Deadly Game : L'éveil des morts

24-07-2013 à 18:44:57
(Je tiens à remercier Ludwina pour le montage de l'affiche, elle s'est donnée beaucoup de mal)

Ce soir là, Stone Mind tenait un concert en Australie. Niels, perché sur le bord de la scène, chantait sa haine envers le monde. Déprimé, il s'était mis à boire... beaucoup trop. Son amertume amplifiée par les vapeurs d'alcools embrumant son esprit faisait danser des milliers de personnes. Tous ces gens qui n'avaient en cet instant pas conscience de leur mort future, pour la simple raison que lui, enfant rêveur issu d'un monde aussi laid qu'un vagin excisé, leur projetait tout ce qu'il avait à cracher sur le monde, sur ce foutu monde, incapable de lui offrir ce qu'il recherchait tant... Et pourtant... c'était pas faute d'avoir cherché...
Les autres membres du groupe se souciaient de plus en plus de sa santé mentale, chaque jour plus bancale, noyée dans les talents d'un bon brasseur. Mais à ce moment précis, sur scène, défiant le monde à coups de baguettes et de médiators, acclamés par tant de monde, ils ne pensaient plus à lui. Au revoir, soucis du quotidien, remplacés par l'euphorie de la scène et les hurlements de tous ces gens.

Sans remerciements, Niels quitta l'estrade pour rejoindre les coulisses, et son vieil ami Jack. Il en but quelques longues gorgées, les cheveux lui collant au visage et la salive lui remontant aux babines. Les autres le suivirent après quelques paroles à l'attention du public. Niels semblait leur faire pitié, et il détestait ce regard à peu près autant que son ancien nom de famille.
Sans leur laisser le temps de lui faire la morale, en proie à une colère sourde, il partit, en compagnie de son fidèle ami, titubant comme le monde tourbillonnait autours de lui. Aucun n'essaya de le rattraper, préférant éviter de devoir se battre avec lui ; même ivre mort, il possédait une force incroyable, et personne ne voulait la remettre en question lors d'un affrontement.

Ca tourne, ça tourne. Le monde tourne inexplicablement autours de lui. Ou plutôt non... il réalise que lui seul tourne aussi vite, dans cette danse misérable qu'il s'impose à grands renforts de whisky. Le monde ne tourne pas autours de son malheur : le monde s'en fiche. Il est seul, depuis sa naissance et jusqu'à sa mort. Seul.
Le monde est à chier. La société n'est bonne qu'à donner naissance à des chimpanzés habillés en pingouins, déblatérant des dizaines de conneries à la seconde.... A quoi pensait-il il y a deux secondes..?
"Sais plus..." marmonne-t-il en s'appuyant contre un mur.

Lorsque ses jambes ne purent plus le porter, il s'écroula, au milieu d'un trottoir, la bouteille à la main.
Il s'endormit, sa salive recouvrant le goudron, avec Jack pour seule compagnie ; la seule qu'il jugeait un temps soit peu intéressante.

Tout le monde se foutait bien de ce qu'il pouvait lui arriver, ivre mort dans le caniveau... tout seul...
"J'sais plus..." répète-t-il à nouveau dans un gargouillis.
Pourquoi le monde lui en veut-il autant..?



Le présentateur arrive sur le plateau, coiffé de son brushing impeccable, avec son costume hors de prix. Sur son chemin, des effets pyrotechniques font leur apparition pour donner un côté sensationnel.

BIENVENUE SUR LE PLATEAU DE DEADLY GAME !! La seule émission où la violence est sans effets spéciaux ! Je suis Kyle Goldman, et je serai avec vous durant toute cette saison 3 qui s'annonce hum... DU TONNERRE !!!

Il sort une télécommande de sa poche, visible par les caméras, et appuie sur l'un des boutons qui fait rugir les feux d'artifices derrière lui, tout en affichant un sourire aux dents incroyablement blanches. La foule applaudit. On se demande comment un présentateur aussi cliché et quelques feux d'artifices peuvent forcer une foule à acclamer le jeu le plus répugnant de notre société.

Pour ce troisième opus, nous vous avons concoctés des retournements de situation totalement inédits, et un système de retransmission en live ENCORE plus performant !
Comme les années précédentes, il vous suffit d'acheter le pack « Konnect » pour avoir encore plus d'exclusivités ! Vous pourrez choisir quel participant vous souhaitez suivre, à quel moment, et bien sûr, vous recevrez tous les plus beaux kills à voir et revoir selon l'angle que vous voulez, au ralenti, ou même à l'envers ! Il est tellement drôle de voir une tête se reconstituer lorsque la balle s'en déloge n'est-ce pas ?

Il se met à rire, le rire le plus hypocrite que la télévision ait inventé. Avec un budget pareil, Deadly Game aurait pu engager un présentateur crédible au lieu de cet abruti incapable de se rendre compte de sa propre bêtise. Tout ce qui l'attire, c'est les sommes d'argent qu'il gagne pour ces prestations médiocres. Ses bagues et sa montre en or en sont les témoins les plus frappants.

Et comme d'habitude, n'oubliez pas de parier sur notre site qui s'affiche en bas de l'écran. N'hésitez jamais à miser sur votre candidat favori, ils peuvent en surprendre plus d'un ! Avec un peu de chance, vous serez aussi riches que moi !

Cette fois, il rit pour de vrai. Et l'imitation, qui était à la limite du supportable, était bien plus appréciable que ce rire-là. Là, vous entendez un gougnafier se vanter de s'enrichir sur le malheur des autres, et qui n'en a même pas honte. Il est tellement con et prétentieux que vous en venez à vous demander si ses cheveux sont aussi faux que ses dents.

Je tiens à vous rappeler que lors des saisons précédentes, aucun candidat n'a survécu plus de huit mois ! Cette année sera-t-elle synonyme de survie, ou d'une éradication encore plus foudroyante ? Ne quittez surtout pas, et vous aurez votre réponse !
Et cette année, pour plus de suspense, nous avons décidé de corser le jeu avec des trahisons et des prises de risques par dizaines ! Eh oui, chaque candidat se verra attribué une mission, qu'il pourra choisir de remplir ou pas ! Mais ce qu'ils ignorent, c'est qu'il y a TOUJOURS une récompense à la clé ! Une récompense qui pourrait très bien leur sauver la vie !

Derrière lui, un écran géant fait défiler les images des participants encore endormis, sans aucun doute drogués. Certains sont dans une pièce sombre. D'autres sont sur des toits d'immeubles. Certains sont même dans la rue, sous une poubelle. Beaucoup sont en groupes, mais d'autres sont seuls. Beaucoup mourront dès le premier jour, et une poignée d'entre eux n'aura même pas l'occasion de se réveiller.

Vous voulez du sang ? Vous voulez des tripes ? Vous voulez voir des têtes sauter tandis qu'un hurlement bestial vous glace les veines ? VOUS VOULEZ UN PUTAIN DE CARNAGE ?! Eh bien restez avec nous, l'émission débutera d'ici quelques minutes, le temps de regarder quelques publicités !
A tout de suite !

L'écran s'éteint sur son sourire étincelant, pour laisser place aux publicités toutes plus inintéressantes les unes que les autres. D'une certaine manière, vous avez hâte de pouvoir regarder le début de cette nouvelle saison. Vous pourriez vous trouver des excuses en vous disant que c'est pour savoir comment survivre, au cas où, puisque tout le monde le fait... mais on s'y fait à la longue... et on finit par aimer ça.

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Il se réveille. Une migraine lancinante, atroce, comme un coup de marteau au milieu du front. Ses yeux restent clos. Aucune lumière ne filtre à travers ses paupières. C'est mieux comme ça. Le moindre point lumineux lui en aurait fait baver. Il reste couché, et tente de se rendormir. Le sommeil ne se fait pas prier pour revenir.

De nouveau, le sommeil le quitte. Ça va mieux. Un peu... Il ne perçoit toujours aucune lumière, mais préfère garder les yeux fermés. Il a froid. Il est allongé sur du dur, quelque chose de solide et glacial. Du béton peut-être...
Que s'est-il passé la veille..? Où est-il..? Aucune putain d'idée. Une violente envie de vomir le saisit à la gorge. Se tournant sur le côté, il se mit à vomir de la bile en grognant. Il toussât. Sa migraine lui compressât les neurones. Il gémit. Un bruit de chaînes sur sa droite. Puis un grognement. Un râle plaintif. Niels ne bouge plus. Son cœur se met à battre un tambour furieux. Il a peur. Il ne veut pas ouvrir les yeux, pris d'une peur ayant tendance à rendre les gens stupides. Il a peur de voir ce qu'il entend. Il ne peut se résoudre à regarder. Il préfère se rendormir, oublier sa migraine, oublier l'odeur fétide de son rejet d'alcool, oublier les bruits de la chose qui se tapit dans l'ombre.
Il ne parvient qu'à obtenir un demi sommeil. Il ignore combien de temps il passât ainsi, à tenter d'ignorer l'horreur des sons et des odeurs. Car une odeur particulière l'avait pris entre ses griffes nauséabondes. Une odeur que n'importe quel être vivant pourrait reconnaître en un battement de cils.
Ça puait la mort.
Il espérait que ce ne fut qu'un mauvais rêve. Une putain de blague de ce bon vieux Jack. Merci enfoiré.

Il dut se passer quelque chose comme une dizaine d'heures avant qu'il puisse enfin ouvrir les yeux. Et il le fit lentement. Il n'y avait aucune lumière. Il se mit à tâter autours de lui. Sa main se posât sur une surface bancale, métallique, et terriblement froide. Il s'appuyât dessus pour se redresser, poussant un grognement impossible à contenir. La chose refit tinter les chaînes en gargouillant. Maintenant qu'il avait l'esprit plus clair, Niels savait où il se trouvait. Pas de façon précise, mais un nom horrible lui venait dans la bouche, tellement dégueulasse qu'il en venait à regretter le goût de la bile.
Il savait que ce jour viendrait. Le jour où on lui ferait payer sa grande gueule. S'il n'avait pas épuisé toutes ses larmes depuis des années, il se serait recroquevillé, et aurait chialé comme un gosse qui se prend une mandale.
Putain...
Il serrât la chose qui lui avait servi d'appui de toutes ses forces, sa colère revenant faire surface. La chose trembla. Puis un éclair retentit dans sa tête. Il se recroquevilla en hurlant, se prenant la boîte crânienne entre les mains, s'arrachant les cheveux. Quelque chose lui était tombé dessus.
-Meeeeerde..!
Il venait à peine de se réveiller, et il en avait déjà marre. Les enfoirés devaient bien se marrer derrière leurs écrans. Ils l'observaient. Ils l'épiaient, comme s'ils se prenaient pour des dieux. Bande d'enfoirés.
-Marrez-vous tas d'merdes... Dès que j'sors d'ici j'vous crève !!
Il regrettât aussitôt d'avoir crié... c'était pas bon pour sa caboche tout ça... en tâtant autours de lui, il mit la main sur ce qui lui était tombé dessus. Il passât ses doigts dessus pour deviner ce que c'était... et poussât le bouton.
Une lumière en jaillit, ce qui le fit grogner. Une lampe, classique, un vieux modèle qui devait dater de 2010, mais qui éclairait beaucoup trop pour ses pauvres yeux. Il devrait l'allumer par intermittence pour supporter la luminosité.
Il éclaira sur sa gauche. C'était une vieille étagère rongée par la rouille. La lampe devait être posée dessus. Il plissa les yeux autant qu'il le put, et éclaira le mur en face de lui. La chose grogna encore plus, mais Niels commençait à s'y faire... enfin presque.
Il fit de même sur le mur derrière lui. C'était du béton. Simple, brut, sans peinture ni fenêtres. Ça ressemblait à une cave. Un classique de films d'horreur, ils n'avaient pas cherché très loin.

