Andore. [RP]

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10-08-2011 à 00:22:25
La marche fut longue. Elle dura plusieurs heures. Plusieurs heures durant lesquelles Lifaen avança seul, à l’écart du groupe mais tout de même visible des apprentis. Aucun ne l’avait rejoint, laissant la panthère se battre seul face au désert et la chaleur de plomb qui y régnait. L’ex assassin ne leur en voulait point, à vrai dire cette attitude ne le dérangeait pas. Au fil des années il s’était battit une solide réputation de solitaire, ce qui arrangeait bien le jeune homme. Il ne pouvait le nier, il était plus un assassin qu’un membre de l’Ordre et agissait comme tel, préférant agir seul et à sa manière.
Durant sa marche solitaire, Lifaen prit tout son temps pour affûter ses armes et vérifier ses poisons, il but aussi une lampée de sang par précaution, on était jamais trop prudent. Désespérément seul, tout ce qu’il put faire ce fut d’observer la joyeuse troupe que formaient ses compagnons. La plupart riaient et plaisantaient dans une humeur bon enfant, seuls quelques apprentis restèrent fidèles à leurs habitudes et se tinrent à distance de ses réjouissances. Parmi eux se trouvait Shay, ce qui était plutôt surprenant étant donné le naturel enjoué du jeune homme. L’apprenti semblait d’une humeur massacrante et devait ruminer des idées noires. Lifaen se promit d’aller le voir au prochain arrêt.
Etrangement, le regard de l’ex assassin revenait constamment se poser sur la flamboyante Eileen. Il avait beau faire tout les efforts du monde pour s’attarder sur les autres membres du groupe, toujours il se retrouvait à scruter la jeune femme, savourant sa beauté transcendante. Le jeune homme la suivit dans presque toutes ses actions, Velk semblait lui faire une sorte de numéro de charme et Sèmil passait régulièrement la main dans les cheveux de la rouquine à qui cela ne semblait pas déplaire. Le forgeron semblait ne pas avoir remarqué la Pierre de Feu dans sa poche, il la découvrirait en temps voulu. Lifaen savoura chaque détails qu’il pouvait glaner depuis la distance où il était, l’éclat charmé de ses yeux face aux paroles du villageois, sa mine heureuse lorsqu’elle riait, le grand sourire qu’elle arborait constamment, le regard affectueux qu’elle posta au doyen, cette façon qu’elle avait de profiter de la caresse du vent sur sa peau…
Les seules connaissances que le jeune homme avait des femmes, c’était celle que la fréquentation des prostituées des bas-fonds de la ville, du temps où il était assassin, lui avait permit d’obtenir. Il avait souvent rencontré ces femmes avant qu’il ne rentre dans l’Ordre, que ce soit pour les ‘‘affaires’’ ou pour des… visites.
Sachant que personne ne lui prêtait attention, l’ex assassin observa Eileen de tout son soûl son regard se faisant presque caressant.

Une halte pour la nuit fut bientôt ordonnée, les membres de l’Ordres étaient épuisés par la marche dans des conditions aussi rudes. Sachant parfaitement que Forfallam n’allait pas tarder à allumer un feu, Lifaen ne prit pas la peine de retourner auprès de ses compagnons et il commença directement à s’éloigner. Le jeune homme fut surpris lorsqu’il reconnut un autre apprenti qui s’était éloigné de la troupe. Il s’agissait de Shay, l’apprenti en colère semblait avoir fui le campement et s’étaient assis par terre, plongé dans sa rage. L’ex assassin décida d’en profiter pour aller lui parler, tant qu’il n’y avait pas de feu à proximité, il devait en profiter.
Sans un bruit, il se planta devant l’apprenti et s’accroupit pour se mettre à sa hauteur. Son regard émeraude plongea dans celui de l’apprenti bouillonnant de rage. Il était évident que ce dernier se posait des questions quant à son avenir dans le groupe, il devait se demander si le silence des apprentis durant l’intercalation entre lui et le forgeron ne signifiait pas que ce dernier allait le remplacer. Les deux apprentis se fixèrent ainsi durant un long moment, sans bouger ni piper un mot. Finalement, Lifaen décocha un sourire amical à l’apprenti morose, un sourire où il mit toute sa solidarité, toute son amitié. L’ex assassin se releva et s’apprêta à partir, il se retourna. Cependant, après quelques pas, le jeune homme fixa de nouveau son cadet avec un regard amical.

- Eh, Shay !
- Oui ? Grogna ce dernier.
- N’oublie jamais, tu es des notre. Tu es notre frère d’arme. Peut importe ce qui peut se passer, nous serons toujours là pour te soutenir.
Avec un clin d’œil, Lifaen quitta Shay pour permettre à ce dernier de réfléchir aux paroles de l’ex assassin. Sans un bruit, le jeune homme continua de s’éloigner du campement pour se retrouver une fois de plus à une centaine de mètre.
Avec un soupire, il se résolut à passer une nuit de plus seul.


Panthère solitaire.
10-08-2011 à 00:41:35
Flinn marchait avec le groupe, mes ses jambes avançaient d'elles-mêmes. Son esprit était occupé ailleurs. Il fouillait son coeur et sa mémoire. Sans qu'il ne s'en aperçoive, sa main droite avait empoigné la bague qu'il portait autour du coup, attachée à une petite chaîne. Heureusement, l'arrivée de Velk le sortit de sa méditation. Il se présenta officiellement. Mais Flinn n'avait que faire de son nom ou de son métier. Il serra les poings, et son sang commença à se réchauffer à l'idée des nouvelles choses qu'il allait pouvoir tester sans retenue.

"Ton nom ne m'intéresse pas. Je veux simplement connaître tes poings. Je m'appelle Flinn, mais bientôt, tu apprendras à me connaître autrement que par les mots."

Voilà ce qu'il lui avait répondu, sans parvenir à dissimuler son impatience. Un sourire qu'on aurait pu croire emprunté à Lifaen se dessina sur ses lèvres, ses lèvres qui avaient pourtant si peu l'habitude de sourire. Le forgeron repartit se présenter à quelqu'un d'autre, et Flinn sombra à nouveau dans ses sombres pensées. Afin d'éviter de sombrer trop profondément quand même, il posa un regard observateur sur le groupe. Le nouveau "sac d'entraînement" semblait apprécier les deux jeunes filles du groupe, de la même façon que Lifaen n'était pas le seul à regarder Eileen de cette façon, autant que Zejalèa avait l'air d'intéresser plusieurs des garçons du groupe. Le jeune chasseur haussa les épaules. L'amour ? Bah, si ces abrutis avaient envie de souffrir, c'était leur problème. Même ceux qui fermaient leur coeur cachaient une sensibilité profonde, et au final leur froideur n'était qu'un masque. Flinn préférait être moins froid dans certains domaines peut-être, et s'exprimer régulièrement, même s'il ne parlait jamais pour ne rien dire, mais lui, son coeur était glacial pour de bon. Il ne se protégeait pas du regard des autres, il se protégeait de tous les sentiments forts qui pourraient l'envahir. Là était la différence entre le masque de glace, et l'armure de glace. Le masque rendait plus vulnérable encore dès qu'on passait au travers, l'armure laissait plus avancer le danger, mais le stoppait à coup sûr. Encore fallait-il qu'elle soit efficace contre le poison déjà présent... Ce remords empoisonné, ces regrets qui tuaient le coeur de Flinn à petit feu.

Il firent une halte temporaire, et Eldän en profitait visiblement pour s'entraîner. Il utilisait une dague longue, de la taille d'un wakizashi selon les repères du chasseur, qui comparait forcément avec ce type d'arme. Mais il avait besoin de conseils. Se sentant d'âme généreuse, il avait envie d'en prodiguer quelques-un à l'archer qui mettait beaucoup de bonne volonté et faisait beaucoup d'efforts. Il s'approcha de lui.

"Tu est trop lourd sur tes appuis. Personne ne te demande d'enfoncer le sol, et ton arme est suffisamment légère pour pouvoir rester sur la pointe des pieds constamment. Essaies d'être plus souple plus mobile."

Tirant son couteau à la lame incurvée, il lui intima de l'attaquer.

