaute.
A ces mots, on s'épanouit en sourires tout autour de toi. La table s'entoure d'un cortège de lèvres étirées qui se tendent de coins en coins, comme pour former une ronde. Les sourires ont des airs de gamins qui s'attrapent les manches pour tourner tous ensemble ; farandole sucrée sur les visages des gens. Elle leur passe dessus en allumant un éclat au fin fond de leur pupille ; ils s'oublient pour un instant, cessent de penser aux apparences, aux malheur du monde, à tout ce qui rend cette soirée exécrable. Ils retrouvent un rien du gosse enfouie dans la chair de l'adulte. Comme quoi on peu voyager dans le temps. Il suffit des rêves idiots d'un enfant pour faire trois bonds vers des temps un peu plus fastes de tout. Quelques pirouettes dans l'air, un virevoltage au travers des années. La neige qui tombe, l'été qui brûle, le printemps fécond et l'automne plein de sang. On passe en se balançant sur une branche de coton, au dessus des choix fatidique et des heures perdues. Adieu, présent. On te préfère des jours riches d'une jeunesse qui fait battre les coeurs un peu trop vite, un peu trop fort ; les joues rouges, les étoiles qui pétillent et les croyances innocentes, on voudrait s'en rendre ivre sans sommation, t'abandonnant comme un lambeau de cauchemar quand vient le matin. Brume, grise et légère, brume exhalée comme un cancer qu'on crache sur les draps blancs de son lit. Présent, tu n'es qu'une maladie. On cherche à se purger de ton poison en s'étalant du baume sur les joues, à grand renforts de sourires... Mais c'est si dur, de sourire vraiment. Il faut quelque chose qui en vaille le coût énorme. Une beauté qui se donne vraiment la peine d'éveiller les souvenirs douloureux, mais en les rendant de nouveau d'une magnificence accessible. Comme si tendre les doigts suffisait pour attraper des lucioles. Nos rêves sont plus insaisissables encore que ces lumières qui dansent.
Abolissons les distances angoissantes du temps avec les rêveries d'un gamin. Arpentons nos visages avec des sourires. Ce soir, tu leur donnes une raison de s'approprier cette chair maussade qu'on a plaqué sur tout leur crâne.
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05-07-2013 à 01:43:24
Cool ! ^^ C'est super que tu puisses jouer finalement !

Lorsque je te serre la main, c'est une souffrance que j'appréhende. Tu ne sentiras pas le tonnerre de ma haine s'abattre sur ta nuque. Tu ne pourras que pleurer, et saigner. Saigner autant que mon dégoût le désire. Je me délecterai du spectacle macabre de tes chairs broyées sous mon poing vengeur. Personne n'est innocent.