Restait à éclairer sa droite. Il savait ce qui l'y attendait. Il refusait juste le le voir. Parfois la peur nous rend stupides, on refuse d'accepter la réalité et se conforte dans l'idée que l'on ne fait qu'un cauchemar très réaliste. Niels n'était pas différent, il était humain. Il regrettait presque de l'être. Le regret total n'allait sans doute pas tarder, ceci dit.
Il prit une longue inspiration, et pressât le bouton deux fois. La lumière émit juste assez longtemps pour le faire trembler. Beaucoup d'émotions se bousculaient dans sa tête. Tellement d'émotions que les énumérer serait épuisant. Ce qu'il a vu était pire que ce qu'il imaginait. Il vomit de nouveau. Aucun mot, anglais comme français, ne pouvait exprimer le dégoût que cette chose lui inspirait. Il partit se réfugier dans un coin de la pièce, à quatre pattes, laissant la lampe loin de lui. Il voulait mourir. Mourir plutôt que d'affronter ce qui l'attendait là bas.
Comment des humains pouvaient faire preuve d'autant de mépris face à la vie d'une petite fille ?
Lorsque je te serre la main, c'est une souffrance que j'appréhende. Tu ne sentiras pas le tonnerre de ma haine s'abattre sur ta nuque. Tu ne pourras que pleurer, et saigner. Saigner autant que mon dégoût le désire. Je me délecterai du spectacle macabre de tes chairs broyées sous mon poing vengeur. Personne n'est innocent.
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25-08-2013 à 19:24:47
- Grande sœur, tu me lis une histoire ?
Nadejda, ma petite Nadejda, elle est adorable. Son sourire est la seule chose qui arrive à me réchauffer, moi qui ai si froid. Je le dévore, son sourire tandis qu’elle attend bien sagement ma réponse, assise sur le canapé du salon.
- Il est tard ma grande tu sais, et demain tu as ton cours de violon à huit heures avec Madame Barring. Si tu te couches tard, tu vas être incapable de retenir la nouvelle partition.
- Oh, s’il te plait Poulkheria, pajalsta menia siestra !
Un frisson intense me parcourt toute l’échine. Cette langue, notre langue. Notre secret.
- Combien de fois t’ai-je dit de ne pas parler russe Nadejda ? C’est dangereux ! Si quelqu’un nous entend… Tu sais que personne n’a le droit de quitter la nouvelle URSS, personne ne parle russe en dehors du mur électrique qui a été érigé autour des frontières soviétiques pour empêcher quiconque de sortir. Si jamais quelqu’un nous entend…
Je me sens incapable de finir ma phrase. Je sais ce qu’ils font aux fugitifs s’ils les rattrapent. Ils ont un aller simple pour rencontrer les participants du programme, ils leurs servent de cobayes pour apprendre à torturer une personne. Acide, couteaux, aiguilles, électricité… Tout est autorisé. Ils deviennent des objets d’apprentissages, et à force, des jeux. Des défouloirs. Je me rappelle si bien de comment je leur arrachais les yeux, lentement pour savourer leurs cris, je me rappelle comment je versais l’acide sur et dans leurs parties génitales, je me rappelle si bien…
Ma petite Nadejda, si pure, si innocente… Jamais je ne les laisserais lui faire ça.
- Pardon grande sœur, murmure-t-elle en ouvrant ses bras devant elle. Câlin !
J’hésite une seconde. Lui refuser, se serait en quelque sorte la punir, non ? Mais comment résister à cette petite bouille toute triste. Je me jette dans ses bras et la renverse sur le canapé. Elle rit à pleins poumons, et je ne peux m’empêcher de faire de même.
- Tu veux bien me lire l’histoire de Yevpraksiya alors ?
J’observe sa petite bouille. Elle fait moins de dix ans, elle est si petite. Je sens mon regard s’alourdir. Comment pourrait-elle être grande ? Quand je l’ai retrouvé, elle était dans un stade de dénutrition avancé, l’orphelinat ne les nourrissait que de kacha, une immonde bouillie de céréales en tout genre, à part le porridge, je ne connais rien de pire. La dénutrition avait stoppé sa croissance, aujourd’hui, elle a plus l’air d’une enfant de sept ans que d’une pré-adolescente, comme ses amies un peu précoce. Cela ne la rend que plus irrésistible, finalement c’est un avantage dont elle sait bien se servir pour me faire faire n’importe quoi.
- Bon, d’accord, je soupire en la serrant dans mes bras. Tu me la réclame tellement souvent que je n’ai plus besoin du livre, ouvre grandes tes oreilles petit bout ! Il était une fois une femme prénommée Yevpraksiya, elle n’était qu’une petite paysanne qui habitait au fin fond de la Sibérie avec ses parents. Les conditions rudes de cet environnement lui avaient forgé un caractère d’acier. Un jour, les mongoles arrivèrent sur sa terre natale pour la faire leur. Ce fût une longue guerre, avec de nombreuses pertes humaines. Le père de Yevpraksiya fut envoyé sur le champ de bataille et tué. Sa mère en mourût de douleur. Folle de rage et n’écoutant que son courage et son désir de vengeance, Yevpraksiya se fit passer pour une prostituée et entra dans le camp des mongoles. Elle devint la favorite du grand chef Tsai-Shen, qu’elle manipulait à sa guise. Ainsi, elle savait toutes les manœuvres qu’il entreprenait contre les russes, qu’elle pouvait contrer en les divulguant secrètement à ses compatriotes. Un soir, les mongoles se préparèrent pour éxécuter un massacre dans la plus grande ville de Sibérie, leur grand chef devait donner le signal en secouant une lanterne rouge. Yevpraksiya en informa aussitôt ses compatriotes, et tua Tsai-Shen dans sa tente. A ce moment-là, un soldat entra et lui enfonça son épée dans le ventre. Pour donner le signal aux russes cachés derrière le camp mongol et empêcher le soldat de donner l’alerte, elle renversa la lampe et mit le feu à la tente où elle mourût brûlée. Grâce à elle, les russes repoussèrent l’ennemi. Elle est considérée comme la première espionne de l’humanité.
Nadejda me serre dans ses bras. Son visage se ferme et devient sombre.
- Demain, les deadly games commencent, me dit-elle d’une voix grave.
Je la serre de toutes mes forces, sa tête calée dans mon cou. Les deadly games, la télé-réalité la plus horrible du monde. C’est moins horrible que le programme, mais de peu. Des hommes, des femmes, des enfants, tous enfermer dans une arène remplie de morts vivants. Personne ne ressort vivant.
- Ne t’en fais pas, Nadejda, tu ne risques rien, je ne laisserais personne t’emporter, je te le promets.
Un bruit de verre cassé retenti dans mes oreilles, une douleur lancinante envahit mon bras droit. Une fléchette. Et un liquide qui se propage dans mon corps.
- Poulkheria ? C’était quoi ?
Les salauds.
J’arrache la fléchette et déjà, mes paupières deviennent lourdes. En russe, je chuchote à l’oreille de ma sœur : « Cous dans la chambre, cache toi sous le lit. Au milieu, il y a un pistolet chargé, un Bren Ten dix millimètres, tire sur tout ce que tu entends. » Je la vois dénouer ses bras et partir, le visage froid, sans émotion apparente. C’est bien ma petite soeur, je pense en souriant. Je me laisse rouler du canapé et passe ma main dessous. Je sens la tige en fer et la tire d’un coup. Le M40 vient d’un coup, sans poser de résistance. Mon arme préférée, simple d’emploi, rapide à monter et très précis. Mon cerveau fonctionne au ralenti, et j’ai du mal à fixer la lunette. Premièrement, je me tourne en rampant vers la fenêtre et abas très rapidement le sniper embusqué. Demi-tour avec plus de difficulté et je vise la porte d’entrée fermée. J’entends des bruits de pas venir du palier, des ordres donnés dans des hurlements stressés. Ils ont l’air d’être au courant de mes aptitudes. Concentrée et froide, j’ai la porte dans ma lune de mire. Un homme se met devant la porte de l’autre côté. Repéré. Je tire une balle et entends un cri. Touché. La balle a transpercée la porte, j’ai un point de vue, petit mais suffisant. Mon ouïe compense largement le fait que je tire en aveugle. Ma tête devient de plus en plus lourde, je sens mes réflexes s’affaiblir. Il faut que j’agisse plus vite. Aux sons des voix, je repère les autres personnes et tire. Aux cris, j’ai dû en toucher quatre, au moins trois mortellement. Ce n’est pas assez, j’entends des renforts arriver sur le palier.
Une douleur lancinante envahit mon cou. Et merde ! Je retire la seconde fléchette, tirée depuis un trou que j’ai fait dans les murs. Je suis foutue. Tout commence à devenir noir. Non, je ne veux pas qu’ils aient ma Nadejda ! Pas ma sœur, pas ma famille ! Je tente le tout pour le tout. Je tire en aveugle sur tout le pan de mur autour de la porte, puis en rond. Une ouverture se fait. Dans un dernier effort, je cherche sous le canapé la grenade cachée. Je la trouve et sans la détacher, la dégoupille. Elle renferme de puissants gaz soporifiques. J’espère que cela suffira. Je me sens assommée d’un coup.

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Je sens quelque chose cognée dans ma tête. Ça me fait mal. Je veux dormir encore un peu.


Je sens ma tête lourde, mon corps semble fait de plomb, tout me pèse. Qu’est ce qui se passe ? Une petite voix se fraye un passage dans mon esprit endormi, juste un murmure, juste un mot. Nadejda.
Na… Dejda ? C’est… Ma sœur… Une image revient à mes yeux, celle du visage qu’elle avait quand elle est partie dans la chambre. Froid. Fermé. Pourquoi déjà ? Une odeur horrible me remplit le nez, et je sens que je suis allongée sur du béton.
Merde. MERDE !!!! Putain, les dealdy games, ils l’ont pris, ils m’ont pris ! Ils l’ont touché ! Ils nous ont condamnés!
Il faut que je me lève. Je vais aller la chercher, et on va sortir de l’arène. Je trouverais un moyen.
Un bruit attire mon attention et me pétrifie. Un souffle. Il y a quelqu’un à côté de moi.

Serait ce un signe de paix ou bien le V de violence?
31-08-2013 à 18:30:58
Un souffle. Respirer suffit à exister ; mais dans le noir, c'est si fugace un souffle. Si tenu. On peut s'évaporer dans l'obscurité avec son souffle, peut-être. Disparaître comme lui, voile dans l'éther plombé, charpie d'air entre des bourrelets d'ombres grasses. On peut mourir sans se rendre compte de rien, dissolvé dans les ténèbres. Après un instant de vie, une sensation unique, c'est l'angoisse. Y aura t'il un nouveau bruit, un nouveau mouvement dans sa poitrine ? Il tend l'oreille, incapable de se percevoir.
Un souffle.
Il vit n'est-ce pas ? Allongé dans le noir. Il vit. Sans bouger. Il vit, et tout proche, il sent un corps tiède. Il n'entend pas vraiment sa respiration, ses oreilles bourdonnent et son crâne est lourd, épais. Une mécanique tourne au ralentis à l'intérieur, sans crisser ; bien huilée mais projetant ses roues dans une mélasse gluante, faisant danser ses rouages au milieu de la boue. Les pensées se fabriquent en ralentis, son corps ne réagis pas. Machine détruite. Il fait frémir ses lèvres, lentement, et ne sent pas sa voix qui s'échappe, comateuse.


-Quelqu'un.
Il n'arrive pas à mettre de question dans son ton. Monocorde, il éclate comme une bulle de suie dans l'air, aussi noir que l'atmosphère.
Un souffle. Le sien. Un souffle. Celui de quelqu'un d'autre.
Un sourire fauche ses lèvres, vaguement. Même ici, sans rien savoir, il laisse son visage s'enluminer d'un sourire. Dans le noir, sans rien sentir, un sourire pour repeindre le monde. Sur son visage qu'il ne peut plus admettre, un sourire. Pas vrai ? Il ne rêverait pas de penser à sourire ? C'est réel, cette impression lointaine de faire jouer ses lèvres ? Il cligne des yeux. Un souffle, repris trop vite.