"- Crois-tu en le Destin, Néo ?
- Non. Je ne supporte pas l'idée que quelqu'un dirige ma vie à ma place.
- Précisément. Et je suis fait... pour te comprendre.
" - Matrix.
10-08-2011 à 01:34:39
La torture mentale, voilà ce cherchait Lifaen pour Velk. Il n'y avait que cette solution. "Cadeau" ?! Mais qu'est-ce que ça pouvait bien vouloir dire ?! Le forgeron était au bord de l'explosion. Quelle tourmente ! Impossible de mettre le doigt sur la raison de ce simple mot. Comment un seul mot aussi court composé de six banales lettres pouvait le faire enrager à ce point. Réfléchir à ce genre de mystères et ne pas trouver la solution lui donnait l'impression d'être débile. "Cadeau"...
-Oh, merde à la fin ! jura-t-il. Tu sais, toi, ce que peut bien vouloir dire "Cadeau" ? demanda-t-il à Kire qui le regarda avec un air bovin.
Kire avait beau être un animal incroyablement intelligent, il ne pouvait pas l'être plus que Velk... Heureusement, d'ailleurs. Le pauvre se serait senti complètement stupide à être plus bête qu'un chien. Et pourtant, ce sentiment d'être tout près de la solution, comme s'il pouvait la trouver en fouillant dans sa poche ne le quittait pas... Pourquoi ce Lifaen avait-il été si énigmatiquie bon sang ? Pourquoi ?! Il se vengeait de l'affront dont il avait fait preuve devant Shay ? C'était à s'en arracher les cheveux... Kire s'obstinait depuis quelques minutes à renifler la jambe du jeune forgeron qui lui demandait à chaque fois d'arrêter. Pourtant, l'animal recommençait toujours à poser sa truffe sur la cuisse de son frère.
-Oh, mais arrête, à la fin ! cria ce dernier.
Le pauvre Kire se baissa, soumis, en poussant un petit gémissement.
Perdu dans ses pensées, à ruminer des injures envers Lifaen, qui ne s'était pas montré amical du début à la fin, il ne s'était pas apperçu qu'il avait ralenti le rythme. Une main légère et pleine de bonté se posa sur son épaule.
-Ca va Velk ? demanda Eileen.
-Euh... Oui oui, ça va merci, répondit l'intéressé un peu distrait.
-Tu as l'air préoccupé. C'est à cause de Shay ?
-Non, c'est... autre chose, mais rien de grave, ne t'inquiète pas, la rassura-t-il en lui adressant un sourire généreux.
Il ne voulait pas avouer qu'il se prenait la tête pour une salutation mystérieuse de la part de Lifaen. Il aurait eu trop honte de sa bêtise.
-Ah bon, dans ce cas je n'insiste pas, dit-elle avec une pointe de déception dans la voix.
Un silence lourd jeta un léger froid entre les deux adolescents. Velk cherchait désepérément un sujet de conversation, pour éviter de s'attarder sur cet incident. Rien ne lui venait. Qu'est-ce qu'il pouvait bien inventer ?
-C'est... C'est dur de tuer quelqu'un ? demanda-t-il avec une grande hésitation.
-Dur ? répéta la belle rousse surprise par cette drôle de question.
-Ouais... Mentalement, je veux dire...
-Oh, euh... Je crois que oui, la première fois est un moment difficile, répondit-elle avec autant d'hésitation.
-Je n'imagine pas une fille comme toi tuer quelqu'un... Ou même se servir d'une arme. Tu es trop... précieuse pour ça.
La jeune femme rit de la remarque, remerciant le forgeron pour ce compliment. La conversation dura une bonne heure, voire plus, et chaque fois qu'il le pouvait Velk la complimentait sur son apparence et sa gentillesse. Cette fille était tout simplement adorable, pétillante de malice et débordant de générosité. Velk l'appréciait vraiment beaucoup. Elle méritait vraiment ce qu'il y avait de mieux au monde... Et le jeune forgeron ferait tout pour lui offrir.
Ce qu'il avait remarqué assez rapidement, c'est que Sèmil était totalement sous le charme de la rouquine, et que le mystérieux Lifaen la noyait du regard. Les filles semblaient avoir un certain succès au sein de l'Ordre. Il n'avait pas très envie de briser les coeurs, d'autant plus que son entrée fut fracassante, aussi décida-t-il de ne pas tenter de faire l'une d'elles sa compagne... Il n'en était pas amoureux, juste... respectueux... Il voulait simplement satisfaire le moindre de leur désir, il voulait simplement leur bonheur.
Kire avait continué tout le reste de la marche à lui renifler la jambe, mais étant de meilleure humeur, Velk se contenta de lui gratter le cou, comme d'habitude.

Lorsqu'une halte fut annonçée, Velk se trouva un rocher plat et s'assit dessus, Kire allongé sur ses genoux. Le dit Forfallam alluma un feu avec une facilité stupéfiante, et tout le monde s'installa autours. Enfin... presque tout le monde. Lifaen était parti avant que le cadet ne prenne l'initiative, et Shay était parti bouder dans son coin. L'idée d'aller le voir s'installa dans l'esprit du jeune forgeron. Ils s'expliqueraient en face à face, sans personne pour les déranger. Malheureusement, l'idée de se faire perçer l'estomac ou de voir son corps sans tête ne lui inspira pas confiance. Aussi il hésita sur l'idée un bon moment.
-Qu'est-ce que t'en dis, toi ? demanda-t-il à Kire qui semblait faire une sieste.
Le chien fourra sa truffe entre ses pattes, signe qu'il n'approuvait pas vraiment l'idée. En fait, seul un fou irait seul s'expliquer face à un tel cinglé. Il se souvint alors du duel qu'il devait à Flinn, mais le trouva occupé avec Eldän dans un combat de dagues. Velk se prit la tête entre les mains.
-Tant pis pour les risques... J'y vais, autant régler cette foutue histoire une bonne fois pour toutes.
Il se leva et se dirigea vers la cachette de Shay d'un pas décidé. Même si le garçon le menaçait, Velk ne partirait pas. Il irait jusqu'au combat si cela permettrait de résoudre le problème. Il demanda à Kire de ne surtout pas s'en mêler. Il affronterait Shay seul.

Alors qu'il était sur le point d'accéder à la cachette de Shay, Kire s'interposa devant lui en couinant. Il avait peur pour son ami. Il ne voulait pas qu'il risque sa vie pour des bêtises. Le doute s'insinua alors dans l'esprit un peu lent du jeune forgeron.
Y aller, ou ne pas y aller ? Terrible dillemme...

Lorsque je te serre la main, c'est une souffrance que j'appréhende. Tu ne sentiras pas le tonnerre de ma haine s'abattre sur ta nuque. Tu ne pourras que pleurer, et saigner. Saigner autant que mon dégoût le désire. Je me délecterai du spectacle macabre de tes chairs broyées sous mon poing vengeur. Personne n'est innocent.
10-08-2011 à 07:11:13
"Quitter le groupe"

Cette question, pourtant absurde, torturait Shay depuis qu'il s'était assis, à chaque fois qu'il tentait de la chasser, elle revenait comme un prédateur, pressé d'achever sa proie. Exaspéré le jeune homme frappa du poing le sol en poussant un soupir. Auparavant il ne s'était jamais posé une seule question, se contentant d'avancer sans jamais regarder derrière lui. Jusqu'à aujourd'hui, le doute, le questionnement et toutes les choses du genre lui était resté inconnu. Mais maintenant il était plongé dans un océan de doute. Pourquoi se battait-il déjà ? "Pour la justice" c'était sa réponse. Mais.. Quelle est la vraie justice dans ce monde ? Y en avait-il vraiment une au moins ? Et si oui de quelle côté se situait-elle ? Si, la justice existait, et la justice c'était eux. Les chevaliers de feu.

Mais pourquoi doutait-il de ses propres motivations ? Deux voix semblaient s'affronter dans l'esprit du jeune homme. Celle qui clamait "tu te bats pour la justice" il la connaissait parfaitement, mais l'autre qui lui susurrait "Si il y avait vraiment une justice pourquoi ce monde est-il devenu ainsi ?". Au fond la dernière n'avait pas tort, comment ce monde avait-il sombré ? Et pourquoi ? Et si... Et si la voix avait raison. Si la justice n'existait vraiment pas ? Non. C'était inconcevable il devait y avoir une justice dans ce monde ! "Chaque homme à sa propre justice Shay..." C'était encore l'autre voix qui venait de parler. Et cette fois le jeune homme dut reconnaitre une part de vérité. Chacun à une vision différente de ses actions, chacun a ses motivations propres, chacun hommes croit en ses propres lois. "Et toi quelle est ton idée de la justice Shay ?", sa conception de la justice ? "Ceux qui tuent ou volent n'ont pas le droit de vivre", la voix qu'il connaissait tant venait de parler. "Mais qu'est-ce qui pousse des hommes à tuer ou à voler ?, Je te l'accorde certains sont fou, mais qui te dit que comme toi ils ne sont pas motivés par leurs idées de justice ?". Shay commençait à douter de plus en plus. "Non, ceux qui n'ont pas le droit de vivre, c'est ceux qui abusent de leurs pouvoirs". Sa chère voix venait le sauver encore une fois. "Et qui te dit que les gens faibles, ne sont pas ceux qui ont été punis Shay... ? Qui te dit que là n'est pas la justice qui s'est occupé de leur sort ?". C'était ridicule, mais pourtant les paroles de cette voix intérieure semblait pleine de sens. "Regardes ton bras, tu dis que ta justice est intouchable et pourtant elle t'a laissé te faire blesser. Qui te dit que là est la vraie justice ?"


