hors rp - j'ai honte de mon retard à peu près autant que du contenu de mon post, mais au moins ça c'est fait.
La vie était un combat. Pour un chevalier, c'était une métaphore toute trouvée. Pourtant, tendue, marchant au milieu de ses compagnons, la jeune fille en ressentait la véracité comme la morsure brûlante d'un soleil d'été sur une peau nue. Il y avait le combat, l'ultime, et les milliers d'autres, minuscules ; cependant si décisifs. En elle se dressait encore les vestiges fumant d'une bataille tout juste finie. Jeune déjà, elle se préparait à l'instant où il faudrait quitter la citadelle. Fuir. Elle avait eu beau faire mine de s'être forgée l'idée au fer blanc dans ses pensées, elle n'avait jamais vraiment pu s'y résoudre. Quand alors la nouvelle s'était répandue au milieu des jeunes gens, son sourire, douce pâquerette dans le sinistre, s'était fâné, un peu éteint. A présent, elle en rallumait les braises, soufflant de toutes ses forces, heureuse à la folie tout de même de la présence de ses compagnons. Il avait fallu une discussion avec son maître, la détermination dans ses prunelles, la confiance sur ses lèvres, la fierté gravée dans ses rides inquiètes pour finalement la décider à hocher la tête. Abdiquer. Sur le chemin escarpé, considérant ses amis, elle tourna un instant la tête, devinant au loin les dernières bribes des contours rocailleux de la forteresse imprenable de son coeur. L'unique foyer qu'elle ait jamais connu orpheline de naissance, recueillie par ce maître en qui elle avait trouvé tout à la fois un père, un ami et un modèle. Désormais, elle n'avait qu'à se forger une nouvelle vie, un destin de l'adulte qu'elle était fraîchement devenue, tout en l'étant depuis si longtemps, et en ne l'étant pas. Elle fonderait ce nouveau chemin dans le fer et les flammes. Un sourire, à cette perspective, perça la barrière répprobative de ses lèvres, s'imposa à son visage, barrant comme à son abitude sa peau blanche d'une douce absence rayonnante. Les yeux brouillés de colère, d'espoir et de tranquille optimisme, elle dévisagea un instant la Lune, haute dans le ciel, gaiement argentée. Toutes les étoiles lui dansaient autour, et déjà l'esprit de la jeune femme faiait de même, rejoignant la ronde, bordée par des doux songes à un monde meilleur. Tout son coeur n'était qu'une vaste cuvette à un optimisme bien trempé. Doucement, elle accéléra le pas sur la corniche. Elle doubla l'un ou l'autre des chevaliers, tous un peu moroses, tendrement renfrognés par la perte de leur passé et l'évidente dureté de leur avenir. Un soupir s'écoula de ses lèvres, serein. Elle secoua la tête, faisant virevolter les mèches bouclées de ses cheveux flamboyants autour de sa figure constellée de tâches de rousseur, barricadée d'un sourire tout en douceur. Et puis, à flanc de montagne, une caverne se découpa. Elle était un peu austère, mais il y avait en elle l'appel d'une terre mourante. La jeune femme s'arrêta derrière l'aîné du groupe, le laissa soupirer et annoncer qu'ils étaient dans le refuge de leurs maîtres. Et puis, elle passa à côté de lui. Fit volteface doucement quand elle sentit les doigts de leur meneur dans ses cheveux, déposer une fleur.
« Tiens. C'est un peu de lumière au milieu de la noirceur d'Andore. Son blanc st beau, parmi tes mêches rousses. Comme une étoile perdue dans un feu de joie … Ton bonheur resplendit, et il est si chaud qu'il cascade de ton crâne en une chevelure incendiaire. Tu es belle Eileen, magnifique. Tu resplendis. Si le soleil a un visage, c'est le tien. »
Sèmil. Leur étoile montante. Sans lui, ils n'étaient pas grand chose. Il était moqueur, semblait gai. Ce que retentait pourtant la rousse c'était sa gentillesse évidente, et puis l'autorité, le charisme posé, un peu dédaigneux qu'il exhalait. Sèmil était parfait à sa place. Et on ne pouvait pas nier qu'il était doué. Comme elle, il avait toujours vécu dans la citadelle ; jamais il n'avait connu d'autres horizons. Alors Eileen le savait aussi drôlement rêveur. Parce que comme tous les autres, elle l'aimait de son amour éclatant, universel. Alors elle lui décocha un de ces sourires rayonnants dont elle avait le secret, et inclina la tête, tout doucement. Sèmil était un bon chef, un excellent chevalier, et un ami merveilleux.