Vous-êtes là.
01-09-2013 à 14:05:26
Cela faisait presqu’une demi-heure que la chanson se répercutaient sur les murs craquelés du bureau. Cette chanson, Rivka l’écoutait généralement toute seule, pendant son temps libre et quand les choses allaient plutôt males. C’était ce genre de chansons, qui une fois écoutées, donnaient l’envie de se laisser mourir, crever, pourrir pour de bons.
Rivka n’était pas égoïste, ou du moins elle ne l’avait pas été, mais cette fois-ci, elle voulait partager son malheur. Ah ce malheur ! Elle voulait le partager, le distribuer et le multiplier pour que, enfin, les uns qui appellent « malheur » ces choses-là que les autres appellent « bonheur » se taisent pour de bon. Elle voulait que tous les gens de l’entreprise aient le cafard.
Sa vie, elle la trouvait ratée. Elle n’avait jamais connu son père, sa mère était morte dans un accident de voiture, et elle devait éduquer ses deux petites sœurs Maddie 13 ans et Miranda 8 ans, seule. Bien sûr, il y avait pire comme vie ! De plus que Rivka était journaliste à Nafibu, le journal de la nouvelle URSS le plus lu au monde, et gagnait bien sa vie. Ce qu’il lui manquait, ce n’était pas l’argent, mais l’amour.
Une sonnerie retentit : la pause matinale était terminée. Rivka pressa le bouton off de la chaine hifi et se mit à consulter une pile de dossiers sur sa table. Se plonger dans le travail pour éviter le malheur : c’était ce qu’elle savait faire de mieux. Son malheur c’était un jeu de télé réalité ! Deadly Game. Elle savait que cette année, elle allait y passer. Elle avait critiqué trop de fois ce jeu dans ses articles et avait fait assez de prison pour ne pas être choisie cette année. Elle n’avait pas peur de la mort, elle avait peur des conséquences ! Comment Miranda et Maddie allaient faire sans elle ?
Elle avait fini par regretter les télés réalités gagas, ou une poignée de personnes se rendaient à l’autre bout du monde pour passer des vacances de rêves et être payées pour s’engueler. Au moins, pensa Rivka, ces télé-réalités-là, ce n’était pas obligatoire et puis, on faisait du mal à personne !
*

*
**
*
« Miranda ! » appela Rivka,
« Va réveiller Maddie s’il te plaît !
-Mais il y a Deadly Games qui commence à la télé ! J’ai aucune envie de rater ! »
Rivka prit la télécommande et éteignit la télévision :
« On ne regardera pas ces horreurs ! T’aimerais que tout le monde entier regarde ta mort ? Par politesse pour les gens, je t’interdis de regarder ! »
Elle sortit du salon furieuse. Je vous l’ai déjà dit : on a beau être l’enfant le plus sage du monde, le moins violent du monde, on finit toujours par regarder Deadly Game.
Elle se précipita dans le couloir.
« Maddie ! »
La chambre. Vide. La salle de bain. Vide. La cuisine. Vide.
Vide. Aucune réponse de la petite Maddie. Rivka retourna dans le salon, Miranda avait rallumé la télévision.
« Qu’est-ce que je t’ai dit ? » cria Rivka
Cette fois-ci, Miranda ne dit rien, elle se contenta de verser quelques larmes et de diriger son petit doigt vers l’écran.
« Et cette année, pour plus de suspense, nous avons décidé de corser le jeu avec des trahisons et des prises de risques par dizaines ! Eh oui, chaque candidat se verra attribué une mission, qu'il pourra choisir de remplir ou pas ! Mais ce qu'ils ignorent, c'est qu'il y a TOUJOURS une récompense à la clé ! Une récompense qui pourrait très bien leur sauver la vie ! » dit le présentateur
Derrière lui, Rivka aperçoit l’écran qui montre les candidats endormis, pas encore au courant de la mort qui les attend. Parmi eux, Maddie est présente, son petit corps étalé sur un banc.
Rivka les avait sous-estimés, la choisir pour les jeux n’aurait servi à rien. Elle serait morte. Elle n’aurait jamais vu le malheur dans lequel aurait été plongées Miranda et Maddie. Cela ne leur aurait pas suffi. Il leur fallait quelque chose de plus cruel ! Comme laisser Rivka impuissante, assistée à la mort de sa sœur.
01-09-2013 à 21:08:14
-Quelqu’un
Le mot retentit dans l’air. Sans émotion, neutre. C’est un être humain. Je prends une grande bouffée d’oxygène et essaye de me calmer. Ma tête me fait horriblement mal et j’ai beaucoup de mal à voir les priorités. Par quoi commencer ? Premièrement, je suis aux Deadly Games. Cela me semble sûr. Deuxièmement, il y a quelqu’un à côté de moi. Je l’entends respirer et son corps tiède est tout près du mien. Troisièmement, à sa voix, je pense que c’est un homme. Quatrièmement, il y a un truc qui pût horriblement. Et enfin, le pire, je ne sais pas où est Nadejda. J’ai perdu ma sœur. J’ai perdu ma vie.
J’ouvre les yeux. Ils me piquent et je vois… Rien. Le noir total. Je cligne un peu des yeux, mais rien ne change. Je ne vois rien. Rien du tout. Pas une forme. Pas de lumière. Rien. Je me redresse les yeux ouverts et sens ma tête qui tambourine. En position assise, je ne vois toujours rien. Je suis aveugle.
Le programme m’a tué, il m’a fait devenir un monstre. J’ai essayé de tout oublier, la violence, les meurtres, les armes. J’étais accro à tout ça, c’était mon présent, mon avenir, mon passé. Et il y a eu Nadejda. Ma lumière, ma sœur, celle qui m’a appris à redevenir humaine. Pour elle, j’ai tout arrêté. Je nous ai mis en sécurité, je nous ai fait de nouvelles identités, j’ai balancé toutes mes armes, n’en gardant que trois au cas où nous serions en danger. Je suis devenue une jeune femme lambda pour que ma sœur puisse s’épanouir normalement. Elle m’a fait renaître. Mais on me l’a enlevé. Elle est peut-être déjà morte, comment pourrait-elle survivre dans ce monde hostile ? On l’a condamnée. Ma sœur, on l’a tuée. J’ai voulu tout oublier, pour elle. Je lui ai offert une vie normale, une illusion de sécurité, un jardin toujours fleuri. Mais toutes les fleurs ont fanés.
Plus rien ne sera jamais pareil. Si elle est encore vivante, si j’arrive à la retrouver et si nous arrivons à sortir, que se passera-t-il après ? Nous serons traquées comme des animaux. Jusqu’à la fin.
De mes yeux aveugles coulent des larmes, silencieuses et acides. Nadejda, pardonne-moi. Je vais te retrouver, on partira loin, très loin. On vivra comme on pourra. Je t’apprendrais à te défendre, je te dirais ce que j’ai appris au programme, ton sourire se fanera, mais tu seras en vie. Je redeviendrais une tueuse, je vais en redevenir une de suite. Et tu en seras une aussi. C’est le seul moyen pour te sauver. C’est le seul moyen pour que tu vives. Pardonne-moi Nadejda.
J’entends le souffle de l’homme s’accélérait. Il se réveille totalement. Je le cherche à tâtons. Je sens sous mes mains un nez et des cheveux. « Je suis Poulkheria, je dis d’une voix neutre. Je crois que je suis momentanément aveugle. Où sommes-nous ? »
- En enfer ma belle !
La voix me fait sursauter. Ce n’est pas celle de l’homme que je touche, sa voix est plutôt grave et rassurante, tandis que celle que j’ai entendue est nasillarde et désagréable. J’ai un mauvais pressentiment.
Je sens quelque chose m’agripper les cheveux et me traîner. Je hurle de douleur en me débattant, mais ça ne sert à rien. Je n’arrive pas à le toucher. Il me lâche et ma tête heurte le béton. L’odeur nauséabonde est plus forte ici, et j’arrive à la reconnaître. Du sang et du sperme. C’est ça l’odeur.
- En effet beauté, tu es momentanément aveugle. Je t’ai mis des gouttes qui dilatent les pupilles, ne t’en fais pas, dans une heure tu devrais voir toutes les horreurs que je vais te faire, me dit-il de sa voix insupportable.
Je m’assieds et j’essaye d’entendre ses déplacements pour visualiser son emplacement par rapport à moi. Mais je n’y arrive pas, la pièce est vide et tous les sons résonnent avec la même force, sans m’indiquer s’il se rapproche ou non. Soudainement, il me met les mains derrière le dos sans que j’aie le temps de réagir. Je tourne la tête et mords l’air, en espérant trouver une oreille, un nez ou n’importe quoi d’autre.
- Eh ! Du calme ma salope!, ricane-t-il. T’en fais pas, t’auras un truc dans la bouche bien assez tôt. Et n’espère pas qu’après m’avoir vidé les couilles, tu pourras partir avec ton pote. Il va sagement regarder ta lente agonie jusqu’à ce que tu crèves, et seulement là il pourra se tirer rejoindre ses potes les zombies qui le boufferont.
Je sens quelque chose de froid encerclé mes poignets et un petit bruit métallique résonne dans la pièce. Il me lâche les mains et je me rends compte qu’il m’a menotté. Ça commence sérieusement à devenir compliquer.
- Va te faire enculer salaud !, je hurle en crachant par terre.
- Oh non pétasse, c’est moi qui vais t’enculer, c’est beaucoup plus sportif, me dit-il avec son visage tellement près du mien que je sens son haleine pestilentielle.
Je sens un objet froid et tranchant entrer dans la chair de ma joue. Je hurle et sans hésiter, je mords devant moi. Cette fois, j’ai bien attrapé le nez. Je mords de toutes mes forces et sens le goût du sang se répandre dans ma bouche tandis que son hurlement rempli mes oreilles. Je reçois un énorme coup de poing qui me fait tomber, lâchant ce que j’avais entre les dents. Ma tête heurte le béton avec violence, pendant quelques secondes, je suis complètement sonnée. Quand je commence à retrouver mes esprits, je sens une pluie de coups s’abattre sur moi, des coups de pieds dans le ventre, il m’écrase le visage et recommence à me taper dans la poitrine, le ventre, les reins. Je sens du sang monter dans ma bouche, je le sens qui glisse sur mes lèvres.
A ce moment, une voix fend l’air. La voix de l’homme qui était à côté de moi.

Serait ce un signe de paix ou bien le V de violence?
01-09-2013 à 21:33:09
« Pabatatich v komnatié » Cette phrase tourne dans ma tête. Ma sœur ne parle jamais en russe, jamais. Il se passe quelque chose de grave, et elle en a peur. Elle a peur pour moi. Je lui obéis, me lève et me dirige vers la chambre. J’ai envie de pleurer, mais je retiens mes larmes dans mes yeux clos. Grande sœur, fais attention à toi.
Je connais le chemin par cœur. Arrivée dans la chambre, mes genoux se heurtent au lit. Je rampe en dessous et, à tâtons, je finis par trouver le pistolet dont elle me parlait. Il est chargé, je le sens à son poids. Des larmes coulent sur mes joues, et je ne peux pas m’empêcher de sangloter. Grande soeur, reviens vite, j’ai peur toute seule.
J’entends des coups de feu. Beaucoup. Ils viennent de l’appartement, c’est ma sœur qui tire. La dernière fois qu’elle avait utilisé une arme, c’était il y a 1 an, quand un recruteur des Deadly Games c’était un peu trop approché de l’immeuble à son goût. Depuis, on avait déménagé et elle n’avait plus touché à une arme. Je croyais même qu’elle s’en était définitivement débarrassée.
Les coups de feu cessent. Il n’y a plus de bruits. Je crispe mes mains sur l’arme. Comment ça marche ? Je me rappelle vaguement de quelques explications, grande sœur voulait que je sache m’en servir un minimum. Elle a abandonné l’idée quand j’ai failli me tirer dessus, j’avais visé le canon sur moi sans m’en rendre compte. Je sanglote en essayant de repérer le canon. Je le sens et le met vers l’extérieur.
J’entends des bruits de pas. Des hommes rentrent dans l’appartement, beaucoup, ils doivent être vingt. Puis d’un coup, un bruit de corps qui tombent et plus rien. Je sens une odeur étrange envahir la chambre. Elle est acre et remplis mon nez. J’essaye de le cacher, mais l’odeur persiste. Je me sens fatiguée… J’ai… Du mal à penser… Grande sœur… Je t’aime…


« J’ai la tête lourde grande sœur, je veux dormir encore un peu… ça fait mal, ça tambourine… Je veux un doliprane grande sœur… Grande sœur ? »
Il fait froid là où je suis. Il y a du vent, beaucoup de vent, et le sol… Il bouge…
Il… Bouge ? Le sol… Je n’arrive pas à le toucher. Ma main est dans le vide, pourtant il y a quelque chose qui retient mon corps… Je le serre, c’est dur et rêche, je connais cette sensation… C’est… Un arbre ?
Je sens l’odeur des feuilles autour de moi. Je suis coincée dans un arbre. Coincée. Dans. Un. Arbre.
J’appelle ma grande sœur de toutes mes forces, mais personne ne me réponds. J’ai mal à la tête, j’ai froid, je suis seule et je sais pas où je suis. Je sens les larmes qui coulent toutes seules, et je peux pas m’empêcher de pleurer. Je cris de douleur en pleurant, grande sœur où es-tu ? Me laisse pas toute seule, grande sœur, j’ai peur.
Chaque secousse de vent me fait peur, j’ai l’impression que je vais tomber, ce qui me fait encore plus pleurer. Je veux pas mourir coincée dans l’arbre, je veux retrouver ma sœur et repartir avec elle. On retournera chez nous, à Londres, et je retrouverais mon école, et mes amis. Grande sœur, viens me chercher !