- Eh, Shay !

Lointains les mots de Lifaen le tirèrent brusquement de ses pensées, surpris il grogna :

- Oui ?

- N’oublie jamais, tu es des notre. Tu es notre frère d’arme. Peut importe ce qui peut se passer, nous serons toujours là pour te soutenir.

Puis son compagnon partit aussi vite qu'il était arrivé en lui faisant un clin d'oeil. Shay resta quelques secondes silencieux à observer la silhouette de Lifaen qui se faisait de plus en plus petite. "Frère d'arme", ces mots résonnèrent dans l'esprit de Shay, qui le remercia de l'avoir extirpé de l'abysse dans lequel son esprit nageait depuis quelques minutes. Oui Shay ne pouvait pas les laisser tomber, il ne pouvait pas se permettre de perdre contre ses propres démons, il les dompterait, jusqu'à ce qu'ils disparaissent. Oui son combat contre l'empire, allait devenir également un combat contre sa propre personne. Et il triompherait de la noirceur qui enserre ce monde comme elle avait tenté d'enserrer son esprit, il en était sûr elle reviendrait pour tenter de le faire douter...

Soulagé Shay poussa un soupir, ses sombres pensée s'étaient envolées. Mais pas sa mauvaise humeur, non. Ses démons avaient pour l'instant disparut. Mais certainement pas sa douleur au bras et encore moins sa méfiance envers le forgeron, et il n'avait pas oublié non plus la solidarité de ses camarades. Ils avaient tous fait confiance à Velk comme ça. Mais lui non, faire confiance comme ça, n'était pas du tout dans sa nature. D'accord il ne semblait pas méchant mais il ne le connaissait pas, c'est tout.

Shay se releva prestement et se dirigea vers le camp. Ses camarades devaient s'inquiéter pour lui. Sur le chemin il aperçut Velk qui semblait "discuter" à son chien. En passant près d'eux Shay, s'adressa en souriant à Velk :

- Désolé si je t'ai blessé par mes paroles. Là n'était pas mes intentions. Et ma colère n'est pas dirigé contre toi, mais contre la justice... Enfin bref, mais qu'on soit clair. Je ne t'aime pas, je ne te déteste pas non plus. Je suis juste méfiant.


Sans attendre une réponse de la part du forgeron avant d'ajouter une dernière chose Shay était de dos à présent.

- Ah et au fait, ce n'est pas toi que je traitais de bouffon, je faisais une généralité des gens qui se laissent maîtriser par leurs émotions.

Il continua esuite sa route en jusqu'au feu qu'avait allumé Forfallam et où étaient assis la plupart de ses compagnons. Il s'assit en silence juste à côté d'Eileen. Sa présence était réconfortante, cependant l'attention qu'il portait à la jeune femme n'était que fraternel.
Conscient que chacun le regardait, cependant il n'en fit rien, et agit comme si de rien n'était. Son regard se perdit ensuite devant les flammes qui dansaient allègrement sous ses yeux en crépitant.
"Justice" ce mot résonna une fois de plus dans son esprit. Ses doutes n'étaient pas totalement parti en fin de compte.. Shay, leva son visage, qui n'avait montré aucun sourire depuis longtemps déjà, enfin pour lui, et s'adressa à tout ses camarades d'une voix lente, en replongeant ses yeux dans les flammes.

- Dites moi, pour vous... Quelle est la justice dans ce monde ?

Shay s'amusa une seconde de sa propre question, et afficha son premier sourire de la journée. Il devait avoir l'air bête. Entre tous, Shay était celui qui affichait le plus de confiance quand à ses convictions, et il avait de nombreuses fois clamé ses opinions sur la justice, mais la c'était la première fois qu'il demandait l'avis de ses compagnons.


10-08-2011 à 10:29:18
Zejaléa regardait le feu allumé par Forfallam. Fascinée par la danse des flammes, elle vit à peine le retour de Shay. Mais lorsqu'il parla, sa phrase lui sembla bien sombre. Shay était un optimiste, allant toujours de l'avant, et le fait qu'il se pose des questions jusqu'à aller les partager à eux n'augurait rien de bon. Pourtant...Qui n'avait pas douté de l'absurdité de leur mission au vu du monde actuel ? Qui ne s'était pas abandonné au désespoir intérieur au moins une fois dans ce monde froid et souillé ?
Elle s'efforça donc de répondre de manière la plus franche possible, mais tenta d'y ajouter une pointe d'optimisme, bien qu'elle soit nettement moins douée qu'Eileen pour ce genre d'attitude.

"Shay...Je crois que la Justice est faible en ce monde, mais elle existe sinon nous ne serions pas là. Selon moi, la Justice est un idéal que nous cherchons à atteindre, et comme tout idéal, elle est inaccessible. Mais nous nous efforçons de nous en approcher. Nous sommes les changements que nous aspirons à voir dans Andore, et c'est pour cela que sans cesse nous avançons désespérément pour trouver la lumière. Nous sommes l'incarnation même de la Justice, nous et quelques personnes bien dissimulées ça et là dans tout Andore. S'il n'y avait pas de Justice, nous serions à nous incliner bassement face à l'Empereur. Mais la Justice n'est pas un Dieu quelconque, elle ne peut pas tout faire, et c'est pour cette raison que nous nous devons de ne pas faiblir, même lorsque nous sommes rattrapés par le désespoir. Pour moi, Shay, la Justice, c'est nous, c'est toi qui en y croyant la rend réelle."

La jeune fille se tut alors, un peu confuse et ne sachant pas trop si ces quelques mots avaient apaisé l'âme tourmentée de Shay. L'observant, elle remarqua au passage que son bras pendait toujours mollement au côté de son corps...Elle lui prodiguerait des soins en privé dès qu'il se serait éloigné un peu. Elle avait cru comprendre que les hommes en général n'aimaient pas que l'on souligne leur faiblesse devant d'autres. Les restes d'un ego qui n'avait plus raison d'être depuis longtemps, mais qu'elle respectait.

Elle regarda Forfallam. A lui aussi elle voulait parler en privé, en espérant qu'il accède à sa requête...
10-08-2011 à 11:06:16
Kaalan était assis autour du feu quand Shay posa cette question. Question à laquelle il avait souvent répondu ... Kaalan connaissait par coeur la réponse qu'il donnait à chaque doute de l'un d'entre nous. Jamais il n'aurait cru que ce soit Shay qui doute. Nous avons tous doutés une fois dans notre vie sur cette quête. Elle inspire la peur, car elle semble irréalisable, et que beaucoup de gens comptent sur nous pour rendre possible le rêve que Andore devienne un endroit débordant de vie. Et que si jamais nous échouons, ce qui semble très probable. Nous mourrons tous.

"Moi je pense que la Justice n'existe pas. Ce n'est qu'un rêve. Beaucoup y croient, mais moi pas. Je ne crois que ce que je vois, et jusqu'à présent, je n'ai jamais vu la Justice faire une seule bonne action dans ce monde pourri."

Sur ces mots, Kaalan s'éclipsa, il partit en direction de Velk, qui semblait se poser un terrible dilemme. Finalement, Shay baragouina quelques mots, et partit en direction du Feu. Kaalan resta sur place à discuter avec la personne qu'il appréciait sans doute le plus dans le Groupe. Maniement de son Cimeterre, comment trouvait-il les filles du groupe, tout y passa ! Ils restèrent bien deux heures à discuter avant que Flinn ne propose le combat a Velk ...

Le ridicule ne tue pas.
Ce qui ne nous tue pas nous rends plus fort.