« En un mot, merci. »
Parce qu'au fond, il n'avait rien d'autre à dire. Elle se retourna, ensoleillée. Une voix retentit, moqueuse. Lifaen. Juste une nouvelle de ses blagues. Elle se contenta de lui adresser un regard de glace. C'était un geste beaucoup trop beau pour qu'on en fasse objet de taquinerie. Elle n'eût un retour qu'un simple sourire rieur, auquel elle retourna un demi-sourire et un haussement d'épaules, avant de retourner vaquer à ses occupations, en l'occurence, allumer un feu comme l'avait demandé leur aîné. Ce faisant, elle songea brièvement au jeune chevalier, reparti à l'extérieur. C'était bien un drôle de jeune homme que ce compagnon-là, un peu changeant. Excellent bretteur qui ne cédait de terrain globalement qu'à leur chef, il n'avait pas vraiment volé son surnom de panthère, qui lui seyait si bien. Parfois, il parlait un peu trop, taquinait un peu trop, mais on ne pouvait pas lui en vouloir. Eileen affectionnait la bonne humeur, sous quelle forme que ce soit. Souriante, elle avait rejoint le feu central, une chanson dansant silencieusement sur les lèvres, quand un avertissement sonore résonna dans la petite grotte.
« Une colonne de lumières vient de la ville, on ne la voit pas encore d'ici, mais c'est probablement une équipe de poursuivants à notre recherche avec des torches. »
Flinn. La jeune fille n'eût pas le temps de laisser à nouveau ses pensées vagabonder à propos de ce qu'elle savait au sujet de ce jeune homme là, le débat eût tôt fait de s'enflammer. Elle se contenta de hocher la tête de temps à autres, ne ressentant pas la nécessité d'ajouter quelque chose. Elle avait confiance en les dons de tous les chevaliers de l'ordre, aussi savait-elle que quoi qu'ils décident, ce serait juste. Et ils seraient là les uns pour les autres. Elle finit par se ranger de ceux qui attaqueraient de dos.
Et il y eût la bataille. Eileen, comme tous les autres, était une bonne épéiste, elle se retrouva cependant vite submergée, encerclée par quelques soldats ennemis. Seule, elle aurait du mal à s'en sortir vivante. Voire aucune chance, mais cela ne lui vint même pas à l'esprit. Elle eût le temps d'en embrocher un, avant de voir surgir un bras lui faisant signe de reculer. Obéissante elle s'exécuta, laissant place au jeune homme arrivé pour la sauver. Flinn. Flinn l'insensible, l'imperturbable, l'inatteignable. Flinn et les rires gras des soldats. Et puis la bataille. Silencieuse, la jeune fille lui adressa un hochement de tête reconnaissant. Elle aurait aimé le fondre sous des remerciements, cependant, ils n'en avaient ni l'un ni l'autre le temps. Petite, elle avait eu vite fait de comprendre que ce genre de sauvetage était la donne quotidienne des combattants. Elle jeta un coup d'oeil aux alentours, aperçu une masse tombant d'un rocher, et une panthère se mouvant avec une aisance implacable dans le fracas sourd du combat.
Alors elle se battit aux côtés de Flinn, sans cependant lui jeter un regard. Simplement, à eux tous, ils décimaient leurs adversaires. Son sourire évidemment c'était évanoui sur ses lèvres, laisant place à un rictus mêlant rêverie et contemplation. Tous, ils vivraient, il n'y avait pas de doute. En vrac, il y eût le coup d'éclat de Lifaen, reparti aussitôt qu'arrivé sur une courbette, à qui elle adressa un identique hochement de tête, les derniers morts du côté des soldats, et quelques blessures du côté des chevaliers, et puis la fin de la bataille. Elle souffla, soulagée.