Serait ce un signe de paix ou bien le V de violence?
02-09-2013 à 15:17:08
Un cri. J’ouvre subitement les yeux. Où suis-je ? Ah oui c’est vrai, je lisais tranquillement dans ma chambre et puis… que s’est-il passé déjà ? Ah oui c’est vrai, plus rien. Ma tête est prise d’une terrible migraine, je claque des dents et mes yeux ont du mal à visualiser les lieux. Un autre cri. Laisse-moi s’il te plait Miranda, je suis malade ! On jouera après si tu veux. Mais les cris persistent. Ce sont des cris d’appels, des cris d’au secours. Tiens bon Miranda, j’arrive ! Alors je me lève et j’écarquille grands les yeux. Oh non ! Je ne suis pas dans ma chambre, non. Je suis assise sur un banc rouillé, quelques arbres se trouvent aux alentours et c’est tout. Le reste demeure flou. On m’a drogué ce n’est pas possible ! Comment ai-je pu arriver dans un tel endroit ? Deadly games. J’avais lu quelques articles qu’avait écrits Rivka sur ce jeu de télé réalité. Ils enfermaient les gens dans une arène je crois, et puis ils mettaient des zombies. Ma sœur aimait bien regarder ce jeu et je n’ai jamais compris pourquoi. Il parait que quand l’on commence à regarder, on ne peut plus s’arrêter. Un autre cri. Je tourne ma tête. Il y a quelqu’un dans l’arbre. C’est une petite fille qui a huit ans je dirai, à la peau de porcelaine. Mais. Comment ai-je pu ne pas la reconnaître ? Surement à cause de la tenue qu'elle porte, je ne l'ai jamais vu avec ! Tiens bon, Miranda j’arrive ! Elle appelle quelqu’un. Un nom. Mais ce n’est pas le mien. C’est… Poulkheria. Ils l’ont rendu complétement malade. Miranda ne connait aucune Poulkheria. La voilà totalement affolée. Ils l’ont planté dans l’arbre. Toujours plus cruels on dirait… A bas Deadly games ! Je cours vers elle. Elle se cramponne à une branche. Ils l’ont terrorisée. Je grimpe sur l’arbre et je tends mes bras. Elle est sur la branche en face. Elle pleure, j’entends son sanglot étouffé par ses bras qui s’agrippent à l'écorce. Ah les monstres, ils payeront ! Mes cheveux sillonnent dans le vent et me fouettent le visage. De plus j’ai froid. Il faut qu’on sorte d’ici.
« Miranda ? Je suis ici ! C’est moi ta grande sœur ! » Elle lève la tête, ses yeux restent clos. Ah ils l’ont aussi droguée, ils lui ont aussi mis du produit dans les yeux les chenapans !
« Poulkheria ? »murmure-t-elle
Et voilà c’est reparti ! Folle je vous dis, ils l’ont rendu folle, tarée, débile mentale. Elle ne connait aucune Poulkheria.
« Viens on va sortir d’ici, prends ma main » Alors je tends de toute mes forces mon bras. Mais elle ne fait rien. Elle est immobile, paralysée, tétanisée… Je rampe sur sa branche, je la prends par la taille et je la glisse en haut de mes épaules. Je descends petit à petit le tronc. Arrivées au sol je la dépose, elle me sert dans ses bras. Je suis un peu étonnée car Miranda n’a pas l’habitude de montrer ses émotions comme cela. Nous restons quelques minutes enlacées. Et puis elle me sourit et c’est alors qu’un mince faisceau de soleil vint éclairer son visage. Elle est aveugle. Ce n’est pas Miranda.
02-09-2013 à 16:27:33
Tu ne comprends pas Basile, tu ne comprendras jamais rien. Le monde est un endroit si dur, et toi tu es tellement fragile ! Tu es tendre, comme un grand cœur mou. Les cruautés et les rigueurs s'enfoncent en toi et te blessent ; voilà l’hémorragie petite chose. C'est ton bonheur qui s'écoule, visqueux. Il te poisse le coin des lèvres dans sa fuite sinueuse.
Tu sais que quelque chose ne va pas. Cette noirceur, ce froid. Ton corps qui semble si lourd. Que t'as t'on fait ? Pas une seconde tu ne penses aux Jeux. Non. Tu ne peux pas penser à ça. Toujours tu as fuis cette réalité. Fais comme si de rien n'était, refusant d'en parler, d'y penser, d'écouter les gens en discuter vivement ; leur excitation était invisible à tes beaux yeux rêveurs, tu la laissais disparaître. Tu ne voulais pas les voir si laides, ces pauvres âmes que tu connaissais, que tu côtoyais tous les jours... Il fallait les aimer, en fuyant du regard ces défauts affichés qui les défiguraient jusqu'à l'âme. Ils n'étaient pas vraiment cruels, n'est-ce pas ? Ils n'étaient pas mauvais ? Simplement... A leur manière, ils étaient... Ils ne voulaient que... Ils avaient de bonnes raisons et...
Ô Basile !, il ne fallait pas leur pardonner. Ils étaient laids tu sais. Tous, dans leur joie fébrile, à parier sur la mort de tel innocent, de tel agneau jeté aux loups... Et ces gens qui photographiaient l'immonde carnaval, qui riaient au souvenir d'une mort dégoûtante... Ils t'entouraient, ils étaient partout. Dans la cour des écoles, les enfants s'échangeaient des cartes à jouer portant noms et visages des participants. Les journaux, les magazines, tout était noircis du sang et des cadavres qu'on exposaient partout dans la ville.
Toi tu ignorais tout. Tu voulais retrouver le monde tel qu'il était avant. Depuis trois ans, tout avait pâlis, c'était décoloré. Toi, dans ta bulle, tu inventais des couleurs en détournant les yeux des laideurs impardonnables portées par ceux qui t'entouraient. Tu avais un credo pour tous les jours, tu avais tes paroles pour rassurer ton cœur serré.

Trempe tes mains dans l'arc-en-ciel et compte les couleurs sur tes doigts. Compte les pulsations de lumière tatouée sur les veines qui battent à tes poignets.
Faire semblant n'aura pas suffit. Garder le silence et fermer les yeux, ça ne changeait rien à la réalité. Pire : tu ne peux même pas imaginer, désormais, être toi même victime de la laideur humaine. Tu ne peux l'envisager. C'est impossible. Impensable. Le monde est beau et... Et on ne tue pas les gens pour l'argent et le plaisir ; on ne retourne pas à la Rome antique, "Du pain et des jeux", on ne force pas les gens à révéler la noirceur de leur âme... N'est-ce pas ?
Et pourtant, quand une main tâtonne sur ton visage, tu la sens froide et tremblante. Elle parcourt tes tais détendus par la drogue, mais son touché est glacial. Ce n'est pas une caresse. Elle palpe ton nez, frôle ta barbe ; ses doigts hésitants font frémir ta peau. Cette main ressemble à une petite bête remontée d'abysses secrets, une créature humide qui traîne son corps squameux hors d'un océan martelé par la clarté de minuit. Elle traîne sur toi des tentacules habillés d'un gel froid.
Ce n'est pas vraiment un touché d'humain.
Pourtant, la voix qui s'élève appartient à une femme. C'est une voix dure et rauque, sans timbre, comme la tienne. Nonobstant quoi un accent traîne dedans, s'accroche fermement aux syllabes. Alors tu cherches la main qui t'as touché, pour la serrer malgré tout. Ton cœur tambourine fort tout à coup ; en retrouvant son rythme, il te redonne un peu de sens. Tu retrouves ton corps et l'acuité qui lui est propre.
C'est douloureux.


-Je suis Poulkheria. Je crois que je suis momentanément aveugle. Où sommes-nous ?
Poulkheria. Tu sens la neige et la glace qui tourbillonnent avec ce nom ; les rafales qui l'habillent et le transportent. C'est plutôt typé, pas vrai ? Russe. Tu es couché auprès d'une Russe. Mais pourquoi ? Comment ? Ton cœur manque un battement.
Tu ne veux pas comprendre. Tu t'y refuses.
Tu trouves la main de cette femme au nom intensément hivernal et désertique. Tu entreprends d'emmêler vos doigts, comme signe de vie, de reconnaissance, de chaleur. Vous êtes ensembles dans ces ténèbres, et c'est le plus important : peu importe la situation. Tu sais pouvoir tout faire en compagnie d'un autre cœur battant. Te relever, marcher, courir, chercher des réponses et sourire pour deux, trois, ou même vingt ; sourire pour le monde entier, exploser feux d'artifices dans le monde gris, le repeindre un instant aux couleurs de ta joie et de ton espérance. Ô Basile...
Tu touches à peine le bout de ses doigts. Une ombre à l'odeur intense et violente se penche au dessus de vous. Elle plus profonde que les autres, plus grande, plus... Froide, alors même qu'elle se mouve. En un instant, cette obscurité menaçante s'offre une identité : elle possède voix et membres. Ses mots sont cruels et empestent l'agressivité, ils te fouettent le sang et tu fais un bond sur le sol. Sans te lever, mais un arc traverse tout ton corps, tu te sens en danger.
Il ne fait pas attention à toi. La femme au nom de neige et de glace est tiré loin de toi, elle pousse un hurlement qui décompose tes entrailles. Que se passe t'il ? Qu'arrive t'il à ce monde de ténèbres ? Pourquoi s'emplit-il soudain d'un dangers invisibles ? Oh la terrible inquiétude qui vient ronger ton cœur ! Qui déchire ton sourire et l'éparpille aux quatre coins d'un visage ravagé de peur ! Mais tout est noir, et les ténèbres avalent ton visage blême, en sucent les lignes pâles pour en tirer toute visibilité, déglutissant l'ombre de tes contours qui se mêlent à l'obscurité moins dense dans laquelle croupit ton corps glacé.
Tu perçois la violence qui s'éloigne, visqueuse, épaisse, lourde comme un serpent gonflé par son dernier repas. La femme et l'ombre intense sont partis. Ils sont loin.
Tu es seul. Et alors tu te lèves, pour suivre les bruits, pour accompagner la vie qui s'éloigne de toi. Sur tes jambes dévorée de commotion, tu peines à rester debout. Contrecoup de la drogue. Ton corps peine à se mouvoir, et tu marches à petits pas. Titubant, cherchant un soutient qui n'existe pas. Ta vue aussi tangue, même dans l'obscurité. La noirceur tourbillonne en danses moqueuses.
Quand tu jaillis dans la lumière, ta vue peine à se s'ancrer. Ton regard erre et suit d'étranges courbes, la bille t'emplit la bouche en diapason de ses fuites improbables. Tu voudrais vomir, et tes oreilles bourdonnent de mots étranges et terrifiants.
Salope. Enculer. Pétasse.Tu ne comprends rien. Quand ta vue daigne se poser enfin, tu ne réussis qu'à beugler ta surprise. Imbécile.