Donc ... Le ridicule rend plus fort ? -_-'
10-08-2011 à 12:58:23
La sueur perlait de son front. Eldän sentait qu'il pouvait faire mieux, qu'il devait juste débloquer quelque chose. Mais quoi ?
-Tu est trop lourd sur tes appuis. Personne ne te demande d'enfoncer le sol, et ton arme est suffisamment légère pour pouvoir rester sur la pointe des pieds constamment. Essaies d'être plus souple, plus mobile.
La voix de Flinn l'arrêta en plein mouvement.
-Attaque moi, reprit celui-ci.
Eldän observa un instant le chasseur. Il ne lui avait jamais tellement parlé et, même si ils entretenaient des bonnes relations, leurs liens n'avaient jamais franchis la frontière de l'amitié. Son aide était surprenant et agréable. De plus, le fait que Flinn vienne lui même vers lui indiquait une bonne volonté étonnante. Le chasseur n'avait jamais été très sociable et pourtant, depuis le début du voyage, il s'ouvrait légèrement, peu à peu.

Eldän se jeta sur Flinn. Prenant à la lettre les recommandations de l'apprenti, il était perpétuellement sur la pointe de spieds. Bondissant souplement sur ses appuis. Il avait l'étrange impression de mener une danse. Il sentit une choses se dévérouiller en lui. Voilà ce qui lui manquait, ce qui bloquait sa progression. L'impression qu'un immense chemin s'ouvrait devant le frappa de plein fouet. Sa lame frappait celle de Flinn. Celui-ci se mouvait et se battait aisément, comme si lui était à l'air libre alors qu'Eldän se trouvait dans l'eau, ralentit.
Le chasseur ne disait rien. Il combattait, mais ça suffisait à Eldän. Il buvait ses mouvements, les ingéraient, tentaient de les reproduire.
Peu à peu, le rythme de leurs longues dagues s'entrechoquant s'accéléra. Leurs mouvement devinrent flous. Eldän perdit peu à peu du terrain. Flinn accélérait sans cesse, le repoussant dans ses retranchements les plus profonds. Soudain, Eldän sentit sa lame glisser sous la sueur de ses paumes. Il la retint du bout des doigts. D'un geste gracieux, Flinn fit envoler l'arme qui vint se ficher à quelques mètres dans le sol.

-Pas mal. Tu as de gros progrès à faire, mais quelques semaines d'entrainement intensif fera de toi un bretteur chevronné et capable.Cepandant, ton niveau est largement supérieur à ceux des soldats et ta dague devrait te tirer de bien des situations. Tu as un talent certain pour apprendre. Tu intègres étonnement vite.
Eldän hocha la tête.
-Merci pour ton aide. Elle m'a été précieuse.
Flinn lui prodigua encore quelques conseils précieux puis ils revinrent vers le campement, échangeant des paroles anodines. Eldän regarda admirativement Flinn. Il semblait à peine fatigué.

La nuit était tombé, le feu était allumé. Velk était tranquillement en train de bavarder avec Kaalan. Pas pour longtemps au vu du regard chargé d'impatience que lui portait Flinn. Ce soir, le jeune forgeron serait testé.

MUSIQUE DE COMBAT: http://www.youtube.com/watch?v=BHRyMcH6WMM
10-08-2011 à 14:42:07
hrp - pardon j'ai encore fait un pavé pour ne rien dire en fait.

La jeune femme ne récolta pas plus de réponses du blond que de Shay ; pourtant, cela n'affecta en rien la trempe de sa bonne humeur. Cela n'avait à vrai dire que peu d'importance, c'était des mots dits, auxquels ils pourraient se raccorcher, et puis elle avait tenté. Elle continuait d'espérer répandre la joie entre tous ses camarades, pour la plupart maussade, perchés à des hauteurs inhumaines, figés derrière une figure inexpressive. Simplement, elle comprenait qu'on n'y soit pas forcément réceptifs. Elle ne leur en voulait pas. Ça s'apprenait. Et puis, probablement que le jour où ils auraient enfin menée leur quête à bien, elle pourrait récolter quelques sourires de leur part.
Un jour, ils seraient des héros.
Ce jour là, ils seraient tous heureux.

Dans sa tête, c'était aussi simple que cela.
Et il ne lui était jamais arrivé d'en douter.

Le forgeron, au contraire, parut heureux de son initiative, et daigna apporter sa pierre à la conversation. Elle n'en était que plus convaincue qu'il serait un apprenti fabuleux.

« Ouais, c'est Kire, mon cadet de deux ans. »

Kire. Brièvement, elle songea que ça lui seyait à merveille. Et puis, elle se pencha, abandonnant l'espace d'un instant l'observation du jeune maître pour caresser la truffe du chien du bout des doigts. C'était un grand chien, sûrement impressionnant en combat, cependant, tout ce qu'Eileen trouva à dire, en lui caressant un peu le dessus de la tête, se casait en quelques phrases.
.
« Bonjour, Kire, je m'appelle Eileen. Bienvenue dans notre petite troupe ! Je suis sûre que toi aussi, tu feras une excellente recrue ! »

Et elle le pensait.
Elle se releva, et se remit à observer Velk. Comme tous les autres membres de l'ordre, et puis aussi comme tous les gens avides de liberté en général, il état plutôt beau, avec ses cheveux noirs noués en queue de cheval, et ses yeux en amande. Elle constata, pour la première fois, qu'il avait les traits très fins. Amusée, elle songea que quelques personnes parfois, particulièrement mal embouchées peut-être, avaient déjà dû le prendre pour une fille. Elle pouffa légèrement, égayée par cette remarque mentale. Cela ne devait pas trop lui plaire, soit-dit en passant. Mais bon, les gens, tout de suite après, devaient forcément remarquer sa carrure de forgeron, alors c'était vite réglé.

« Dis, Eileen. Tu … tu penses vraiment ce que tu as dit tout à l'heure ? »

Elle pencha la tête sur le côté, un peu intriguée. Il avait l'air un peu embarassé. Elle se contenta d'avoir un sourire brillant de malice, et hocha affirmativement la tête.

« Bien sûr que oui ! »

Bien sûr que oui. Elle pensait toujours ce qu'elle disait. Et disait toujours ce qu'elle pensait.
Un petit moment encore, ils discutèrent de choses et d'autres. C'était un jeune homme agréable, avec un avis respectable. Eileen l'admirait, entre autres, pour avoir eu la force de vouloir les rejoindre, et pour cette drôle de relation fusionnelle qu'il semblait entretenir avec son chien. Aussi apprécia-t-elle la discussion. C'était plutôt rafraichissant, différent des moments où ni l'un ni l'autre des apprentis ne pipaient mot, ruminant tous autant leurs idées noires.
Vint le moment où Velk déclara qu'il devait aller se présenter aux autres compagnons. Elle hocha la tête ; c'était juste, et une excellente initiative. Elle lui souhaita bonne chance avec un sourire rayonnant, heureuse de la discussion. Il lui tourna d'abord le dos, puis fit volte face ?

« Tu as un très joli prénom, tu sais. »

Elle rougit, légèrement, rose entre ses tâches de rousseur. C'était adorable. Et c'était d'ailleurs, avec son nom, et sûrement ses cheveux flamboyants, qu'elle ait hérité de ses parents. Heureuse, elle le remercia. Les compliments étaient toujours agréables, que ce soit ceux venant de Sèmil, ou ceux qui paraissaient cachés dans l'ironie de Lifaen, ou ceux encore dans le sourire de Shay. Shay, du même âge qu'elle, d'un merveilleux optimiste à toute épreuve – sauf peut-être à celle de quitter leur foyer à tous ; arrivé en même temps qu'elle. C'était un peu comme son frère.
Satisfaite, elle regarda le nouvel arrivant aller se présenter à Zéjaléa, puis se détourna.

Un instant, elle observa Lifaen, qui avait marché loin du groupe.
Dès qu'elle aurait l'occasion, elle lui en toucherait un mot. Ils étaient tous frères et soeurs d'armes, et s'ils n'avaient pas beaucup communiqué entre eux pendant ce bout de chemin, le voir tout seul l'insupportait. Il aurait pu être, comme les autres, seul dans la foule, mais au moins entouré.

Une fois que le forgeron se fut présenté à tous, ils reprirent la marche. Le nouveau marchait justement devant, ce qui était une bonne initiative pour prouver sa volonté. La panthère à nouveau, isolée, Eileen choisit de marcher aux côtés de leur meneur.
Sèmil était un jeune homme agréable à vivre, et quoi qu'il arrive, elle plaçait en lui une absolue confiance, que ce soit en temps que chef, que combattant ou que bretteur. Elle riait à sa main qui passait dans ses cheveux, souriait De manière toute simple, elle les aimait tous autant qu'ils étaient, comme ça, avec leurs qualités, leurs défauts, et leur n'importe quoi.