« Fini. »
Plus une remarque pour elle-même qu'une nécessité.
Ils rentrèrent. Allongée sur le sol, avant de fermer les yeux, elle songea qu'au final, tuer ne lui faisait pas tant de mal. Certes, elle n'avait qu'amour rayonnant et colère brûlante dans le coeur, mais ces êtres abjects ne méritaient que les prémics de cette dernière. Elle roula sur le côté. Elle n'avait rien subit de grave, juste quelqus égratinures cette fois-ci ; la donne changerait peut-être à la prochaine bataille. Rajustant la fleur blanche toujours enfouie dans les longues mêches de ses cheveux roux, elle tourna une nouvelle fois, et puis sombra dans une nuit de beaux rêves.
Et il y eût une nouvelle journée de marche, et une nouvelle nuit de songes bourrés d'espérance.
Ils partirent le matin, sans véritable but, après avoir seulement décidé de ne pas prendre de chevaux avec eux, décision que la jeune femme approuva d'un hochement de tête convaincu. Lifaen seul s'éloigna du groupe, ce qui semblait devoir lui arriver souvent au cours de leur quête. Du moment qu'il revenait sauf … En chemin, ils rencontrèrent une patrouille, qu'ils évitèrent très simplement en se cachant dans la forêt. Une ou deux heures plus tard, ils atteignirent une ville. Le jeune homme parti revint ; Eileen lui adressa un sourire bercé de soleil. Tous ensemble, ils décidèrent de contourner l'agglomération. Quelques heures de marche à nouveau, et ils se trouvèrent dans le désert, où ils installèrent un campement la nuit tombée. Une fois de plus, la jeune femme trouva bon de profiter de la nuit pour se reposer.
Au matin, la jeune fille ôta la fleur fânée de ses cheveux, et la porta à ses lèvres pour l'effleurer doucement, avant de la laisser s'écraser sur le sol désertique.
Et puis en quelques secondes, tout se précipita. Apparemment, il y avait là un inconnu. A quelques pas de la scène, elle le considéra d'un bref regard. De taille haute, dôté d'une impressionnante muculature, les traits fins bordant des yeux en amande, il n'avait absolument pas l'air méchant. Pourtant, il se retrouva en un battement de cils à terre, une dague plaquée sur la gorge. Une telle prudence dépasait absolument la jeune femme. Rayonnante, elle se réjouissait déjà plutôt d'avoir un nouvau compagnon. L'ordre était fait pour se battre contre l'empereur, pour donner à la terre toute cette joie qu'elle méritait amplement ; pas pour se jeter sur des inconnus totalement innocents.
En quelques pas, elle fût à côté de ses compagnons.
Elle commença simplement par poser une main sur l'épaule de Lifaen.
« Pose cette arme, s'il te plaît. »
Et puis, à côté de cet étrange ami, elle adressa le sourire le plus doucement rayonnant du monde et agita en l'air une main en guise de salut accueillant. Le jeune homme, entre temps, se présenta.
Forfallam, ponctuant sa déclaration d'une touche d'humour noir un peu grinçant, fit savoir qu'il était plutôt pour de l'emmener avec leur petite troupe. Si habituellement, Eileen ne savait pas quoi penser de ce garçon qui devait être le plus jeune des apprentis, elle opina de la tête.
« Evidemment que oui ! Franchement, regardez-le. Il a pas vraiment l'air d'être méchant. Pas vrai ? Et puis il doit sûrement faire un excellent combattant. Pourquoi se priver d'un compagnon de plus ? Vu l'ampleur de notre quête, à ce niveau là, on peut pas se permettre le luxe d'être trop sélectif. »
Elle sourit.
« En ce qui me concerne, tu es le bienvenu. » brève pause. « Alors, on repart, là, c'est cela ? »