-Mais que faîtes-vous ?!
Tu trembles, choqué. Parler te donne une gifle de lucidité. Tu cille sous l'impact de la réalité qui te frappe aux tempes.
Tu viens seulement de te réveiller vraiment.

Lâche là !
On te sent outré, effrayé. La femme à terre saigne et commence d'or et déjà à enfler. L'homme te fixe, stupidement, une grimace sur ses trais minces et affûtés. Une de ses mains quitte son pantalon. Tu as la nausée. Qu'allait-il faire à ce nom hivernal au timbre rauque et froid ? Cette voix aux mains issues d'abysses ténébreux et liquides ? Qu'allait-il faire à la femme derrière la voix ?
Basile. Tu sais parfaitement ce qu'il allait le lui faire.

Vous n'avez pas le droit.
Tu souffles les mots avec horreur, appuyé sur l'encadrement d'une porte. Mais que devient le monde ? Où sont la chaleur et la lumière d'une journée d'été ? On ricane sous ton nez ; ce n'est pas le pépiement des oiseaux.

-Dehors j'ai pas le droit connard ; ici c'est moi qui décide.
Et une seconde plus tard, tu t'affale au sol. Les os de ton nez éclatent, tu pousses une hurlement bref et sciant. Il ne t'as frappé ici que pour faire mal, pas pour t'arrêter. Son autre coup te prend au menton et te sonne plus encore. Le troisième est destiné à t'immobiliser pour de bon : son pied tue un souffle dans tes entrailles. Ta respiration coupée fait danser des étoiles noires devant tes yeux. Son spectre hante tes poumons douloureux.
Et bah, tu veux prendre la place de la dame finalement ?
Tu gémis. On te frappe encore, peu importe où. Peu importe comment. Tu te retrouve sur le dos. On t'arrache quelque chose.
Et cul à l'air, tu comprends. Un rugissement de désespoir franchit tes lèvres, et il s'en faut de peu pour que tes dents ne se brisent contre le sol quand on propulse ton visage dessus. Tes lèvres éclatent et cèdent. Jamais tu n'as autant saigner de toute vie. Ton nez en charpie, ta bouche noyée de fluides aux saveurs métalliques agressives.
C'est trop. Trop.
Tu cesses de te débatte, en tremblant. On rit de ta faiblesse. Et tu sais que c'est la fin.
Il va te violer. Peu importe où tu es, peu importe que tu ne comprennes rien. Un fait au moins est indéniable : le danger. Voilà la seule réalité qui compte en l'instant. L'unique facteur d'importance. Tu ne te résigne même pas. Simplement, tu ne trouves pas la force de te battre. Ton esprit ne peut pas accepter tout cela en même temps. Ton corps ne sait pas comment réagir.
C'est la fin.
03-09-2013 à 14:54:33

- Mais que faites-vous ?
C’est la voix de l’homme de tout à l’heure, j’en suis sûr. Les coups arrêtent de pleuvoir et j’essaye tant bien que mal de retrouver mon souffle. La douleur, ce n‘est rien, j’ai été préparé à bien pire. Pour me rendre plus forte et résistante, le programme m’a cassé volontairement les deux jambes, les deux bras et quatre côtes. Je ne peux pas passer au détecteur de métal sans sonner de partout.
- Lâche là
Sa voix tremble, il a l’air effrayé. Nadejda a ce même petit tremblement dans la voix quand elle a peur, elle parle crescendo et la dernière syllabe semble trembler plusieurs secondes dans la pièce. C’est un imbécile.
- Vous n’avez pas le droit
L’homme s’éloigne de moi et s’approche de la voix tremblotante. « Imbécile » je souffle faiblement. Il va se faire tuer. C’est vraiment un imbécile. Mais un imbécile qui m’a sûrement sauvé la vie.
- Dehors j'ai pas le droit connard ; ici c'est moi qui décide, dit l’immonde voix nasillarde
J’entends un corps qui tombe, et l’horrible son que produisent des os qui se cassent. Je l’entends gémir, et ça me fait mal, mal parce que ça devrait être moi. Mal parce que ces coups m’étaient destinés. Mal parce que s’il n’avait rien dit, il aurait pu partir tranquillement après avoir assisté à mon viol et, certainement, mon décès. Mais il a parlé, et il n’y a qu’une chose qui a pu le pousser. L’humanité. Il est comme ma Nadejda, il est humain.
- Et bah, tu veux prendre la place de la dame finalement ?
Ne pas laisser le sentimental entrer en jeu, règle numéro un du programme. Si je ne tue pas ce salaud maintenant, quand il aura fini de faire joujou avec lui, il me tuera. C’est lui ou moi. Je me lève avec difficulté, mon ventre me fait atrocement mal et je crache le sang qui me remonte dans la bouche. J’entends ce salaud ricaner tandis que l’homme humain gémit. En titubant, je me dirige vers leur voix. Je me sens gorgé de haine, quand je l’aurais ce salaud, il va déguster. Règle numéro deux : la haine est votre alliée. Je dois la laisser monter, ça sera beaucoup plus facile après. Pour le tuer.
L’homme arrête de gémir. C’est très mauvais signe. Ma tête se cogne à quelque chose. Un dos. Je te tiens salaud. Je n’attends pas et lui flanque de suite mon pied dans les couilles le plus fort que je peux. Mon pied rencontre son pantalon baissé qui ralenti un peu mon mouvement, mais j’atteins quand même mon but. Je l’entends s’écraser lamentablement sur le béton en m’insultant. Il avait son pantalon baissé. Un éclair de lucidité éclair mes yeux, et c’est comme si je voyais la scène, comme si je voyais ce qui allait se passer.
- Tu es lamentable.
Ma voix n’a jamais été aussi froide que quand j’ai prononcé ces mots. Je sens la glace qui sort de ma bouche tandis que je parle. Pourtant, je bouillonne de rage. Je repère avec mon pied ses jambes, je remonte et j’écrase son entre-jambe. Il avait aussi baissé son caleçon. Il a vraiment tout gagné celui-là. Je me délecte de ses cris, c’est comme si toute mon énergie me revenait d’un coup.
- Tu ne peux pas imaginer à quel point tu me dégoûtes, je dis toujours aussi froide tout en tournant lentement ce qui est sous mon pied en y mettant tout le poids de mon corps. Tu me donnes envie de vomir, lui dis-je en lui crachant dessus le sang qui me reste dans la bouche. Maintenant détache moi connard.
Je me tourne dos à lui en m’accroupissant, écrasant de mes deux pieds ses bijoux de familles. Il hurle, et c’est juste jouissif. Il pleure tandis qu’en tremblant et avec beaucoup de difficultés il m’enlève les menottes.
- Pitié, pleurniche-t-il.
Je touche mes poignets. L’impression de puissance que j’ai est juste indescriptible. Je me relève en appuyant de toutes mes forces sur mes jambes. Ses cris résonnent d’une façon merveilleuse dans la pièce. Je crois que ça suffit comme ça, à force la douleur doit s’affaiblir. Je joins mes pieds et saute sur son ventre. Je sens le souffle qu’il préparait mourir dans son ventre, c’est parfait. Je m’accroupis sur son ventre. Je ne suis pas très lourde, mais largement assez pour qu’il ait des difficultés à respirer. Je cherche son visage avec mes mains et finis par le trouver. Je touche la morsure que j’ai faite sur son nez et plante mes ongles dedans. Il ne peut plus crier, il ne peut quasiment pas respirer. Mais cette tension silencieuse me fais plus de bien que n’importe quel cri.
- Tu as été un méchant garçon, je lui chuchote avec un sourire rempli de couteaux. Maintenant, tu vas dormir, et quand tu te réveilleras, tu connaîtras le vrai enfer.
Je saisis sa gorge entre mes mains et l’étouffe. Ses bras s’agitent, son corps tremble sous moi, et au bout de vingt secondes, plus rien. Il n’a plus de pouls.
Je le lâche, le visage totalement neutre. Je passe ma main sur son visage et ferme ses yeux. Une vieille habitude. Je me lève du cadavre et cherche à tâtons l’homme humain. Je sens son souffle rapide, il trahit le fait qu’il est totalement apeuré. Je trouve son visage, touche sa barbe et sens quelque chose de poisseux l’imprégner. En continuant l’exploration de son visage, je me rends compte que cette chose coule de sa bouche, mais aussi de son nez. J’approche mon visage du sien, mon nez frôle le sien. Je renifle. Rouille et sel.
- Vous êtes blessés, je lui chuchote. Il faut que l’on trouve de quoi vous soigner.
Je sens son haleine chaude me caresser le visage, sa main attrape la mienne. Elle est chaude et douce. Comme celle de Nadejda. Je sens des larmes qui coulent, et je n’arrive pas à m’arrêter. Je sens tout mon corps se secouer de sanglots. Je reprends ma main et me cache le visage avec. J’ai honte de craquer comme ça, moi qui est tuée sans ressentir aucune émotion, à part une joie intense. J’ai tellement honte. Est-elle encore en vie ? Si oui, pour combien de temps ? Comment va-t-elle faire ? Ma petite Nadejda, mon soleil.
Je tombe en avant, contre le torse de l’homme et éclate définitivement en sanglots.
- Nadejda, Nadejda…
Je n’arrive pas à retenir les mots, ils coulent de ma bouche, s’échappent entre deux sanglots. Je suis seule, si seule sans elle. Nadejda, ma Nadejda. Ma petite sœur. Vis.

Serait ce un signe de paix ou bien le V de violence?
03-09-2013 à 16:24:13
- Miranda ? Je suis ici ! C’est moi ta grande sœur !
Je lève la tête en entendant cette voix. Miranda ? C’est qui ? La voix est tout près de moi, mais je ne la reconnais pas, j’ai tellement mal à la tête.
- Poulkheria ?
La voix ne ressemble pas à celle de ma grande sœur, elle est plus aigu, plus fluette. Mais elle a dit qu’elle est ma grande sœur.
- Viens on va sortir d’ici, prends ma main.
Je ne bouge pas. Si c’était ma sœur, elle me toucherait avec sa main pour que je puisse l’attraper. Et ma sœur ne parle jamais en russe. Jamais.
J’entends le corps de la voix qui se rapproche, elle rampe sur les branches. Je sens des mains me prendre par la taille, vu le lieu, je ferais mieux de ne pas me débattre. Les mains me posent sur quelque chose de dur. Une épaule. Je sens des secousses répétées venir du corps sous moi. Il descend. Je descends de l’arbre.
Je sens mes pieds toucher le sol en béton. Je m’étalerais presque sur le bitume pour l’embrasser tellement je suis heureuse ! Je serre dans mes bras celle qui m’a sauvé. Elle semble surprise, je le sens au petit tremblement qui la traverse. C’est ce genre de petite chose que les voyants ne ressentent pas, que moi je sens depuis quasiment toujours, qui fait que je ne suis pas si handicapée que ça. Les enfants sont parfois méchants avec moi, ils ne comprennent pas que je « vois » le monde différemment.
Elle sent la vanille et les gâteaux chauds. Ma sœur sent la neige et le thé qui infuse dans le samovar. Elle n’est définitivement pas ma grande sœur. Je lève la tête et sourit.
- Je m’appelle Nadejda, je dis avec la voix heureuse que ma grande sœur adore. Merci de m’avoir sorti de l’arbre ! Tu n’aurais pas vu ma grande sœur Poulkheria ?
J’ai peut-être dix ans, très mal à la tête, mais je ne suis pas bête. Je suis aux Deadly Games. C’est de ça dont grande sœur avait tant peur. Et maintenant, nous y sommes.
- On devrait partir je pense avant de rencontrer des zombies, je lui dis sérieusement en arrêtant de sourire.
Je prends la main de la jeune fille qui sent les gâteaux et la tire en avant. Je sens quelque chose de lourd bouger dans la poche de mon sweat-shirt. Je plonge ma main dedans et en ressort un bout de métal. Je passe mes doigts dessus, et la surface rugueuse me révèle un millier de petits points. Du braille. Je lis avec mes mains le contenu. Oh.
- Il y a un homme dans le troisième arbre à gauche de celui où j’étais coincée, je murmure très concentrée. Il faut que nous l’amenions dans la cantine de l’école, deux kilomètres plus au nord.
La fille ne répond rien. Je crois qu’elle est stupéfaite.
- Il faut qu’on aille le chercher, je lui dis en lui serrant la main. Il a besoin de nous, et on a besoin de lui. C’est un adulte. Tu veux bien m’amener devant son arbre ?
Elle reste un instant immobile, je lui presse la main un peu plus fort et enfin elle bouge. Le sol change, nous descendons du bitume pour marcher dans des gravillons. Je sens une odeur de boue et de feuilles. Un parc, nous sommes dans un parc. Nous nous arrêtons. Je lâche sa main pour toucher le tronc. Il est grand et solide. Je sens des petites vibrations l’agité de façon anormal. Il est réveillé.
- Monsieur Bodein, je crie en anglais. Je m’appelle Nadejda, regardait dans la poche de votre pantalon, il y a un mot.
Silence. Je l’entends remuer un peu et après un moment il descend. Je prends la main de ma sauveuse et nous fait reculer de quelques pas. J’entends l’homme sauté et toucher le sol. Je lui souris tandis que je sens la main de la fille qui sent les gâteaux se crisper. Quelque chose l’effraie. Je crois que j’ai fait une bêtise.