A un moment, intriguée par le pas de Velk qui se faisait plus traînant, elle abandonna sur un sourire et une petite phrase d'excuses leur meneur, et s'avança, légère, jusqu'au jeune homme, à côté de son chien. Pour lui faire remarquer sa présence, elle posa doucement sa main sur son épaule, compatissante.

« Ça va, Velk ? » fit-elle, avec un peu d'inquiétude et beaucoup de sollicitude dans la va.

L'intéressé répondit par l'affirmative, cependant, dans l'air distrait de sa voix, il y avait autre chose. Elle ne le croyait pas. Ou alors, à moitié. Forcément, quelque chose le tracassait. Ça se voyait. Il était presque transparent, de ce côté-là. Ce qui n'était pas plus mal, entre tous ces murs qui cachaient les sentiments des apprentis.

« Tu as l'air préoccupé. » insista-t-elle, songeant à la mauvaise humeur avec laquelle l'avait accueilli les compagnons. « C'est à cause de Shay ?
- Non, c'est … autre chose. » fit-il, avec un sourire rassurant, plein de générosité.

Elle hocha la tête, heureuse au moins que ce ne soit pas ça qui le ronge. Shay, naturellement, était rayonnant d'optimisme.

« Ah bon, dans ce cas je n'insiste pas. » répondit-elle, tout de même un peu déçue.

Il y eût un lourd silence abominable entre les deux adolescents. Eileen laissa tout de même le choix de relancer ou non la conversation au jeune homme, se contentant de marcher à côté de lui, patiente. Finalement, il se décida, sur une voix hésitante. Bredouillant un peu dans sa barbe, il demanda si c'était dure de tuer quelqu'un. Elle frissonna, doucement. Drôle de question.

« Dur ? » répéta-t-elle, surprise.

« Ouais … Mentalement, je veux dire …
- Oh, heu … Je crois que oui, la première fois est un moment difficile. » marmonna-t-elle, butant sur le choix des mots. Elle n'aimait pas particulièrement y réfléchir. Tuer, c'était dur, oui. Mais parfois, il le fallait. Triste à dire, mais au fond, il faudrait bien qu'il s'y résigne, lui aussi. Elle avait encore un peu de mal parfois. Elle s'était simplement persuadée que c'était comme ça. Un obstacle, ça se franchit.
Un ennemi, ça se tue.

« Je n'imagine pas une fille comme tuer quelqu'un … Ou même se servir d'une arme. Tu es trop … précieuse pour ça. »

Charmant, il était charmant. Elle rit, amuser de la remarque, et le remerçia, appuyant sa phrase d'un hochement de tête. Forcément, elle n'était pas insensible aux numéros de charme. Et puis, autant s'en faire un ami, vu qu'il était agréable. Ils poursuivirent donc la conversation, causant de tout et de rien, lui profitant de chaque occasion pour la remercier, elle le gratifiant d'un doux sourire, et parfois d'un pouffement de rire. Oui, il était gentil.
Et oui, il ferait définitivement une excellente recrue.

Les yeux brillants, un sourire baignant ses lèvres, les longues heures de marche disparurent, anéanties par l'éclat de sa joie qui faisait la navette entre les deux jeunes hommes.

La nuit tombant, une halte fut finalement annoncée. Ils s'arrêtèrent donc tous. Forfallam, lui, avec son habituelle facilité déconcertante, alluma un grand feu, autour duquel, ils se réunirent. Seuls Shay et Lifaen gardaient un peu de distance, le premier, boudeur, et le second, toujours aussi solitaire. Elle constata également qu'Eldän et Flinn étaient un peu à l'écart, Eldän visiblement pour s'entraîner. Elle soupira, une seconde.
Eileen aurait souhaité les voir tous rassemblés.
Un jour, elle y arriverait. Elle prendrait le temps qu'il faudrait, mais elle y arriverait.

Et puis, de lui-même, Shay décida de les rejoindre. La jeune femme l'accueillit d'un énorme sourire, heureuse qu'il revienne. Il s'assit à côté d'elle, silencieux. Sans mot dire elle non plus, elle se contenta de rester là, prête à le réconforter s'il en avait besoin.
Au bout d'un moment, il se redressa, et sa voix résonna entre les jeunes chevaliers.

« Dites moi, pour vous … Quelle est la justice dans ce monde ? »

Shay et sa justice. C'était véritablement important pour lui. Et c'était une question pertinente, intéressante. En somme, une bonne question. Zéjaléa, elle aussi assise au coin du feu, s'empressa de répondre, un peu confuse, mais avec un désir certain de rassurer leur frère d'armes dans le doute.

« Pour moi, Shay, la Justice, c'est nous, c'est toi qui en y croyant la rend réelle. » conclut la jeune femme. Eileen opina. C'était intéressant.

« Moi je pense que la Justice n'existe pas. Ce n'est qu'un rêve. Beaucoup y croient, mais moi pas. Je ne crois que ce que je vois, et jusqu'à présent, je n'ai jamais vu la Justice faire une seule bonne action dans ce monde pourri. » renchérit rapidement Kaalan.

Cette fois-ci, elle haussa les épaules. Il était libre de croire ou de ne pas croire, ce qu'il voulait, après tout. C'était ça aussi, la justice. Elle se râcla la gorge, cherchant ses mots.

« … La justice, pour moi, c'est par exemple de laisser Kaalan ne pas y croire. La justice, je pense, il faut y croire pour qu'elle existe. Pour l'instant, on l'a perdue de vue, mais elle est sûrement au bout de notre quête. La justice ce serait que tout le monde puisse en profiter. Que tout le monde soit égal. La justice, c'est que les gens qui font du mal soient remis sur le droit chemin. C'est que ceux qui font du bien soient au moins heureux. … C'est complexe, comme idée. Chacun en a sa propre vue, je pense. » pensa-t-elle à haute voix, avant de reprendre. « Mais il faut bien croire en quelque chose. Sois fort de tes opinions, Shay, c'est ça qui fait que tu es toi, que tu pourras arriver à nous retrouver le soleil. Qu'on arrivera tous ensemble à le retrouver. C'est ça aussi la justice je crois. Pour l'instant, elle sommeille, mais elle nous donne quand même la force d'aller la réveiller. »

Elle s'arrêta, peu fière de cette déclaration un peu confuse, mais haussa les épaules, se disant qu'au moins, elle aurait essayé. Rapidement, elle se pencha vers Shay, et lui souffla quelques mots à l'oreille.

« Oublie pas qu'on est tous là pour toi. »

Et puis, elle se redressa, jeta un coup d'oeil à la ronde, avisant un Flinn qui s'apprêtait probablement à exiger ce fameux combat à mains nues à Velk. Elle fit quelques pas en arrière.
Une seconde, elle s'immobilisa, hésitante.
Finalement, elle s'élança, et avala en courant la distance qui séparait Lifaen du camp.
Elle s'arrêta, même pas essoufflée – il ne s'agissait là que d'une bonne centaine de mètres, pas de quoi tuer un homme – et se planta devant le jeune homme, les yeux brillants d'un mélange de détermination et de curiosité intriguée, un sourire lui barrant le visage.

« Tu devrais pas rester seul. » dit-elle seulement, de but en blanc.

10-08-2011 à 14:58:01

Forfallam sent sa respiration devenir on ne peut plus haletante. A côté de lui, un gros saucisson. LE gros saucisson. Celui qui n'est autorisé à autre mangé que deux fois l'an. Une rondelle traîne au sol. Quelle gâchis... Le garçon se baisse au sol, tenant avidement dans ses mains le fruit de son butin. Il le porte à sa bouche, savourant chaque effet de mâchoire, rayonnant en son for intérieur.
Comme quoi les pires moments peuvent cacher de petits plaisirs.
Un bruit, un énorme fracas le fait alors sursauter : on vient de défoncer la porte de la maison.
Le petit garçon se recroqueville, retenant ses sanglots. Mais qu'est-il donc en train d'arriver ? Il assiste impuissant à la déchirure de son petit monde douillet, à la déchirure de son univers qui fut jusqu'alors le sien.

- Fouillez chaque recoin de la maison ! Je la veux vivante...
Etrangement, Forfallam reconnaît cette voix : celle du chef de la patrouille qui arpente souvent les ruelles de la ville. Cela ne présage rien de bon. Mais le garçon est trop jeune pour le réaliser. Beaucoup trop jeune... Il sanglote doucement, replié sur lui-même, la rondelle de saucisson depuis longtemps oublié. Désespoir intense.
Un rai de lumière filtre désormais de la porte du cellier. Lumière grandissante.
On se saisit de lui, brutalement. Le bout d'homme ne retient plus ses larmes, impuissant. Déchiré.

- Chef. On a trouvé le petit.



Forfallam secoue la tête, résigné. Revivre cela, maintenant, ce n'était pas un cadeau du ciel. Loin de là. Le Feu ronronnait doucement à ses pieds, alors que les autres apprentis étaient réunis autour. Il aurait aimé que tout fût ainsi plus longtemps.

- Dites moi, pour vous... Quelle est la justice dans ce monde ?

Shay... Cette phrase ne s'associait pas particulièrement à son tempérament. Il devait sûrement surmonter une passe difficile. Comme eux tous d'ailleurs. mais cette question était importante, très importante même.
La justice, réfléchit-il en son for intérieur, c'est la satisfaction de sentir l'Autre, celui qui a foutu sa vie en l'air, mourir. Et de le tuer de ses propres mains. La justice... C'est quelque chose de fugitif, non envisageable dans ce monde-ci. La paix intérieur de tous les hommes vivant sur cette foutue planète. Quelque chose d'impalpable, d'irréelle. Un rêve parmi tant d'autres.
Cela, c'était SA justice. Et lorsqu'il l'aurait atteint, il serait un homme différent.

Un face de lui, Zejaléa. Qui venait de lui jeter un coup d'oeil. Des pensées se tournant vers lui ? Pourquoi pas... Il pouvait toujours rêver.
Des pensées venant d'une femme ? Cela ne pouvait même pas le faire rougir. Il avait arrêter de vivre bien avant de savoir la différence entre les deux sexes. Et puis... Ils étaient tous semblables ici.
Tous se battaient pour la même cause. Une juste cause.

Flinn semblait pressé. Pour le duel peut-être ? Forfallam n'attendait que ça.
C'était puéril de sa part, mais il en était ainsi. Un des deux allait sûrement être blessé. Mais bon. C'était débile.
C'était humain.


For Vita, For the Freedom : http://www.youtube.com/v/dZLcBLmph3Q
10-08-2011 à 16:22:16
Lifaen s’étira nonchalamment, le froid mordant de la nuit le frappait de plein fouet. Privé de source de chaleur, l’étreinte glacée des ténèbres se refermait sur lui avec délice. Ne sachant que faire pour s’occuper, l’ex assassin se mit à jongler avec ses dagues. Véritable virtuose, le jeune homme imposait une cadence infernale à ses mains, la vitesse les rendant floues. Il se lassa rapidement, l’éclat bleuté de ses armes avait beau être envoutant, le jeune homme y était habitué. D’un geste fluide, il rengaina ses armes dans leurs fourreaux placés un peu partout sur son corps. Par pure précaution, l’ex assassin prit une rasade de sang et vérifia l’état de ses fioles de poison. Son organisation était parfaitement mortelle, aiguillée par de longues années de pratique. Ne sachant pas où porter son regard dans cette étendue désertique, le jeune homme se retrouva bien vite à fixer le campement des apprentis. Leur feu n’était plus qu’un petit point lumineux à cette distance mais la poitrine du jeune homme se contracta violemment, la tête lui tourna, sa bouche fut soudain sèche.
Avec un tremblement, il tourna le regard ailleurs.
Il se retrouva bientôt à observer la majestueuse voute étoilée au dessus de lui. Le jeune homme laissa son esprit vagabonder, rêver, reprendre espoir.


Flash.
Souvenirs.


Lifaen se tient au centre d’une clairière. Il est plus jeune, plus inexpérimenté. Cinquante mètres devant lui, il y a une cible. Enfin, cible est un bien grand mot, il s’agit d’une minuscule rondelle de bois de quelques centimètres de diamètre. Derrière lui, un homme, une ombre. Une certaine aura se dégage de lui, ça présence écrase tout mais pourtant il semble aussi volatile que l’air. Un mot pour le qualifier, libre. Un autre, ombre.
Ellun’dril, le légendaire assassin, s’exprime alors d’une voix claire, puissante, caressante.


- Bien. Mon cher Lifaen, voici l’exercice d’aujourd’hui. C’est simple, tu dois toucher la cible avec tes dagues.
- Et… si je la rate ? Intervient l’élève.
- Tu recommences jusqu’à ce que tu réussisses.

La sentence tombe comme un couperet, froide, implacable. Le maître renchérit alors d’un ton sans appel.

- Tu ne mangeras pas, tu ne dormiras pas tant que tu n’auras pas touche cette cible. Je te donnerai le minimum en eau chaque jour.
- Chaque… Jour ? Répète Lifaen, pas sûr de vouloir comprendre.
- Oui. Même si cela doit durer jusqu’à ce que tu meures de faim, tu n’arrêteras pas sans avoir toucher la cible.

Avec de grands yeux, le jeune homme acquiesce. Il n’a pas le choix. Sans un mot de plus, il se positionne face à sa cible et lance la première dague.

Une semaine.
Cela fait une semaine que Lifaen lance sans relâche ses dagues de jets. Une semaine de torture intense, son organisme réclamant du sommeil, de la nourriture, une pause. Lorsqu’il a le malheur de ralentir le rythme ou de s’endormir les dagues de sont maître creusent un sillon sanglant dans son dos. Il est faible, sur le point de s’écrouler. A ce rythme, il mourra dans l’instant. Une brise serait capable de le renverser, sa vie ne tient plus qu’à un file. Et pourtant, il continue. Il lance ses dagues sans relâche, endurant la douleur sans un bruit, sans une plainte. Il est impressionnant de détermination. Son esprit n’est plus qu’une flèche de volonté pure, se détachant des besoins matériels. Il est plus mort que vivant, son corps est à l’agonie, réclame de l’attention, des soins.
La dame Sélène est à son zénith, sa douce lueur envahit la clairière. Lifaen lance.

Bruit sourd.
Dague qui s’enfonce.

Il a réussit. Le jeune homme contemple avec étonnement le manche de son arme qui dépasse de la rondelle de bois. Pendant un moment, il est là invincible, sa joie éclatant silencieusement.
Puis, il redevient humain.

Il s’évanouit.

Ellun’dril lui accorde quelques jours pour se reposer. C’est tout. C’est dur mais c’est ainsi.
Puis, revoilà l’élève et le maître dans la clairière. Une nouvelle rondelle de bois est au centre. Sans un mot, Lifaen se poste au même endroit, dans la même position. La voix de son maître, la légende vivante Ellun’dril, s’élève.

- On recommence, mais cette fois avec les yeux bandés.


Flash.
Présent.


Un bruit tire Lifaen de ses souvenirs. D’un mouvement d’une fluidité parfaite, il se tourne vers la source.
Il s’agit d’une silhouette qui court vers lui.
En un instant, l’ex assassin la reconnait.
Eileen.

Le jeune homme la contemple avec un regard caressant, doux. Elle est belle, incroyablement belle. Et puis, elle est elle. Merveilleuse, douce. Elle se plante devant Lifaen, son regard brillant d’une lueur charmante. L’ex assassin s’abîme dans ses yeux obscurs, il plonge avec délice dans l’océan de son regard, souhaitant ne jamais en sortir. Un sourire barre son visage, un sourire pour la vie, un sourire qu’elle arbore tout le temps. Elle représente la joie, la bonne humeur. La jeune femme est un astre dans l’univers de Lifaen, son soleil. Il la fixa avec surprise, jamais un apprenti n’était venu le voir lorsqu’il s’éloignait du groupe.
Sa voix s’élève, d’une curiosité charmante mais aussi teintée d’une détermination à toute épreuve. Ses paroles coulent comme un ruisseau, apportant fraicheur. Cinq mots. Juste ça. Pourtant, ils résonnent en Lifaen comme un chant, une ode à la vie. Tous ses gestes sont empreints d’une grâce éblouissante, d’une lumière éclatante. Elle semble porter en elle un amour universel, une générosité à toute épreuve.

- Tu devrais pas rester seul. dit-elle seulement, de but en blanc.

Lifaen lui sourit, envahit d’une douce chaleur. Ce fut à son tour de parler, d’une voix légèrement amusée, comme à son habitude.

- Pourquoi pas ?
- C’est… Je. On est un groupe. Elle avait l’air légèrement confuse, mais pourtant elle affirma ces derniers mots avec fermeté, détermination. C’était un fait. Le sourire de Lifaen s’agrandit légèrement.