Serait ce un signe de paix ou bien le V de violence?
04-09-2013 à 18:11:10
Ils m’ont décidément bien droguée ! J’ai confondu ma sœur avec cette petite fille. Mais il faut dire que sur son visage, on trouve le même sourire. Les mêmes lèvres qui encadrent des dents parfaitement blanches…… et les mêmes bouclettes délicatement posées sur ce visage d’ange.
On dirait ma petite Miranda.
- Je m’appelle Nadejda. Merci de m’avoir sorti de l’arbre ! Tu n’aurais pas vu ma grande sœur Poulkheria ?
Mais ce n’est décidément pas ma petite sœur. Nadejda, elle s’appelle. J’ai déjà entendu ce nom quelque part, et cette voix … on dirait celle d’un angelot… Poulkheria. C’est donc sa soeur. Elle l’a perdue elle aussi. Nous sommes des petites feuilles égarées au milieu de grands chênes. Nous sommes perdues, nous sommes fichues. Ces jeux de la société ne sont pas les nôtres, ils sont trop compliqués. Il ne faut pas mélanger l’amertume, le salé, l’acide et le sucré. Des fois la société surcharge un peu trop nos assiettes, des fois elle charge un peu trop nos vies. Ils ont créé Deadly games, pour rendre nos existences un peu plus aventureuses et un peu plus tragiques.
Comme si, simplement vivre, ça ne suffisait pas.
- On devrait partir je pense avant de rencontrer des zombies.
Elle est intelligente, elle comprend vite où on est.
Nadejda m’agrippe par la main et m’entraîne en avant. Hyperactive, et bien décidée à ne pas rester plantée là, elle ressemble vraiment à Miranda.
Ils n’ont rien trouvé d’autres que de nourrir les zombies avec une petite fille de 8 ans. Ah je les tuerai ces cons ! Mais je ne peux pas les tuer. Je ne sais pas me défendre, je suis trop peureuse et puis, je suis trop naïve.
Le couteau je m’en sers pour sculpter, pas pour tuer.
La bouche de Nadejda forme un rond, elle remue la poche de son pull, elle a mis la main sur quelque chose.
- Il y a un homme dans le troisième arbre à gauche de celui où j’étais coincée. Il faut que nous l’amenions dans la cantine de l’école, deux kilomètres plus au nord m’affirme Nadedja
Je ne comprends pas. Comment sait-elle tout ça ? Et qu’est-ce qu’il y avait dans sa poche ? Pourquoi doit-on amener l’homme dans la cantine ? Quelle école ? Si seulement je pouvais comprendre… Mais quelque chose cloche… Pourquoi veulent-t-ils que l’on aide cet homme ? Cela ne fait pas partie de leur habitude de souhaiter que l’on s’entraide… Je ne bouge pas, je ne veux pas y aller.
- Il faut qu’on aille le chercher. Il a besoin de nous, et on a besoin de lui. C’est un adulte. Tu veux bien m’amener devant son arbre ?
Je reste muette. Je ne sais pas quoi lui dire. Comment lui faire comprendre que ce n’est pas une bonne idée ? Hors de question Nadejda que l’on aille voir cet homme, je ne bougerai pas. Et toi non plus.
Mais elle presse ma main, la comprime. Elle a tellement envie de sauver cet homme. Je cède.
Je la laisse me guider. Elle a beau être aveugle, elle n’a pas peur de rencontrer un obstacle, elle me devance à la marche. Mince. Le sol change et nous cheminons à présent sur des petits cailloux. La semelle de mes chaussures est toute fine, trop fine, les gravillons vont la trouer. Heureusement j’aperçois un parc, et la boue a remplacé les gravillons. L’endroit est fort mignon, il me rappelle le parc près de notre appartement. J’ai dû mal à croire que Deadly games possède des lieux qui peuvent donner envie de s’y rendre. Je réalise. Il faut sortir d’ici. Plus l’endroit est joli, plus il est désert et plus il faut se méfier. Quelques arbres dominent nos têtes. Soudain sa main abandonne la mienne, elle se précipite vers l’arbre sur lequel il y a un homme. Un homme qui nous regarde. Surement l’homme qu’on doit aider.
- Monsieur Bodein. Je m’appelle Nadejda, regardez dans la poche de votre pantalon, il y a un mot.
Nadejda possède un petit accent russe mais son anglais reste compréhensible.
Silence. L’homme déboule de l’arbre et s’écrase devant nous. Je recule. Nadedja m’immite. L’homme nous sourit. Nadejda fait pareil. Leurs sourires ne signifient pas la même chose, ils sont tous les deux contents. Certes. Mais pas pour la même chose. L’homme s’est approché de moi et s’apprête à ouvrir ma chemise. Nadedja, qui ne voit rien, n’a pas compris le danger, elle ne cesse de sourire de plus belle. Il déboutonne mes boutons les uns après les autres. Tant dis que je pleure. Je n’ai jamais su me défendre. Clac clac. Un autre bouton… et encore un.
« Alors Maddie c’est comme ça que tu te défends ? » me dit une petite voix dans ma tête.
Et le dernier bouton.
« Mais fais quelque chose ! » continue la petite voix, « Cours ! »
Je suis à présent en sous-vêtements.
« Ne reste pas là. »
Il m’attrape le bras.
« Défends toi ! »
Je tourne ma tête, Nadejda pleure. Elle a compris ce qu’il se passait. Je ne peux pas faire ça à Nadejda, je ne peux pas la laisser assister à cela.
« Vas t’en Nadejda ! Sauve ta peau » je crie en Russe.
Le gars me prend l’autre main. Il s’approche de ma poitrine il va bientôt m’enlever mes dernier habits et je vais me retrouver nue. Je jette un regard à Nadejda, elle n’est pas partie, elle est à la même place, elle s’est carrément écroulée sur le sol. C’en est trop. Je mords de toutes mes forces le poignet de l’homme, jusqu’à sentir son os. Je bondis sur Nadejda et je l’endosse. Je cours. Vers où ? Je ne sais pas. Dans quel but ? Semer ce connard.
Les gravillons ont troué mes chaussures. J’ai mal aux pieds. Je vais abandonner. Je perçois les talons de l’homme qui écrasent les feuilles mortes. Il nous suit toujours ce con. Je sens Nadejda sur mon dos, « si tu ne le fais pas pour sauver ta peau sauve au moins la sienne » me dit la voix dans ma tête. Alors je galope sur les feuilles mortes, et soudain je ris. Car devant moi il y a un lac.
Je n’hésite pas, je descends en vitesse Nadejda qui n’a pas l’air effrayé par le lac non plus. Nous plongeons dedans la tête la première. L’eau est froide de plus que je ne suis pas très habillée, je frissonne. Nadejda se débrouille assez bien dans l’eau. Arrivées sur la rive, je m’étale sur la terre. J’ai perdu mes chaussures dans l’eau.
« Continue sans moi Nadejda !» Elle me regarde avec des yeux tout ronds, elle montre du doigt le lac et me souffle quelque chose à l’oreille. Je suis trop sonnée pour comprendre. Qu’essaie-t-elle de me dire ? Je me retourne, Nadejda pointe du doigt le lac. L’homme a disparu.
05-09-2013 à 13:24:33
Le présentateur descend du plafond grâce à une plateforme crachant une vague d'étincelles, armé de son micro et de son sourire aux dents immuablement blanches. Un tonnerre d'applaudissements et se sifflements l'accueille.

Salut bande de sadiques !! Comme vous avez pu le voir, les hostilités ont commencé, et personnellement j'ai déjà ma liste de candidats favoris, et des scènes excellentes en bonus !

L'écran géant dans son dos diffuse quelques scènes « plaisantes », comme une russe écrasant les testicules d'un homosexuel en pleine action, suivie du moment où elle lui crache dessus.

Les paris ont commencé, et nous avons déjà des gagnants, qui s'affichent au bas de votre écran ! Vous voulez des thunes vous aussi ? Pariez sur notre site qui s'affiche là, dit-il en pointant un doigt vers le bas, ici, là, vous le voyez ? C'est votre avenir qui est sur ce site, j'tez-y un œil !

Il fit un clin d'œil à la caméra, puis se tourna vers sa voisine.

Tous nos favoris se sont réveillés, je vous conseille de miser sur eux, même si l'un d'eux ressemble à un pauvre bébé, dans cette pièce sombre !

Il fit semblant de pleurer, puis éclata d'un rire moqueur. Toute la salle l'accompagna dans son rire immonde.

Non mais franchement, regardez-le, le super chanteur de métal qui voulait se rebiffer contre le monde entier ! dit-il en désignant l'écran derrière lui. Il est pitoyable !!

L'écran montrait une scène filmée par une caméra infrarouge. C'était une petite pièce, sans meubles, sans fenêtre. Attaché devant la porte, le zombie d'une petite fille avec une hache plantée dans le dos qui tirait sur ses chaînes en grognant. Recroquevillé dans un coin, Niels Netchaïev tremblait comme un enfant apeuré.

Moi qui pensais que les gothiques raffolaient du sang, je suis FRANCHEMENT déçu !! S'il continue comme ça, il fera pas long feu ! PAR CONTRE, j'ai un dur, un vrai pour vous ! Tim Frues, un ex-taulard condamné pour viol, meurtre, possession de produits illicites, se trouve actuellement à Woodbury, et risque de faire sa fête au prochain qu'il croisera !
Vous voulez encore plus de violence ?! Ne lâchez pas votre poste, ça vient tout de suite !

L'écran de sélection revient avec la liste des participants. Vous choisissez machinalement l'un de ceux suggérés dans la liste de Goldman, en espérant qu'il y aura un peu plus que des couilles écrasées.

"Hahaha, ce regard quand il a vu la morsure, encore !!"
Kyle Goldman
06-09-2013 à 20:17:02
Un tout petit bruit. Et puis un autre. Et encore un autre. Le bruit descend, et la main se crispe de plus en plus. Clac, clac, clac. Des boutons. Des vêtements que l’on enlève. Ce n’est pas la fille qui le fait, elle me tient la main, et je n’ai pas entendu son autre bras bouger. Mais j’entends la respiration de l’homme, rapide et sûre, comme un prédateur. « Nadejda, me disait ma sœur, méfie-toi toujours des hommes qui respirent fort que tu rencontres dans la rue. Si leur respiration te suit, par en courant et crie. »
Je peux pas crier grande sœur, j’ai peur. Je sens l’eau qui coule de mes yeux. Je veux pas qu’il fasse ça grande sœur, j’ai peur, vient nous sauver grande sœur !
- Ourradi Nadiejda !
La voix de la gentille fille qui sent la vanille et les gâteaux est forte comme celle de ma grande sœur, mais apeurée. Grande sœur, vient nous sauver ! Je veux pas partir, je veux pas la laisser seule, mais j’ai tellement peur… Je m’accroupis par terre en me cachant la tête. J’ai peur grande sœur, je veux pas qu’il arrive ça, grande sœur !
Un son immonde remplit ma tête. Un cri. L’homme. Je sens quelqu’un me prendre dans ses bras et courir. Je reconnais l’odeur de gâteaux. Elle l’a mordu jusqu’au sang. De sa bouche sort cette odeur de rouille et de sel. J’entends des pas lourds derrière nous, c’est l’homme. Il va nous rattraper !
La gentille fille rit. Elle… Rit ? J’entends le clapotis de l’eau. Beaucoup d’eau. Je descends et je suis immergée jusqu’au nombril. J’ai compris, si on traverse la surface de l’eau, on échappera à l’homme et on sera en sécurité de l’autre côté. Je m’avance dans l’eau et commence à nager. J’aime bien l’eau, quand j’étais toute petite et que je vivais encore en Nouvelle URSS, on habitait près d’un petit lac quasiment tout le temps gelé. Mama cassait la glace et me plongeait dans l’eau glacée, elle disait que c’était pour me protéger des maladies. C’est dans ce lac que j’ai appris à nager, avec mama. Mama…
Je sens des larmes coulées. Je plonge la tête dans l’eau pour les cacher. Il faut pas pleurer, grande sœur ne serait pas contente. « Ne pleure pas papa et maman, ils ne voudraient pas que tu sois triste. Il faut que tu sois heureuse pour eux, ma petite Nadejda, il faut que tu sois heureuse pour nous. ». L’eau me parait chaude comparée à celle de mon petit lac. J’arrive à me diriger grâce au bruit que fait la fille gâteaux en nageant. Fille gâteaux. J’ai faim.
Je sens de la terre sous mes pieds, je monte sans difficultés, mais je suis triste d’abandonnée l’eau. J’aime vraiment nager.
- Pradaljat bez minya, me dit la fille gâteaux essoufflée.
Un son. Un son qui vient du fond de l’eau. C’est lent, très lent. C’est pas un humain. Grande sœur, c’est pas un humain. Ça nage pas, ça marche.
Je m’approche de la jeune fille et trouve son oreille, je lui montre l’étendue d’eau d’où l’on vient. « Il faut partir vite ! ». Elle n’a pas de réaction. Je crois qu’elle n’a pas compris. Sa respiration est très forte, elle sent la transpiration et son cœur bat très fort. Il faut qu’on parte.
Je lève le nez, il y a quelque chose de nouveau, d’anormal. Je sens l’odeur de l’eau, mais il y a quelque chose d’autre. Du sang, ça empeste le sang. Le sang qui vient de couler.
Je hurle et prends la main de le fille gâteau. Elle se lève et je pars en courant, en essayant de la faire courir toujours un peu plus vite. Je pleure en courant grande sœur, j’ai vraiment peur. Mes pieds se heurtent plusieurs fois à des petites choses crochus, sûrement des racines d’arbres, grande sœur, je veux pas mourir ! Tu m’as dit que je devais vivre, pour papa, pour mama, pour babouchka et diédouchka, tu l’as dit, tu as dit qu’ils dorment dans mon cœur. Grande sœur, je veux pas qu’ils meurent !
La gentille jeune fille crie et s’arrête net. Sa main glisse de la mienne et je la lâche. Je peux pas m’arrêter, il faut que je retrouve grande sœur. Il faut qu’on sorte. Il faut qu’on vive. Je pleure tandis que je l’abandonne. Je suis désolée, je suis obligée.
Je cours encore un peu et je me heurte à quelque chose très très fort. Je tombe par terre. J’ai quelque chose sur la tête. Ça pue. Le truc auquel je me suis heurté pu aussi horriblement. Mes cheveux sont pleins de quelque chose à moitié liquide et à la fois un peu solide. Je passe ma main dedans. Des petites choses bougent. Des petits vers. J’ai un morceau de chair en voie de décomposition dans les cheveux.
Des « sons » emplissent ma tête. Beaucoup de sons. Comme des râles sourds, il n’y a aucun souffle. Tout autour de moi pue horriblement. Ça sent la charogne. Ça sent la mort. Mes idées se brouillent, j’arrive pas à penser. J’ai peur grande sœur, je crois que je comprends, non je comprends pas. Si, je vois. C’est comme un éclair dans mes petits yeux aveugles depuis si longtemps. Pourquoi elle a crié, pourquoi elle s’est arrêtée, pourquoi ça pue, pourquoi je me suis heurtée à une chose à la fois molle et dure. Pourquoi j’ai un morceau de chair pourri dans les cheveux.
Des zombies. Partout.
Je hurle en reculant à quatre pattes. Je sens des doigts me toucher, essayer de m’attraper. Je me mets debout et hurle. Je ne sais pas où je suis, je suis perdue, je ne sais pas vers où partir. Des doigts puant commencent à me toucher le visage, je les repousse en criant. J’essaye de partir, mais à chaque pas que je fais, je sens de nouveaux doigts me toucher, essayer de m’attraper.
- Grande sœur ! Grande sœur !
Je pleure en hurlant. Je suis perdue.

Serait ce un signe de paix ou bien le V de violence?
07-09-2013 à 03:14:34
Niels ne releva la tête que lorsque ses tremblements cessèrent. Il haïssait les humains, tous les humains. Ceux qui avaient eu l'idée de cette mise à mort cruelle, ceux qui en avaient la direction, ceux qui l'appréciaient et ceux qui regardaient sans rien faire.
Il savait qu'il ne servait à rien de parler à une quelconque caméra, hormis se donner en spectacle et avoir l'air ridicule avec de futiles menaces qu'il ne pourrait sans doute pas tenir. Sa tête allait beaucoup mieux. Il essuya les larmes de ses joues, se frotta les yeux. Ce qu'il restait de la gamine tirait encore sur sa chaîne en poussant d'affreux gargouillis étranglés. Il dût se retenir plusieurs fois pour ne pas vomir à nouveau.

Il ne voulait pas la voir, pour rien au monde... hormis sa vie. Parce que celle de cette petite fille était terminée, et parce que la sienne, malgré la haine qu'il portait au monde, valait peut-être la peine d'être vécue encore quelques instants... même s'il n'en était pas sûr. Il devait s'en convaincre, ou il ne reverrait jamais la lumière du jour. Il se remémora les paroles de Come Back Sun Light, une des chansons de Stone Mind, et les chanta en cherchant la lampe.

Où es-tu Soleil
Tes rayons ne brillent plus
Tels des tentacules morts
Écrasés par la noirceur du monde

Pourquoi n'illumines-tu plus
Nos visages dégueulasses
Masqués de dégoût
Reviens donc, Soleil


Sa voix se faisait grave, imposante, sans aucune trace de violence, comme s'il récitait le verset d'une pièce de théâtre en un rythme calme, presque sage. Il se leva et alluma la lampe sur la petite fille. Son regard vitreux et d'un bleu pâle flotta sur la lampe, incapable de le voir lui. Elle tendit ses petits doigts sales vers lui, comme une allégorie de la mort, pâle et squelettique, qui tentait de lui arracher la chair tout en se lacérant le sienne, tant elle tirait fort sur la chaîne que l'on lui avait enroulé autours du cou. Ses cheveux étaient sales et lui collaient au visage. Une hache était profondément plantée dans son dos.
Niels serra les dents en posant la lampe sur l'étagère instable, gardant l'éclairage sur elle.

Glisses tes doigts entre les seins d'une mannequin
Entre les doigts de tous ceux qui te désignent avec
Brûles-nous la peau pour nous punir d'être aussi bêtes
Reviens donc nous caresser de ta chaleur torrentielle


La petite fille suivait la voix qui s'approchait d'elle avec envie et crainte mêlée. Les zombies n'éprouvaient pourtant aucune émotion. Niels mit ceci sur le dos d'un vieux réflexe humain, le réflexe d'un prédateur lorsqu'il devient proie. Sa voix se mût en un grognement, un chant guttural puissant comme l'éruption fulgurante d'un volcan endormi depuis des siècles.

REVIENS, LUMIERE DU SOLEIL
BRÛLES CE MONDE IMPUR HABITÉ PAR DES FANATIQUES
DETRUIS-NOUS COMME LES PERVERS DETRUISENT LES FEMMES
ANEANTIS LES RÊVES, LES ESPOIRS
FAIS REVENIR L'HUMAIN A CE QU'IL EST
DESTITUE-LE DE SON TRÔNE DE MERDE
QUE LE MONDE TEL QU'IL EST RETOURNE A LA POUSSIÈRE


Le chanteur fut pris de spasmes lorsqu'il eut fini le refrain. Une pluie de larmes vint arroser le visage mort de la petite fille qui venait de se prendre une hache dans le crâne, une hache qui la libéra de son tourment, une hache guidée par des mains salvatrices aussi puissantes qu'un coup de tonnerre. L'acte n'avait pris que quelques secondes. Niels tomba à genoux, sanglotant comme s'il venait d'achever sa fille.
-J'te demande pardon... murmurât-il. J'suis désolé... désolé que tu sois de la même espèce que les enfoirés qui t'ont fait ça...
Il lui ferma les yeux, lui redonnant presque un visage d'enfant. Elle n'avait pas plus de sept ans... Il se leva, les yeux injectés de sang.
-CA VOUS A PLU ?! éructât-il. VOIR UNE GAMINE SE FAIRE ARRACHER LE CRÂNE CA VOUS FASCINE ?! QUAND CE SERA VOTRE FILLE QUI SERA A SA PLACE, J'ESPERE QUE CA VOUS DEGOÛTERA PAS DE VOTRE POP CORN !!
Il donna un grand coup de pied dans un mur. Ses Rangers coquées résonnèrent dans la pièce vide. Il se frotta le visage en inspirant un grand coup. Posant un pied sur la tête de la gamine, un tira fort sur la hache. Elle était coincée. Il tira plus fort encore, produisant un bruit immonde.
Ne pas vomir
Ne pas vomir
Ne pas vom..!
Il tomba à genoux en vomissant de la bile contre un mur. Il toussa, déshydraté, la gorge en feu. Il devrait trouver de l'eau rapidement en sortant de là.
Il réitéra l'effort, et cette fois-ci la hache se délogea.
-Je suis pas croyant mais s'il y a un putain de dieu qui me voit, je tiens à le remercier de ne pas m'avoir fait arracher un bout de crâne... murmurât-il.
Il prit le temps de masquer la plaie béante avec les cheveux blonds de la petite, puis prit la lampe sur l'étagère. Il monta les escaliers menant à la porte, et colla son oreille contre celle-ci. Il n'entendit pas grand chose au début. Puis ça se précisa rapidement.
De la musique.

Stone Mind jouait derrière cette porte.

Lorsque je te serre la main, c'est une souffrance que j'appréhende. Tu ne sentiras pas le tonnerre de ma haine s'abattre sur ta nuque. Tu ne pourras que pleurer, et saigner. Saigner autant que mon dégoût le désire. Je me délecterai du spectacle macabre de tes chairs broyées sous mon poing vengeur. Personne n'est innocent.
20-09-2013 à 17:26:16
L'appartement tremblait, vibrait aux sons puissants des enceintes. Un musique agressive et entraînante faisait bouger Esther, qui chantonnait de sa douce voix, magnifique paradoxe.
La jeune femme se détendait, relâchait la pression accumulée en chantant et en bougeant son corps au rythme de cette musique. Dansant dans sa cuisine, elle se préparait un en-cas, avant de revenir dans le salon pour continuer sa partie de jeux vidéos. Pour elle, le moment où elle pouvait jouer et manger en paix était l'apothéose de sa journée : on pouvait libérer la pression, se défouler un bon coup, être enfin détendu.
Esther avait pour habitude de jouer à des jeux fantastiques. La raison ? Son ennui de la vie. Elle s'ennuyait dans son travail, s'ennuyait avec ses amis, mais elle ne pouvait pas s'ennuyer en amour, elle n'en avait pas et en était ravie. Son seul regret dans la vie était qu'elle ne s'amusait pas et ne profitait pas comme elle le voudrait.
Juste au moment où elle allait battre un ennemi, son portable émit une petite sonnerie. Ayant été déconcentrée, elle se fit tuer une énième fois, lui arrachant un juron de mécontentement. Elle jeta sa manette sur la table basse en face d'elle, pris rageusement son portable et vit un texto d'une de ses meilleures amies. Sa colère retomba immédiatement. Hélène a pris soin d'elle lorsque personne ne la voulait, elle ne pouvait pas lui en vouloir pour un simple jeu vidéo. Elle regarda son message.