- Oui. Et ? Rétorqua-t-il.
- Mais. Heu. Un groupe doit rester soudé. Enonça-t-elle, son sourire illuminant toujours son visage. Elle reprit alors, sa voix douce se teintant d’une détermination à toute épreuve.

- Viens avec nous.

Elle lui tendit la main, un geste qui montrait une fois de plus sa joie de vivre, son amour sas limite pour chacun d’entre eux.
Mais Lifaen ne pouvait pas.
Cela lui était interdit.

- Non.

Sa voix avait été froide, sans appel. Il s’en voulut d’être aussi dur avec cette jeune femme qu’il aimait tant. L’ex assassin n’était pas sûr ce qu’il ressentait, c’était confus.
La jeune femme parut déçue, légèrement en colère même. Lifaen remarqua qu’elle frissonnait, loin de la chaleur réconfortante du feu.
Elle se retourna, semblant abandonné le jeune homme aux ténèbres. Elle était prête à retourner à la douceur du campement, à la chaleur de ses proches. La jeune femme parut hésiter, fit quelques pas.

Elle se retourna vivement, un sourire lumineux barrant son visage d’une beauté irréelle, une détermination farouche illuminant son regard.

- Dans ce cas, je reste avec toi !

Lifaen eut un nouveau sourire.
Un vrai.


Panthère amusée.
10-08-2011 à 17:31:42
Velk avait pourtant le sentiment qu'il devait y aller. Il n'aimait pas que quelqu'un le déteste sans raison. Enfin si, il avait une bonne raison, mais pas pour le détester comme il le faisait.
-Et toi, tu ferais quoi à ma place ? demanda-t-il à Kire.
Le chien pourra Velk en arrière avec sa truffe.
-T'as pas envie de régler cette histoire tu va me dire ?... Pourtant ça me plaît pas trop de savoir qu'il est plongé dans des pensées noires à cause de moi...
Kire lui lécha la main.
-Bah... T'as raison je suppose... Le problème devrait se régler tout s...
Il fut interrompu par des pas venant vers lui.
-Désolé si je t'ai blessé par mes paroles, s'excusa un Shay souriant. Là n'était pas mes intentions. Et ma colère n'est pas dirigé contre toi, mais contre la justice... Enfin bref, mais qu'on soit clair. Je ne t'aime pas, je ne te déteste pas non plus. Je suis juste méfiant.
Il était en colère contre... la justice ? Ce shay était assez bizarre en fait, mais pas aussi détestable que Velk l'avait pensé. Le garçon se retourna sans attendre de réponse, et il n'en aurait peut-être pas eu. Cette déclaration était assez surprenante pour laisser le forgeron muet. Mais au moins, l'histoire était réglée.
-Ah et au fait, ce n'est pas toi que je traitais de bouffon, je faisais une généralité des gens qui se laissent maîtriser par leurs émotions, dit-il en se dirigeant vers le campement.
Une façon retenue de dire qu'il faisait partie de ces bouffons, constata Velk en silence. Une fois que Shay fut assez loin, il demanda à Kire s'il y comprenait quelque chose. Le chien lâcha un gémissement d'incompréhention en imitant une drôle de grimace.
-Arrête tu me fais peur quand t'as cette tête là, gloussa Velk en se dirigeant vers Kaalan qui venait à leur rencontre.
L'adolescent était vraiment sympathique et parlait facilement. C'était un bon point pour Velk qui adorait parler, ce que certaines personnes de l'Ordre qualifiraient certainement de "paroles inutiles". Ils conversèrent sur les armes, leur maniement, les filles du groupe, les filles de son village, se racontèrent des anecdotes hilarantes ou intéressantes. Presque tout y passa en une heure ou deux, et Velk ne vit pas le temps passer pendant cette agréable conversation autours du feu.

Les bruits de lames s'entrechoquant, qui avaient durés pendant tout ce temps, cessèrent soudainement. Velk interrompit ce qu'il était en train de dire une bonne seconde, puis termina rapidement sa phrase. Il savait qu'il ne pourrait pas s'étendre plus sur la discussion. Flinn allait le défier. L'estomac de Velk se noua. Il détestait profondément le silence qui s'installa quand Flinn s'approcha. Il détestait le regard que lui lançait ce dernier. Et surtout il détestait se donner en spectacle autrement que par la plaisanterie.
-On fait ça où ? demanda Velk en levant la tête vers lui.
Flinn ne répondit même pas, se tournant pour aller à l'endroit où il entraînait Eldän il y a de cela une minute. Il se positionna et attendit que le forgeron se prépare à son tour.
-On est obligé de faire ça ?
Flinn considéra Velk comme s'il venait de dire une absurdité.
-Je t'oblige pas à combattre.
Velk soupira en l'affrontant du regard. Il serait forcé de se défendre. Sa phrase, son expression faciale, et son comportement lui disait "Je veux juste me défouler sur toi". Le jeune forgeron se leva, et se positionna en face de Flinn qui était prêt à en découdre.
-Enlève tes armures, ordonna Velk sur un ton sec.
Les politesses n'étaient plus de mise. Il devait se plonger dans un état de stimulation s'il voulait se battre correctement. Flinn sembla amusé. Un minuscule, voire une esquisse de sourire se profila au coin de ses lèvres. Sans un mot, il s'exécuta, voyant que Velk avait déjà commencé à retirer son propre équipement. Ils mirent leurs affaires à part, puis se mirent en garde. Une bataille aurait pu éclater à cent mètres de là qu'ils ne l'auraient pas entendu. Ils se sondaient. Ils se plongeaient dans le regard de l'autre. Au premier battement de cil, le combat commençerait.




Lorsque je te serre la main, c'est une souffrance que j'appréhende. Tu ne sentiras pas le tonnerre de ma haine s'abattre sur ta nuque. Tu ne pourras que pleurer, et saigner. Saigner autant que mon dégoût le désire. Je me délecterai du spectacle macabre de tes chairs broyées sous mon poing vengeur. Personne n'est innocent.
10-08-2011 à 21:53:33
Fenant resta silencieux durant la marche qui suivit, comme à son habitude. Il vit Lifaen s'approcher du forgeron avec sa petite mimique, sans vraiment comprendre ce que cela signifiait. Cela lui ressemblait bien, mais pas avec un inconnu qu'il était prêt à tuer à peine quelques heures avant. Il médita sur ça, constatant également que Shay était d'une humeur inhabituelle. Après les pointes d'humour de Forfallam, il lui semblait que tout le monde changeait... Ou était-ce juste les récents événements qui avaient cet effet?

Quoi qu'il en soit, la pause du soir fut la bienvenue. Lifaen était toujours loin d'eux, mais Shay également ce qui était vraiment étrange... Tout le monde vaquait à ses occupations. Quand le chevalier revint parmi eux, d'humeur plus égale à lui-même, ce fut pour poser une question inhabituelle...


"- Dites moi, pour vous... Quelle est la justice dans ce monde ?"

Fenant commença à ouvrir la bouche, puis la referma: il se rendit compte qu'il n'avait rien à dire... Il n'entendit même pas les réponses des autres, il se retrouva avant de s'en rendre compte prisonnier de ses pensées, aidé par la danse des flammes... Une justice en ce monde? S'il y avait vraiment un soupçon de justice sur Andore, il ne serait pas là. Et elle serait avec lui... Des images venues de ces souvenirs dansaient devant ses yeux éteints...

Il reprit lentement ses esprits quand le chien de Velk aboya comme pour encourager son maître. Tout le monde regardait Flinn et le forgeron se préparer à un affrontement à main nues, celui souhaité par le chasseur lors de leur première rencontre. En regardant autour de lui, il remarqua l'absence prévisible de Lifaen, pour une raison qui lui était toujours inconnue, mais également celle de Eileen.


*Si elle n'est pas ici, elle doit être avec Lif'... Elle ne resterait pas seule, c'est pas son genre.*

Le combat qui s'annonçait ne l'intéressait pas: même si Velk était peut-être plus fort physiquement que Flinn, ce dernier était bien plus rapide et entraîné. La vraie question était de savoir combien de coups pouvaient encaisser le forgeron avant de s'écrouler.

Discrètement, il se leva et s'éloigna du campement. Il n'y avait guère que Brocéliande qui le vit, mais elle resta silencieuse. Et ce n'est pas la jument qui pourra l'interroger sur sa décision.
Il s'éloigna suffisamment pour que le feu de camp ne soit plus qu'une vague flamme incapable de rivaliser avec la lumière des étoiles à cette distance. Il leva les yeux vers le ciel, regardant chaque étoile comme si l'une d'elle aurait pu avoir un peu plus d'importance à ses yeux.