« Salut ma grande ! N'oublie pas que les Deadly Games commencent bientôt. Barricade-toi et fais bien attention. En espérant te revoir bientôt. »

Esther sourit devant l'attention de son amie. Elle avait totalement raison de s'inquiéter. Esther avait le profil de la candidate parfaite : agressive quand il le fallait, joueuse, et surtout, elle possédait l'instinct de survie.
La jeune femme avait toujours été étrange. Dès son plus jeune âge, son humeur changeante avait alerté sa famille. Après nombre de tests en tout genres, il n'avait jamais rien trouvé à redire, c'était une petite fille parfaitement normale. Pourtant, son cas s'est aggravé à l'adolescence.
Esther n'avait jamais asociale ou quoi que ce soit, bien au contraire, elle était appréciée de par la gentillesse et le réconfort qu'elle offrait sans rien demander en retour. Malheureusement, elle faisait des crises de colère, soudaines et inexpliquées, ce qui avait fait fuir tous ses camarades. Cette période de sa vie avait été difficile pour de nombreuses raisons, et sa solitude permanente n'était presque rien, comparé aux épreuves qu'elle a subi par la suite. Elle n'en avait pas été affaiblie, cela l'avait rendu pus forte, et lui avait donné une vision assez philosophiques des choses courantes de la vie.
Alors qu'elle repensait à ses sombres années, elle sentie un courant d'air dans son dos. Elle se raidie immédiatement. Il ne pouvait pas y avoir de vent. Il ne pouvait pas y en avoir, pour la simple et bonne raison qu'il n'y en avait pas. La seule chose qui pouvait créer un courant d'air, c'est un mouvement.
Le sang d'Esther ne fit qu'un tour. En une fraction de seconde, elle pris le couteau coincé sous le coussin du canapé de la main droite et sa barre de métal de la main gauche, se tourna, lança le couteau et pris la barre à deux mains. Le couteau atteignit un homme en plein visage, habillé d'une tenue noire et portant une arme. D'autres hommes arrivèrent. La jeune femme se mit en face de l'un d'eux d'un bond, et frappa son casque de toutes ses forces. Lorsqu'il tomba par terre, elle lui mis un coup de pied au visage pour s'assurer qu'il ne se relèverait pas d'aussitôt, tourna sur elle et faucha les jambes d'un autre homme, et s'acharna avec sa barre sur son visage, laissant exploser sa rage et sa haine. Quelques hommes suivirent, puis un membre de l'unité cria quelque chose qu'elle ne comprit pas. Soudain, un flash l'aveugla, et une détonation la rendit momentanément sourde. Elle fut désorienté assez longtemps pour qu'un soldat ait le temps de passer derrière elle, et puisse l’assommer d'un coup de crosse à l'arrière du crâne. Les ténèbres l'envahirent.

¨¨¨¨¨¨¨¨

Cette impression de voler, d'être défoncée au réveil, Esther était en train de la vivre. Elle ne voulait pas bouger, elle était à l'aise où elle était, il faisait juste un peu frais.
« Un peu frais ? » se dit-elle, « Pourtant, l'appartement était chauffé …». Peu l'importe, elle était trop dans les vapes pour faire quoique ce soit. Elle était trop fatiguée pour ouvrir les yeux, mais elle allait essayer de comprendre ce qui se passait autour d'elle, les yeux fermés.
En premier, elle n'était pas dans sa chambre, ni dans son appartement. Il faisait plus chaud chez elle, de plus, elle était allongé sur le ventre sur une surface dure. Ça ne la dérangeait pas, elle voulait juste être tranquille.
Elle essayait d'entendre, mais n'y arrivait pas, elle ne percevait que quelques bribes de sons, déformés. « Plus jamais de soirées en semaine, j'pourrais me faire violer sans m'en rendre compte ... » ragea-t-elle silencieusement. Par contre, à l'opposé de ses sens, sa mémoire lui revenait assez rapidement. Elle se rappelait d'avoir été chez elle, de s'amuser, ensuite un message, puis …

"Bordel de merde", dit-elle en comprenant.

Quelque chose la toucha. Sa main gauche pendant dans le vide, et on essayait de la toucher. Au début, ce fut par effleurage, presque comme des caresses. Elle roula sur elle-même, laissant pendre sa main un peu plus. La douleur d'une griffure et la sensation de se faire attraper fit monter son adrénaline, elle ouvrit enfin les yeux, les sens en alerte.

La jeune femme se trouvait sur un abribus de tôle, au beau milieu d'une rue, dans un endroit inconnu.

La pression sur sa main était insistante.

Esther sentait la barre accrochée sur sa jambe, rassurante, mais elle ne sentait pas le froid de son arme de poing à l'arrière de son treillis, ce qui était moins rassurant.

Des grognements bestiaux, du sang dégoulinant, l'odeur de putréfaction. La mort était venue la voir.

Elle regarda vers le bas. Un homme et une femme essayaient de l'avoir.

"Les voisins sont accueillants, c'est calme, pourquoi ne voudrais-je pas rester ici ?" Ironisa-t-elle.

Avec un soupir exaspéré, elle se mit debout sur l'abribus, pris sa barre, et frappa la tête de la femme en premier, galanterie oblige. Ensuite, ce fut l'homme qui pris, il eu le droit a un swing parfait, digne d'une golfeuse professionnelle. En voyant les deux têtes putréfiées à moitié arrachée, une bouffée de fierté l'envahit. Elle ricana, et descendit de son perchoir. Maintenant, il restait à trouver ce qu'il fallait faire pour cette émission de merde.

Faut-il s'adapter à une société malade, ou attendre qu'elle s'adapte à soi ?
26-09-2013 à 19:57:57
Boubacar se réveilla tout frais, comme d'habitude. Pour profiter des premiers rayons du soleil, il garda ses yeux fermés et fourragea de ses doigts fins dans ses draps de velours. Qu'il ne trouva pas. Ses mains heurtèrent le sol dur et froid, et il s'aperçut qu'il était à moitié assis dans une position très inconfortable, et perclus de crampes. Ce n'était pas tout.
Tentant de bouger, il ressentit une vive douleur à la tête qui se répandit en un fluide glacé qui l'engourdit. Son cœur se mit à battre comme un fou dans sa tête, et le jeune homme eut l'impression que ses tympans allaient éclater. Il cessa aussitôt de bouger, retomba comme une larve molle au sol. Quelques longues minutes s'écoulèrent, et le jour qui pointait cognait à présent à travers ses paupières closes. Il les ouvrit, lentement, précautionneusement. Observa la pièce.
Car, il l'avait déjà compris, ça n'était pas sa chambre. Les murs de pierre et l'obscurité s'imposaient comme une preuve d'anormalité, ainsi que le confirmèrent bientôt, alors qu'il tentait de se lever, les hématomes, griffures et rougeurs, ainsi, il s'en doutait, d'une côte ou deux contusionnées, si ce n'étaient brisées.
Et encore, c'était superficiel- il découvrit sans tarder l'Handicap qui allait l'accompagner comme tout bon Héros romantique. De multiples lames aiguisées transperçaient son crâne à chacun de ses mouvements. Rien que pour s'asseoir correctement sur une vieille couverture mitée, il eut l'impression de souffrir mille morts. La douleur irradiait ensuite en continu dans son cerveau, durant quelques minutes affreuses.
Il fit racler les pieds de sa chaise contre le sol en la rapprochant de la petite lucarne, qui seule déversait une lumière aveuglante dans la pièce. Épuisé par l'effort, il laissa sa tête dodeliner sur son épaule. Le soleil frappait la terre durement, dehors. Il faisait épouvantablement chaud et sec, la végétation se résumait à quelques buissons maigres et nus.
Il se trouvait dans une minuscule cabane en bord d'une route immense, qui disparaissait à l'horizon de chaque côté. Une montagne rouge se dressait en face, au loin.
Le jeune homme, assommé par la douleur et la chaleur, se mit à somnoler. Tout, jusqu'à la terre, semblait dormir, immobile et silencieux.
Soulevé par un léger souffle de vent chaud, les gonds de la vieille porte grincèrent. Il tendit le bras, saisit la poignée, et la porte lui resta dans les bras. Alors apparut-Il.
Sûrement se cachait-il derrière le cabanon, car Boubacar ne l'avait pas vu arriver. Déconcerté, il regarda le zombie s'approcher sans comprendre. Puis, ses méninges se mirent enfin en marche et il recula brusquement, renversant la chaise et réenclenchant les poussées de feu brûlant dans le haut du crâne. Poussé cependant par l'adrénaline, il envoya valser la petite table contre le monstre qui s'affaissa, puis, il lui défonça le visage à coup de chaise. L'os craqua avec un bruit écœurant et il s'adossa au mur, haletant.
Les Deadly Games. Il comprenait, à présent.
Il prit une longue inspiration, tentant de calmer les spasmes nerveux qui secouaient la commissure de ses lèvres.
Et Boubacar Watson partit en un grand éclat de rire. C'était douloureux, mais qu'est-ce qu'il se sentait bien !
Il allait enfin pouvoir accomplir sa destinée, ce à quoi il avait toujours été promis, il allait leur montrer, à tous, et particulièrement à son père ! Un héros, voilà ce qu'il serait. Un vrai, un esprit pur et juste, comme dans les livres. Tous ces bouquins que Papa détestait tant...
Les Deadly Games.
Le jeune homme se dirigea à pas lents, voûté, vers la sortie. Il se donna quelques secondes, le temps de laisser ses yeux s'acclimater au soleil brûlant, puis, il s'adossa à la façade rugueuse.
A sa gauche, recouvert par le flou de la chaleur ambiante, il apercevait à présent quelques bâtiments. A sa droite...
Boubacar entrouvrit légèrement la bouche, et se laissa glisser au sol.
C'était une silhouette. Une silhouette féminine qui avançait sur la route, vers lui. Il pouvait la distinguer presque nettement. Elle était petite et tenait une barre de métal dans son poing gauche. Ses cheveux noirs étaient emmêlés de poussières et collés à certains endroits par un liquide foncé séché, mais ses yeux... ses grands yeux clairs, fichés au milieu de son visage, en soulignait la blancheur, tandis que la rendaient infiniment séduisante ses multiples piercings.
L'inquiétude et un autre sentiment indéfinissable assombrissait le tout, mais malgré cela, le métis sentit son cœur battre follement dans sa poitrine, sa bouche s'assécher encore un peu plus.
Et lorsque la jeune femme croisa son regard, elle, ses yeux clairs, sa barre de métal et ses piercings, il se rendit compte qu'il avait oublié une chose capitale dans son plan- l'Amour. Le grand amour qui devait rendre les choses plus compliquées que jamais au Héros, qui la protégerait au péril de sa vie, dans les situations les plus désespérées, et qui l'aimerait follement.
Impardonnable, qu'il était, d'avoir oublié une chose aussi importante, impardonnable. Il se serait bien donné la mort, d'une manière romanesque, mais pas maintenant, alors qu'il venait de La Trouver, Elle.
Elle. L'esprit tourmenté par la folie, le jeune homme sourit imperceptiblement quand Elle resserra son étreinte sur la barre de métal.

- Gasan?
- Oui?
- Pourquoi tu es tout le temps en colère?
- ...
- Et contre qui, aussi, à la fin?
- Je sais pas. Je crois... contre tous ceux qui meurent.
- Qui meurent?
- Ouais. Qui meurent.
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