"Pourquoi a-t'il fallu que tu partes?..."

L'initialement anonyme.

Les lycanthropes renferment bien des secrets. Êtes-vous sur de vouloir les connaître?
10-08-2011 à 22:52:01
En suivant ses conseils à la lettre, Eldän prouvait à Flinn qu'il pouvait manier sa dague avec beaucoup de dextérité, et qu'il développerait sûrement assez vite son propre style. Il se déplaçait uniquement sur la pointe des pieds, et tout ses mouvements avaient gagné en légèreté, en souplesse et en vitesse, sans réellement perdre de leur impact. Son expérience des Arts Martiaux, qui avaient ouvert à Flinn la voie du combat, et même de la vie, l'avait très vite convaincu que gagner en légèreté au niveau des appuis était comme déployer de grandes ailes vers le Ciel. Et cela seyait très bien à Eldän, qui commençait à trouver et à accélérer son rythme. Avec de l'expérience, il serait un redoutable adversaire. Mais pour le moment, Flinn avait encore le dessus, même si les combats au couteau n'étaient pas sa spécialité. Quand il se lassa de croiser le vers avec l'archer, et qu'il considéra qu'il avait assez donné de son temps, il le fit reculer peu à peu, pour finir par le désarmer. Il lui prodigua encore quelques conseils, principalement en mettant le doigt sur les plus gros défauts d'Eldän, et rejoint le groupe.

"La justice... C'est quoi pour vous ??"

La question de Shay, qui ne lui ressemblait pas, était plus qu'intéressante. La réponse de Zejalèa aussi : selon elle, la Justice était celle en laquelle on croyait. Kaalan ne croyait tout simplement pas en la Justice. Mais aucun ne semblait partager la vision de Flinn. Il ne répondit pas à la question au moment du débat, mais s'échauffa rapidement, impatient de commencer son duel avec Velk, qui était au centre de le plupart des intérêts du groupe. Néanmoins, alors qu’il allait se lancer dans le combat , il décida d'exposer son point de vue sur le sujet, d’un ton froid et dur, avant de débuter commencer la lutte.

"La Justice n'est qu'une invention. Pour moi, réfléchir à la Justice, c'est comme regarder à travers une vitre. On n'y voit rien d'autre que la réalité, sauf que c'est moins beau. En d'autres termes, inutile. Ce n'est pas à la Justice qu'on doit penser, mais à la Liberté. Et la Liberté existe bel et bien. La Liberté d'un homme, c'est celle qu'il a choisie. Et c'est ce choix qui fait qu'il est libre. Un homme est libre tant qu'il peut choisir sa Liberté, et sa liberté existe tant qu'il la choisit. Rien ni personne ne peut la choisir pour lui ou l'empêcher de la choisir. C'est pour cela que les hommes qui ne sont pas libres, ne le sont pas simplement parce qu'ils n'ont pas décidés de l'être. Choix stupide : autant décider de ne pas vivre."

Flinn semblait parler pour lui-même plus que pour ses camarades, les yeux dans le vague. Quand il eût fini, il n'attendit aucune réponse, et son regard reprit sa concentration, fixé sur son adversaire. Il se plaça dans une garde de combat classique, sur la pointe de ses pieds nus, effectuant de très petits sauts d'un rythme calculé, le poing droit ramené près de ses côtes, la main gauche ouverte, bras avancé devant lui. Des bandages noirs s'enroulaient autour de sa main droite, des blancs autour de la gauche. Il s'était débarrassé de toute protection, torse nu, et avait même enlevé sa sempiternelle cape à capuche, celle de l'Ordre, qu'il gardait même quand il dormait. Il n'avait conservé que la chaînette à son cou à laquelle pendait une bague, à première vue un simple anneau sans ornementation particulière. D'habitude, elle restait toujours cachée sous ses vêtements, mais il avait préféré la garder sur lui même pour se battre, quitte à ce que tout le monde la remarque - comment auraient-ils pu la rater ? - refusant de l'abandonner. Ses yeux gris paraissaient encore plus froids que d'habitude. Un léger vent souffla tandis que Velk se mettait lui aussi en garde.

Il s’élança.

"- Crois-tu en le Destin, Néo ?
- Non. Je ne supporte pas l'idée que quelqu'un dirige ma vie à ma place.
- Précisément. Et je suis fait... pour te comprendre.
" - Matrix.
11-08-2011 à 13:52:27
Zejaléa regardait les deux combattants, alertes et musclés se défier du regard. L'issue de ce combat était courue d'avance mais cela l'intéressait de voir combien de temps Velk parvenait à tenir face à Flinn. D'ailleurs, cela semblait intéresser la majorité de leur groupe, qui se tenait à proximité, certainement pour découvrir la nouvelle recrue en action.

Tout le monde connaissait le potentiel de Flinn au combat : Il était énorme, comme pour la plupart d'entre eux. Après tout, ils avaient été triés sur le volet et intensément entraînés depuis leur plus jeune âge. Cet affrontement lui rappela une fable ancienne qu'elle avait eu l'occasion de lire dans la précieuse bibliothèque du fort...Un conte parlant d'une chèvre se battant contre un loup, non pas pour survivre, mais pour tenir le plus longtemps possible. Et à présent, Flinn était le Loup.

Elle chercha machinalement le petit sac où étaient rangés la plupart de ses baumes et de ses plantes de la main. Ils lui serviraient certainement, car connaissant la réputation de Flinn, il n'hésiterait pas à mettre son adversaire KO avec de surcroit une belle collection d'ecchymoses en tout genres et de gravités diverses.

En y repensant, elle s’aperçut qu'elle connaissait mal Flinn...A vrai dire, elle avait du mal à comprendre et à connaitre la plupart de ses camarades réellement. Elle se sentait inutile au sein du groupe car elle n'était pas exceptionnelle contrairement aux autres, ni dans le maniement des armes, ni dans l'entraînement avec sa Pierre de Feu et elle n'avait pas une âme de meneuse...Un souffle mélancolique envahit sa poitrine et elle baissa imperceptiblement la tête, perdue dans son monde intérieur ou de petites pensées d'espérance en affrontaient des grandes de détresse.

Puis elle entendit une course rapide et sa tête se redressa. Flinn venait de s'élancer et le combat promettait d'être féroce, mais elle y trouvait subitement bien moins d’intérêt...Elle se contenta d'observer, ses bras autour de ses jambes repliées.
11-08-2011 à 15:47:20
Alors qu'il pensait qu'il allait y avoir quelques remontrances sur son sombre point de vue, personne ne broncha. Sans doute savaient-ils qu'il y avait une part de vrai dans ce qu'il disait ...

Flinn s'approcha sans un mot de Velk. Ce dernier se mit en place, alors que Flinn conversa un moment sur son opinion de la Justice. Kaalan n'avait pas entendu ce qu'il avait dit, il était parti au moment ou Velk l'avait quitté. Il était parti se retrouver seul dans le désert. La température frôlait sûrement le 0 degrés, et le froid était mordant. Mais Kaalan n'y faisait pas attention. Depuis quelques jours, il sentait que quelque chose de sombre s'immiscait en lui, sans qu'il n'ait aucun pouvoir sur cette chose. Il n'y avait que Velk qui arrive à lui rendre son humeur neutre habituelle. Cela l'effrayait un peu ... Et c'était cette chose qui une ofis de plus l'avait poussée à se retrouver seul dans le désert. Ce n'était peut-être qu'une pâle imitation de l'atittude de Lifaen peut-être ?

Lifaen ... Ce jeune homme qu'il admirait tant. Cette façon de faire asbtraction de toute chose lorsqu'il se bat. C'en était presque fantastique. Pour mourir heureux, il fallait au moins avoir vu une fois Lifaen se battre.

Les réserves de nourriture étaient pleines et ce n'était sûrement pas dans les désert qu'il allait trouver de l'eau, mais Kaalan décida de se mettre à chasser. Il s'ennuyait, et le combat entre Flinn et Velk qui n'allait pas tarder ne l'intéressait pas. Il se concentra intesnément, tentant de déceler un trace de vie dans ce paysage désolé. Malheureusement, il n'y decela aucun mouvement.

Le ridicule ne tue pas.
Ce qui ne nous tue pas nous rends plus fort.

Donc ... Le ridicule rend plus fort ? -_-'
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